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prime ainfi ou étend violemment le nerf optique. On peut donc concevoir que la goute fereine eft proprement une paralyfie des nerfs optiques, & par confequent de la rétine dont la cause est semblable à celle de la paralyfie des autres nerfs de nôtre corps : cequi fait que les efprits ne fe portant pas par ces nerfs, ils perdent entiérement leur fentiment. Ainfi quoi que les rayons de lumières qui entrent dans l'œil frapent la rétine & y peignent l'image des objets d'où ils partent, il ne fe peut faire aucune vifion, puisqu'il n'y a plus de fenfation.

Quand la vue fe perd tout à coup fans cause extérieure, on juge que la goute fereine eft arrivée par une fluxion d'humeur pituiteufe qui a étoupé les pores de ce nerf, ou relâché fes fibres quand il y a une cause extérieure de la perte fubite de la vue, comme enfuite d'une playe pénétrante à la partie antérieure de la tête, ou des playes ou contufions qui pénétrent dans l'orbion s'affûre que c'eft un épanchement de fang qui la cause, ou bien que le nerf optique a été violemment étendu ou comprimé par le forjettement du globe : mais quand la vie ne fe perd que petit-à-petit, on connoît quelle vient de quelque tumeur qui fe fait aux environs des nerfs optiques, foit au dedans de la tête ou dans l'orbite.

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Le nerf optique ne peut être étoupé ou preffé, sans que les fibres de la rétine ne se relâchent & ne perdent leur fentiment; mais ce vice ne paffe point aux autres parties de l'œil : d'où vient auffi qu'il ne paroît rien d'extraordinaire dans les yeux, & qu'on ne peut gué

re connoître cette maladie que par le rapport du maladé.

On diftingue la goute fereine de l'aveuglement de nuit; en cequé dans la goute fereine on ne voit aucund lumiére, & que dans l'aveuglement de nuit, on voit ens core la lumière & les objets quand le jour est beau. On la diftingue de l'extenfion du corps vitré en ceque dans cette maladie le globe de l'œil paroît quelques-fois un peu plus éminent, que la pupille fe trouve toujours beaucoup plus dilatée qu'à l'ordinaire, & que les mai lades voient quelque lumiére quoi qu'ils ne puissent diftinguer les objets communs, & que dans la goute fercine, au contraire, le globe de l'œil eft toûjours dans son étendüe naturelle, que la pupille quoi qu'immobile n'est pas plus dilatée quelle le feroit pour voir des objets mediocrement éloignez, & qu'enfin l'aveuglement est entier. On la diftingue enfin de toutes les elpeces de cataractes naiffantes, en comparant les fignes de ses maladies, avec cequé je viens de dire de la goute fereine.

Quand je dis, quoi qu'immobile, je n'entens point que la pupille foft abfolument immobile dans la goute fereine: car quand cette maladie n'attaque qu'un œil, la pupille fe dilate & fe refferre quand les deux yeux font ouverts, & qu'on regarde de l'œil fain des objets differemment éloignez, ou qu'on paffe entre l'œil fain & le grand jour quelques corps opaques; parceque les nerfs moteurs qui fe portent à l'uvée de l'œil malade étant fains, les efprits animaux continuent de fe porter aux fibres motrices de cette membrane, ainfi elle

fuit les mouvements de celle de l'eil fain mais quand l'œil fain eft fermé, la pupille de l'œil malade refte immobile, parceque la rétine de l'œil malade étant infenfible à la lumière, rien n'excite l'ame à déterminer les efprits animaux de fe porter aux fibres motrices de l'uvée. de you

C'eft rechercher la pierre philofophale que lair chercher des remèdes pour guérir la goute fereine; cette maladie est absolument incurable : & fi quelques Auteurs prétendent en avoir guéry, on peut bien penfer qu'ils fe font trompez, & qu'ils ont pris l'extenfion du corps vitré, ou l'aveuglement de nuit pour la goute fereine, étant aifé de les confondre enfemble, fi on n'y prend bien garde.

2. De quelques autres affections de ce Nerf.

Le nerf optique eft auffi quelques-fois affecté d'Inflammation, enfuite de celle de la dure ou pie-mere, ou de celle des autres parties de l'œil, comme je l'ay dit en parlant des vices de la rétine : cette inflammation ceffe, quand celle de ces mêmes parties ceffe, & par les mêmes remedes. Il fouffre des Extenfions & contorfions douloureufes de l'épilepfie, & dans les grandes convulfions: Des folutions de continuité, dans quelques grandes playes de l'orbite; Et quelques autres vices, qui pour être des fymptomes communs d'autres maladies, ne doivent pas être mis au nombre de fes maladies particuliéres.

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1. De fes Inflammations & Abcez

I toutes les parties qui fe nourriffent de fang font fujettes à s'enflammer & à s'abfceder, on peu juger que l'uvée peut être affectée d'Inflammation & d' Abcez: c'est auffi ce qu'on reconnoît par expérience. L'Inflammation eft générale ou particuliére. L'inflammation générale arrive plûtôt dans les maladies qui attaquent en même tems toutes les parties intérieures du globe, comme je le feray voir ci-apres : & la particulière n'arrive qu'à quelque partie de cette membrane, & le plus fouvent elle eft fuivie d'abcez. Quand cette inflammation est à la partie antérieure de cette membrane, je veux dire à l'iris, elle paroît au travers de la cornée tranfparente, comme une tache rougeâtre, & quand elle eft vers fa partie poftérieure, on ne peut diftinguer, & il n'y a que la difficulté de voir & la douleur que le malade fouffre qui la pourroient faire foupçonner; mais il faudroit être bien jufte dans fon jugement.

Quand cette inflammation se réfoût, il ne reste point de vice à l'uvée : mais quand elle fuppure, elle forme un abcez, qui, lorsqu'il eft petit & que la matière en est loüable, s'ouvre & fe vuide au dedans de l'œil fans altérer d'autre partie, parceque la matiére fe précipite au bas de lœil, prend corps & fe deffeiche, & il ne reste à l'endroit de l'abcez qu'une tache ou blanche ou

noirâtre

noirâtre qui eft la cicatrice; du moins j'en ay vû de femblable fur l'iris apres la guérison de petites puftules ou abcez: mais quand l'abcez eft plus confiderable, ou que la matiére en est maligne, il est souvent cause de l'altération de toutes les parties intérieures de l'œil, comme je le diray ci-apres, ou pour le moins d'une destruction d'une partie de cette membrane.

Pour le traitement de l'inflammation ou de l'abcez de l'uvée, on met en ufage les remedes généraux dont j'ay parlé & dont je parleray encore en traitant de l'inflammation de l'œil: on fe fert auffi des topiques, comme Des collyres rafraichißants, pour le commencement, & Des réfolutifs & fortifiants, pour le milieu & la fin, dont on trouverra des formules au chapitre de l'ophthalmie & en plusieurs autres lieux de ce traité.

2. De fa fortie ou cheute.

Cette membrane fort par les ouvertures de la cornée & forme differentes Boßes tumeurs, que l'on compte pour autant de maladies de l'uvée; mais comme toutes ces difpofitions non-naturelles sont des symptomes qui fuivent les playes & les ulcérations de la cornée, je n'en parleray qu'au chapitre 18.

3. De fes dilacerations & playes.

Elle souffre encore Des dilacérations & des playes, lorfque la cornée eft tranchée ou piquée, ou par des coups orbes reçeus fur l'œil, & qui arrivent le plus fouvent aux environs de la pupille, cequi lui fait changer sa figure ronde en une irréguliére & la dilate souvent ex

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