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2. Qu'il étoit à la partie inferieure de l'uvée, un peu plus élevé que celui de l'œil droit, parce qu'il avoit remonté un peu apres l'operation, comme je l'ay dit, enforte qu'on en découvroit une tres petite partie par le trou de l'uvée, & auffi des flocons ou accompagnemens dont je vais parler, qui sembloient s'étre un peu affaiffez depuis l'operation. Il paroifsoit auffi un pcu moins affermi à l'endroit ou il étoit resté.

3. Qu'il avoit beaucoup de cette premiére substance dont j'ay parlé à l'article 6. de l'observation précéden-* te, qui n'avoit pas la même blancheur : elle étoit auffi plus folide & fibreuse, faisant même reffort.

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4. Qu'il avoit tres peu de la feconde substance qui étoit beaucoup plus jaune & plus dure, & dont la fuperficie étoit pareillement un peu inégale & raboteufe: tout le refte du cristallin étant auffi plus petit qu'il ne devoit, & étant plus dur, plus jaune & moins tranfparent que celui de l'œil droit, ayant au refte même difpofition de fibres.

5. Enfin que le corps vitré, & l'humeur aqueufe étoient comme à l'œil droit, & toutes les autres parties interieures de même.

Réflexions fur les obfervations contenuës au Chapitre précédent.

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Outes les obfervations que je viens de raporter, font connoître fi exactement ce que c'ett que la cataracte, que je ne pense pas qu'on puille douter que

ce ne foit une altération entiére du criftallin. Il faudroit être bien ennemi de la verité & du bon fens pour perfifter dans une opinion qui n'avoit pour fondement qu'une idée fauffe qu'on s'étoit formée de l'ufage du cristallin. On voit par l'article 2. de la 4. observation, & par l'article premier de la 5. que le crif-. tallin n'eft point neceffaire pour voir, puifque cette femme voyoit, quoique fes deux cristalsins ne fussent plus dans leur lieu, mais feulement pour mieux voir; comme je l'ay prouvé au chapitre 22. de la description de l'œil, & comme l'a reconnu Plempius: ainfi cette opinion quoi qu'univerfellement reçeuë fe détruit d'elle même.

Les articles 6. 7. 8. & de la
9.

4. obfervation, & les 2. 2. 3. & de la 4. 5. prouvent que la cataracte n'est point une membrane, ou un autre corps qui s'engendre, ou fe congele dans l'humeur aqueufe, mais une alteration entière de tout le cristallin, qui change de couleur & perd fa transparence, & que c'eft ce cristallin ainfi alteré qu'on détourne avec l'éguille. L'obfervation 3. fait connoître que c'eft ce même cristallin alteré, qui s'opose au paffage de la lumière, tant qu'il refte dans fon lieu naturel. Enfin la 1, & la 2. observation & toutes les autres que l'on peut faire en operant fur les cataractes, ont tant de relation avec la 3. l'on 4. 5. que peut dire que ces derniers, ne font que des preuves plus évidentes des confequences certaines que l'on pouvoit tirer de la 1. & de la 2.

&

Les anciens Medecins avant Galien avoient donc eu raison d'estimer que la Cataracte & le Glaucoma étoient

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une feule & méme maladie : ils ne les confondoient. pas pour cela. Le Glaucoma eft une efpece de cataracte comme je le diray dans la fuite : il eft vray que c'est une maladie incurable: auffi reconnoiffoient-ils de deux fortes de cataractes, de Curables & d'Incurables, fi leurs écrits étoient venus jufques à nous, nous ferions peut être mieux éclaircis de leurs opinions, que nous ne connoiffons qu'imparfaitement, puifque ce n'eft que par le raport de ceux qui les ont abandonnées. Je diray encore qu'on ne pouvoit trouver une occasion plus favorable que celle qui a donné lieu à la 4. & à Îa 5. observation; puisque dans un même sujet on y a trouvé une cataracte nouvellement confirmée, & une vieille cataracte, & toutes les deux abbaiffées peu de tems auparavant la mort, avec tout le fuccez poffible; fur lefquelles on pouvoit remarquer en même tems que la facilité, où la difficulté de les tenir sujettes, dépend de la nature de leurs Accompagnemens, qui felon qu'ils font plus ou moins flexibles, obeïffent ou réfiftent plus ou moins à l'éguille ou au poids du criftallin; & que cette efpece de glu qui colloit legérement le cristallin à l'uvée & à la membrane du corps vitré, comme je l'ay dit en l'article 4. de la obfervation ne provient que de la matiére gluante de ces mêmes accompagnemens encore tendres: d'où vient que dans les cataractes récemment meures, le cristallin doit être moins sujet à remonter ; que dans celles qui font vieilles, puifque leurs accompagnemens étant plus folides, ils peuvent moins s'unir aux parties voifines, comme on la vû à la fin de l'article 2. de la 5. obfervation.

4.

Comme ce n'eft pas ici le lieu de m'étendre fur les differents états de ces accompagnemens, & fur les précautions qu'on doit prendre pour furmonter les difficultés qu'ils caufent tres fouvent dans les operarations, je n'en diray rien davantage pour le prefent, je me reserve d'en parler au chapitre fuivant & dans les chapitres 7, 8. 9. 13. & 14.

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Pres avoir montré que la cataracte vraye eft une altération entiére du cristallin, il eft bon de faire voir quelles peuvent être les causes de cette altó

ration.

En confiderant le raport qu'il y a entre un cristallin infufé pendant quelque tems dans une cau compofée de trois parties d'eau commune & d'une partie d'eau forte, comme je l'ay dit au chapitre onziême de la defcription de l'œil ; & un cristallin qui a perdu fa transparence & qui s'eft endurci dans fon licu naturel, comme il fe rencontre dans les cataractes vrayes & dans quelques-unes des fauffes, je n'ay pas de peine à concevoir que la caufe de l'endurciffement & de la perte de la tranfparence de l'un, ne soit à peu prés femblable à la caufe de l'endurciffement & de la perte de la transparence de l'autre.

Ainfi jeftime que la caufe des cataractes est une serofité acide & mordicante qui fe jettant quelques-fois

.

par voye de fluxion congeftion entre le cristallin & la membrane qui le recouvre, commence à donner naiffance à la cataracte dont les malades s'aperçoivent par un leger brouillard qui les empêche de bien voir. Que cette ferofité agiffant enfuite fur la fuperficie du cristallin, en change fans doute la difpofition, & en détache quelques particules peu affermies qui flotants & pirouetants dans cette même ferofité, font fembler quelques-fois aux malades qu'ils voyent voltiger en l'air des étincelles de feu: & que cette même ferofité s'infinuant toûjours de plus en plus, altere auffi de plus en plus le cristallin, en endurciffant fa fubftance & changeant fa couleur, de la méme manière que les acides agiffants fur la cire, alterent sa fubftance, en la deffeichant, l'endurciffant & la changeant de couleur.

& d'autres fois s'amassant par

Et comme les conduits qui portent la nourriture au cristallin, ne fe trouvent pas détruits, ils ne ceffent ils pas auffi de lui en fournir: ainfi cette nourriture ayant du raport à la partie quelle doit nourrir, on peu juger qu'étant épanchée autour du criftallin, & fe meflant avec cette ferofité acide, fes parties les plus difpofées à s'unir y prennent corps, de même que nous voyons que le lait dans lequel on mefle quelque acide ou de la préfûre, fe coagule.

C'est auffi en partie au fuc nourricier du cristallin & en partie aux particules qui fe détachent de fa fuperficie que j'attribuë la naissance de ces additions, ou excroiffances que j'apelle accompagnemens de la cataracte: & fuivant que ce fuc eft plus ou moins fourni

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