par la trifteffe, par la joye & par d'autres paffions, par un froid extreme, par le la fumée, par les vent , par chofes acres, par l'yvrognerie & par d'autres causes, on ne les compte point parmi les vices des glandes; parceque tous ces écoulements ne font que paffagers, ceffants par l'absence des causes qui les ont produit.

Lorfque la foibleffe des glandes eft la cause du flux de larmes, on les fortifie avec les collyres que j'ay propofé vers la fin du chapitre de l'ophthalmie, fe fervant de ceux qui ont de l'aftriction pour couler dans l'œil, & de ceux qui fortifient pour tremper les compresses qu'on applique deffus.

Ou bien on fe fert pour couler dans l'œil d'un fimple collyre que l'on fait avec un fcrupule de vitriol blanc fondu dans quatre onces d'eau de pluie ou de riviere, y ajoûtant fi on veut une demie drachme de fucre candit. Ces mêmes collyres fervent auffi pour le flux de larmes habituel, & pour l'autre que l'on nomme Rhyas, pourvû que l'on augmente leur astriction.

On ne s'avise guéres de pouffer les remedes généraux au degré que nos Auteurs les propofent pour ces flux de larmes, à moins qu'on ne voïe qu'ils augmentent considérablement & que les larmes en deviennent acres; en ce cas, pour prévenir quelque nouvelle fluxion on les met en ufage fuivant les reigles prescrites au chapitre de l'ophthalmie.

Des maladies des Angles des yeux, premiérement de l'Anchilops ou abcez du grand Angle.

LA

CHAPITRE IV.

'Anchilops eft une petite tumeur ou abcez qui fe forme entre le grand angle de l'œil & le nez, cette tumeur eft ou phlegmoneufe, ou elle eft de la nature des

atheromes.

La Phlegmonenfe qui eft la plus commune, commen ce dabord par une inflammation du grand angle qui fe communique le plus fouvent à l'œil & aux paupiéres, & qui eft accompagnée d'une douleur piquante

& d'une tenfion au lieu ou l'abcez fe doit former: l'inflammation augmentant enfuite, la tumeur se circonfcrit & enfin l'abcez fe forme affez promptement. Sa cause est semblable à celle des phlegmons des autres parties.

,

Celle qui eft de la nature des Atheromes & qui eft la moins commune à fes progrés plus lents, elle n'est point précédée par l'inflammation: elle commence par un petit tubercule affez dur, qui augmente infenfiblement, fans douleur ou au moins elle est fort legere, & fans que la peau qui le recouvre foit changée de couleur: la tumeur étant plus augmentée, elle devient molle, & quand on l'ouvre on en voit fortir une humeur épaiffe & gluante qui en quelque forte reffemble à celle des atheromes, ou des fteatomes, ou des meliceris, & fouvent cette matiére fe trouve renfermée dans un chyft.

Toutes

Toutes les tumeurs qui viennent au grand angle, font fujettes apres leur ouverture à dégénérer en fiftules, qui font d'une difficile cure quand l'os eft carié. Deplus les phlegmoneufes s'étendent quelques-fois fi fort & fi promptement quelles fe font jour d'elles-mêmes lorfqu'on s'y attend le moins; elles pourrissent aussi quelques fois l'angle de l'œil, enforte qu'on ne peut empêcher l'œil d'être éraillé, ou elles forment des finus qui s'étendent en d'autres parties. Et celles qui tiennent des athéromes s'endurciffent quelques-fois & dégénérent en Schirre ou en cancer.

Pour la cure de l'abcez du grand angle, quand il est phlegmoneux, on emploïe dans le commencement & quand l'inflammation commence à paroître les remedes tant généraux que particuliers qui conviennent au commencement de l'ophthalmic; afin de diminuer & détourner l'humeur qui flüe, & empêcher l'abcez d'être fi grand. Et fi-tôt qu'on s'apperçoit que la tumeur commence à fe former, on fe fert de remedes qui refolvent mediocrement & qui en même tems amoliffent & relâchent la peau, pour déterminer le pus à fe porter en dehors, comme d'un cataplafme fait avec les farines refolutives, cuites dans l'oxcicrat fait avec les eauës de rofes & de plantain un peu de vinaigre, auquel on ajoûte du miel & fur la fin de la décoction un jaune d'œuf & un peu de faffran en poudre : on étend de ce cataplafme fur un linge & on l'applique chaudement fur la tumeur & les environs, obfervant de ne point couvrir l'œil; par deffus on applique les compreffes trempées dans le deffenfif fait avec l'eau rofe le blanc d'œuf.

&

Je ne fçaurois approuver la conduite de ceux qui se fervent dans le commencement de remedes qui ont beaucoup d'aftriction, prétendants repouffer l'humeur & empêcher fa fuppuration : parceque ces remedes, quoi qu'ils repouffent à la verité l'humeur en refferrant les fibres de la peau, n'empêchent pas cependant que l'abcez ne se forme, quand une fois elle a commencé de s'amaffer: au contraire ces remedes feroient plûtôt cause que l'amas fe feroit plus profondément, & que la matiére feroit plus en état de carier l'òs, de l'étendre dans les environs, de pénétrer dans le fac lacrimal, & de fortir par le canal nafal ou par le coin de l œil; ce qu'on doit toûjours éviter le plus qu'on peut, pour la difficulté qu'il y auroit d'y appliquer des remedes &. d'empêcher la fistule.

Et quand cet abcez tient de la nature des Athéromes, on fe fert d'un emplâtre de diachylon gommé pour l'amollir & conduire à fuppuration, ou de quelque autre femblable: parcequ'on doit toûjours avancer la fuppuration de ces fortes de tumeurs autant qu'il eft poffible, & qu'il n'y a nul danger de les échauffer un peu par les. remedes emplastiques, puifque par ce moien on peut procurer la fuppuration de leur chyft.

Il y a de deux fortes d'abcez qu'on ne peut trop τότ ouvrir pour empêcher la fiftule, celui du grand angle de l'œil & celui du fondement. Car fi on attend à les ouvrir que le pus foit entiérement formé & qu'il commence à émincer le cuir, ou bien fi on attend qu'il se faffe jour de lui-même, il eft tres rare qu'il ne refte fiftule: parceque dans celui du fondement qui eft une

partie graiffeufe & fort humide, le pus s'étend en dedans, forme plufieurs finus, & perce même l'inteftin, enforte qu'apres que l'abcez eft ouvert il eft difficile de le mondifier & de l'incarner à caufe de la perte de la fubftance qui eft grande & qui fait que fes parois intérieures ne peuvent s'approcher & s'unir, & à cause de l'humidité du lieu qui s'oppofe à cette reünion. Et que dans celui du grand angle, le pus en féjournant s'étend pareillement, forme des finus, pénétre & ulcere le fac lacrimal, carie les os voifins & confomme cette petite chair glanduleuse fituée au grand angle, & par où il fe fait quelques-fois jour de lui-même : d'où vient qu'apres que l'abcez eft ouvert, il est pareillement difficile de le mondifier & de l'incarner, à cause du vuide qui refte & qui ne peut se remplir de chairs assez folides pour fe cicatrifer, parceque ce vuide eft continuellement abbreuvé d'humidités, ou à cause de la carie de l'os fur lequel il ne fe peut faire aucun bon fondement, à moins que cequi eft carié ne soit séparé. Ainfi fi-tôt que l'on voit que la tumeur eft circonfcrite & que le pus commence à fe former, il faut l'ouvrir fans attendre foit entiérement fait; parque le pus ce qu'alors n'y aiant encore aucun vuide fenfible, les fibres entre lefquelles l'humeur. étoit épanchée & qui font prefque entiéres s'en trouvant débaraffées, elles fe refferent & s'uniffent aisément, auffi bien que la playe que l'on a faite, à mesure que ce qui refte de cette humeur s'écoule par une douce & loüable fuppuration.

Mais parcequ'en faisant l'ouverture de bonne heure, il ne fort de la tumeur qu'un fang un peu purulent,