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4°. Des Nerfs, des Arteres

des Veines qui se portent

T

dans les parties ci-devant dites.

CHAPITRE V.

Outes les parties extérieures de l'œil que je viens de décrire, reçoivent des nerfs pour leur leur porter les efprits animaux, des arteres pour leur fournir leur nourriture, & des veines pour remporter le fuperflu de cette même nourriture.

Les nerfs les plus confiderables font, la troifiême paire des Modernes qui eft la feconde des Anciens que l'on nomme Moteurs de l'œil. Ils prennent leur origine de la base de la fubftance medullaire prés de l'entonnoir, & fortants du crane ils entrent dans l'orbite, & fe difperfent dans tous les muscles destinez à mouvoir l'œil, & fourniffent auffi quelque rameau aux muscles des paupières.

La quatrième paire des Modernes qu'on nomme Pathétiques des yeux, qui naiffent de la partie fupérieure de la fubstance medullaire, prés des protubérances orbiculaires, & entrants dans l'orbite s'inferent entierement dans le grand oblique fupérieur. On les nomme Pathétiques, parce qu'on croit qu'ils font la cause de ces mouvemens involontaires des yeux qu'on remarque dans l'amour, dans la haine, dans la crainte, dans la colere, dans la trifteffe & dans les autres paffions: à la difference des moteurs qui ne fervent que lors qu'on à deffein de régarder quelque objet.

Outre ces nerfs La cinquiême paire, des Modernes qui eft la troifiéme paire des Anciens, ne se distribuë pas feulement au palais, aux narines & aux autres parties de la face & à prefque tous les visceres, elle envoye encore des rameaux aux yeux. Cette paire fort des côtez de la protuberance annulaire par un trou affez ample derriére les pathétiques des yeux: elle a plufieurs fibres, Molles & Dures, qui s'affemblent & forment un faisceau, dont il fe détache un rameau qui fe porte aux yeux, où il distribuë quelques branches a la cornée & aux glandes lacrimales, comme je l'ay déja dit, & le refte de ce rameau Ophthalmique ayant paffé -par dessus ces glandes, s'engage dans les cavitez du nez.

le

La Sixiême paire des Modernes ou la quatriême des Anciens qui fort de la plus baffe partie de la protuberance annulaire, & paffant hors du crane par même trou que les nerfs de la trois & quatrième paire, fe termine auffi en partie dans l'orbite & au muscle abducteur de l'œil; pendant que l'autre partie s'uniffant avec quelques ramifications de la Cinquiême paire, forme avec elles le principe du nerf intercostal. Enfin il fe jette encore dans les muscles des paupiéres & du front, un rameau de la partie dure de la Septiême paire, qui eft la cinquiême des anciens, aprés que cette partie eft fortie du trou dont l'iffuë eft entre l'apophife Maftoide & Stiloïde, & qu'elle fourny quelques ramifications à l'oreille externe, à la face & autres parties.

Les arteres qui fe portent aux yeux viennent des

divifions de la carotide, dont le tronc extérieur fournit des rameaux aux paupières, de même qu'aux autres parties de la face & aux tempes: & le tronc intérieur étant entré dans la tête, envoye un rameau qui accompagne le nerf optique & fe diftribue à tout l'œil.

Et les veines fe déchargent, fçavoir celles des paupiéres, des glandes & quelques autres dans les jugulaires externes, & toutes les autres dans les jugulaires internes,

Du Globe de l'Oeil, & 1 de fes Membranes communes. CHAPITRE VI.

L

E globe de l'œil eft compofé de membranes, de partie transparentes, & d'une humeur.

On divife ordinairement les membranes en communes, & en propres, on en compte deux communes, la Conjonctive & l'Innominée; mais fans m'arrêter à ce nombre, je diray qu'il y en a une Troifiême, que l'on peut reconnoître de même que les deux autres.

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Celle-ci eft extérieure & eft une continuité de la membrane particuliere qui revêt la partie intérieure des paupières qui fe couche fur la conjonctive, s'y attache & fe continue avec elle jufques au bord de la cornée transparente, & même la furpeau dont elle est recouverte, & qui est trés delicate, recouvre auffi toute la cornée tranfparente, comme je l'ay déja dit en parlant des paupières. Quoi que cette membrane soit fort mince & qu'elle foit fortement unie à la conjonctive, en tirant ou étendant les paupiéres on la reconnoît ai

fément par les rides qu'elle forme & qui fe terminent où elle finit, c'eft-à-dire au bord du cercle de la cornée transparente: fi même on fe donne un peu de peine, on la féparera de la conjonctive, en l'écorchant toutefois, de la même maniere qu'on en fépare la membrane innominée. Il n'eft pas non plus difficile de reconnoître cette surpeau qui recouvre cette membrane & la cornée transparente: les Phlycténes, qui font des petites vefcies pleines d'eau qui s'élevent fur la fuperficie de la cornée tranfparente & fur le blanc de l'œil, & dont quelques-unes ont quelques fois leur centre au bord de la cornée tranfparente, & occupent en même tems partie du blanc de l'œil & partie de la cornée transparente, font des preuves de son existence.

La feconde eft dite Conjonctive, parce qu'elle retient l'œil dans l'orbite. Elle naît du pericrane, ou plûtôt elle en est une continuité. Elle s'étend depuis la circonférence de l'orbite, jusques au bord de la cornée transparente. Cette membrane fe voit dans toute fon étenduë aprés qu'on a levé les muscles orbiculaires des paupières.

La troifiéme eft appellée Innominée, par un caprice des Anatomiftes, qui appellent de ce nom les parties aufquelles il ne leur plaît pas d'en donner. Elle est formée par les tendons des mufcles de l'œil qui fe convertiffent en une large aponévrofe qui fe gliffe entre la cornée & la conjonctive, aufquelles elle eft adhérente, & fe continuë ainfi jufques au bord de la cornée transparente, comme je l'ay dit en parlant des muscles droits.

Ces trois membranes unies & jointes ne femblent en compofer qu'une, qu'un Anatomiste peut cependant divifer comme je viens de le dire; & on a accoûtumé de l'appeller du nom de la principale qui eft la conjonctive: ce qui fait que beaucoup d'Anatomiftes ne reconnoiffent que la Conjonctive, d'autres la Conjonctive & l'Innominée, ausquelles j’âjoûte la Troifiéme ci-deffus.

On appelle encore cette partie de la conjonctive que l'on voit en ouvrant l'œil, Le blanc de l'œil, à caufe de la blancheur des membranes dont il est compofé. Et c'est à cause de ces trois membranes appliquées les unes fur les autres, & particulierement de l'extérieure qui eft la plus lâchement étendue, que dans les ophthalmies violentes, le blanc de l'œil croît quelquefois & s'étend fi démesurément, qu'il couvre toute la cornée tranfparente.

Le tronc extérieur de la carotide fournit auffi à la conjonctive le fang néceffaire pour fa nourriture, de même qu'aux paupières, par quantité de petits rameaux fouvent imperceptibles qui fe conduifent de differents endroits fur la fuperficie de cette membrane, dont cependant les principaux partent du côté du grand angle de l'œil; & le fuperflu de ce fang est reporté par les veines dans les jugulaires externes.

2o. Des

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