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pour ces dépenses 50,000 francs par mois, c'est-à-dire 600,000 francs pour l'année.

Cabinet de l'Empereur.

BONAPARTE.

(En minute aux Arch. de l'Emp.)

6307.AU GÉNÉRAL BERTHIER.

Paris, 17 fructidor an X (4 septembre 1802).

Je vois, Citoyen Ministre, dans le rapport du 14, que le général commandant la 14a division militaire' a fait passer à Dunkerque les hommes qui étaient au service de l'Angleterre, débarqués à Cherbourg, pour les faire entrer dans nos troupes. Cette disposition est contraire aux lois, et le général commandant la 14a division ne peut être autorisé à donner cet ordre. Faites sentir à tous les commandants, sur nos côtes, qu'on ne doit faire entrer dans nos troupes aucun déserteur étranger ou français.

Dépôt de la guerre.

BONAPARTE.

6308. AU CITOYEN SEBASTIANI.

Paris, 18 fructidor an X (5 septembre 1802).

Le citoyen Sebastiani se rendra, sur la frégate que lui destine le ministre de la marine, à Tripoli de Barbarie.

1° Il fera reconnaître la République italienne par le Bey, et portera, en conséquence, des modèles des pavillons italiens.

2o Si le blocus existe encore, il offrira au Bey sa médiation pour l'arranger avec les puissances avec qui il est en guerre, sans cependant le forcer, ni montrer trop d'intérêt à ces puissances.

3o Il ira à Alexandrie; il prendra note de ce qui est dans le port, des bâtiments de guerre, des forces que les Anglais y ont, ainsi que les Turcs; l'état des fortifications, l'état des tours; l'histoire de tout ce qui s'est passé, depuis notre départ, tant à Alexandrie qu'en Égypte; enfin l'état actuel des Égyptiens; tiendra note de sa conversation avec le cheik El-Messiry, le commandant anglais et turc, et expédiera un brick avec tous ces renseignements.

4o Si les Anglais sont maîtres de Gyzeh, il se rendra sous leur escorte à Gyzeh; ira à petites journées, causera à El-Rahmânyeh, Terrâneh et dans d'autres endroits, avec les habitants; tiendra note de tout. Arrivé à Gyzeh, il écrira au pacha, se rendra, avec son agrément, au Grand-Caire; verra les grands cheiks El-Messiry, El1 Le général Laroche, à Caen.

Cherqâouy, El-Fayoumy, etc., tiendra note de leurs conversations, de l'état de la citadelle du Caire, des fortifications environnantes; dira à tout ce monde des choses agréables de ma part, mais rien qui puisse compromettre : « que j'aime le peuple d'Égypte, que je désire » son bonheur, que je parle souvent de lui. »

5o Il doit avoir une lettre de Talleyrand au pacha du Caire, par laquelle il doit lui faire connaître le désir que j'ai d'envoyer promptement un commissaire au Caire et de savoir si tout est tranquille; que je m'intéresse au bonheur de l'Égypte, et savoir si je puis y contribuer par ma médiation avec les beys.

Si le pacha désire qu'il aille dans la haute Égypte pour parler aux beys, il ira; sans quoi, après être resté huit ou dix jours au Caire, avoir tout vu, parlé avec tout ce monde, il s'en retournera. Il demandera et ramènera avec lui les Français qui seraient restés aux hôpitaux ou avec les Mameluks, et qui voudraient retourner. Il demandera le nommé Elias', interprète, et le ramènera avec lui.

Il annoncera l'arrivée d'un commissaire des relations extérieures au Caire. Il recommandera au pacha le mont Sinaï.

6o Il ira à Jaffa; verra l'état des murailles, de la Palestine; qui commande à Jaffa, à Gaza, à Jérusalem; recommandera les couvents des moines de Jaffa, et apprendra d'eux tout ce qui s'est passé en Palestine; s'informera de ce que sont devenus les Motoualys et de la situation de Djezzar; recommandera aux Turcs les chrétiens de Nazareth.

7° Il ira à Saint-Jean d'Acre, recommandera à Djezzar le couvent de Nazareth, lui fera connaître que l'agent de la République doit se rendre à Acre, s'informera des fortifications qu'il a fait faire, les parcourra lui-même, s'il n'y a pas de danger.

S'il apprend que les Motoualys soient à Sour, il y fera une bordée, tâchera de leur faire connaître que je désire qu'ils soient heureux; dira partout beaucoup de bien de la Porte, et ne se compromettra en aucun propos.

Archives de l'Empire.

ARTICLE 1er.

6309. - ARRÊTÉ.

BONAPARTE.

Paris, 18 fructidor an X (5 septembre 1802). Indépendamment des quarante élèves admis au Prytanée, pris dans les départements du Morbihan, du Finistère, d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, il sera accordé, à chaque 1 Don Elias Fatalla, interprète du général en chef en Égypte.

arrondissement de justice de paix des départements du Morbihan et des Côtes-du-Nord, deux places au prytanée de Compiègne.

ART. 2.

Ces places seront données à des enfants àgés de huit à douze ans, appartenant à de riches fermiers, aux principaux chefs d'atelier ou à de petits propriétaires.

aurait

ART. 3. On prendra ces élèves dans des familles où il y au moins quatre enfants, et, de préférence, parmi celles qui mettraient à leurs frais, au prytanée de Compiègne, un frère ou un cousin de l'élève désigné.

ART. 4. présent arrêté.

Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6310. AU ROI DE PRUSSE.

Paris, 19 fructidor an X (6 septembre 1802).

Je remercie Votre Majesté des choses aimables contenues dans sa lettre du 11 mai.

Mon vœu le plus doux est de voir de plus en plus la Prusse et la France marcher de concert et, par cette union, asseoir la paix du continent sur des bases sûres, à l'abri des intrigues d'outre-mer.

Les soins que je me suis donnés, en influant pour la reconstruction de la Maison de Bavière, m'ont été dictés par la politique de la France sans doute, mais aussi par l'intérêt et la politique de la Prusse.

Cependant, le cabinet de Vienne paraît persister dans son projet d'occuper Passau, la rive droite de l'Inn et un grand nombre d'abbayes en Souabe, avec le but secret de forcer la Bavière, selon son projet favori, de lui céder le Lech, afin de réduire l'électeur de Bavière à n'être plus qu'un grand seigneur sans puissance et sans indépendance.

Les nouvelles ouvertures que M. de Cobenzl a été chargé de me faire m'ont convaincu de plus en plus de l'impossibilité de faire désister la Maison d'Autriche d'un plan qu'elle nourrit depuis plusieurs siècles, et que le grand Frédéric a rendu nul en 1778. Nous sommes donc appelés, Votre Majesté, le descendant de ce grand homme, et moi, son admirateur, à travailler de concert et sur ses traces.

Dans cette vue, j'ai fait solliciter M. de Lucchesini de signer une convention propre à vaincre toute l'opposition et la résistance de la cour de Vienne; dès l'instant que Votre Majesté l'aura ratifiée, je regarderai les affaires d'Allemagne comme terminées.

Je prie Votre Majesté de compter, dans cette occasion comme dans tout ce qui pourra se présenter, sur le désir que j'ai de faire quelque chose qui lui soit agréable.

Archives de l'Empire.

6311.

BONAPARTE.

AU CITOYEN PORTALIS, CONSEILLER D'ÉTAT,
CHARGÉ DE TOUTES LES AFFAIRES CONCERNANT LES CULTES.

Paris, 19 fructidor an X (6 septembre 1802).

Je vous envoie, Citoyen Conseiller d'État, une note, que me fait passer l'inspecteur général de la gendarmerie, sur l'évêque de Rennes'. Mon intention est que vous lui écriviez sérieusement qu'il est temps que cela finisse. Dites-lui, en propres termes, qu'il me fait repentir tous les jours de la confiance que je lui ai accordée; qu'il est coupable d'avoir ôté de sa place un constitutionnel, et de l'avoir remplacé par un prêtre nouvellement rentré, sans ma permission; qu'il ait à s'abstenir de toute opération provisoire; qu'un prêtre qui, après dix ans de tourmentes et de révolutions, ne sent pas le besoin de la paix, ne mérite aucune considération ni aucun égard; que je suis mécontent de lui à un point que je veux espérer que, puisque la morale de l'Évangile n'est pas suffisante pour retenir ses passions et donner à sa conduite le caractère pastoral et d'impartialité qui convient à un évêque, il doit agir au moins par politique et par crainte des poursuites criminelles que le Gouvernement pourrait faire contre lui, comme contre un perturbateur de la tranquillité publique.

2

Écrivez à l'évêque de Clermont dans un style moins dur; mais témoignez-lui aussi mon mécontentement de ce que sa conduite est l'art de rendre la religion odieuse et impuissante; que son diocèse est plein de constitutionnels et amis de l'ordre et qui jouissent de la confiance du peuple; qu'il est à la fois impolitique et immoral d'éloigner de l'État et de l'Église des hommes si utiles; que ce n'est pas là le caractère des véritables prêtres, tels que les archevêques de Paris, Aix, Tours, les évêques de Troyes et d'Autun; c'est une conduite insensée.

Écrivez à l'évêque de Bayeux' qu'il a déplacé, dans la commune de Balleroy, le curé qui y était; qu'il n'avait pas ce droit, et que cela est contraire à mon intention.

Répétez à tous les évêques qui peuvent avoir besoin des mêmes conseils que je ne veux aucun changement provisoire; et mettez-leur bien en tête que, dans l'arrangement définitif, je veux des constitu1 De Maillé. 2 Duvalk-Dampierre.

3 Brault.

tionnels, tant parmi les curés que parmi les grands vicaires et chanoines; que le peuple français n'estime et que le Saint-Père ne veut que l'union des ecclésiastiques, sans en persécuter aucun. Aurait-on oublié le tort qu'ont fait à la religion le Jansénisme et le Molinisme? Cette querelle l'a perdue en France. Cette seconde querelle, si les évêques n'imitent pas le Pape et le Gouvernement, perdra aussi le nouveau clergé.

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6312. — AU GÉNÉRAL BERTHIER, MINISTRE DE LA GUERRE. Paris, 19 fructidor an X (6 septembre 1802).

J'avais eu l'idée, Citoyen Ministre, l'année passée, d'augmenter les appointements des lieutenants et sous-lieutenants. Je désirerais savoir si cela a été fait.

Comm. par M. le prince de Wagram.

BONAPARTE.

6313. AU CITOYEN LACUÉE, CONSEILLER D'ÉTAT.

Paris, 19 fructidor an X (6 septembre 1802).

Je vous prie, Citoyen Conseiller d'État, de prendre connaissance de différentes pièces relatives à des dissensions qui ont eu lieu à Perpignan, et de m'en faire connaître votre opinion. Que prescrit l'ordonnance des places, lorsque le feu prend dans une ville? N'y a-t-il pas une disposition qui porte que le commandant du poste a droit de faire battre la générale? Quelle espèce de droit notre législation actuelle accorde-t-elle aux préfets et aux maires pour régler le service qui doit maintenir la police des places?

Archives de l'Empire.

BONAPARTE.

6314. AU GÉNÉRAL BERTHIER, MINISTRE DE LA GUERRE. Paris, 21 fructidor an X (8 septembre 1802).

Je vous prie, Citoyen Ministre, de donner des ordres pour que la 1re et la 2e'demi-brigade helvétique se rendent en Suisse pour y rester à la disposition du Gouvernement helvétique.

Vous écrirez à notre ministre à Berne qu'il prenne des arrangements avec ce Gouvernement pour que ces troupes, qui sont sous ses ordres et à son service tant qu'elles resteront en Suisse, soient soldées et nourries à ses frais.

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