Page images
PDF
EPUB

affez perçante, & on les voit difpofées par rayons trés bien ordonnez, on obferve même leurs mouvements. Si ces fibres font capables de dilater la pupille, il faut néceffairement qu'il y en ait d'autres qui la referrent, puifque ces mouvements fuivent nôtre volonté, quoi que nous n'y faffions point d'attention : mais conime ces fibres ne fe peuvent defmefler dans un œil d'homme, à caufe de leur petiteffe & de leur confusion, j'ay recours à un œil de bouf dont la pupille eft oblongue; & aprés avoir enlevé toute la cornee transparente, & ratiflé & lavé la partie antérieure de l'iris, j'ouvre un peu la pupille & je reconnois par la difpofition de quelques rides qui s'y forment, (me fervant d'une loupe de verre pour les mieux obferver) qu'il doit y avoir à la partie antérieure de l'iris de part & d'autre de la pupille quelques fibres pour former ces rides. Et comme ces rides femblent partir d'un des angles arrondis de la pupille, fe conduire au tour de cette pupille de part & d'autres, & se terminer à l'autre angle, je n'ay point de peine à concevoir que à concevoir que les fibres qui font ces rides ont leur naiffance du côté d'un de ces angles de la pupille, & qu'elles s'inférent vers l'autre angle. Que leur attache commune eft à la circonférence de la partie extérieure du cercle ciliaire; qu'elles font unies les unes aux autres comme les fibres qui compofent un muscle : & que leur difpofition doit être affez semblable aux fibres qui forment les muscles orbiculaires des paupières. Je puis donc vrai-femblablement conjecturer que ce font ces fibres qui en se racourcissants refferrent & ferment la pupille dans les animaux qui l'ont oblongue ou en fente.

Dij

Je puis encore corecturer que dans l'homme & dans les animaux qui ont la pupille ronde, ces fibres doivent fe croifer & avoir différentes origines & insertions, pour me fervir des termes des Anatomistes lorfqu'ils parlent des muscles, plufieurs attaches communes au cercle ciliaire, & même difpofition entre toutes celles qui partent d'un même lieu & s'inferent en celui qui lui eft oppofé, pour pouvoir resferrer la pupille en rond: parce que je fçais que la nature agit toûjours uni-formément dans la construction des parties qui doivent avoir un même ufage.

C'est à ces différentes fibres de l'iris qu'on doit attribuer la caufe efficiente de la dilatation & du refferrement de la pupille, & non point à la différente 'action de la lumiére, qui d'elle-même n'eft point capable de produire ces mouvements; mais feulement d'exciter dans la rétine une certaine fenfation qui feroit souvent confufe, fi cette lumiére n'étoit modifiée en paffant par la pupille : & c'est à l'occasion de cette fenfation que l'ame est muë à dilater & refferrer la pupille au degré nécessaire pour perfectionner la vision.

Outre ce que je viens de dire de l'iris, il faut encore remarquer que les fibres membraneufes de l'uvée qui paffent au de là du cercle ciliaire & qui forment l'iris, en occupent le milieu, & fe continuënt jufques au bord de la pupille où elles forment comme un petit ourlet, & que les fibres motrices ne vont pas jufques au bord, mais fe terminent auprés : ce qui fait que l'iris eft fi mince & fi tendre aux environs de la pupille, que dans les moindres efforts extérieurs; ou pour peu que l'on

touche le bord de la pupille lorfque l'on abbaiffe les cataractes, se bord est sujet à se déchirer jusques au lieu ou s'inférent les fibres motrices; & quand cela arrive la pupille change de figure.

Comme l'uvée eft attachée autour de l'entrée du nerf optique, nos Anatomistes croient auffi qu'elle eft formée par l'extention & dévelopement de la membrane delicate de ce nerf; quoi qu'on ne voye aucun rapport entre cette membrane & la membrane intérieure du nerf optique. Mais cette manière d'expliquer l'origine des parties étant industrieuse, il ne il ne faut pas s'étonner que quelques Anatomistes modernes se plaisent à l'éxagerer. Pour moi je crois que l'uvée de même que la cornée, eft formée des principes communs dés la premiére conformation; & je ne fçaurois me perfuader ( fi ce que ces Anatomistes avancent étoit vray) comment les malades pourroient fouffrir les piquûres, incifions & déchiremens de cctte membrane enfuite de quelques playes ou contufions de l'œil, qui causeroient fans doute de trés cruelles douleurs; puifque pour peu qu'on touche un nerf découvert & fain, les douleurs en font infuportables. Je ne veux pas nier cependant, que le nerf optique ne s'attache à cette membrane comme à la cornée, puifque cela eft en effet; mais les membranes ou envelopes de ce nerf finiffent où elles s'attachent & on ne les peut conduire plus loin. Les arteres qui vont à l'uvée, comme je l'ay déja dit, paffent.au travers de la cornée en quantité d'endroits: une partie se distribue à l'uvée & au cercle ciliaire, & l'autre partie pénétre cette membrane & se

porte à la rétine. La plupart des arteres qui fe portent au cercle ciliaire, aprés avoir pénétré la cornée, font deux & trois lignes de chemin entre cette membrane & l'uvée fans étre attachées ni à l'une, ni à l'autre de ces membranes ; & ces arteres par leurs battemens font des impreffions à la partie intérieure de la cornée de la même maniére que celles qui fe remarquent à la fuperficie intérieure du crane faites par le batement des arteres qui rampent fur la dure-mere. Les veines qui fuivent les ramifications des arteres, reffortent au travers de la cornée pour fe décharger enfuite dans les jugulaires.

fe

Cette membrane reçoit auffi des nerfs qui viennent du rameau ophthalmique de la cinquiême paire qui porte à la cornée, & dont plufieurs fcions ayant abandonné cette membrane fe diffeminent en plufieurs endroits de l'uvée & au cercle ciliaire. Les plus confiderables font ceux qui fe portent au cercle ciliaire, & on en remarque aufli quelques-uns qui apres avoir pénétré la cornée, fe gliffent de même que les arteres & les veines entre cette membrane & l'uvée avant que de fe jetter dans le cercle ciliaire. On diftingue toutes ces fibres nerveufes des arteres & des veines, quand on fépare l'uvée de la cornée, par leur blancheur & leur dureté: dailleurs celles qui fe portent au cercle ciliaire se font reconnoître trop aifément pour en douter. Il y a apparence que ce font une partie de ces nerfs qui en se distribuants dans châque fibre motrice de l'iris, leurs portent ces efprits animaux, comme parlent les Medecins, néceffaires leurs mouvements. pour

4. De la Rétine par occafion du Nerf Optique.

CHAPITRE IX.

Vant que de décrire La Rétine, je dois faire con

A noître les Nerfs Optiques, puifque cette membrane

femble en être veritablement une continuité.

Cette paire de nerfs eft la premiére des Anciens & la feconde des Modernes. Ils prennent leur origine au deffaut des corps cannelez, de la partie supérieure de cette fubftance medullaire que Galien appelle Le lict des nerfs optiques, & defcendants & s'avançants en devant s'uniffent prés de l'Entonnoir au deffus de la Selle de l'Os Sphenoide, ils fe feparent aprés & fortent auffi-tôt du crane, entrent dans l'orbite & s'inferent au fond de la cornée.

Ces nerfs font les plus gros de tous ceux qui fortent du cerveau, ils font auffi les plus fournis de cette fubftance medullaire qui fe rencontre dans les autres nerfs, d'où vient qu'ils femblent plus moûs, & se revêtent comme les autres nerfs de la Dure & de la Pie-mere.

Les Anatomistes difputent fi leur union se fait, ou en fe croisant, c'est-à-dire, fi un de ces nerfs qui naît du côté droit du cerveau paffe à l'œil gauche, & celui qui fort du côté gauche s'infere à l'œil droit ; ou par un mêlange de leur moëlle; ou par un fimple attouchement. Mais l'observation que Vesale a faite dans une femme qui avoit l'œil droit émacié dés fon bas âge, & le gauche parfaitement fain, dont le nerf optique

« PreviousContinue »