la fubftance de fes accompagnemens qui ne font pas encore dans leur maturité: ce qui oblige d'en differen l'operation, jusques à ce que ces accompagnemens ayent acquis plus de confiftance.

Si elle est traversée ou barrée, elle eft auffi fufpecte, quoique plus avancées en maturité que la précédente, & on doit pareillement differer l'operation jufques à fa parfaite maturité, pour les raifons que j'ay déja rapor tées, en parlant des cataractes laiteufes ou cafécules. Ce n'eft pas que ces deux efpeces de cataractes ne réüffiffent quelques-fois quand elles font bien feparées, le criftallin fe précipitant fouvent de lui même, quand peut fe loger au bas de la pupille, & l'œil s'éclairciffant enfuite, comme je le diray ci-apres ; mais c'est la difficulté de les bien féparer.

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Il y a auffi, mais rarement, des cataractes qui font traversées, quelqu'âge quelles ayent: elles font pareillement douteufes, parce qu'il eft tres difficile de les féparer, mais auffi quand elles le font, elles fe précipitent affez aifément.

Celle dont il n'y a que le centre du criftallin qui foit blanc, eft le plus fouvent fauffe. Voyez à ce fujet le chapitre 22. & si elle est vraye, c'est un signe quelle eft encore recente, & qu'on doit attendre fa maturité, dautant qu'il feroit dangereux, en voulant l'abbaiffer, de gâter l'œil & de faire perdre la vie au malade.

Si la cataracte est d'une couleur égale, qui soit bonné, & que les bons fignes ci-deffus énoncez ou qui le feront ci-apres, s'y rencontrent en même tems, liffuë n'en peut être que favorable.

La cataracte estimée la meilleure par tous les pratitiens, quant à la couleur, eft celle qui eft d'un blanc de perles tirant un peu à la couleur celefte. Cette couleur dénote une mediocre quantité des accompagnemens, & leur mediocre confiftance.

Celle qui eft d'un blanc grifâtre tirant un peu fur la cendre eft encore bonne. Elle a auffi une mediocre quantité d'accompagnemens, qui font d'une confiftance un peu plus forte, mais ils obeïffent auffi aifément que les précédents.

Celle qui eft d'un blanc qui decline tant foit peu fur le verd, eft à peu prés femblable à la précédente; mais il faut prendre garde de la laiffer vieillir, parce que fes accompagnemens deviennent en peu de tems folides, & elle fe rendroit difficile.

Celle qui eft d'un blanc de neige, eft difficile à abbaisser & à rester au bas de la pupille, pour l'abondance de ses accompagnemens qui lui font fouvent faire le pont-levis, à moins qu'on ne faffe l'operation dés quelle entre dans fa maturité, comme je l'ay déja dit.

Celle qui eft d'un blanc de plâtre, eft volontiers fauffe, ou à tout le moins trompeufe: voyez les chapitres 19. & 20. & de même celle qui est d'un blanc fort trouble.

Celle qui eft d'un blanc argentin ou mercuriel, ou qui eft fort claire & luifante, eft ordinairement fauffe. Voyez le chapitre 16.

Celle qui reffemble à une corne blanche & polie est toûjours fausse, & de même celle qui ressemble à un graîn de grefle. Voyez auffi le chapitre 16. & 17.

Celles qui font fort jaûnes ou fort vertes font ordinairement vieilles & fufpectes pour la réüffite. J'en ay vû quelques jaûnes réüßir.

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Celles qui font d'un noir de plomb, ou fort noires, font pareillement fufpecte. J'en ay vû quelques-unes réüffir & j'en donneray une exemple au chapitre 14. Celles qui font de couleur de fer ou de châtaigne, réüffiffent affez fouvent: mais elles font difficiles à féparer pour peu quelles foient adhérentes: parce que leurs accompagnemens, quoi qu'en petite quantité s'allongent fouvent fans quiter prife, ou fans fe rompre; auffi quand elles font féparées elles demeurent fujettes.

Il fe rencontre quelques-fois des cataractes dont la couleur eft bonne & qui font cependant fufpectes, & même entiérement mauvaises, parce quelles font accompagnées de fignes fufpects, ou mauvais. Et de même il s'en rencontre dont la couleur eft fort fufpecte & qui peuvent neanmoins réüffir, parce qu'il y à d'autres bons fignes qui prévalent. Ce que je juftifieray par quelques obfervations que je raporteray ciaprés.

Si l'œil travaillé de cataracte eft plus petit que le fain, c'est un fort mauvais figne; parceque l'atrophie ou l'émaciation, eft une marque que la partie ne reçoit pas fuffifamment de nouriture.. Ainfi il ni auroit point d'honneur pour l'operateur, ni de profit pour le malade, d'entreprendre l'operation.

S'il eft plus gros que l'œil fain, c'est encore un mauvais figne; parce qu'il y a tout lieu d'aprehender que

l'abondance des humeurs étrangères qui le rempliffent ne cause une confusion & d'estruction des parties intérieurs, qui arriveroit même plûtôt enfuite de l'o peration; ce qu'on attribueroit à l'operateur,

En comparant l'œil malade avec l'œil fain, fi la couleur naturelle de l'iris fe trouve changée en une mauvaise, ou que l'iris foit ride ou affaiffe, c'eft auffi un mauvais figne, qui dénote une cataracte purulente, ou quelque autre cataracte fauffe, comme je le diray en fon lieu, ou un commencement de corruption des parties intérieures de l'œil,

Difficillement l'operation réüffit fur une cataracte qui fe trouve dans une perfonne qui a les yeux mauvais, qui eft fujette à d'extremes douleurs de tête ou des yeux, & à de violentes fluxions fur ces parties.

Si méme cette douleur de tête ou du fond de l'œil, a précédé la cataracte, & quelle ait contribué à déterminer l'humeur acide à couler au centre de l'œil, quoique le malade n'ait point été fujet avant ce tems là à de semblables douleurs, cette cataracte eft souvent fufpecte, pour la raison raportée au chapitre 6, & on n'en doit point entreprendre l'operation, que cette dou, leur ne foit entiérément apaifées,, & que la cataracte n'ait toutes les bonnes marques énoncées en ce chapitre. L'operation eft dangereufe fur une perfonne qui éter- · nüe fouvent, qui a une toux violente, qui vomit fre quemment, ou qui a d'autres incommodités fatiguantes; parce qu'on doit craindre que les fecouffes rudes que ces accidents caufent, ne faffent remonter la cataxacte apres qu'on l'auroit abbaiffée, ou n'excitent quel

que fluxion für l'œil: ainfi on doit differer l'opération jufques à ce que ces accidents foient ceffez. Si toutesfois ils arrivent apres que la cataracte eft abbaissée, il faudra avoir recours à leurs remedes propres.

Elle n'eft pas moins dangereufe fur les personnes travaillées souvent de violents accez de vertiges ou d'é

pilepfie: non-feulement pour la crainte que T'on a que

ces accez n'arrivent dans le tems de l'operation, mais auffi pour les défordres qu'ils cauferoient s'ils arrivoient enfuite de l'operation.

Les cataractes font tres facheufes, quand elles font caufées par quélque chûte, par quelque coup, par une piqueure de l'œil, ou par d'autres caufes extérieures; parce que dans toutes ces rencontres, les parties inté rieures de l'œil font pour l'ordinaire, ou confondues, ou détruites, ou beaucoup altérées, & que dailleurs la plupart des cataractes excitées par ces caufes font faulles.

Un bel œil à fleur de tête & bien ouvert eft avantageux pour opérer facilement : au contraire un œil, naturellement petit & enfoncé rend l'operation plus difficile.

On n'est pas fi für de la réuffite de l'operation que l'on fait fur un vieil homme, qui fans cette maladie à la vue foible, comme on l'eft lorfqu'on opere fur une perfonne d'un âge moyen. A l'égard des enfans, on differe l'operation jufques à ce qu'ils foient dans un âge raisonnable; non pas pour la crainte que leurs cataractes n'ayent pas affez de confiftance, car le plus souvent elles font tres loüables, comme je l'ay vû bien