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wn ung und wis domnie, pour sa mile ainee,

la princesse Louise, qui venait de se marier.

Ce qu'il osa demander, ce fut de l'argent de l'argent, encore, toujours de l'argent.

De temps en temps, il demandait bien aussi un peu plus de despotisme.

Mais le despotisme, cela ne coûtait rien à la bourgeoisie; il y avait plus, elle n'était pas fâchée de voir son représentant frapper sur le peuple qu'elle sentait remuer sous ses pieds, sur l'intelligence qu'elle sentait gronder au-dessus de sa tête.

Nous avons encore oublié de consigner dans l'année 1836, que LouisPhilippe avait encore failli d'être assassiné : un misérable, nommé Meunier, avait tiré sur lui, mais comme c'était un assassin vulgaire, celui-là; comme il pleura, comme il implora sa grâce, grâce lui. fut faite.

La bourgeoisie applaudit à la grâce de Meunier, comme elle avait applaudi au supplice d'Alibaud.

Jusque-là, son roi avait reçu du ciel le don de l'infaillibilité.

Il y avait même plus, les nouvelles étaient bonnes : la fille aînée de Louis-Philippe épousait le roi des Belges. Il est vrai que c'était un roi de plus nouvelle création encore que Louis-Philippe; il est vrai qu'il régnait sur un mince royaume, mais enfin c'était un roi. Le duc d'Orléans épousait, de son côté, la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.

Il est vrai qu'il épousait cette jeune princesse malgré son frère, qui ne trouvait pas un Bourbon, un d'Orléans, un descendant de saint Louis d'assez bonne maison pour lui, et qu'il avait fallu l'influence de la Prusse pour contre-balancer, dans cette affaire, l'influence de la Russie.

La bourgeoisie s'alliait donc, dans la personne de ses princes, aux Cobourg et aux Schwérin, ce qui était fort honorable pour elle. Cette pauvre bourgeoisie, elle se crut anoblie du coup.

Mais elle n'avait pas pensé à une chose, c'est qu'il en coûte cher pour se marier.

Aussi le roi demanda-t-il de l'argent.

Il demanda un million de dot, une fois donné, pour sa fille aînée, la princesse Louise, qui venait de se marier.

Il demanda un million de dotation de plus par an, son fils aîné, qui allait se marier.

Enfin il demanda, à titre d'apanage annuel, cinq cent mille francs pour le duc de Nemours, qui pouvait se marier.

Ah! pour cette fois, la bourgeoisie s'inquiéta.

Tant qu'on n'avait touché qu'à son honneur, c'est-à-dire à celui de la France, elle n'avait rien dit.

Mais on touchait à sa bourse, elle murmurait.

Et à quelle époque demandait-on ce surcroît de dot, de dotations, d'apanages? lorsqu'une triste plainte, lorsqu'une longue lamentation s'élève de tous les points de la France!

Écoutez les villes, les départements, les provinces, partout c'est un même cri de misère, de détresse, de faim.

C'est Rouen qui commence cette série de douleurs.

A Rouen, les filatures languissent, les ouvriers teinturiers n'ont plus d'ouvrage; on a diminué le salaire des tisseurs de manière à ce qu'ils ne peuvent plus vivre de leur salaire : les uns ont porté leurs livrets à la mairie, ceux-là s'adressent à la charité publique; les autres se sont faits balayeurs, ils gagnent douze sous par jour.

Dans le département de l'Aude, il y a disette, le pain manque. Dans l'Arriége, les pauvres voyagent par troupes, comme les pastoureaux du moyen age, la besace sur le dos et tendant la main.

Dans l'arrondissement de Limoux, les habitants de deux cantons ont émigré, et, demandant du pain, menaçant d'en prendre si on ne leur en donnait pas, se sont répandus sur le Bas-Languedoc et sur le Roussillon.

En Normandie, c'est le vent du nord-est qui pousse obstinément la mer au delà des limites fixées; ce sont les eaux de la Vire, grossies par la fonte des neiges et par des pluies incessantes, qui inondent les marais et noient les bestiaux.

C'est enfin Lyon, la seconde capitale du royaume, Lyon, éventrée par deux émeutes, qui se plaint de ne pouvoir mourir au si vite de la faim que l'on meurt d'un boulet de canon, d'une balle de fusil ou d'un coup de baionnette; Lyon, qui vient d'assister à ce spectacle terrible d'une mère qui, pendant six jours, six longs jours, a nourri

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