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Au pied de la montagne, l'écorce pesait 31 kil. 38, sur 100 du poids

total;

Au milieu.

Au point culminant.

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Le mélange des essences exerce une influence non moins grande sur le produit des écorces, comme le prouvent d'autres expériences du mème forestier. Un peuplement de chêne pur, situé dans une plaine fertile ét exploité à l'âge de 20 ans, a produit 20, 97 quintaux (1) par morgen, ou 4,278 kilog. par hectare; un autre, composé aux deux tiers de chêne et le reste en charme, a fourni, dans la même situation, 22, 37 quintaux par morgen ou 4563, kilog. par hectare; un troisième taillis, enfin, où le chêne était mélangé dans la même proportion avec du bouleau, a donné 17, 42 quintaux par morgen ou 3,554 kilog. par hectare (2). En général, M. Muller a trouvé que le mélange des essences était très-favorable à la production des écorces. Sous ce rapport, il fait grand cas du pin sylvestre, et il parait que le voisinage de cet arbre a pour effet de rendre les écorces des jeunes chênes plus lisses et moins susceptibles d'ètre attaquées par des mousses que celles de brins venus dans des peuplements purs (3).

Le sol destiné à ces taillis doit être frais, profond, sablo-argileux et d'une nature assez meuble. Il ne doit pas contenir de marne, ni trop de chaux, car si les jeunes chênes lèvent bien dans les terrains calcaires, ils languissent bientôt et ne tardent pas à périr.

Si le peuplement se trouve dans une exposition abritée; si le sol est bon et repose sur un sous-sol un peu humide; si les semences ont été saines et si elles ont échappé aux dévastations des souris, alors le succès ne fait jamais défaut. On voit encore sur les bords du Rhin, de la Moselle et de la Meuse bien des peuplements établis dans ces conditions et qui ont parfaitemnt réussi.

Cependant, dans ces contrées, rarement le chêne compose à lui seul une forêt; il parait même qu'il n'y a jamais formé l'essence dominante, puisqu'il réussit mieux quand il se trouve en société avec d'autres espèces d'arbres. Il préfère les expositions en plaine, où le soleil donne toute la journée, aux hauteurs et surtout aux penchants septentrionaux et orientaux. Dans l'ouest de l'Allemagne, on trouvera sur ces pen

(1) Le quintal prussien pèse 51 kilog, et quelques grammes que nous négligeons; le morgen équivaut à 25 ares environ.

(2) Dans la Prusse rhénane, on ne pèse que les tiges et non les branches.

(1) Il résulte d'expériences très-curieuses, faites par M. Guérin-Méneville, que ces peuplements purs sont, plus souvent attaqués par les insectes, que les plantations composées d'espèces diverses,

chants le hétre et l'érable, tandis que le taillis de chêne en occupera le pied, et la haute futaie les penchants opposés. Il parait affectionner les collines qui bordent les fleuves et ne pas être trop sensible aux influences du climat. Ce dernier, ainsi que la situation, semblent également être indifférents relativement à la reprise des souches, pourvu que la température soit favorable au premier printemps après la coupe. Cette observation parait être en contradiction avec le fait, qu'il y a moins de taillis dans les pays septentrionaux que dans les contrées méridionales; mais un examen plus attentif démontre que cette circonstance dérive plutôt des méthodes d'aménagement en vigueur et de la moindre consommation des écorces, que des influences climatériques.

M. Muller cite, à cette occasion, des observations recueillies dans ses voyages d'inspection, et dont il résulte que des taillis de chêne, exploités pour leurs écorces, ont très-bien réussi dans des provinces situées sous une latitude plus élevée.

11. Plantation, etc., des taillis.

Un prédécesseur très-estimé de M. Muller, feu le grand-maltre des forêts de Kropf, établissait les taillis de chêne de la manière suivante : Il commençait par choisir avec grand soin un terrain destiné à servir de pépinière. Ce terrain devait être abrité au Nord et à l'Est et avoir un sous-sol modérément humide. On l'entourait avant tout d'une haie élevée, on le défonçait ensuite à une profondeur de 80 à 85 centimètres, et on le divisait en planches d'une largeur de 1 m. à 1 m. 33. Le sol ainsi ameubli était égalisé, nivelé, débarrassé des mauvaises herbes, etc., et on y traçait des raies espacées de 33 centimètres pour y semer les glands. Ces derniers, qu'on avait recueillis pendant l'automne, étaient déposés à la main, l'un à côté de l'autre, de manière à former une ligne. On les couvrait ensuite avec un compost de terre pulvérisée et de feuilles de conifère, mais cette couverture ne dépassait jamais deux pouces ou environ 5 centimètres. Quand les semis étaient pratiqués en automne, ce qui était le plus ordinaire, on ne les couvrait qu'avec des feuilles de conifère.

Dès que les jeunes plants commençaient à sortir de la terre, ce qui manquait rarement quand les souris n'avaient pas détruit les semences, on sarclait la pépinière; on répétait cette opération dans la même année, aussi souvent que les mauvaises herbes menaçaient de l'envahir. Cette propreté du sol était considérée, et l'est encore, comine l'une des conditions du succès. A partir de la seconde année on enle→

vait, soit tous les plants d'un espace déterminé, et c'était la règle, soit ceux d'une ligne sur deux; on en taillait les racines, mais surtout le pivot, et l'on en coupait ou raccourcissait les branches; on les plantait ensuite en lignes espacées de 2 à 3 pieds (0 m. 66 à 1 m.) dans un terrain également bien ameubli et tenu propre au moyen de sarclages. Au bout de deux autres années, et ensuite, de deux ans en deux ans, les brins étaient de nouveau transplantés, et chaque fois dans des lignes plus distantes, jusqu'à ce qu'ils eussent atteint un espacement de 8 à 12 pieds (4 m.), ou qu'on les eût placés à un endroit où ils étaient destinés à rester pendant toute la durée de leur végétation.

Cette méthode si compliquée a eu tant de succès qu'elle est encore suivie. Cependant M. Muller ne l'approuve pas sans restriction. Cette manière d'élever les chênes, en donnant une forme artificielle à leurs racines, dit-il, est d'abord très-coûteuse, et on ne saurait la recommander qu'exceptionnellement. Elle n'est applicable qu'à des contrées où l'on ne pourrait consacrer à cette essence qu'un terrain peu profond; soit que le sous-sol fût trop humide ou tourbeux, soit qu'il fût pierreux ou glaiseux. Mais partout où il se trouve un sol sablonneux et faiblement argileux d'une profondeur telle que la racine pivotale puisse pénétrer bien avant et étendre ses radicules sans rencontrer d'obstacles, la transplantation des jeunes chênes est non-seulement inutile, mais même nuisible. Dans un terrain ainsi constitué, les racines prennent leur développement naturel plus sûrement et plus parfaitement que cela puisse avoir lieu à la suite des mutilations répétées qui accompagnent les transplantations. Cette observation serait vraie, alors même que les plants passeraient chaque fois dans un meilleur sol, car il est prouvé que la tige est d'autant plus vigoureuse et s'élève d'autant plus, que la racine est plus saine et pénètre plus profondément.

En recueillant les glands qu'on veut semer, il faut rejeter ceux qui sont gâtés, petits ou attaqués par les vers, et ne choisir que des fruits bien mûrs, lisses, bruns et luisants. Quand on est forcé de les conserver pendant l'hiver, il faut leur consacrer tous les soins reconnus nécessaires. Dans les forêts exemptes de servitudes et maintenues en massif serré, où en conséquence les feuilles mortes ne sont pas enlevées, les glands peuvent rester pendant l'hiver sous les arbres, et on ne les fera ramasser qu'au printemps, peu de temps avant de les semer. Si l'on charge de ce travail des gens de confiance et bien dirigés, on sera sûr de n'obtenir que des semences saines, car au printemps on distingue mieux qu'en automne les glands en état de germer.

L'expérience ayant prouvé que le chêne réussit mieux dans un peu

plement mélangé que seul, on fera bien d'élever dans la même pépinière quelques autres essences dont le voisinage est reconnu utile à la production des écorces. Le charme et le bouleau sont les meilleurs sous ce rapport, et voici la manière de les traiter : Le terrain destiné à être planté, sera défoncé avec plus de soin encore, on y pratiquera des raies distantes d'un mètre, et l'on plantera une ligne de l'essence choisie entre deux de chêne. Outre le charme et le bouleau, on peut également recommander le pin sylvestre, surtout pour un terrain sablonneux; cependant, dans beaucoup de contrées, cette essence se produit spontanément et envahit plus d'espace qu'il ne faut; on fait donc bien de prendre des informations sur ce point avant de la semer. Le pin est souvent aussi accompagné de saules, peupliers et d'autres bois inférieurs qu'on enlève dès qu'ils se montrent.

On ne saurait trop insister sur l'importance qu'ont les racines pour le succès d'un taillis de chêne. La meilleure manière de les soigner consiste dans le choix d'un sol approprié, perméable, ameubli et modérément humide, où le pivot et le chevelu puissent s'étendre à leur aise. Une fois qu'on les aura placés dans un milieu favorable, il faudra les tourmenter le moins possible. Ainsi, on fera même bien de ne pas retirer des lignes les plants qu'on juge superflus, soit qu'on veuille seulement les employer ailleurs pour combler quelque lacune, soit qu'on ait l'intention de donner plus d'air à ceux qui restent. Cette intervention est inutile, car les plants les plus vigoureux s'élèvent d'eux-mêmes au-dessus des plus faibles, et ces derniers cèdent la place en temps utile. Mais il ne faudrait pas pousser le principe de non-intervention jusqu'à laisser les bois blancs envahir le peuplement. En enlevant ces parasites, on pourra en même temps retirer les bouleaux qui gêneraient visiblement les chènes.

La première coupe devra être fixée pour l'âge de 20 ans. Qu'on ne se laisse pas, au bout de cette époque, détourner de cette opération par la faiblesse apparente du taillis, et qu'on ne s'inquiète pas si le produit en bois et en écorce est peu abondant: l'expérience a prouvé que le recru fournit une récolte beaucoup plus abondante que les brins venus de semis.

Plusieurs forestiers sont d'avis, qu'en abandonnant pendant deux ou trois ans à l'agriculture le terrain destiné au taillis, le sol se trouverait bien préparé pour les semences forestières. M. Muller ne partage pas cette manière de voir. Il est même d'un avis opposé, et les faits qu'il cite à l'appui de son opinion tendent à prouver que le plant pousse vite pendant les premières années, mais qu'il ralentit bientôt sa croissance et reste en définitive inférieur au brin élevé dans un terrain vierge. Que

l'on ne m'objecte pas, dit-il, l'usage des contrées riveraines du Sieg et de la Sarre, où l'exploitation des bois alterne avec la culture des céréales. Dans ces pays on pratique l'écobuage; les cendres provenant du gàzon et du petit bois brûlés pendant cette opération sont répandues et mélangées avec la couche peu profonde et riche en humus qui recoit les grains. Ces derniers ne puisent leur nourriture que dans la couche supérieure et amendée du sol, tandis que les racines des arbres pénètrent bien plus profondément. M. Muller résume ensuite de la manière suivante ses préceptes sur l'établissement des taillis:

1o Préférer les semis aux plantations chaque fois que le sol parait favorable au chène, et qu'il ne sera pas nécessaire de modifier artificiellement la forme naturelle des racines;

2o Préparer le sol pour les semis en le défonçant, en le nettoyant et en l'égalisant bien;

3° Mélanger le chêne avec une autre essence (charme, bouleau ou pin) de manière à ce qu'il y ait deux chênes et un autre arbre par perche carrée (prussienne) ou par 16 mètres carrés ;

4o Choisir, s'il est possible, un terrain abrité au Nord et à l'Est, mais accessible au soleil des deux autres côtés ;

50 Disposer les planches et les lignes dans la direction de l'Est à l'Ouest, afin que les arbres se protégent mutuellement contre le vent, (ceci nous paraît subordonné aux vents régnants).

En Hollande, on établit un peu différemment les taillis à écorcer. On ne prend dans les pépinières que les plants rabougris, ayant l'épaisseur d'un doigt, on les récèpe et on les transplante en lignes distantes de 1 m. 33 dans tous les sens. Au bout de 10 à 12 ans, on coupe les plants, on les pèle et on emploie les écorces pour le tannage. En général, un peuplement de chênes rabougris peut facilement être converti en taillis exploité pour l'écorcement. On n'a ou qu'à recéper tous les chênes, même les plus petits jets, et à réduire en outre le nombre des autres arbres qui s'y trouvent mélangés s'ils dépassent la proportion d'un tiers. Les vides peu étendus sont peuplés par le moyen de plantation, les espaces plus grands par la voie de semis en ligne à un mètre de dis

tance.

Il n'est pas utile de conserver des baliveaux et des porte-graines, sauf si le taillis est exploité en révolutions très-rapprochées. Dans cedernier cas, le sol, souvent dénudé, dessèche, et les souches ne reprennent pas facilement; il faut donc lui conserver de l'ombre. Mais lorsque les périodes d'exploitation atteignent 18 à 20 ans, cette précaution devient superflue et plutôt nuisible que profitable,

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