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corps, foit par la playe de l'œil faite avec un inftrument pointu ou tranchant, foit par l'érofion d'une matiére purulente épanchée dans l'œil, se met au nombre de ses maladies: mais comme dans ces rencontres, cette partie n'est pas feulement affectée, mais auffi les voifines, & que la fuite de ces maladies communes eft la Confufion & destruction de l'œil, je n'en parleray qu'au chapitre huitiême.

Ổn lui en attribüe encore quelques-autres : comme lorfqu'il diminue en volume faute de nourriture; mais cette maladie fe doit raporter à l'Atrophie de tout l'œil, dont je parleray au chapitre 7. & lorfqu'il devient plus obfcur, ceque je n'ay point encore obfervé, c'est pourquoi je n'en diray rien, non plus que de fa fituation changée.

On veut auffi que la membrane qui le recouvre & le cristallin, ait fes maladies; quelle devienne plus épaiffe lorfquelle s'abreuve de trop d'humeur, cequi lui fait diminuer de sa transparence: quelle fe rélâche & se ride : quelle soit travaillée de petite pistules, de petits ulcéres & de petites cicatrices: d'où on fait naître des diminutions de vüe, dont le nom feul fait l'effence mais je ne reconnois point d'autres maladies de cette membrane, que celles dont j'ay parlé, en traitant des differentes altérations du cristallin & du corps vitré, & celles qui lui arrivent par la deftruction des autres parties intérieures de l'œil, ou par les matiéres purulentes épanchées dans le globe; ainfi ce font toutes maladies communes dont il eft inutile de parler en particulier.

Des Maladies de l'humeur Aqueufe.

CHAPITRE II

1. De fon abondance non-naturelle.

'Humeur aqueufe péche, lorfquelle eft en trop

Lgrande quantité. L'inflammation des parties exte

rieures de l'œil en eft souvent la cause; parceque le fang étant arrêté dans les veines, l'humeur aqueufe ne peut circuler librement, cequi fait quelle féjourne dans le globe & l'étend. Les grands dépofts d'humeurs pituiteuses & vifqueufes fur l'œil augmentent aussi cette humeur.

On connoît cette maladie, quand le globe de l'œil est un peu plus gros & plus éminent qu'à l'ordinaire ; par la difficulté de voir; par l'etendüe naturelle de la pupille; & par la prefence des maladies qui la causent & dont celle-ci n'eft qu'un fymptome.

Quand l'inflammation ceffe, la circulation de cette humeur fe rétablit, & l'œil fe remet dans l'état qu'il étoit; ainfi la trop grande quantité de l'humeur aqueuse qui fuit les inflammations des parties extérieures de l'œil caufe d'elle-même peu de defordre: mais quand elle eft caufée par de grands depofts d'humeurs, fouvent elle s'altére & fe corrompt, les aucorrompt, de même que

tres parties intérieures.

Pour la cure de cette maladie, il n'y a rien de particulier à ajoûter au traitement des maladies principales dont elle dépend: ainfi voyez les chapitres 6&13.fuivants.

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2. De fa diminution de fon écoulement.

Elle péche encore lorfquelle fe diminüe, ou quelle s'écoule. Sa Diminution arrive ou par une extrême vieilleffe, ou par une violente maladie, ou par l'atrophic de l'œil: & elle s'écoule par la ponction, les playes & les ulcéres qui pénétrent la cornée. Et de quelque maniére que cette diminution se faffe, l'oeil s'affaiffe, l'iris fe ride & quelques-fois la cornée, & les malades difcernent difficilement les objets.

Quand cette diminution arrive par une extrême vieilleffe, il eft tres rare que cette humeur fe rengendre dans une quantité fuffifante pour tenir le globe de l'œil étendu comme il étoit auparavant : je ne l'ay point vû arriver, on en cite cependant des exemples.

Quand c'est par une violente maladie, cette humeur fe rétablit quand le malade revient en convalescence. Quand c'est par une atrophie de tout l'œil, il ne s'en fait aucune réparation.

Et quand cette humeur s'eft écoulée par quelque ponction de l'œil, ou par quelque playe ou ulcére, elle fe rengendre fi-tôt que la ponction, ou la playe, ou l'ulcére ne font plus affez ouverts pour la laisser écouler, & la vie fe rétablit, à moins que toutes ces choses n'ayent causé d'autres défordres, ou que l'écoulement n'ait été extraordinaire.

J'ay donné la raison de cette réparation au chapitre 14. de la defcription de l'œil, & j'ay raporté un exemple de cette même réparation en la 6. obfervation du chapitre 14. de la premiére partie. Dans la suite j'en

raporteray encore quelque autre en parlant des playes de la cornée & de les ulcéres.

Comme cette réparation dépend entiérement de la nature, on n'employe point d'autres remedes que ceux qui conviennent aux playes, aux ulcéres ou autres maladies qui la caufent.

3. De fa confiftance viciée.

C'est auffi un vice, quand cette humeur est plus ou moins vifqueufe quelle ne doit être naturellement. Quand elle eft plus vifqueufe, elle rend l'œil un peu moins clair & brillant, & quand elle l'est moins, il paroît plus clair, Ces vices font des fuites de la difpofition générale de la maffe du fang: & j'ay remarqué plufieurs fois en ouvrant des yeux d'animaux, que ceux qui avoient des abcez ou humeurs schérreuses dans les entrailles, l'humeur aqueuse dans ceux là, n'avoit pas plus de vifcofité que l'eau commune. Ces vices ne demandent aucuns remedes particuliers.

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Des Maladies de la Rétine.

CHAPITRE

1.

I I I.

De l'Aveuglement de nuit.

la rétine est un dévelopement, ou plûtôt un tissu

délié & fort tendre des fibres molles & moëlleuses du nerf optique, comme je l'ay dit au chapitre 9. de la description de l'œil; on peut dire que les maladies qui attaquent cette membran, affectent fouvent & en

même tems le nerf optique ; & que celles qui travaillent ce nerf, travaillent auffi cette membrane.

Un Chirurgien Oculifte ne peut pas toûjours par lui-même découvrir les maladies de ces parties: fouvent elles n'ont aucuns fignes fenfibles, & ce n'est que fur le raport du malade, qu'il peut juger de fon exif

tance.

Ainfi lorfqu'un malade qui a toûjours bien vû, & dont l'œil ne paroît nullement affecté, fe plaint qu'il voit mediocrement bien pendant le grand jour; qu'il ne voit qu'avec peine quand la lumiére eft moindre; & qu'il ne voit aucunement le foir & la nuit, même quand la lune luît, c'est la maladie que nos Auteurs NYCTAappellent, Aveuglement de nuit. a

Sans m'amufer à réfuter l'opinion commune de nos Auteurs touchant la caufe de cette maladie, dont la principale felon eux, eft une épaiffeur imaginaire des efprits vifuels; je diray quelle vient, ou de ce que les fibres de la rétine ont un peu trop de confiftance, de forte qu'une forte lumiére peut bien les ébranler, mais une foible ne le peut; ou de ceque ces mêmes fibres font enduites de quelques humeurs visqueuses qui en diminüent leur fentiment, qui ne peut être excité par une foible lumiére, au lieu qu'une forte furmonte cet obstacle.

Lorfque cette maladie eft inveterée, & quelle vient de ceque les fibres de la rétine ont un peu trop de confiftance, cequi arrive pour l'ordinaire plûtôt aux vieillards, elle ne fe guérit point : mais elle fe peut guérir. quand elle eft recente,& quelle vient de ceque ces.

LOPIA.

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