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fractions des rayons font plus grandes que lorsqu'il eft plus élevé : & parce que lorfque le foleil est moins élevé, il envoye fes rayons plus obliquement fur la fuperficie de l'eau, & moins obliquement lorsqu'il eft plus élevé ; on doit conclûre, que plus les rayons de lumiére frapent obliquement la fuperficie des corps tranfparens, & plus ils se brifent & s'aprochent de la perpendiculaire de leur entrée ; & que moins ils la frapent obliquement, & moins auffi ils se brisent.

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On le fçait & les expériences fufdites le confirment, que les rayons qui frapent la superficie des corps tranf parens ne les penetrent pas tous: il n'y a que ceux qui donnent dans les pores de ces corps, qui les pénetrent, pour tous les autres qui frapent leurs parties folides ils fe réfléchiffent comme on l'a vû, & cela dautant plus que ces rayons y tombent plus obliquement ; parce que dans cette difpofition ils rencontrent plus de ces parties folides car il feroit difficile que les pores de l'air, par exemple, correfpondiffent juste aux pores de l'eau qui eft d'une nature differente.

Mais pourquoi ces rayons en paffant d'un milieu tranfparent dans un autre milieu auffi transparent, mais de differente nature, se brifent-t'ils? pour en trouver la raison il faut confiderer que comme chaque chose persiste de foi-même autant quelle peut dans fa façon d'être ; quand un corps a commencé à fe mouvoir en ligne droite, il doit continuer à fe mouvoir fuivant cette ligne, & quand il s'en détourne il doit rencontrer quelque obstacle du côté d'où il s'éloigne : ainsi quand un rayon de lumière paffe d'un milieu dans un autre

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de différente nature & dans lequel il peut continuer fon mouvement, il doit fe détourner du lieu où la réfistance eft plus grande.

Et comme les rayons de lumière qui passent dans l'air ont plus d'occafion de perdre de leur mouvement, en le communiquant aux parties de l'air qui les preffent en fe déplaçant continuellement : qu'ils en perdent moins dans l'eau, qui en quelque manière à plus de dureté que l'air, & dont par conféquent les pores font moins traversez par le déplacement de fes parties: & qu'ils n'en perdent que tres peu dans le verre & dans le cristal, dont les pores font déja tous disposez pour leur paffage, & dont les parties réfiftent entiérement à leur déplacement; il s'enfuit que la lumière doit paffer plus aifément dans l'eau que dans l'air, & plus aifément dans le verre & dans le cristal que dans l'eau.

De là vient que lorsque les rayons de lumiére paffent obliquement de l'air dans l'eau, ils trouvent plus de résistance dans l'air du côté de l'angle obtus de leur entrée, que du côté de l'angle aigu, ce qui les oblige à fe détourner vers le côté oppofe à la plus grande réfiftance, & ainfi s'aprocher de la perpendiculaire de leur entrée dans l'eau ou ils fe meuvent plus aifément : & de même quand ils paffent obliquement de l'eau dans l'air, comme la réfiftance dans l'air eft toûjours plus grande du côté de l'angle obtus, ils font obligez

fe détourner en s'éloignant de la perpendiculaire de leur fortie de l'eau: mais quand ils tombent perpendiculairement de l'air dans l'eau, ou de l'eau dans l'air, ils ne doivent point se détourner, parce que la

résistance est égale de toutes parts; & de même en passant dans le verre & dans le cristal.

Suite des deux precedents, contenant des expériences pour prouver de quelle maniére la réfraction se fait dans les

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verres convexes & concaves.

CHAPITRE XVII.

Uand on s'eft affûré par les expériences fufdites, de quelle maniére les rayons de lumière se réfléchiffent à la rencontre des corps maffifs & polis, & de quelle manière ils fe brifent en paffant dans des milieux de differente nature; il eft aifé de prévoir ce qui doit arriver quand ces milieux ont differentes figures, & d'expliquer tous les effets qui en résultent. Je ne m'arrêteray point à examiner toutes les expériences que l'on peut faire avec des verres différemment figurez, je me contenteray, feulement de faire voir ce qui arrive à l'occafion des corps tranfparens terminez par des lignes fphériques; cela feul m'étant nécessaire pour expliquer l'ufage des deux corps transparens & de l'humeur aqueuse.

Si on tire une ligne droite fur un carton, qu'on faffe un trou au milieu de cette ligne, & deux autres à ses deux extrémités, enforte qu'ils foient également diftans de celui du milieu & qu'ils n'éxcedent point le diamétre du difque du verre dont on voudra fe fervir, qu'on aplique ce carton au trou de la chambre fufdite quand le foleil y donne, & qu'on fasse de la fumée aux environs, on remarquera d'abord trois rayons fortir

par ces trois trous. Enfuite fi on reçoit ces trois rayons fur un verre convexe, enforte que celui du milieu tombe perpendiculairement fur la partie la plus éminente du verre on verra ce rayon du milieu traverser ce verre & continüer fa route en ligne droite fans fe brifer, & les deux rayons extrémes fe détourner à leur entrée dans le verre en s'aprochant de la perpendiculaire de leur entrée, ce qu'on connoîtra par leur fortie qui fe trouvera plus prés du rayon moyen, & en fortant du verre on les verra encore fe détourner en s'éloignant de la perpendiculaire de leur fortie, & s'aprocher tellement du rayon moyen, qu'ils s'uniffent à lui en fe croifant à une certaine diftance, & fe divifer enfuite de telle forte, que le rayon qui étoit du côté droit fe-trouve au gauche, & celui du côté gauche au droit,

Si par delà l'union de ces rayons on met un fecond verre plus convexe, enforte qu'il reçoive ces trois rayons, on verra celui du milieu continuer auffi fa route en ligne droite, & les deux extrémes fe brifer de même & s'aprocher tellement du rayon moyen qu'ils s'uniffent à lui & fe croisent à une certaine distance plus ou moins éloignée du fecond verre, que ce verre eft moins ou plus convexe. Et fi on aproche un peu plus près ce second verre de la premiére union, on verra que les rayons extrémes se briferont moins, & que leur union fe fera plus loin de ce verre. Comme au contraire, fi on éloigne davantage ce second verre de la premiére union, leur réfraction fera plus grande, & ils s'uniront plus prés de ce verre.

De cette derniere expérience on peut tirer cette con

féquence. Que les rayons qui réjailliffent de chaque petite partie des objets étant divergents de même que les rayons qui partent de cette premiére union, ils

doivent auffi fe brifer de la même manière : ainfi rencontrans un verre convexe prés de l'objet d'où ils réfléchiffent, ils fe briferont moins, & leur union par conféquent se fera plus loin du verre ; & au contraire rencontrans le verre plus loin, ils febriferont davantage & s'uniront plus prés du verre. Et cette conféquence fervira à faire concevoir pourquoi les objets ne font. vus bien diftinctement qu'à une certaine distance.

Si au lieu d'un verre convexe on reçoit les rayons qui fortent des trois trous du carton fur un verre concave, enforte que le rayon moyen tombe perpendiculairement au milieu de ce verre, on verra ce rayon du milieu continuer auffi fon chemin en ligne droite, & les deux rayons extrémes s'aprocher de la perpendiculaire de leur entrée, ce qu'on connoîtra par leur fortie du verre plus éloignée du rayon moyen, & en fortant du verre s'éloigner de la perpendiculaire de leur fortie, de telle forte qu'ils s'écartent toûjours de plus en plus du rayon moyen. Ce qui arrive de même à tous les autres rayons qu'on peut s'imaginer paffer dans toutes les autres parties de ces verres.

On voit donc par ces expériences qui ne font que des fuites des précédentes, que le verre convexe à la proprieté d'affembler les rayons de lumière, c'est-à-dire de les rendre convergents; & le verre concave au contraire de les éloigner, c'est-à-dire, de les rendre divergents.

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