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qu'il en foit, quand il s'engendreroit des poux entre les cils, il ne feroit pas difficile de les détruire, ou en les ôtant & les lentes qu'ils auroient pû produire, ou en les faifant mourir avec des médicaments amers, comme en lavant les paupières avec de l'aloës dissoût dans l'eau rofe, ou par le moien des autres remedes propres à faire périr toutes ces fortes de vermines.

13.. De la relaxation & foiblesse de la Paupiére fuperieure de fon cillement involontaire."

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L arrive quelques-fois que la paupière fupérieure eft entiérement relâchée & affoiblie, en telle forte quelle demeure abbaiffée fans que le Malade la puiffe relever qu'en y portant la main, & fans que les cils bleffent l'œil, comme dans la précédente relaxation, ni qu'il paroiffe rien d'extraordinaire au dehors ni au dedans de cette paupière hors quelle eft-plus allongéc.

Toutes les tumeurs humorales qui ont de l'étenduë, & quelques infignes fluxions inflammatoires ou autres qui fe font fur les paupières, les étendent & allongent fouvent en toutes leurs parties & les font abaiffer: mais comme cetre forte d'extension & allongement n'est qu'un symptome d'autres maladies qui ceffe par la ceffation de ces mêmes maladies; ce n'est pas de cette efpece de rélaxation dont j'entens parler en ce chapitre, mais feulement de celle que l'on eftime être causée par une humidité fuperfluë qui amollit, relâche & fait tomber la paupière.

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Je puis dire avec quelque fondement que cette maladie eft proprement une paralyfie de la paupière. En effet je ne l'ay jamais remarquée que dans quelques paralytiques, & quand je l'ay rencontrée, j'ay en même tems obfervé que la jouë du même côté étoit travaillée d'un pareil relâchement, que la machoire & la langue se ressentoient auffi de la paralyfie, & que l'œil même en-étoit parcillement affecté,

Je ne veus pas pour cela nier abfolument que la paupiére ne puiffe fe relâcher fimplement par une humidité fuperflue, comme l'ont penfé nos Auteurs, quoi que je n'en aïe point d'exemple: mais fi cela est, je veus croire aufli qu'en cette rencontre cette maladie pourroit fe guérir par l'ufage des fomentations fortifiantes

réfolutives énoncées au chapitre 7. ou d'autres femblables, aidées des remèdes intérieurs propres à épuifer les humidités fur-abondantes de la masse du fang: au lieu que fi cette réelaxation vient de paralyfie, j'eftime que tous les remèdes qu'on y pourroit faire y seroient bien peur profitables.

A l'égard de l'opération que nos Auteurs proposent pour relever la paupiére, en emportant une partie de La peau extérieure, de la même maniére que je l'ay dit vers la fin du chapitre précédent, elle doit être également rejettée par les raifons que j'ay déja avancées. J'ajoûteray de plus qu'ils ont encore plus mal pris leurs mefures en la propofant pour cette maladie-ci; pnifque fi toutes les parties de la paupière font également relâchées, comme elles le font effectivement, en enlevant une partie de fa peau extérieure & reüniffant par cou

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tûre les extréinités de la peau reftante, ils doivent caufer une maladie plus fâcheufe que celle qu'ils ont defsein de guérir; parceque les autres parties de la piére confervant toute leur étenduë, elles doivent néceffairement, quand la feule peau extérieure sera accourcie, fe préfenter en dehors en fe repliants, & ainfi le Malade en doit être plus incommodè que fi toute la paupière étoit également abaissée.

Du cillement involontaire de la Paupiére fupérieure.*

Il y a une maladie des muscles ou des nerfs des paupières qui eft fi rare que je ne l'ay rencontrée que. deux fois en pratiquant. Je la joints ici, parceque j'ay peu de chose à en dire, que cela ne merite j'en faffe un chapitre particulier.

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pas que C'est un cillement involontaire, extremement promt & comme convullif des paupières fupérieures, qui ceffe quelques moments de tems en tems, & qui recommence de même qu'auparavant. Quand le cillement coffe les Malades voient à l'ordinaire; & lorfqu'il fubfifte, ils ont peine à fe conduire.

Apparemment que ce cillement ou mouvement involontaire des paupières, vient de ce.que le muscle releveur de chaque paupière fupérieure est affoibli à.caufe de quelque obftruction imparfaite dans les petits rameaux de nerfs qui fe diftribuent dans ce müscle, qui empêche les efprits animaux d'y couler affez abondamment: de forte que l'action de ce muscle, qui s'accourcit naturellement & fans qu'on y penfe pour tenir la paupière ouverte quand on veille, n'étant pas égale à

LAGOPH
THALMOS.

celle de l'orbiculaire, cette paupière eft auffi-tôt entrainée en bas par l'action plus forte de l'orbiculaire, cequi doit exciter ces mouvements redoublez & comme con vulfifs des paupières. Et fi ce cillement cesse pendant quelques moments, cela peut venir de ce qu'alors il cft coulé affez d'efprits animaux dans ce muscle releveur pour rendre fon action à peu pres égale à celle de l'orbiculaire. Mais comme ces efprits font bien-tôt diffipez, & qu'il n'en coule de nouveaux qu'avec peine, ce cillement doit recommencer comme auparavant.

N'aiant vû que deux perfonnes affligées de cette maladie, il me feroit difficile de dire fi elle eft curable ou non: & dautant plus que les obfervations que j'avois commencées n'ont pas été fuivies ; ces deux perfonnes aiant negligé de revenir chez moi dans les tems que je leur avois marqué.

14. De l'éraillement des Paupières, & premiérement de celui de la Paupiére fupérieure.

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CHAPITRE XX.

A paupière fupérieure fe trouve quelques-fois fi retirée en haut, quelle ne peut être abaiffée entiérement, enforte que l'œil n'en peut être couvert en dormant. Et comme on dit que les Liévres dorment les paupières ouvertes, on appelle à cause de cela cette maladie, ail de liévre.

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Tous nos Anciens ont reconnu que cette maladie provenoit de differentes caufes. 1. D'un vice de nature, quand dans le tems de la premiére conformation il y

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a eü un deffaut de matiére pour engendrer la paupiére.. 2. De la convulfion du muscle releveur de la paupiére, & en même tems de la paralyfie du muscle biculaire qui l'abaisse. 3. D'un trop grand desseichement de la fubftance même de la paupière, qui fait quelle fe rétrécit. 4. Par les cicatrices qui restent enfuite des playes, des ulceres & des brûlûres de cette partie.

Je ne difputeray point les trois premiéres causes, encore bien que je n'aïe vû aucun éraillement d'œil qui en fût produit. Je diray feulement que les cicatrices qui fuivent les playes, les ulceres & les brûlûres en font les caufes les plus communes, & que les éraillements font plus ou moins grands, fuivant que ces maladies ont plus ou moins caufé de perté de fubftance en la paupiére, ou fuivant quelles ont été plus ou moins étenduës.

Mais je ne me tairay pas fur l'opération que les Anciens & leurs imitateurs Modernes propofent pour guérir cette maladie, & & que voici en peu de mots. Ils avoüent dabord que lorfque la paupière eft beaucoup trop courte, elle ne peut fe rétablir; mais ils difent aufli que lorsqu'il s'en faut peu, il eft aifé d'y remédier: & que pour cet effet, fi la paupière eft rétrécie par une cicatrice, il faut incifer entiérement cette cicatrice, féparer les bords de cette incifion avec de la charpie mifes entre, & continuer ainfi à les tenir féparez jufques à la fin de la cure; obfervant de ne fe fervir pendant tout ce tems d'aucuns remedes qui deffeichent, mais feulement de ceux qui humectent & relâchent, conime de l'onguent de bafilicon, des mucilages de fœnugrec &c. & que

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