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tomes qui arrivent aux playes & à toutes les maladies locales. Je m'explique.

La maffe du fang confiderée dans son état naturel & comme elle fe doit trouver dans les vaiffeaux, dans les vifceres & dans toute l'habitude du corps, pour nourrir & entretenir toutes les parties, eft un affemblage ou un compofé de plufieurs petites parties differentes, délayées dans une certaine quantite de liqueur aqueufe qui leur fert de véhicule commun, que je diviferay fuivant la doctrine des Anciens en quatre claffes, fçavoir, en parties fanguines, pituiteuses, bilieuses & melancoliques: entendant par les parties fanguines, ces parties fpiritueufes, douces, huileufes & balfamiques de la maffe du fang, qui ne font autre chofe que les parties les plus pures & temperées du chyle qui ont fouffert. une coction moderée & parfaite : par les parties pituiteufes, celles qui font encore cruës, infipides & vifqueufes, qui ne font autre chofe que les parties les plus crues du chyle qui ne font pas encore converties en fang, & qui dans la fuite, par la coction, s'y rendent en partie femblables: par les parties bilieufes, celles qui font fubtiles, penetrantes, ameres & faciles à s'échauffer, qui font proprement les parties mêmes du fang trop attenuées & volatilifées : & par les parties melancoliques, celles qui font groffiéres, terreftres & acides, & qui font comme la lie ou le résidu de toutes les autres.

Ceft de l'abondance de l'une ou de l'autre de ces parties d'où tous les hommes prennent la difference de leur temperament, qui change en chaque homme

fuivant fes differents âges, les differentes faifons, & les differents aliments: ainfi l'abondance des parties fanguines, rendent l'homme d'un temperamment fanguin, les pituiteufes, d'un temperament pituiteux ; les bilieuses, d'un temperament bilieux; & les melancoliques, d'un temperament melancolique.

Comme la chymie m'apprend que les liqueurs dont les parties font uniformes, n'ont point d'autres mouvements que celui qui est commun à tous les liquides; & que celles, au contraire, dont les parties font de differente nature, outre ce mouvement, en ont encore un autre beaucoup plus sensible, par lequel elles se fermentent & changent de nature; je n'ay point de peine concevoir que le fang qui eft compofé de tant de partics differentes les unes des autres en figure & en propriétés, fe meuve de lui-même & fe fermente.

Par la fermentation du fang, j'entens un mouvement continuel de toutes fes parties differentes, par lequel en s'entre-choquant, elles se brisent, changent leurs figures, en acquierent de nouvelles, fe fubtilifent, voLatilifent, & fe rendent propres aux ufages deftinez par la nature; & ce mouvement eft fuivi de l'effervefcence & de la chaleur.

Ce mouvement eft moderé par la partie aqueufe du fang dans laquelle nagent toutes ces particules : il eft facilité par les particules de l'air qui entrent dans les poumons & qui fe meflent dans la maffe du fang: il est entretenu par le chyle nouveau, auquel le fang déja fait, fert de levain:& il eft communiqué également à toutes les particules de la maffe, par le mouvement gé

néral

néral de toute la même masse, je veus dire par la cir

culation.

C'est par la fermentation que les parties du chyle encore cruës & vifqueufes, eû égard au fang, font attenuées autant quelles le peuvent être, & renduës semblables au fang, fi-non toutes, au moins une partie ; & c'eft ce changement de chyle en fang qu'on nomme feconde coction. C'est aufli par la fermentation & par l'effervefcence moderée qui la fuit, que les parties hétérogenes & ineptes à la nourriture, j'entens les excréments, font difpofées à fe feparer de la masse.

Ces excréments & les autres particules inutiles & fur-abondantes de la maffe avec lesquelles ils font meflez, font portez indifferemment avec le sang par les arteres à de certaines parties qui ont une certaine configuration de pores propre à les laiffer écouler: ainfi chaque excrément se separe de la maffe du sang par fon filtre propre : & ce mouvement de féparation fe nomme filtration.

Les excréments ainsi separez le portent hors du hors du corps, comme choses inutiles, ou ils rentrent une feconde fois dans la masse du fang.

¿ Les excréments qui fe portent hors du hors du corps, font tous ceux qui fe feparent & tranfpirent par la peau, ou fous le caractere de vapeurs fuligineufes & infenfibles, ou fous celui de fueurs : les urines qui se separent les reins : les mucofités qui fe filtrent par par branes glanduleufes du nez: les larmes par les glandes des yeux, &c.

les mem

Ceux qui rentrent une feconde fois dans la masse du

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fang, y rentrent, ou apres s'être purgez de certaines parties impures & groffiéres : ou ils y rentrent dans le même état qu'ils fortent des glandes. Les premiers font l'une & l'autre humeur bilieufe qui fe fépare par le foye: l'humeur qui fe filtre par le paucreas & par les glandes

du mefantere dont les canaux excrétoires fe terminent dans les intestins: celle qui fe fepare par les membranes glanduleuses de l'ofophage, de l'eftomach & des intestins, & la salive par celles de la bouche & par les glandes des environs. Et de tous ces excréments, uns font néceffaires pour délayer les aliments & pour leur fervir d'un levain pour en faire la premiére coction dans l'estomach; & les autres pour préparer le chyle

dans les inteftins.

les

Les feconds, font tous les autres excréments qui fe filtrent par toutes les autres glandes du corps, & qui font verfez par leurs canaux excrétoires dans les veines, ou ils fe meflent avec le fang qui eft reporté au cœur, foit pour y être perfectionnez, ou pour rendre le fang plus fluide, ou pour lui fervir en quelque manière d'un levain nouveau pour aider à fa fer

mentation.

Tant que le fang fe purge bien de fes excréments, & qu'il fe décharge de les autres parties fur-abondantes & inutiles, fa temperature eft bonne & loüable, & la fermentation est bien reiglée; parceque la fermentation fuit la temperature, comme la temperature eft entretenüe reciproquement par la fermentation : & au contraire, quand les excréments & les autres parties fur-abondantes & inutiles reftent dans la maffe du fang,

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La temperature devient viciée, & fa fermentation fouvent fe déreigle.

Je ne parleray point des difpofitions qui se doivent rencontrer dans la maffe du fang & dans les parties par lefquelles il paffe pour que fa temperature foit loüable, on les connoîtra affez par le contraire de celles qui produifent l'intemperie, que voici en peu de mots, pour abreger cette digreffion.

Je dis donc que lorsque quelques-unes ou plufieurs des différentes parties qui conftitüent la maffe du fang, dominent jufques à un tel point quelles détruifent, pour ainfi dire, les autres, le fang acquiert de lui même différentes intemperie, qui font les caufes de quantité d'effervefcences viciées, de diffolutions, coagulations & autres altérations de la maffe du fang, & par confequent les caufes de plufieurs maladies.

Que quand le fang eft en fi grande quantité, qu'il remplit trop les vaiffeaux & toute l'habitude du corps; deforte que ne pouvant librement se fermenter, il ne peut fe décharger de tous fes excréments; les plus groffiers demeurants confondus dans fa maffe, y causent auffi différentes intemperies, fources de plufieurs efpeces de fièvres & d'autres maladies; ou s'arrestants dans les parties, y causent différentes obftructions, qui font auffi l'origine de plusieurs maux.

Que le deffaut de fécrétion des excrements, & des autres parties fur-abondantes du fang, qui vient du rétréciffement ou de l'obstruction des vaiffeaux, ou des pores des émonctoires qui les doivent féparer, ou de celles de leurs canaux excrétoires, conduit dans l'intem

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