extrémité du côté de la cornée tranfparente, & le fépare ainfi de la conjonctive. S'il voit que l'ongle ait de la peine à fe féparer, ou qu'il apprehende, étant adipeux, qu'il ne fe rompe, il tient les deux extrémités du fil ou du crin d'une main, & foûlevant un peu l'ongle il le fépare doucement de côté & d'autre, felon fa longueur, avec la pointe d'une lancette qu'il tient de l'autre main, prenant garde d'offenfer la conjonctive; ou bien au lieu de lancette, il fe fert d'un petit déchauffoir bien tranchant, ou d'une plume d'oye coupée en maniére d'une pointe de lancette à peu près comine ces plumes qu'on taille pour fe curer les dents. Cela étant fait, de chaque main il prend une extrémité du fil ou du crin & le fait gliffer comme deffus d'une extrémité à l'autre de l'ongle: le voyant bien féparé, il le lie avec le même fil ou crin vers fon milieu, & tenant d'une main les deux extrémités du fil ou du crin, il éleve un peu l'ongle, & de l'autre il le coupe le plus prés qu'il peut de de la cornée tranfparente, avec le tranchant d'une lancette, ou avec des cifeaux bien tranchants; lâchant un peu le fil, il coupe enfuite l'ongle vers fa racine, prenant garde de couper cette petite avance de

NOTE 3. L'ongle étant féparé, on le lie dans fon milieu pour le tenir pendant qu'on le coupe dans fes deux extrémités, autrement ayant coupé une extrémité, il feroit difficile de couper l'autre, parcequ'il le retire & s'accourcit beaucoup.

NOTE 4. Il n'importe quelle extrémité on coupe la premiére, étant toûjours maître de l'ongle par le moyen du fil dont il eft lié: ainfi on peut commencer par celle du grand angle, fi on veut en cela fuivre nos Auteurs, ou bien par l'autre comme je Pay dit, cela eft égal.

NOTE 5. Si on fe fert d'une lancette, il la faut entortiller d'une petite bande, ne laiffant que la pointe de découverte, & cela pour la tenir plus commodément.

chair glanduleufe fituée au grand angle, de crainte qu'étant coupée, il n'en arrive un larmoiëment involontaire. L'opération faite, il met dans l'œil Un peu de poudre de fucre candit, & par deffus une compreffe trempée dans un collyrẻ rafraichissant; & dans la suite il panfe l'œil avec les collyres propofez pour les ulceres fuperficiels qu'il continuë jufques à la fin de la cure fans craindre que les paupières s'uniffent à la conjonctive, comme quelques Auteurs le craignent fans raifon, parce que deux parties ne peuvent s'unir, s'il n'y à en même tems folution de continuité dans l'une & dans l'autre.

Cette manière d'opérer ne differe de celles de Paul, d'Aëce, de Celse, & d'autres Anciens qui se sont copiez les uns & les autres & que nos Modernes à leur tour ont copié, qu'enceque les deux premiers accrochent dabord l'ongle avec un petit crochet, & paffent enfuite par deffous une éguille enfilée en même tems d'un fil de lin & d'un crin, foûlevants l'ongle avec le fil de lin qu'ils font tenir par un ferviteur, cependant qu'avec le crin ils féparent l'ongle en fciant, comme je l'ay dit, & le coupent enfuite à fa racine avec les mêmes précautions que j'ay rapportées ; & que le troifiême qui se sert auffi du crochet ne passè qu'un fil, procedant au reste comme les deux autres : fans que les uns ni les autres fe foient avifez de lier l'ongle apres être féparé, hors Albucafis & Avicenne, qui, au raport de Guy de Chauliac, le lient avec le fil de lin avant que de le féparer avec le crin. Ainfi on peut ju・ger que la maniére que j'ay propofée est la plus fûre

commode, étant exemte de la multiplicité des inftruments, & du miniftere d'un ferviteur pour foûlever l'ongle qui eft aisé à rompre, pour peu que ce ferviteur peu inftruit tire trop le fil ou le crochet, dailleurs l'ongle étant féparé & lié, il eft bien plus facile au Chirurgien de couper fûrement fes deux extrémités fans en rien laiffer.

& que

Pour L'Ongle Graiẞeux, s'il fe rompt pendant l'opération, on ôte cequi refte autant qu'on refte autant qu'on le peut avec la pointe du ciseau,ou on l'écorche avec la pointe de la lancette, prenant garde de blesser les autres parties de l'œil; & enfuite on confomme cequi peut encore rester avec le collyre vert ci-dessus.

A l'égard Du Sébel, quand il n'a aucune malignité, cequi eft affez rare, il s'ôte de la même manière que l'ongle. Je n'ay fait encore l'opération que fur deux : le premier, je l'extirpay de la maniéte fufdite, & pour årrêter le fang, je me fervis d'une poudre faite avec parties égales de gomme Arabique & de bol, & d'une fixiême partie de colcotar: le fecond, comme les vaiffeaux étoient gros, pour éviter le flux de fang, qui eft toûjours assez incommode à l'œil, quoi qu'il ne flüe qu'en petite quantité, apres être féparé de la conjonctive, je le liay avec le même fil prés du grand angle, & je le coupay enfuite à fon autre extrémité, la ligature tomba cinq ou fix jours apres, & tous les de ux reüffirent affez bien.

Mais quand il est accompagné d'une cuisson ou d'une demangeaifon incommode, de croûtes, d'ulcéres, d'inflammation, d'un flux de larmes acres, que les vaif

feaux en font gros & durs, rouges ou noirs, qu'il eft fort élevé, que la cornée transparente est trouble, que les paupières font tumefiées, que le malade ressent une grande douleur à l'œil, aux paupières & aux tempes, & qu'il ne peut en aucune maniére fouffrir le jour, foit que toutes ces choses se rencontrent en même tems ou qu'il n'y en ait que quelques-unes, il ne faut nullement en entreprendre l'opération : on ne doit pas même se servir d'aucuns remedes qui aient la moindre acrimonie ou chaleur, mais feulement fe contenter d'y appliquer des collyres rafraichiffants & anodins pour appailer autant qu'on le peut ces fâcheux fymptomes, cependant qu'on travaille par les remedes généraux à corriger l'intemperie du fang, & à divertir l'humeur. qui fue fur les yeux. fuë

9. Du Rétréciẞement, ou des Rides de la Conjonctive & de la Cornée.

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CHAPITRE XXII.

N compte auffi parmi les maladies de la conjonc-tive & de la cornée, cette Contraction, ou Rétrécißement, qui leur arrive quand le globe de l'œil fe diminuê ou par une extrême vieilleffe, ou par quelqu'une des caufes dont j'ay parlé en traitant du Rétrécißement de l'uvée, de l'Atrophie de l'œil, & de quelques autres maladies: mais comme ces vices ne font pas de propres affections de la conjonctive ni de la cornée, non plus que de l'uvée, ni des autres membranes intérieures, mais bien des accidents ou symptomes d'autres ma

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a dies, qui dailleurs ne font point guérifables, à moins que les maladies dont ils dépendent ne le foient; il eft affez inutile d'augmenter le nombre des maladies de l'œil de celle là, puisqu'auffi bien il n'y a point de remede particulier à y apporter, quand même elle viendroit de vieilleffe.

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10. Des Yeux de travers, ou des Yeux louches.

Uoique quelques Auteurs rapportent cette maladie que les Grecs nomment, Strabismos, les Latins, Strabofitas, par laquelle on regarde de travers ou par le côté, au criftallin, croiants qu'il eft fitué de travers, ou qu'il panche de côté ou d'autre ; que d'autres la rapportent à un vice de tout l'œil, ou à de certains vices imaginaires d'efprits vifuels ; & que quelques autres l'attribuent à une convulfion ou rétraction de quelques muscles de l'œil: je la mettray cependant au nombre des maladies de la cornée, parcequ'il eft conftant que cette maladie ne vient que d'une mauvaise conformation de la cornée tranfparente, qui étant plus tournée du côté du grand angle ou du petit angle, ou vers haut ou vers bas, oblige ceux qui ont un tel vice à regarder de travers ou par le côté.

Mais comme il arrive plus ordinairement que ceux qui régardent de travers régardent en même tems de prés, je comprendray auffi fous cette maladie cette autre que quelques autres Auteurs en diftinguent & qu'ils nomment, Myopia, ou Lusciofitas, par laquelle on ne peut