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Ce mal, il faut le reconnaître, tient à deux causes: d'abord, au désir de bien-être qui s'est considérablement développé parmi les classes ouvrières depuis 1789. Les uns, et c'est le plus grand nombre, se croient en droit de réclamer une plus large part de bonheur en échange de leur coopération à la prospérité publique; et pour cela, il faudrait élargir certaines institutions qui ne sont plus en harmonie avec les besoins de l'époque. Les autres aspirent à des jouissances matérielles impossibles à satisfaire et rêvent des utopies d'égalité chimérique, dussent-ils, pour essayer de les obtenir, renverser et anéantir la société tout entière: ce sont les plus dangereux, ceux qu'il faut empêcher de nuire, réduire à l'impuissance, isoler en quelque sorte, en rattachant à la société les cœurs honnêtes et bons que la misère et les mauvais conseils égarent quelquefois, mais qui ne sont pas corrompus.

Enfin, les travailleurs ne font pas tout ce qu'ils pourraient pour rendre leur position meilleure, et ne profitent pas de tous les avantages qui sont à leur disposition pour élever leur intelligence au niveau de leurs désirs.

Aussitôt que les hommes ont la faculté de raisonner, ils fixent un but à leurs travaux, et toutes les forces de leur esprit tendent à l'atteindre le plus vîte possi

ble, quitte à le reporter plus loin quand ils y sont arrivés. Beaucoup en ont tellement reculé la limite, que leur œil aurait peine à reconnaître le point de départ.

Si le but diffère pour ceux que le hasard fait naître dans les familles riches ou aisées, il devrait être le même pour tous les ouvriers: une fortune quelque modeste qu'elle soit, qui leur assure au bout de leur carrière un lit pour mourir, un morceau de pain pour attendre la mort. C'est donc vers ce but que doivent converger toutes leurs pensées, toutes les puissances de leur intelligence.

Mais, en même temps que le travailleur comprend cette obligation il veut jouir, et c'est en courant après des distractions, qui le plus souvent trompent son attente, qu'il dissipe le temps, ce capital donné par Dieu à tous ses enfants, et son argent, cet autre capital du travail et de la peine.

Souvent, celui qui a le désir de suivre jusqu'au bout le sillon que lui a tracé la Providence, s'en écarte malgré lui par ignorance, ou faute d'un guide qui l'ait parcouru avant lui. Nous allons essayer de montrer le chemin à ces égarés du travail, et si nous ne pouvons leur éviter la fatigue du voyage, nous ferons nos efforts pour leur rendre la route moins pénible.

La vie du travailleur est divisée en trois époques :

La jeunesse, celle de l'apprentissage ou de l'instruction professionnelle;

L'âge viril, celle du travail;

La vieillesse, celle du repos pour les uns, de la dé-ception et de la misère pour les autres.

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«Du temps des corporations, les apprentis marchands étaient tenus d'accomplir le temps porté par les statuts; néanmoins, les enfants des marchands étaient réputés avoir fait leur apprentissage lorsqu'ils avaient demeuré dans la maison de leur père ou mère faisant profession de la même marchandise, jusqu'à dix-sept ans accomplis (ordonnance de 1675).

» Par les statuts des six corps des marchands de

Paris, le temps du service des apprentis chez les maîtres est différemment réglé : chez les drapiers, chaussiers, trois ans ; chez les épiciers ciriers, droguistes et confiseurs, trois ans ; chez les pelletiers, haubaniers, fourreurs, quatre ans; chez les bonnetiers, aumussiers, mitonniers, cinq ans; chez les orfévres, huit

ans.

» Les apprentis devaient être obligés par-devant notaires, et un marchand n'en pouvait prendre qu'un à la fois.

» Outre les apprentis de ces six corps, il y avait encore des apprentis dans toutes les communautés d'arts et de métiers. Ils devaient, comme les premiers, être obligés devant notaires, et étaient tenus, après leur apprentissage, de servir chez les maîtres en qualité de compagnons.

» Les années de leur apprentissage, aussi bien que celles de leur second service, varient suivant les différents statuts des communautés; le nombre des apprentis que les maîtres peuvent avoir à la fois n'est pas non plus uniforme.

» Aucun apprenti ne pouvait être reçu à la maîtrise s'il n'avait fait son chef-d'œuvre. La veuve d'un maître pouvait bien continuer un apprenti commencé par son mari, mais non pas en faire un nouveau.

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