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Comme les phlyctenes font transparentes, elles paroiffent de la couleur de la partie de l'œil quelles occupent: ainfi quand elles font des fuites de l'ophthal mie, celles qui font à la fuperficie de la conjonctive paroiffent rouges, parceque dans l'ophthalmie cette membrane eft rouge; quand elles occupent la fuperficie de la cornée à l'endroit de l'iris, elles femblent être noirâtres ou des autres couleurs de l'iris; & à l'endroit de la pupille elles paroiffent noires; cela s'entend quand on les regarde de face, car quand on les regarde de côté, on reconnoît veritablement leur transparence. A l'égard des pustules, elles paroissent dabord comme des petites tumeurs plus rouges dans leur circonférence que n'est la conjonctive, quand elles fe forment sur cette membrane, & dans la fuite elles blanchiffent: & quand elles fe forment fur la cornée tranfparente, elles paroifsent obfcures de tel fens qu'on les regarde, mais peu de tems apres elles blanchiffent.

En général les phlyctenes & les puftules mettent le malade en peril de perdre la vue, parcequ'il y a à craindre quelles ne dégénerent en ulceres malins & corrosifs, dont les fuites font toûjours fâcheufes, comme on le verra dans le chapitre des ulceres. En particulier, les phlyctenes ne font pas fi mauvaises que les puftules, parcequelles font plus fuperficielles, & que l'humeur quelles contiennent n'eft pas fi acre. De plus les phlyctenes & les puftules qui viennent fur la conjonctive ne font pas fis dangereufes que celles qui viennent fur la cornée; & celles qui viennent fur la cornée à l'endroit de l'iris, incommodent moins par. leurs cicatrices ref

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tantes, que celles qui viennent vis-à-vis de la prunelle: enfin celles qui viennent des caufes extérieures font moins fâcheufes que celles qui font excitées par

caufes intérieures.

des

La cure des phlyctenes & des puftules est semblable. Dans leur commencement on les traite avec les mêmes remedes propofez pour le commencement de l'ophthalmie, foit quelles foient des fymptomes de l'ophthalmie, ou que l'ophthalmie foit un fymptome de ces maladies; parceque la premiére intention que l'on doit avoir, eft d'appaifer l'inflammation. Ainfi on employe la faignée & les autres remedes généraux dans l'ordre & comme je l'ay dit au chapitre 13. & on se fert des collyres rafraichiffants & adouciffants, & des autres remedes propofez audit chapitre, fuivant que l'inflammation & fa douleur font plus ou moins violentes.

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Lorsque l'inflammation commence à s'appaifer, fi les phlyctenes & les puftules diminuënt & femblent se réfoûdre, on continue la cure comme dans la fuite de l'ophthalmic quelques-fois par ces remedes elles fe diffipent : mais fi au contraire elles augmentent, on juge qu'il ne fe fera point de réfolution, & que par confequent elles fe termineront comme des autres puftules du corps, c'est-à-dire, par l'issuë de leur matiére. C'est pourquoi on se fert alors de collyres qui amolliffent & refolvent en même tems, comme de celui fait Avec une demie once de racines d'althea, des fleurs de camomille de melilot de chacune une pincée, qu'on fait boüillir un peu de tems dans Six onces des eauës diftillées

de

de rofes & de fœnoüil, enfuite on y fait infuser Un demy fcrupule de faffran, & le collyre étant paffé par un linge, on en fait couler quelques goutes dans l'œil malade dix ou douze fois par jour, mettant deffus à chaque fois une compreffe trempée dans un collyre rafraichiffant, ou quelqu'un des autres remedes propofez pour l'ophthalmic.

Si elles tardent à s'ouvrir, le plus feûr eft de les ouvrir avec la pointe d'une lancette, ou avec une éguille, pour empêcher que l'humeur quelles contiennent par fon trop long féjour, n'excave la cornée & ne cause un ulcere plus profond, dont la cicatrice restante, étant plus épaiffe, empêcheroit davantage la vie; particuliérement fi ces puftules fe rencontrent fur la cornée transparente, vis-à-vis de la pupille.

La maniére de les ouvrir eft de les piquer à côté, comme on fait ordinairement les puftules qui arrivent fous l'épiderme. Si on fe fert de la lancette, il est bon d'enveloper le fer & les chaffes d'une petite bande de linge, ne laiffant que la pointe de découverte ; tenant la lancette par les chaffes comme on tient l'éguille pour abbaiser les cataractes, on pique comme deffus, le plat de la lancette étant du côté de l'œil. Toutes ces précautions ne fervent que pour s'empêcher de bleffer l'œil.

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Soit que les phlyctenes ou les puftules fe foient ouvertes d'elles mêmes, ou qu'on les ait ouvertes traite les ulceres qui reftent avec les collyres mondifiants & deffeichants que l'on compofe, par exemple, Avec un fcrupule des trochifques blancs de Rhafis, dix grains de myrrhe, cinq grains de vitriol blanc & un demie drachme

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de fucre candit, que l'on diffoût dans Quatre onces des eauës diftillées de rofes & de lyerre terreftre. On en met trois du quatre goutes dans l'œil dix ou douze fois par jour', & on couvre l'œil d'une compreffe trempée dans un collyre rafraichiffant tant qu'il y a de l'inflammation.

Si même la douleur, eft violente, on coule dans l'œil alternativement du collyre fufdit, & de quelqu'un des collyres adouciffants propofez dans le chapitre 13. & ce, tant que la douleur fubfifte.

Si ces ulceres ne guériffent point par ces remedes on aura recours au chapitre 17. ou on choisira les collyres qui leurs conviendront.

On ne traite point d'une autre maniére les puftules qui font produites par la petite verole: mais on s'effor ce autant qu'on le peut, d'en deffendre les yeux. On Оп fe fert à cet effet de remedes qui relâchent & ouvrent la furpeau des environs des yeux, & qui atténuent l'humeur qui caufe les puftules, afin quelle puisse transpirer à mesure quelle aborde: on emploie utilement Le lait de femme, ou à fon deffaut, Celui de vache, dans lequel on fait infufer Une quantité fuffifante de faffran, pour en faire une forte teinture, dont on oint les paupières & les environs quatre ou cinq fois par jour, & dont on coule même quelques goutes dans les yeux.

Ou on fe fert de la même manière d'un collyre fait Avec parties égales des eauës diftillées de lys & de fray de grenouilles, dans lesquelles on fait infufer De la graine de lin, autant qu'il en faut pour les rendre muccilagineules, Et da faffran comme defus, étant paffées par un linge, on diffoût dans deux onces Sept on huit grains de

camphre. Souvent par ces remedes ou autres on empêche les puftules de la petite veroles de pouffer dans les yeux, pourvû qu'on s'en ferve de bonne heure.

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Paré, au chapitre 3. de fon vingt-sixiême livre, fe fert De l'eau rofe, du verjus & du camphre, pour mettre autour des paupières; ou bien d'une décoction De fumach, de berberis d'écorces de grenades, y disolvant de l'aloës & un peu de faffran, & propofe aussi pour lá même fin Le jus de grenades. Cette pratique, quoi quelles femble contraire à la précédente, convient cependant avant que les puftules ayent commencé à pouffer à la superficie de la peau; parceque ces remedes ayants beaucoup d'aftriction en refferrent les fibres, ainfi la matiére des puftules s'y loge plus difficilement : mais auffi quand

Ia peau en eft déja abbreuvées, ces remedes qui s'oppolent à fa transpiration feroient plus capables d'augmenter l'inflammation & les puftules, & d'exciter de plus grands defordres; c'eft pourquoi il vaut mieux agir fuivant l'intention que j'ay proposée, & qui est la plus univerfellement reçeuë; & cela, dautant plus qu'on n'eft guéres appellé en ces rencontres que forfque les puftules commencent à pousser.

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4. De l'Hypopyon, ou Abcez de la Cornée.

CHAPITRE XV I.

Ar Hypopyon, nos Auteurs entendent deux choses: Primo. Un amas de pus derrière la cornée & dans le globe même : 2. Un amas de pus qui fe fait entre les pellicules mêmes de la cornée.

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