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âge, 151,15 dans la Seine et 80,51 dans le Gers (1). Sur 100 décès de 0 à 1 an, 38,5 sont en moyenne occasionnés par la diarrhée et pendant les mois de chaleur, juillet et août, cette moyenne monte jusqu'à 60 p. 100.

Cette intéressante question vient d'être reprise par MM. Girard et Bordas. Il résulte de leurs recherches que la proportion des décès d'enfants de moins d'un an est la suivante (2).

Lille, 1 décès d'enfant de moins de 1 an sur 3,3 décès Dunkerque

Rouen

Reims

Lyon
Paris

Berlin

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Londres

Berne

Amsterdam

Stockholm

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(1) Balestre et Giletta de Saint-Joseph, Etude sur la mortalité de la première enfance dans la population urbaine de la France de 1892-1897, Paris, 1901.

(2) A. Girard et F. Bordas, Le lait et la mortalité infantile dans les principales villes de France (Annales d'hygiène publique et de médecine légale, 3a série, t. XLVIII, 1902, p. 139).

Or le taux de la mortalité infantile est en grande partie sous la dépendance de l'alimentation. C'est ainsi qu'à Lille, une des rares villes où la mortalité infantile atteint plus du quart des décès, la qualité du lait est particulièrement mauvaise. La statistique de l'Office sanitaire de Lille montre qu'en 1900 sur 694 échantillons examinés au Laboratoire 16 seulement furent reconnus bons. La richesse en beurre des 694 échantillons était la suivante :

21,4 p.. 100 contenaient moins de 1 gr. de beurre par litre (1).

20,4 p. 100 contenaient 1 gr. à 1 gr. 5

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Pour les enfants assistés, la mortalité des en

fants mis en nourrice est de 30 pour 100 enfants

dans la première année.

(1) La quantité de beurre normalement contenue dans le lait est de 40 à 45 grammes.

Quant aux enfants que laissent dans leur pays les nourrices qui viennent se placer à Paris et dans les grandes villes, les remplaçantes, comme les a nommées Brieux, nous n'avons que peu de données pour apprécier leur mortalité, mais nous savons par les médecins exerçant dans la Nièvre et le Morvan qu'elle est considérable.

La loi Roussel a rendu de grands services dans les villes et les campagnes, mais l'application devra être complétée, la surveillance des nourrissons devra être plus sévère.

C'est la diarrhée, ai-je dit, qui, pendant les mois de chaleur, décime les nouveau-nés. Ils ne meurent pas faute de soins, mais faute de soins bien compris. Comme l'a écrit M. Budin : « Les femmes du peuple abandonnées à ellesmêmes, ne reçoivent, en général pas de conseils ou elles n'en écoutent que d'incompétents et de funestes. C'est seulement quand leur nourrisson est devenu malade qu'elles s'adressent au médecin, c'est-à-dire alors qu'il est trop tard. Il ne devrait pas en être ainsi, les mères, les nourrices ont besoin d'être guidées pendant

BROUARDEL. La Profession médicale

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cette période si dangereuse pour l'enfant. >> Depuis 1892, M. Budin a fondé successivement à l'hôpital de la Charité, à la Maternité, enfin à la clinique Tarnier des consultations de nourrissons. Voici en quoi elles consistent : << Chaque semaine, les femmes qui élèvent ellesmêmes leur enfant, le ramènent à l'hôpital ou elles sont accouchées. Il est examiné et pesé. Sur un registre spécial, on inscrit son poids et les renseignements qui le concernent; on peut, de la sorte, ensuite établir facilement sa courbe (1). »

Si l'allaitement au sein devient insuffisant ou si la mère n'a plus de lait, on prescrit une quantité variable de lait stérilisé, que la mère vient chercher chaque matin. « Chaque consultation devient ainsi une école des mères, car si on soigne les bébés, on conseille aussi les nourrices, leur traçant la ligne de conduite pour le présent et pour l'avenir. >>

(1) Budin, De la puériculture après la naissance (rapport au Xe congrès international d'hygiène et de démographie, Paris, 1900).

Des consultations analogues, auxquelles le D' Dufour de Fécamp a donné le nom si pittoresque de gouttes de lait, ont été créées à Paris, dans des dispensaires dépendant de l'Assistance publique ou privée et aussi dans les grandes villes: les résultats ont été excellents. Pendant les étés de 1899 et de 1900, qui furent si meurtriers pour les jeunes enfants, les nourrissons surveillés ou alimentés à l'aide du lait fourni par les dispensaires et les hôpitaux restèrent à peu près indemnes.

La qualité du lait n'est pas seulement la cause principale de ces diarrhées meurtrières. Si la bête qui le fournit est atteinte de tuberculose, surtout si elle a une mammite tuberculeuse, le lait qu'elle fournit contient des bacilles de Koch, l'enfant meurt par entérite tuberculeuse, péritonite de même nature, dégénérescence des ganglions du mésentère, etc.

A Paris, cette forme de tuberculose fait périr chaque année 75 enfants de 0 à 1 an sur 10000.

En Angleterre, où on a réussi à abaisser la mortalité des adultes par tuberculose de 45 p. 100 en 40 ans, les manifestations tuberculeuses vont

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