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nases; la deuxième, ils leur sont égaux ; la troisième, ils leur deviennent inférieurs. »

M. Lippmann me disait un jour : « Des jeunes gens sont arrivés brillamment au doctorat ès sciences sans avoir fait des études littéraires; mais une fois qu'ils sont reçus docteurs, ils ne travaillent plus, ne font pas de découvertes; guidés, ils vont bien, mais pour marcher seuls, ils ne sont pas de gymnastique suffisante. Leur initiative est en défaut. »

On a répété que la réforme projetée pour la France était adoptée en Allemagne, c'est une erreur, tenant à une connaissance imparfaite de l'organisation universitaire allemande.

Le nouveau règlement prussien ouvre l'accès des Universités aux élèves sortant de toutes les Écoles secondaires, gymnases classiques (latin, grec), Réal gymnases (latin, sciences), Écoles réales supérieures (sans latin).

Mais si les universités sont ouvertes à tous ces élèves, les écoles de médecine sont fermées aux élèves des Écoles réales supérieures (sans latin).

Une lettre de M. Paulzen (de Berlin), à

M. Alfred Fouillée, expose la situation vraie. Voici cette lettre :

En Prusse, le certificat de maturité (Reifezengniss) des trois sortes d'écoles ouvre l'accès des études universitaires, pour les Facultés de philosophie (lettres et sciences) et de droit, ainsi que les hautes études techniques.

Au contraire, les élèves des Écoles réales supérieures (sans latin) sont exclus des Facultés de médecine. Les règlements relatifs aux études médicales sont choses d'Empire (Reichssache), c'est-à-dire ne dépendent pas du ministère prussien, etc.

Aux Etats-Unis, cent quatre collèges donnent l'enseignement médical et délivrent des diplômes. Dans les grandes Universités on réagit contre deux vices de cet enseignement les études sont trop courtes, les élèves entrent sans avoir la culture que donne l'enseignement secondaire. Il en résulte, de l'avis des professeurs américains, qu'ils font de bons chirurgiens, mais que la pathologie interne, la médecine sont très inférieures. Quel remède proposent-ils ? Allongement de la durée des études médicales, création d'un stage hospitalier analogue à celui qui est en usage à Paris, et surtout ils veulent que l'élève n'entre dans les universités qu'après

avoir prouvé qu'il a reçu une culture littéraire dont le latin serait la base.

C'est alors que de tous côtés affluent les témoignages des savants, des médecins de tous les pays, pour démontrer que l'esprit du médecin ne se forme que par les méthodes d'observation, propres aux études littéraires, qu'en France on donne accès dans les Facultés de médecine à des jeunes gens bien préparés pour d'autres carrières, mais mal préparés pour la carrière médicale.

Le corps médical se plaint que les médecins sont trop nombreux, et qu'ils entrent dans la carrière insuffisamment préparés; j'ajoute que la Société est intéressée, plus encore que les médecins, à ce que cette situation, dangereuse pour elle, ne se perpétue pas; la réforme nouvelle perpétuera et aggravera sur ces deux points la situation actuelle.

Parmi les quatre types de baccalauréat projetés, j'estime que deux types peuvent donner accès aux études médicales: les types A (latin et grec), B (latin et langues vivantes), ce dernier serait à mon avis le préférable. J'accepterais en

core le type C (latin et sciences), bien qu'il rappelle singulièrement la branche scientifique de la bifurcation de 1851, à laquelle on a dû renoncer après expérience faite; mais je repousserais sans hésitation le type D (français et sciences, sans latin).

Qu'on ne se méprenne pas d'ailleurs sur le sens de ces observations. Il ne s'agit pas seulement de sauvegarder les intérêts d'une profession. La Société a exactement les mêmes intérêts que les médecins. Elle est en danger, si elle n'a pas un corps médical digne de toute sa confiance. Elle ne l'aura que si celui-ci n'est pas exposé à subir les compromissions que suggèrent les difficultés de la vie. Le malade n'est pas compétent pour apprécier la valeur d'un médecin, il se livre à lui; la puissance des charlatans le démontre tous les jours. Que la Société prépare donc, dans son intérêt à elle, une génération de docteurs en qui scientifiquement et moralement elle puisse avoir toute sécurité.

II.

DIMINUTION DU NOMBRE

DES MALADES

Il y a quelques années, un de mes collègues d'une Société savante, qui en même temps est membre du Conseil d'administration des pompes funèbres, me disait à mon grand plaisir — que les pratiques d'hygiène et les mesures prophylactiques prises contre les maladies épidémiques enlevaient aux pompes funèbres de Paris 12,000 cadavres par an. Ce chiffre me parut considérable et j'allai me documenter aux chiffres publiés au Journal officiel du 10 janvier 1897 concernant l'impôt sur les successions. Or cet impôt, en 1895, avait rapporté à l'Etat une

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