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aujourd'hui peut-être vante ses soins pour maintenir la paix, et voudroit même que le Roi lui eût des obligations. Un curé de la Gironde nous marque également qu'il a été menacé, soit par lettres, soit de vive voix, qu'il a été insulté même dans ses fonctions, et qu'un de ses assistans a été frappé par un militaire. A Paris et dans les environs, nous avons vu plusieurs curés à qui on a demandé leur démission comme royalistes. Sur leur refus, on les a forcés de s'exiler de leurs paroisses, où ils ne sont rentrés qu'après la chute du despote.

-M. de Pradt, nommé à l'archevêché de Malines renonce à ce siége; moyennant quoi, le roi des PaysBas lui assure 12,000 fr. de retraite.

LILLE, 7 août. Plusieurs curés et desservans s'étant adressés à l'administration générale des cultes pour réclamer contre la charge exorbitante qui leur est imposée par les gens de guerre, dans la crise présente, M. l'administrateur - général, considérant que la situation de ces ecclésiastiques leur permet d'autant moins de la supporter, que, depuis le premier janvier, ils n'ont pas touché le modique traitement que le gouvernement leur assuré dans les temps ordinaires, vient de donner l'ordre positif de les en affranchir, et d'autoriser même les fabriques à leur restituer, à titre de secours, sinon la totalité, du moins une partie des dépenses déjà faites, si elles sont jugées ruineuses. (Journal du Nord.)

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les interrogatoires du colonel Labédoyère ont commencé, dans la prison de l'Abbaye, devant le capitaine Viotti, rapporteur.

Le maréchal duc de Tarente, arrivé à Bourges le 31 juillet, a pris le commandement de l'armée françoise, et s'occupe à la répartir en divers cantonnemens.

- Le ministère public informe en ce moment contre les auteurs des scènes scandaleuses qui ont eu lieu aux Tuileries les jours précédens. Plusieurs sont dans les prisons de la pré

fecture, et l'on découvrira sans doute le ressort qui les faisoit agir.

-Murat ne s'est point embarqué, comme on lui en avoit supposé l'intention. En quittant Toulon, il s'est trouvé réduit à errer, sous un travestissement et sous un faux nom,' dans les chemins les plus détournés. Il s'est dirigé vers les montagnes avec un cheval d'assez mauvaise mine, et deux domestiques, dont un lui servoit de guide. Il a pris le parti de disparoître, et de préférer la voie des montagnes à celle de la mer, le lendemain du jour où il apprit l'espèce de capitulation de Buonaparte.

Depuis lors, on n'a pu se procurer en Provence aucune indication à son sujet. Un des officiers qui lui étoient restés fidèles fut arrêté à quelques lieues de Toulon, deux jours après la disparution de Murat; mais il n'a pu ou voulu fournir aucun renseignement à son égard.

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La commision militaire établie à Lyon par ordre du gouverneur autrichien, M. le comte de Bubna, a condamné, le 3 août, à deux mois de prison et aux fers, les nommés P. Trigliez, natif de Valence, département de la Drôme, et P. Barbier, natif de Venissieux, département de l'Isère, l'un et l'autre convaincus d'avoir troublé la tranquillité publique dans la commune de Vénissieux, en proférant, le 30 juillet dernier, les cris de vive l'empereur! à bas les cocardes

blanches!

-Note officielle. Afin de régulariser entièrement tout ce qui a rapport aux besoins des armées alliées qui se trouvent en France, il a été établi, de la part des quatre cours, une commission administrative, conformément à l'art. 7 de la note du 24 juillet.

Les soussignés ont l'honneur d'informer le ministère du Roi que ce conseil administratif se compose de S. Exc. M. le baron de Baldacci, ministre des armées autrichiennes, pour P'Autriche; S. Exc. M. le baron d'Altensten, ministre d'Etat de S. M. le roi de Prusse, pour la Prusse; M. Dunemarc, commissaire en chef de l'armée angloise, pour la GrandeBretagne; M. de Bulkakou, conseiller d'Etat actuel de S. M. l'empereur de toutes les Russies, pour la Russie.

Comme il ne peut qu'être utile aux intérêts du Ror et des alliés que ce conseil administratif se mette aussitôt que possible en rapport avec la commission nommée par le Ror

pour le même objet, les ministres des cours réunies invitent İL. EExc. MM. les ministres de S. M. très-chrétienne, à ce que les personnes qui composeront la commission centrale à établir par le Roi, soient pareillement désignées, afin que les deux commissions puissent entrer en communications di

rectes.

Les soussignés prient S. A. M. le prince de Talleyrand d'agréer l'assurance de leur haute considération,

Paris, le 3 août 1815.

Signé, CASTLEREAGHI, HARDENBERG,
NESSELRODE, METTERNICH.

- Le journal intitulé l'Indépendant vient d'être supprimé par arrêté de S. Exc. le ministre de la police générale. Des ordres ont été donnés pour que le rédacteur d'un article de ce Journal, dans lequel on s'attache à influencer les organes de la justice en justifiant à l'avance un crime de haute trahison, soit poursuivi conformément aux lois.

Rapport au Roi.

Sire, Votre Majesté, par son ordonnance du 20 juillet, a levé toutes les restrictions que la loi du 21 octobre 1814 avoit mises à la liberté de la presse; mais, dans tous les temps, peut-être, il est impossible de donner la même étendue de liberté à la publication des journaux et des feuilles périodiques; et, dans l'état actuel de la France et de l'Europe, au milieu de tant de passions que les puissances veulent calmer, les journaux, qui nourrissent ces passions et qui les irritent, doivent être soumis à une autre légis lation.

L'action de ces écrits, en effet, est bien plus rapide; ils arrivent dans l'instant à des milliers de lecteurs. Tout un peuple les lit gratuitement dans les lieux publics; et, comme leur nombre est limité, ils ne peuvent offrir le remède que l'on trouve dans la masse des productions littéraires, où la liberté de la presse se sert de correctif à elle-même. Ces mêmes écrits renfermant les nouvelles, les avis, les plaintes, les articles que leurs rédacteurs reçoivent de toutes parts, sont comme une arêne ouverte à toutes les passions; la cupidité même trouve un avantage à leur donner la couleur exclusive de tel ou tel parti. L'expérience ne peut laisser aucun doute sur les maux qu'ils produisent, ni sur le danger de

leur laisser une liberté absolue. Chaque jour ils nous com promettent avec les étrangers, et en réveillent les défiances; ils déconcertent les généreux efforts que fait Votre Majesté pour réunir les esprits et pour fermer les plaies de l'Etat. Je propose à Votre Majesté de soumettre tous les écrits périodiques à la surveillance d'une commission d'hommes éclairés et modérés, qui, en recevant de Votre Majesté leur nomination, acquerront de l'indépendance et de la considé

ration.

J'ai l'honneur de présenter à Votre Majesté une ordonnance à ce sujet. Le duc D'OTRANTE.

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Après avoir entendu nos ministres, et sur le rapport de notre ministre secrétaire d'Etat au département de la police générale.

Avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. 1. Toutes les autorisations données jusqu'à ce jour aux journaux, de quelque nature qu'ils soient, sont révoquées, et aucuns desdits journaux ne pourront paroître s'ils ne reçoivent une nouvelle autorisation de notre, ministre de la police générale avant le 10 août courant pour les journaux de Paris, et avant le 20 août prochain pour les dépar

temens.

2. Tous les écrits périodiques seront soumis à l'examen d'une commission dont les membres seront nommés par nous, sur la présentation de notre ministre de la police générale. Donné au château des Tuileries, le 8 du mois d'août, etc. Signé, LOUIS.

P. S. La Gazette officielle annonce l'arrestation du maréchal Ney.

LIVRE NOUVEAU.

Histoire de Henri-le-Grand, par Mme. de Genlis; 2 vol. in-8°. prix, 12 fr. et 15 fr. franc de port par la poste. A Paris, chez Maradan, libraire, rue des Grands-Augustins, et au bureau du journal.

Nous en rendrons compte incessamment.

DE

De l'antipathie pour les prétres.

Il faut l'avouer avec quelque honte, mais on ne peut se dissimuler qu'il existe aujourd'hui, dans une certaine classe, une antipathie marquée pour les prêtres. Sans doute ce sentiment n'est pas général, et je suis bien éloigné de vouloir calomnier à cet égard la nation. Mais en même temps il n'est que trop répandu, et il se manifeste par des signes trop certains pour être contesté. Où peut-il avoir pris sa source? comment s'est-il étendu et perpétué? quelle peut en avoir été la cause ou le prétexte? Ce sont des questions dont l'examen peut n'être pas inutile. Un écrivain récent, qui a traité incidemment ce sujet, mais qui n'est malheureusement pas toujours avare de paradoxes, en a avancé sur ce point deux qu'il est à propos de relever (1). Il pose d'abord en fait, que le peuple françois est trèsreligieux, et qu'il déteste les prétres; exposé qui ne paroît exact, ni en soi, ni par la manière dont il est énoncé. Je ne sais s'il est bien vrai de dire en général que le peuple françois est très-religieux, et je crains que l'auteur n'ait exagéré cette disposition pour la faire contraster avec le second membre de sa proposition. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce n'est pas la partie religieuse du peuple qui déteste les prêtres. Ce dernier sentiment ne pourroit se concilier avec le

(1) M. de Montlosier, dans l'ouvrage intitulé: de la Monarchie françoise, depuis le retour de la maison de Bourbon jusqu'au 1". avril 1815.

Tome V. L'Ami de la R. et du R. No. 106. B

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