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toutes les parties altérées foient mondifiées, il diminűe au delà de la groffeur naturelle, & fe cicatrife enfin, Mais fouvent auffi l'humeur qui caufe cette maladie ne s'échauffe pas jusques à suppurer : en se fermentant elle s'attenüe li fort, qu'infenfiblement elle fe réfoût, je veux dire quelle reprend le chemin de la circulation: alors la douleur & les autres accidents fe calment, & l'œil se remet dans fa groffeur naturelle, quelques-fois auffi il demeure plus petit. Et quoi que dans ce cas l'œil ne fuppure point, la vue cependant se perd; parceque le globe de l'œil ne peut s'étendre fi violemment, fans que les parties intérieures ne fouffrent une altération confiderable qui change leur difpofition, & que le corps vitré fouvent ne fe détruife; même que le cristallin ne perde quelques-fois fa tranfparence, & ne fe corrompt de même que dans la cataracte branlante, ou dans les cataractes purulentes.

Pour le traitement de cette maladie, de quelque caufe quelle vienne, on doit dabord s'appliquer fortement à vuider la plénitude, en feignant le malade au bras, du côté de l'œil malade deux ou trois fois & même plus, fuivant la grandeur de la maladie & les forces du malade. On ouvre enfuite la jugulaire du même côté, ou l'artère des tempes, pour dériver de la partie malade. Pour la même raison en applique des Veficca toires devant ou derrière les oreilles, & fi on juge que la maladie foit longue, on ouvre un Cautere au derriére de la tête, ou on y paffe un Setum.

On fait auffi dés le commencement recevoir au malade des Lavements émolliants & rafraichissants, que l'on

continüe pendant tout le traitement fuivant le befoin.On
lui donne Des juleps, émulsions, ou apozemes rafraichißantes,
ou autres remedes propres à calmer
à calmer le mouvement du
fang & l'adoucir: obfervant auffi de lui preferire un
regime de vivre fort exact & tendant à même fin.

Tous ces remedes généraux doivent être administrez avec ordre & prudence, & fuivant le confeil d'un habile Medecin. Et quoi que ce foit de ces remedes dont on doive attendre le plus d'effet pour arrêter le progrés de cette maladic, on ne doit pas cependant négliger les remedes topiques.

on ,

Quand l'humeur qui cause cette maladie est chaude & acre fe fert dans le commencement Des eauës diftillées de rofes, de plantain, de laituës, de morelle, de pavot, ou autres eauës rafraichiẞantes, dans l'une ou l'autre defquelles, ou dans plufieurs, on mefle Un blanc d'œuf pour faire un collyre, dans lequel on trempe des com-. preffes qu'on applique tiédes fur l'œil, le front & la tempe du même côté.

autres,

Ou bien on prend Des eauës de rofes & de plantain ou de chacune deux onces, & quinze ou vingt grains de fel de faturne, qu'on mefle ensemble pour s'en fervir comme deffus.

On se sert auffi de la même maniére Des fucs d'épurez de ces plantes au deffaut de leurs eauës diftillées, qui font le même effet : & on a foin de renouveller de tems en tems les compreffes imbuës de ces remedes fans les laiffer feicher fur la partie; afin que la peau étant humide, les pores foient toûjours ouverts pour faciliter la tranfpiration.

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C'est pour la même raison qu'on doit faire tiédir ces remedes avant que de les appliquer, parceque la chaleur douce relâche la peau, peau, & que le froid au contraire la refferre & empêche la tranfpiration: cependant quelques Auteurs confeillent de les appliquer actuellement froids. Les remedes actuellement froids qu'on applique fur les parties enflammées appaife à la verité

pour un moment la douleur, parcequ'en refroidiffant la partie malade, ils en émouffent le sentiment, & fufpendent pendant un peu de tems la fermentation: mais comme ils refferrent en même tems les pores & empêchent la transpiration, l'humeur épanchée fe trouve enfuite plus abondante, elle fe fermente davantage; ainsi la partie s'échauffe plus quelle n'étoit & la douleur augmente, comme l'expérience ne le fait que trop

voir.

Ces remedes ne fervent qu'à temperer la chaleur & l'inflammation extérieure de l'œil; car pour l'inflammation intérieure ils y fervent peu, les envelopes extérieures de cet organe étant trop folides pour que leur vertu les puiffe pénétrer. On peut fe contenter de ceux que je viens de propofer jufques à céque la maladie foit dans fon plus haut dégré, ou bien on en choisira quelques autres de ceux que je propoferay ci-apres pour le commencement de l'ophthalmie qui conviennent également ici.

Je ne propofe point dans le commencement de cette maladie de remedes qui ayent beaucoup d'astriction, quoi que la plupart de nos Auteurs s'en fervent, & confeillent de les appliquer fur le front & fur les par

ties voifines de l'œil, croyant par là arrêter le cours des humeurs qui flüent en l'œil : parceque je fuis perfuadé par l'Anatomie, que les artères qui pénétrent la cornée, font trop profondes, pour que les remedes tirez de la classe des astringents, puiffent ralentir chez elles le mouvement du fang; & que dailleurs je n'ay point encore connu par expérience aucun bon effet de ces remedes en cette rencontre.

Lorfque cette maladie fe fait par congestion, comme la chaleur & l'acrimonie de l'humeur eft moins grande, on obmet les collyres fufdits, pour se servir dabord du premier que je vais propofer, & on en poursuit la cure comme lorfquelle eft caufée par voye de fluxion, parceque les fuites en font femblables, hors que les mouvements n'en font pas fi prompts.

La maladie étant dans fon déclin, ce qu'on connoît .par la diminution de l'inflammation & de la douleur, on fe fert alors des remedes Réfolutifs, c'est-à-dire de ces remedes qui par leur chaleur douce, qui eft un effet des parties fubtiles, volatiles & balfamiques dont ils font fournis, échauffent doucement l'œil, attenuent & fubtilifent les humeurs, font tranfpirer les plus fuperficielles, & font reprendre aux autres le chemin de la circulation. Par exemple.

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On prend Des femences de lin & de fenugrec de chacune deux gros, des fleurs de camomille de melilot deux pincées de chacune, & deux gros d'encens, qu'on fait boüillir & infuser dans une suffifante quantité Des eauës diftillées de fœnoùil, de ruë & d'enfraife, ou de chelidoine : on passe enfuite le tout par un linge, pour avoir un Collyre muc

cilageneux, dans lequel on diffoût Dix ou douze grains de camphre, & dont on fe fert comme des fufdits.

On anime quelques-fois ce collyre avec un peu D'efprit de vin, quand on ne remarque point de chaleur à l'œil, & quelques-fois auffi on y fait infufer quelques Clouds de girofle: & on continue l'ufage de ce collyre jufques à la fin de la maladie.

Ĉeft auffi fur le déclin de la maladie, & quand la fiévre, s'il y en a, eft appaiffée, qu'on doit commencer à purger le malade dans l'ordre & comme je l'ay dit ci-devant au chapitre premier de cette feconde partie: lui faisant auffi user Des décoctions de falfe-pareille & de fquine, comme je l'ay proposé au même chapitre, & pour les mêmes raifons que j'y ay rapportées.

Si par ces remedes l'humeur fe réfoût, & que l'œil fe remetté infenfiblement en fon état ordinaire, à la bonne heure, le malade guérira fans autre accident 3. hors toutes-fois la perte de la vue, ou tout au moins une grande diminution, & quelques-fois auffi l'atrophie de l'œil : mais fi au contraire l'humeur s'échauffe extraordinairement, que les accidents fufdits augmentent, & que l'œil fe difpofe à fuppurer, on change alors de methode, à l'égard Des remedes topiques, qui doivent être en même tems Rafraichiẞants, anodins émolliants: on ne craint pas même de s'en fervir en forme de cataplafmes pour avancer d'avantage la fuppu

ration.

On fait une forte décoction De racines feuilles de guimauves, de feuilles de violier, de laituës, de mercuriale de parietaire, de feüilles & fleurs de boüellon blanc, dans

laquelle

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