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Enfin on peut connoître à peu prés l'étendue de la cataracte, je veux dire la plus grande ou la moindre quantité de fes accompagnemens: car fi elle paroît petite, enfoncée, luifante, & fi on à de la peine à diftinguer fa couleur, on juge que fes accompagnemens font en petite quantité: fi au contraire elle paroît grande, peu luifante, fuperficielle, que regardant dé côté la pupille, on voye fortir quelques filaments, que cers te pupille foit plus dilatée qu'à l'ordinaire, & quelle ne fe refferre que peu & tres lentement, qu'on remarque quelques rayes non naturelles en l'iris, quoique dail leurs d'une bonne couleur, on juge que les accompa gnemens font en tres grande quantité.

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Des fignes prognoftics des Cataractes.
CHAPITRE IX.

Orfqu'on a connu par les fignes précédents que la cataracte eft à peu prés en fon état ou maturité, on juge par ceux-ci fi en faifant l'operation, la reüflite en fera ou bonne ou mauvaise.

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Le malade étant au milieu d'une chambre mediocrement éclairées, & tourné du côté du jour, on prend garde fi la pupille eft bien dilatée, & fi en faifant aprocher le malade prés de la feneftre ou de la porte, ce trou fe refferre à mesure que le malade aproche du grand jour.

Le malade affis prés de la feneftre ou de la porte & l'œil fain étant fermé, on pofe la main devant &

prés de l'œil malade, on obferve fi la pupille fe dilate comme deffus, & ôtant fubitement la main, fi elle fe refferre ni trop vîte, ni trop lentement, & fi elle retourne en fa premiére grandeur.

Ou bien l'oeil fain fermé, on pofe le doigt fur l'œil malade dont les paupières font fermées, on frote l'œil doucement en rond pendant un peu de tems on ôte fubitement le doigt, & on commende en même tems au malade d'ouvrir l'œil, on voit enfuite fi, la pupille s'eft bien dilatée, & fi elle fe refferre comme deffus.

Si par ces trois maniéres d'éxaminer l'œil, qui fe raportent l'une à l'autre, la pupille fe dilate & fe ref ferre comme il eft dit, c'eft un tres bon figne; parce que cela marque, premièrement, que la partie de l'uvée qui forme l'iris, le corps vitré, la rétine, & le nerf optique ne fouffrent aucune altération; puifque les rayons de lumière qui paffent, quoique foiblement, au travers du cristallin alteré, & qui fe portent fur la rétine, font capables d'y exciter cette fenfation à l'occafion de laquelle l'ame eft mue à dilater & referrer la pupille, à peu prés comme elle le feroit, fi l'œil n'étoit point travaillé de cataracte ainfi on efpere que cette cataracte étant détournée, le malade verra.

Secondement, que les accompagnemens de la cataracte, ne font que dans une mediocre quantité, & qu'ils font fort flexibles; parce que ne preffants que legersmens l'uvée, ils ne l'empêchent point de fe mouvoir, mais retarde feulement un peu fon mouvement: ainfi on juge que la cataracte eft dans un état de maturité, & qu'étant abbaiffée, elle reftera,

Si au contraire la pupille s'étant dilatée fe refferre tres promptement, c'eft une marque qu'il y a tres peu d'accompagnemens, qui peuvent même être encore renfermez fous la membrane qui recouvre le cristallin, & qu'ils font encore laiteux ou cafécux, & que par confequent la cataracte n'est pas dans fa maturité. Ainfi ce figne eft fufpect pour la reüffite de l'operation; tant à caufe qu'une cataracte en cet état, eft difficile à féparer, que parce que fi-tôt qu'on romp la membrane qui recouvre le criftallin, cette matière laiteuse ou cafécufe s'épanche & brouille l'humeur aqueufe ce qui empêche de voir l'éguille, & de diftinguer la cataracte, d'où vient que l'operation reste souvent imparfaite.

Et fi la pupille s'étant dilatée se refferre tres lentement, c'est une marque que la cataracte eft vieille,

&

que ces accompagnemens font folides; ou fi elle est nouvelle, que ces mêmes accompagnemens font fort nombreux, puifqu'ils preffent fi fort l'uvée, que fon trou ne fe refferre qu'avec peine. Ce figne auffi est sufpect pour la réüffite de l'operation, y ayant à craindre les que accompagnemens ne foient adhérents autour du trou de l'uvée, ce qui feroit de la peine à feparer la cataracte; & que la cataracte étant abbaiffée, ne fe reléve auffi-tôt, pour l'abondance ou folidité desdits accompagnemens, qui lui feroient faire le pont-levis.

Si la pupille eft fort dilatée & quelle ne puiffe fe refferrer, & fi elle est changée de figure, ce font de fort mauvais fignes, qui dénotent des cataractes, ou fauffes, ou mixtes, aufquelles l'operation eft, ou inu

tile

tile ou tres fufpecte. Voyez ci-apres les chapitres 17.

20. & 21.

Si elle est refferrée, & quelle ne puisse eri aucune maniére se dilater, c'est auflì un fort mauvais figne qui dénote une cataracte fauffe ou mixte. Voyez les chapitres 19. & 20.

Enfin toute cataracte, lorfque la pupille n'a aucun mouvement, quoique dailleurs elle ait quelques bonnes marques, est tres mauvaise; parce que cela denote, ou fon extreme vieilleffe qui la rend entiérement opaque, ou une fauffe cataracte comme je l'ay dit; ou bien une obstruction dans le nerf optique; ou quelque autre maladie dans la rétine, ou dans le corps vitré. Je m'explique.

L'extreme vieilleffe d'une cataracte, la rend prefque toûjours incurable; parce qu'étant venuë en fa maturité, & fes accompagnemens ayant ceffé de croître ils fe lient fouvent & fe collent infenfiblement aux parties voifines, & s'endurciffent de telle forte, que lorfquelle eft parvenuë à une extreme vieillesse, ou il eft tres difficiles de la feparer du lieu quelle occupe fans interreffer lefdites parties, ou fi on la fepare, il eft prefque impoffible quelle refte, à caufe de la folidité de fes accompagnemens qui la font prefque toûjours remonter. Il est vray que quelques-fois, mais bien rarement, il se trouve des cataractes extremement vieil les qui font en état d'être abbaiffées & qui réüffiffent, mais elles ont toutes les marques de bonnes cataractes. J'en donneray quelques exemples dans la fuite.

Je feray auffi voir dans quelques chapitres particu

T

liers, pourquoi les cataractes faufses sont încurables. Et à l'égard de l'obftruction du nerf optique, quand elle fe rencontre avec la cataracte, l'operation y eft entiérement inutile, têlle bonté que la cataracte ait; parce que quand elle feroit abbaiffée, la vue ne seroit pas rétablie, puifque les paffages des efprits qui doivent porter à l'ame le caractere des images peintes fur la rétine, n'en feroient pas plus dégagez.

Outre le figne fufdit pour connoître l'obstruction du nerf optique, on demande aux malades, s'ils n'aperçoivent point quelque lumiére lorfqu'on leur fait regarder le foleil, ou le feu, ou quand on passe la main ou quelque corps' opaque entre leurs yeux & la lumiére, s'ils ne voyent point quelque ombrage; car s'ils ne voyent rich, c'eft figne qu'il y a quelque autre em•péchement que la cataracte

Les maladies qui changent la difpofition de la rétine ou du corps vitré, détruisent auffi la vue, & rendent inutile l'operation comme je le feray voir ci-apres.

En examinant les fignes bons ou mauvais que l'on tire des differents états de la pupille, on observe en même tems la difpofition generale de l'œil, & de quelques unes de fes parties, la couleur de la cataracte, & les caufes occafionnelles de cette maladie s'il y en a quelques-unes : & de toutes ces choses on s'en forme des fignes, qui étant raportez & comparez avec les précédents, servent à juger plus certainement de la bonne ou mauvaise réüffite des operations.

Ainfi fi la cataracte eft inégale dans fa couleur, c'eft un figne fufpect; parce que cela denote l'inégalité de

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