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ture de cette personne devenir plus petites & plus confufe quand elle s'éloignera, & plus grande & moins confufe quand elle s'aprochera.

Pour connoître cette expérience il faut admettre pour principe. Que les rayons de lumière qui réjailliffent de chaque petite partie des objets de dehors, décrivent de toutes parts & à la ronde une infinité, ou pour parler plus correctement, une multitude incompréhensible, ou bien un nombre qui ne fe peut déterminer, de lignes droites, dont chaque petite partie des objets font autant de centres : deforte

que tous les rayons qui viennent des différentes parties des objets, Le croifent les uns & les autres en une infinité de lieux & en une infinité de distances, fans pour cela s'embaraffer ni les uns ni les autres, & fans ceffer de continuer leur chemin en ligne droite.

Il refulte delà, qu'il n'entre dans cette chambre , que les feuls rayons réfléchis des objets extérieurs qui fe croisent aux environs du trou, pour se peindre fur le papier. Et comme les rayons qui partent des parties fupérieures des objets, fe croifent avec ceux qui viennent des parties inférieures, ceux des parties droites avec ceux des parties gauches, & ainfi de tous les autres, & qu'ils continuent leur chemin en ligne droite, la peinture en doit être renversée, c'est-à-dire que les parties fupérieures des objets doivent paroître en bas celles des parties basses en haut, celles des parties droites à gauche, & ainsi de toutes les autres.

Mais comme cette peinture eft renduë plus petite & moins confuse, quand on met un verre convexe en

tre le trou & le papier, il s'enfuit que les rayons de lumiére qui fe croisent & paffent par ce trou ne continüent plus leur route en ligne droite, & qu'ils font rompus par ce verre & déterminez à s'aprocher plus prés de la ligne perpendiculaire.

En effet, on fçait par expérience que les rayons de lumiére qui paffent d'un milieu tranfparent, dans un autre dans lequel ils continuent de fe mouvoir, qui eft ou plus liquide ou plus folide, & fur la furface duquel ils tombent avec quelque obliquité, s'éloignent ou s'aprochent de la ligne perpendiculaire.

C'est ce détour qu'on nomme, Réfraction. Comme au contraire la Reflexion fe fait quand les rayons de lumiére tombans fur la furface de quelque corps opaque, maffif & poly, qu'ils ne peuvent pénétrer, font obligez de retourner vers le terme d'où ils font partis, quand ils tombent perpendiculairement ; ou de fe détourner par une ligne femblable à celle de leur incidence, quand ils tombent obliquement. Delà vient que l'angle de refléxion est égal à celui d'incidence.

Suite du precedent, contenant des expériences pour prouver la réfléxion & la réfraction de la lumière.

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N s'affûrera de la verité que j'ay avancée à la fin du Chapitre précédent par ces expériences

dont une partie eft tirée de l'optique.

Quand le foleil envoye fes rayons fur la porte de

la chambre ci-deffus, enforte qu'il en puiffe paffer un rayon par le trou du carton, on reçoit en dedans de la chambre ce rayon fur la furface d'un miroir, ou d'un autre corps opaque, maffif & poly pofé horifontalement, cependant qu'on fait de la fumée dans les environs, ou que l'on y tamife quelque pouffiere legere, & l'on a le plaifir de voir ce rayon, rendu matériel, tomber fur ce corps & s'en réfléchir, & d'en pouvoir même mesurer les angles que l'on trouvera

egaux entre eux.

En voici une autre auffi aifée à exécuter, pour montrer dequelle maniére les rayons de lumiére fe brifent en paffant dans des milieux de differente nature.

Ôn attache au fond d'un baffin ou d'un autre vafe des marques arbitraires, comme des globules de cire, que l'on difpofe à certaines distances en ligne droite, felon le diametre du vafe: & dans la chambre fufdite, on pose horisontalement ce vase au dessous du rayon du foleil qui paffe par le trou du carton, de telle forte que la ligne des marques foit du côté du foleil, & que le rayon tombe fur la premiére marque. On verse ensuite dans ce vase telle quantité d'eau qu'on veut, apres quoi on voit que le rayon qui tomboit fur la premiére marque s'eft racourci & a avancé vers le centre du fond du vafe de deux ou trois marques, & plus même, fuivant qu'on a mis plus ou moins d'eau ; je veux dire qu'il s'est aproché de la ligne perpendiculaire que l'on feroit tomber au point de fon entrée dans l'eau.

Si on trouble un peu cette eau enforte qu'elle ne

perde

perde point fa transparence, en y verfant quelques goutes de lait, ou y jettant quelques grains de fel de faturne, ou de telle autre maniére qu'on voudra, & que l'on faffe de la fumée aux environs on verra trois rayons bien exprimez, celui d'incidence, celui de réfléxion qui fe fait fur la fuperficie de l'eau, & celui de réfraction, & comme ce dernier rayon fe continue en, ligne droite depuis qu'il s'eft brifé à fon entrée dans l'eau.

Et fi au milieu du fond de ce baffin, au lieu de marques on met horifontalement un morceau de glace de miroir bien étamée, où quelque table de métail bien poli, qu'on empliffe ce baffin d'eau, qu'on le mette comme deffus au deffous de ce rayon, enforte qu'il frape au milieu de cette glace ou de cette table, troublant tant foit peu cette eau, & faifant de la fumée, on verra cinq rayons tres bien diftinguez, celui d'incidence, celui de réfléxion, & celui de réfraction, comme dans l'experience fufdite; & outre ce, celui de réflexion qui se fait fur le miroir ou fur la table d'angle égal au rayon de réfraction que l'on doit confiderer ici comme d'incidence, & enfin celui de réfraction qui fe fait dans l'air à la fortie de l'eau, & qui s'éloigne de la perpendiculaire, de telle forte qu'il fe trouve parallele à celui de la première réfléxion.

Enfin fi on fait un petit coffre large d'un poûce & demi ou deux poûces, long de fept ou huit poûces, & haut de deux poûces & demi, dont le fond & les deux côtez foient des lames de verre ou de criftal bien égales & unies, & les bouts & foûtiens de bois ou

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par

d'autre matière, ayant soin de bien mastiquer les jointures, avec de la cire ou autrement; on fera avec cer instrument les trois expériences fufdites, y procédant comme je l'ay dit, & on aura la facilité de voir & de pouvoir mesurer le côté tous les angles des rayons avec un quart de cercle gradué. Et outre ce on verra au deffous du fond de ce coffret le rayon de la feconde réfraction qui se fait en paffant de l'eau dans l'air, & qui s'éloigne de fa perpendiculaire; ensorte que s'il étoit prolongé vers haut, il fe trouveroit parallele à celui d'incidence. On remarquera en paffant, que la réfraction qui fe fait dans la lame du fond du coffret étant tres peu confiderable, à caufe du peu d'épaisseur de cette lame, l'erreur qui fe peut rencontrer dans cette expérience est de peu de conféquence.

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On s'affûrera auffi de la réfraction qui fe fait dans le verre & dans le cristal, fi on pofe horisontalement fur une table fituée fous le rayon fufdit, un carton ou une feuille de papier fur laquelle on aura tracé une ligne droite divifée à difcrétion par degrez; & ayant mis à deux ou trois poûces de diftance aux deux côtez de cette ligne deux liteaux de bois d'égale épaiffeur, on obfervera fur quel degré.ce rayon tombe: puis mettant fur ces liteaux une table de verre ou de cristal, unie & d'égale épaiffeur, on verra ce rayon racourcy tomber fur un degré ou deux, fuivant l'épaiffeur de cette table, plus prés de la perpendiculaire.

Si on fait les expériences fufdites à différentes heures du matin ou de l'apres-midi, on remarquera que lorfque le foleil eft moins élevé fur l'horifon, les ré

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