Page images
PDF
EPUB

mes conjectures touchant la nourriture du corps vitré & du cristallin, & fur l'origine & l'entretien de l'humeur aqueufe : & enfin je feray connoître le vray ufage des parties principales de l'œil, à l'occafion de l'explication de la vie, que j'appuïeray fur plusieurs expériences d'optique.

Pour commencer cette description, je diray que l'œil qui eft l'inftrument de la vie, eft une partie organique, compofée de membranes de differente nature, de nerfs, de veines, d'arteres, de muscles, de glandes, de corps transparents, d'une humeur particuliere, & de quelques autres parties: que fa figure est sphérique, fi on ne confidere que fon globe féparé des autres parties qui l'environnent, & fi joint avec elles, qu'elle eft oblongue & piramidale, ayant fa base en dehors & fa pointe en dedans : qu'il eft fitué dans l'orbite où il fe neut en differentes manieres: & qu'il eft recouvert des paupières.

Je diviferay l'œil à la maniere ordinaire des autres Anatomistes, en son globe qui est cette ampoule formée par la cornée & tout ce qu'elle renferme, & en fes parties extérieures qui font les muscles, fes glandes, fa graisse, ses nerfs, fes vaiffeaux, & fes paupières.

Des parties extérieures de l'Ocil, & premiérement des

L

Paupiéres.

[blocks in formation]

Ordre de diffection m'oblige de commencer par les paupières, parce qu'elles fe prefentent les premieres. Il y en a deux, l'une en haut & l'autre en bas; la supérieure est la plus grande en l'homme. Leur figure est assez connue, puifqu'elle fe voit fans diffection, Les endroits ou ces deux paupières fe joignent, fe nomment, Angles: celui du côté du nez s'apelle, angle interieur ou grand angle, & celui du côté des tempes, angle exterieur ou petit angle.

Elles font compofées de la peau, d'une membrane charnüe, d'une membrane que l'on croit particuliere, de muscles, du tarfe & des cils.

La peau des paupières eft la même qui couvre les autres parties de la face, elle eft feulement plus mince & fort lâchement étendüe, pour se pouvoir rider aifément; elle se termine au bord de châque paupière, où elle est percée pour laisser passer les cils. En cet endroit elle eft jointe & continue à cette autre membrane particuliere fort unie, mince & fenfible qui revêt la partie interieure des 'paupières & qui fe joint à la conjonctive avec laquelle elle fe confond: & même la furpeau dont cette membrane eft recouverte & qui eft tres mince & tres transparente, fe continue & recouvre non-feulement la conjonctive, mais auffi toute la cor

née transparente. Nos Anatomites croient que cette derniere membrane eft produite du pericrane, & que c'est la raison pourquoi elle eft fi fenfible: quoi qu'on puiffe dire avec quelque fondement, qu'elle est plûtôt une production ou extension de la peau même qui recouvre les paupières, puisqu'elle lui eft continue; & que dailleurs lorfque l'une ou l'autre paupière demeure renversée par quelque maladie, & que cette membrane n'est plus humectée, on la voit manifeftement devenir femblable à la peau.

Entre cette membrane & la peau on rencontre une membrane charnue, qui n'eft autre chofe qu'une extenfion des muscles orbiculaires des paupières. C'est à l'extremité de cette membrane qu'eft attaché ce petit cartilage membraneux & demi-circulaire qui donne cette même figure aux paupières, tenant leur peau étendüe fuivant leur longueur: on l'appelle Tarfe & Peigne ; à cause que les cils, qui font des poils droits toûjours d'une certaine grandeur & ordonnez en maniere des dents d'un peigne, font implantez à son extremité.

Les paupières fe meuvent quelques-fois felon nôtre volonté, & le plus fouvent auffi elles fe meuvent fans que nous y faflions aucune attention. Ce dernier mouvement eft fort vîte & fe fait de moment en moment quand nous veillons.

Trois muscles meuvent les paupières. Le premier & le fecond qu'on rencontre au deffous de la peau des paupières, fe nomment Orbiculaires ou Demi-circulaires. Ils naiffent l'un & l'autre au grand angle de l'œil, le fuperieur paffe par la paupiére fuperieure, &

[ocr errors]

l'inferieur par la paupière inferieure, & se vont inférer enfemble vers le petit angle aux environs de l'os de la pommette, où ils confondent leurs tendons, en forte qu'ils ne femblent être qu'un feul muscle. Ils font larges d'un travers de doigt ou environ; & quand ils agiffent, ils tirent en même tems la paupière fuperieure en bas & l'inferieure en haut, & ferment exactement les yeux.

Le troifiéme eft le Releveur de la paupière fuperieure. Il naît du fond de l'orbite affez prés du trou par où paffe le nerf optique; & couché fur le muscle droit releveur de l'œil, d'un principe étroit & charnu, il fe termine par un tendon affez large au tarse & au bord de la paupière fuperieure. Lorsqu'il agit, il léve la piére en haut & découvre l'œil.

pau

L'ufage des paupières eft de couvrir l'œil; de le deffendre des injures exterieures; & par leurs mouvemens de répandre également fur tout l'œil la liqueur qui fort des glandes qui l'environnent, afin d'humecter la cornée, de la polir, de la nettoyer & de la rendre plus transparente.

Au deffus de châque paupière fupericure font les Sourcils, qui outre l'agrément qu'ils donnent, servent à détourner la fueur, pour l'empêcher d'incommoder les yeux. Ils font trop visibles pour avoir besoin de defcription.

caus

[blocks in formation]
[ocr errors]

CHAPITRE

E qu'on appelle vulgairement Glande lacrimale, eft une petite caroncule ou chair glanduleuse, fituée au grand angle de l'œil à l'entrée du fac lacrimal. Il femble même que cette caroncule ne foit formée que par la reunion de la membrane interieure des paupières: car dans l'homme il n'y a point proprement de glande; & fi nos Anatomiftes ont ainfi nommé cette partie, c'est à caufe de la liqueur qui fe filtre aux environs par les points lacrimaux qui percent dans le fac lacrimal, qu'ils eftimoient ne pouvoir venir que d'une glande fituée en cet endroit, & de ce que de cette même caroncule on voit manifeftement tranfuder une humidité qui abbreuve auffi l'œil, & qui dans quelques-unes de fes maladies coule trés abondamment.

Le Sac lacrimal eft l'entrée du canal par où paffent les larmes pour fe vuider dans le nez ; & c'est une extenfion de la membrane interieure du nez. Ainfi la membrane qui fornie ce fac eft glanduleufe, puisque toutes les membranes qui tapiffent interieurement le nez le font.Il a deux trous fort petits que l'on nomme Points lacrimaux, qui s'ouvrent vers le bord des paupières dans la foffette du grand angle.

Dans les animaux qui ont une troifiéme paupière, cette efpece de glande paroît plus confiderable que dans l'homme, & on y remarque bien plus aisément deux

« PreviousContinue »