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les questions, intéressant l'hygiène publique, l'exercice de la médecine et de la pharmacie, les conditions d'exploitation et de vente des eaux minérales sur lesquelles il est consulté par le Gouvernement. Il est nécessairement consulté sur les travaux publics d'assainissement ou d'amenée d'eau d'alimentation dans les villes de plus de 5,000 habitants et sur le classement des établissements insalubres, dangereux ou incommodes. >>

Le titre III s'occupe des dépenses et le titre IV énumère les pénalités encourues pour infraction à la loi nouvelle sont punis d'une amende de 100 à 500 francs et, en cas de récidive de 500 à 1000 francs, tous ceux qui auront mis obstacle à l'accomplissement des devoirs des maires et des délégués des Commissions sanitaires en ce qui touche l'application de la loi. L'article 463 du code pénal (circonstances atténuantes) est applicable dans tous les cas prévus.

Telle est la nouvelle loi sanitaire, elle n'est pas parfaite, elle n'est pas aussi complète que

nous l'aurions désiré, mais elle constitue un sensible progrès et rendra, j'en suis sûr, de grands services au point de vue de la diminution des maladies évitables.

Il est facile de comprendre, à la suite de cet exposé, que l'exercice de la médecine se présente aujourd'hui dans des conditions nouvelles. Ainsi que je l'ai montré, c'est le médecin, témoin de la maladie du pauvre et de la disparition de familles qu'il eût été facile de conserver à l'humanité, qui a été le ferment actif de la transformation dont il est aujourd'hui quelque peu la

victime.

Sous l'influence du médecin, l'opinion a réclamé aux législateurs une protection; de là, le vote des lois sanitaires que je viens d'exposer: lois sur la protection de l'enfance, sur l'assistance médicale gratuite, sur les mutualités, sur les accidents du travail, enfin loi sur la protection de la santé publique.

V. LIGUES SANITAIRES

En promulguant ces lois, le législateur est d'accord avec l'opinion publique. Celle-ci réclame mieux encore et dès que le public a su qu'il existait des maladies évitables, qu'elles étaient les plus meurtrières, il a pensé que l'effort était insuffisant. Il s'est fondé des ligues, destinées à propager la bonne parole et aussi à recueillir les capitaux nécessaires à la fondation d'hôpitaux et de dispensaires.

Je parlerai surtout des ligues anti-tuberculeuses, qui dès maintenant constituent une force considérable.

Récemment, sous le patronage du Président de la République, j'ai présidé la séance d'ouverture de la fédération de ces Sociétés anti-tuberP. BROUARDEL. La profession médicale.

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culeuses, elles sont au nombre de 75 et ont pu réunir la somme énorme de 50,000,000 de francs, dont 34,000,000 ont été versés depuis que les Congrès de Berlin en 1899 et de Londres en 1901 ont appris véritablement au public ce qu'est la contagion de la tuberculose et sa curabilité.

L'emploi de capitaux aussi considérables devra être judicieusement fait; on créera des sanatoriums gratuits pour adultes pauvres et pour les personnes de classe moyenne, qui pourront, en payant une faible rétribution, avoir les soins que seuls peuvent actuellement recevoir les tuberculeux riches. Mais comment hospitaliser pendant plusieurs mois par an les 4 à 500,000 tuberculeux qui existent en France? M. Calmette, à Lille, et M. Léon Bonnet, à Paris, ont créé des dispensaires, analogues aux polycliniques allemandes. Ce qui est l'originalité de ces dispensaires c'est qu'au lieu d'attendre que l'ouvrier tuberculeux vienne réclamer des soins, on l'invite à s'y rendre.

Pour atteindre ce résultat, il faut s'adresser non pas au malade lui-même, mais aux chefs d'entreprise et surtout aux contre-maîtres

d'usine et d'ateliers, qui approchent les ouvriers, savent ceux qui toussent ou crachent, ceux dont les forces diminuent. Quand, grâce aux renseignements fournis et grâce aussi aux conseils des patrons et contre-maîtres, les suspects de tuberculose seront attirés au dispensaire où ils recevront des soins, des médicaments et où on leur distribuera, pour eux et leur famille, s'ils étaient obligés de suspendre leur travail, des secours en espèces, des vêtements, etc., un grand pas sera fait dans la lutte contre la tuberculose. De plus, le dispensaire doit désinfecter les habitations, fournir des crachoirs hygiéniques, stériliser le linge de corps et les vêtements, et donner toutes les instructions nécessaires pour assurer, dans les meilleures conditions possibles, l'hygiène du tuberculeux à domicile et préserver de la contagion ceux qui l'entourent et dont il ne veut pas ou ne peut pas se séparer (1).

Le dispensaire ainsi conçu permettra de porter un diagnostic précoce et de dépister les tuber

(1) Calmette, Les Dispensaires. Rapport à la Commission

de la tuberculose.

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