Page images
PDF
EPUB

culeux encore faiblement touchés par l'infection et qui pourraient être soignés et guéris dans les sanatoriums.

A côté des ligues anti-tuberculeuses, je signalerai les ligues anti-alcooliques, qui sont de deux variétés: les unes prêchent l'abstention totale de toute boisson contenant de l'alcool; les autres recommandent l'abstention d'alcool et des liqueurs, mais autorisent l'usage des boissons dites hygiéniques, le vin, le cidre, la bière, à condition de n'en prendre qu'en quantité raisonnable.

Je crois que ces dernières ont les plus grandes chances de succès, il ne faut pas oublier que la France, suivant les régions, produit en abondance le vin, la bière et le cidre, et aller recommander au vigneron qu'il devrait s'abstenir de vin serait prêcher dans le désert. De deux maux il faut choisir le moindre et si l'on pouvait dès maintenant restreindre la consommation des liqueurs contenant des alcools plus ou moins toxiques, ce serait déjà un résultat fort appréciable.

La ligue pour la morale publique a pour but d'empêcher la diffusion des maladies vénériennes. Elle est internationale.

La ligue pour la protection de la santé publique, récemment fondée à l'occasion d'une campagne de presse contre les falsifications du lait, s'occupe principalement des dangers que fait courir au consommateur l'absorption de denrées alimentaires falsifiées ou conservées à l'aide de produits antiseptiques, acide salicylique, saccharine, borax, etc. (1).

Enfin il existe une ligue contre la mortalité infantile.

Chaque année 150.000 enfants meurent en France avant la fin de leur première année (2). Ils sont victimes d'une mauvaise alimentation : soit qu'ils soient nourris de lait impur, falsifié,

(1) P. Brouardel, Les Empoisonnements criminels et accidentels, 1902, p. 233.

(2) Girard et Bordas, Le lait et la mortalité infantile (Annales d'hygiène et de médecine légale, 3o série, t. XLVIII, 1902, p. 139).

contaminé par le bacille de Koch et par une foule d'autres germes, soit que les parents, dans leur ignorance, substituent au lait les aliments les plus imprévus. La diarrhée infantile en est la conséquence et elle compte plus du tiers de la totalité de ces décès. M. Budin a montré que pendant les épidémies de diarrhée infantile qui ont régné à Paris ces deux dernières années, pas un seul des enfants qui venaient à la consultation des nouveau-nés, organisée à la clinique Tarnier, n'avait été touché par cette affection. De ce côté encore, nous avons un vaste terrain d'action.

Quelle est la signification de toutes ces ligues, au point de vue de l'exercice de la médecine? Leur tendance est claire. Le parlement ému par les accidents dont sont victimes les ouvriers a édicté des lois de protection. Des groupes de philanthropes, frappés des désastres causés par les maladies évitables, dans les classes les plus intéressantes de la société, ont formé des associations visant la prophylaxie de ces maladies. La plupart d'entre elles n'ont encore que quelques

années d'existence, elles constituent déjà de puissants moyens d'action. Elles veulent organiser une protection efficace, elles font appel à la bonne volonté, aux connaissances des médecins. Ceuxci, qui les premiers ont signalé le mal, qui ont été les agents actifs de leur formation, se dévouent à leur succès avec un désintéressement dont l'opinion publique n'a pas encore reconnu la noblesse.

C'est là certainement le caractère spécial de la vie médicale de la fin du dernier siècle et la préservation contre les maladies évitables a créé une série de questions sociales auxquelles participent les médecins et tous les hommes dévoués au bien public.

Cette transformation est notre œuvre à nous tous médecins, elle est notre honneur, nous pouvons en être fiers, quels que soient les périls qui en résulteront pour notre corporation. Cependant nous devons dès maintenant les prévoir, nous efforcer de les atténuer : c'est la part dévolue actuellement aux associations et aux syndicats médicaux.

VI. — CONFÉRENCES SANITAIRES

INTERNATIONALES

Cette conviction de notre solidarité vis-à-vis des maladies transmissibles n'est pas spéciale à la France. Elle s'est développée dans tous les pays de l'Europe et de l'Amérique et a pris dans chacun d'eux des formes spéciales, sur lesquelles je ne saurais insister en ce moment. Mais elle s'est traduite dans les rapports internationaux par des ententes entre les différents peuples, en vue de protéger leurs territoires contre l'invasion des maladies venant des pays étrangers.

Des

conférences sanitaires internationales avaient déjà été réunies depuis un demi-siècle,

« PreviousContinue »