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& ne caufent un éraillement, qu'il eft cependant bien difficile d'éviter, pour peu que les brûlûres foient profondes : & en cas que les bords de l'une & de l'autre paupière fuffent ulcerez, on doit pareillement prendre garde que les deux paupières ne s'uniffent ensemble; & pour l'empêcher autant qu'on le pourra, il fera bon de les ouvrir de tems en tems, & de mettre fur leurs bords un peu de tuthie lavée ou du plomb brûlé, tant pour deffeicher les ulcérations de chaque bord, que pour fervir d'un moien pour empécher leur union. Si on pouvoit faire tenir entre les deux bords un petit morceau de cannepin imbû de quelque collyre deficcatif cela feroit commode; mais l'œil difficilement fouffre de tels corps étrangers. Enfin si les bords des deux paupières ne font point ulcerez, pour empêcher les éraillements, servez vous des moiens énoncez vers la fin du chapitre dixiême; mais s'ils le font, ne vous en fervez point; parcequ'il vaut mieux que les paupières demeurent éraillées, quoi que cette difformité foit grande, que de refter

unies.

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Conclufion des maladies de l'œil.

I je n'ay point mis de préface au commencement de ce Traité, je dois au moins en le finiffant faire connoître les motifs qui m'ont engagé de l'écrire, & rendre raison de l'ordre que j'ay obfervé en décrivant les maladies qui y font contenuës.

Mon premier motif a été de communiquer au Public les découvertes & les obfervations que j'ay faites depuis plufieurs années fur les maladies des yeux; &

en cela m'aquiter du devoir de ceux de ma Profeffion, qui s'étant dévoücz pour le fervice du public, ne peuvent fans injuftice fe rendre fecrettes les connoiffances particuliéres qu'ils acquierrent dans l'exercice de leur Art.

En effet, fi ceux qui nous ont précédé, ne nous avoient pas laiffé leurs découvertes, leurs obfervations & leurs méditations fur toutes les parties de la Medecine, cette fcience feroit encore dans le berceau, & nous aurions jufte fujet de nous plaindre d'eux : mais ils l'ont fait fi libéralement, qu'à leur imitation nous ne devons point priver le public du fruit de nos veilles & de nos travaux.

Et comme les Sciences & les Arts ne se perfectionnent qu'avec le tems: que plus les Sciences & les Arts. ont d'étendue, & plus il faut de tems pour les conduire à leur entiére perfection : & que même il y en a, comme par exemple la Medecine, qui n'arriveront jamais à ce degré tant recherché & tant defiré : on ne doit point s'étonner, fi nos Auteurs tant Anciens que Modernes fe font trompez en plufieurs rencontres. C'est beaucoup pour eux qu'ils nous aient frayé le chemin: que par leurs obfervations & leurs expériences, ils nous aient découvert les fignes pour connoître les maladies, & pour en faire un pronostic bon ou mauvais: qu'ils nous aient montré les indications que nous devons avoir pour parvenir à leur cure: & qu'ils nous aient donné les remedes pour les combatre, & enfeigné les opérations pour les détruire. Nous devons profiter de leurs connoiffances, & nous devons nous fervir. judicicufement

judicieusement des reigles qu'ils ont établies pour perfectionner de plus en plus les choses qu'ils nous ont laiffées comme imparfaites, & pour découvrir celles qu'ils n'ont pû véritablement pénétrer.

Le fecond motif eft, qu'aiant confidéré que tres peu de Praticiens ont écrit fur les maladies des yeux, & que parmi les Modernes la plupart n'ont prefque fait que colliger ce qu'ils ont trouvé dans les Anciens, fans y rien ajoûter du leur, hors quelques noms grecs de maladies, capables plûtôt de rebuter que d'inftruire; j'ay crû obliger les jeunes Chirurgiens qui voudront s'appliquer à connoître à fond ces maladies, & apprendre à les traiter tant par les remedes, que par les opérations, en leur en traçant un plan en quelque maniére nouveau, par lequel ils s'inftruiront en peu de tems de toutes les chofes neceffaires pour les connoître & les connoître & pour les guérir. Je fuis perfuadé qu'ils loüeront mon deffein & qu'ils l'approuveront, quand apres avoir lû ce Traité & apres avoir conféré les defcriptions que j'y faits des maladies avec celles qu'ils liront dans les Auteurs, ils trouverront que dans celles ou je fuis entiérement d'un sentiment oppofé, je me foûtiens & par la raifon & par l'expérience comme fur deux pivots inébranlables; au lieu que celles de nos Auteurs ne font appuïécs que fur des opinions fi peu probables, que pour peu qu'on les examine, il est assez difficile de s'imaginer comment elles · ont pû avoir cours pendant un auffi long-tems : & que dans celles où je ne m'éloigne pas tout à fait de leur fentiment, je ne me contente pas feulement de rapor

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ter ce que j'ay trouvé chez eux de conforme à l'expérience; mais que j'y ajoûte encore des éclairciffements utiles pour la connoiffance, pour le prognostic, & pour la cure de ces maladies.

que

Ce que je viens de dire, n'eft point pour critiquer nos Auteurs ni ceux qui fuivent leurs fentiments; j'ay trop de refpect pour l'Antiquité & pour mes Maîtres. S'ils fe font trompez en bien des choses, ce n'est pas leur faute. L'opinion, par exemple, qu'ils avoient de l'ufage du cristallin, & de la maniére qu'ils penfoient la vüe fe faifoit, n'a pas peu contribué à leur donner une idée fauffe de la cataracte, & de quelques autres maladies de l'œil : & je puis dire que j'en aurois encore la même idée, fi j'avois toûjours été persuadé que le cristallin fût le principal inftrument de la vue. Cependant, quoi qu'ils n'aient pas veritablement connu la cataracte, cela ne les à pas empêché d'inventer une opération fi jufte pour la détourner, que la réüssite à répondu à leur deffein, quelle eft encore heureufement pratiquée par nos Oculistes Modernes qui fuivent leur doctrine, & quelle le fera dans la fuite tant que la Chirurgie fubfiftera.

A l'égard de l'ordre que j'ay observé dans ce Traité, il paroîtra dabord irrégulier, je l'avoüe. Je sçais bien que je devois commencer par les maladies des parties extérieure de l'œil, & décrire de fuite celles des membranes extérieures du globe, puis celles des parties intéricures, & enfin celles du nerf optique mais voici pourquoi cet ordre eft renverfé. C'est que mon pre

:

mier deffein n'étoit que de faire un petit Traité des maladies du cristallin, pour donner au Public mes découvertes fur la cataracte. Ce Traité étant ébauché, j'en conféray avec quelques-uns de mes amis qui me follicitérent de n'en pas demeurer & de donner mes remarques fur les autres maladies de l'œil, je fuivis leur confeil, & je continuay mon travail fans en changer l'ordre. Ainfi comme la description des maladies du cristallin avoit trop d'étenduë pour être placée felon fon ordre, j'en ay fait la première partie de mon Traité; & pour cela je l'ay augmentée de beaucoup d'obfervations de pratique pour éclaircir de plus en plus les chofes que j'y avois avancées, j'ay décrit enfuite les maladies du corps vitré & des autres parties intérieures de l'ail, & celles des membranes qui forment fon globe, pour en faire la feconde partie puis j'ay paffe fuivant le même ordre à celles des parties extérieures de l'œil, pour en compofer la troisiême & derniére partie. Peut être même que cet ordre ne déplaira pas, quand on verra que j'ay tellement difpofé les chapitres, que fouvent les précédents fervent à mieux faire entendre les maladies contenües dans les fuivants.

Dans la premiére partie j'ay rapporté des obfervations fur toutes les différentes altérations du cristallin, parceque j'ay traité des maladies de ce corps, comme fi j'étois le premier qui en eût parlé ; & effectivement nos Auteurs les ont peu connuës. Jay même rapporté quelques-unes des obfervations que j'ay faites fur des Cccc ij

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