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négociation, attendu que les propositions offertes n'étaient pas celles que les puissances croyaient devoir entendre, surtout après la manifestation éclatante des sentiments de Paris et de toute la France. »

Les convenances ne permettaient pas à M. Fain de tenir un autre langage; nous sommes même persuadé que sa conscience pouvait avouer toute l'expression de ses honorables sentiments: mais, sans prétendre à redresser un jugement qu'il pouvait mieux que personne établir sur des données positives, nous tirerons des mêmes faits une appréciation différente; dussions-nous froisser l'orgueil national, nous dirons avec une conviction profonde que, dans l'intérêt de l'humanité et de la France elle-même, les alliés ne devaient point traiter avec l'empereur; une rupture eût toujours été imminente, et la crainte d'hostilités ultérieures les eût rendus plus difficiles sur les conditions: le génie de Napoléon eût été un obstacle à l'introduction des formes constitutionnelles qui replaçaient la France dans les limites gouvernementales que le despotisme militaire avait dû franchir. Une fois ce grand pas fait, elle devait, en peu d'années, trouver dans sa position, dans la richesse de son sol et dans le génie de ses habitants, un développement de puissance préférable, selon nous, à des conquêtes excentriques, toujours près de lui échapper. Tels furent les bienfaits de ce nouvel ordre de choses, que, malgré la répugnance naturelle à un grand peuple de se laisser imposer un roi par des ennemis victorieux, le trône des Bourbons se serait consolidé, sans les tentatives impolitiques qui tendaient à ramener la France à la monarchie pure, qu'elle n'acceptera jamais qu'avec la gloire; et, d'un autre côté, tels furent les éléments de force que reçut l'esprit publie dans une courte période de quinze années, que ce trône antique, si laborieusement restauré, s'écroula en trois jours, quand le prince osa déchirer le pacte.

Nous ne sommes pas non plus de ceux qui font un crime à M. de Talleyrand de ne s'être pas sacrifié à une cause perdue; on ne peut exiger qu'un diplomate qui a passé sa vie à calculer les chances dans toutes leurs éventualités, se trouve être, au jour du danger, un homme d'abnégation et de dévouement; mais si, tout en suivant la pente irrésistible des révolutions, il plaide encore avec habileté la cause du pays, si ses efforts, même en changeant de rôle, parviennent à adoucir les sacrifices, n'a-t-il pas fait plus pour le pays que s'il se fût imposé une persévérance stérile?

Après être resté quelque temps à Paris, où sa présence excita un enthousiasme difficile à décrire, Alexandre se rendit en Angleterre.

Le danger avait étroitement uni les souverains; le partage de la conquête faillit les désunir.

« On peut dire que, dans ce partage de l'Europe, le droit de conquête fut consacré; en sorte que, loin de rétablir le droit de propriété, en remontant à l'époque qui précéda les invasions de la France, on admit des points de fait comme points de droit, et les innovations ne firent que changer de forme (Considérations sur l'état politique et commercial des puissances européennes). »

Les principaux objets qui devaient faire le sujet des délibérations du congrès de Vienne étaient :

1° La disposition des territoires auxquels la France renonçait, ainsi que des autres territoires que l'empereur Napoléon avait possédés à autre titre qu'à celui de chef du gouvernement français, ou qui étaient possédés par des membres de sa famille, et auxquels il avait renoncé pour lui-même et pour eux (cet article comprenait les indemnités, restitutions où acquisitions réclamées par l'Autriche, la Prusse et la Sardaigne);

2o La fixation du sort de la Pologne, ou celle des acquisitions de la Russie; 3o L'organisation de la confédération des États de l'Allemagne ;

4° La garantie de l'organisation de la Suisse;

5o Les règlements relatifs à la navigation du Rhin et de quelques autres fleuves;

6° L'abolition de la traite.

La Prusse ne déguisa pas ses prétentions sur la Saxe; de son côté, Alexandre déclara qu'il ne se dessaisirait pas du grand-duché de Varsovie, et qu'il faudrait l'en chasser.

M. de Talleyrand, qui représentait la France, avait trop de tact pour essayer d'y prendre le rang que ses talents lui auraient assigné en toute autre circonstance; il ne lui restait qu'à envenimer adroitement les dissidences des autres cabinets, et à les opposer les uns aux autres avec tous les dehors de l'impartialité. Dans cette position délicate, il fit bon marché de tout ce qu'il ne pouvait sauver, et servit les intérêts de la France restaurée avec d'autant plus d'efficacité que ses objections étaient présentées par des tiers. Le roi de Naples fut sacrifié à ce nouvel ordre politique. Les ministres de Louis XVIII, secrètement appuyés par l'Autriche, s'opposèrent de tout leur pouvoir à la cession de la Saxe au royaume de Prusse; l'Angleterre, au contraire, favorisait les prétentions de la cour de Berlin. M. de Metternich, dont la prépondérance au congrès ne saurait être contestée, parais sait voir sans ombrage l'accroissement de la Prusse; mais il ne cachait point que l'extension du territoire russe jusqu'à la Vistule était inquiétant pour l'Europe. C'était d'autant mieux déguiser sa pensée, relativement à la Prusse, que ses appréhensions en ce qui regardait la Russie, devaient paraître plus naturelles. Alexandre consentait à donner à la Prusse la ligne de la Wartha, et celle de la Nida à l'Autriche, mais à condition qu'on le laisserait imposer à la Pologne telle forme de constitution qu'il jugerait convenable; fatigué de ces lenteurs, il envoya le grand-duc Constantin à Varsovie annoncer aux Polonais que leur existence politique serait conservée, et qu'ils devaient s'apprêter à la dé

fendre. Cependant M. de Talleyrand, prenant en main la cause de la Saxe, représentait que l'abandon de ce royaume à la Prusse, outre qu'il portait atteinte au principe de la légitimité, aurait une influence funeste sur l'équilibre de l'Europe: 1o en créant contre la Bohême une force d'agression très-grande, et en menaçant ainsi la sûreté de l'Autriche entière; 2° en créant, au sein du corps germanique et au profit d'un de ses membres, une force d'agression hors de proportion avec la force de résistance de tous les autres. Le ministre français consentait néanmoins à ce qu'une partie de la Saxe fût cédée à la Prusse; cette identité de vues avec M. de Metternich laissait entrevoir l'intention de trouver dans le cabinet autrichien un point d'appui; les intérêts français se trouvant entièrement isolés au milieu de tant d'intérêts opposés ou di vers. M. de Nesselrode, par voie de conciliation, communiqua aux plénipotentiaires d'Autriche, de la GrandeBretagne et de Prusse un nouveau projet de partage; les principales conditions en étaient: 1° la cession du duché de Varsovie à la Russie; 2° la liberté du cours de la Vistule; 3° la cession du royaume de Saxe à la Prusse, avec la condition que Dresde ne serait pas fortifiée; 4° la formation d'un État séparé sur la gauche du Rhin, qui comprendrait le duché de Luxembourg, les villes de Trèves, Bonn, etc., pour indemniser le roi de Saxe. Mayence et Luxembourg devenaient places de la confédération : l'Autriche recouvrait en Pologne ce qu'elle avait perdu par la paix de Schönbrunn, et une constitution libérale était promise à la Pologne, tant pour les provinces dépendantes de la Prusse et de l'Autriche, que pour celles qui relevaient de la Russie. Après de longues discussions, on convint enfin de laisser au roi de Saxe une partie de ses États, et d'abandonner le reste à la Prusse. Frédéric Auguste résista inutilement; dans l'impossibilité de lui arracher son consentement, il fut décidé qu'on passerait outre, et ce mal

heureux prince fut contraint de signer sa ruine.

Cette conduite des grandes puissances effraya les petits États de l'Allemagne; ils sentirent le besoin de réunir leurs représentations, et la Russie se déclara protectrice de tous ces intérêts en péril; c'était annoncer qu'elle prétendait exercer une sorte de suprématie sur le corps germanique. L'Autriche voyait avec inquiétude les empiétements de la puissance russe; toutefois elle avait eu une large part dans ces réparations; elle recouvrait toutes ses possessions d'Italie, gardait l'ancien Etat de Venise en vertu du traité de Campo-Formio. Elle avait garanti Murat de toute attaque contre le royaume de Naples; mais, au mépris de ce traité, les puissances alliées déclarèrent ce prince déchu; les négociations au sujet des duchés de Parme et de Plaisance duraient encore, lorsque Napoléon débarqua à Cannes.

La nouvelle d'un retour si inattendu interrompit toutes les négociations, et les princes mirent au ban de l'Eu rope le grand capitaine qui tant de fois les avait fait trembler.

Nous ne donnerons pas l'énumération de toutes les fêtes qui furent données à l'empereur Alexandre et au roi de Prusse dans le séjour qu'ils firent en Angleterre; nous remarquerons seulement que l'empereur éclipsa le roi, et que le vieux Blücher eut sa part des ovations bruyantes dont les deux souverains furent l'objet. Il faut dire à la louange d'Alexandre que ces manifestations étaient peu de son goût; toutes les fois qu'il put s'y dérober sans s'écarter des convenances, il le fit sans affectation et avec cette noble simplicité qui était dans son caractère. Naturellement porté à la piété, les grands dangers qu'il avait courus et le rétablissement inespéré de sa puissance avaient encore exalté dans son âme ces sentiments de ferveur et de gratitude. Après la retraite de Moscou, il avait fait frapper une médaille qui fut distribuée à tous ceux qui avaient fait la campagne de 1812, et sur laquelle on lisait cette inscription:

Ce n'est pas à nous, Seigneur, mais à ton nom (Nié nam, nié nam, Ghospodi, no iméní tvoïémou). Alexandre remit à lord Erskine une lettre, en lui disant: Elle est de mon ami et précepteur le colonel Laharpe, auquel je dois les principes qui me guideront toute la vie. Il avait reçu, ainsi que le roi de Prusse, l'ordre de la Jarretière; la ville de Londres leur conféra le droit de cité; à Oxford, ils furent investis des priviléges universitaires. C'est ainsi que la vanité des hommes se manifeste jusque dans l'expression de leur

estime.

« Le dernier acte de cette série de fêtes, de banquets et de représentations, ne parut probablement pas le plus agréable de tous pour les deux princes; car ce fut une remarquable exhibition de la puissance militaire de la Grande-Bretagne. On avait réuni, pour une grande revue dans HydeParc, toutes les troupes régulières qui se trouvaient dans les environs de Londres, avec les volontaires de la métropole. Mais une autre revue bien plus imposante, ce fut celle de quatrevingts vaisseaux de ligne qui eut lieu à Portsmouth; le prince régent précéda ses deux hôtes dans ce port, où l'attendait le duc de Clarence avec quatre-vingt-neuf amiraux et capitaines, et dix mille matelots. Les deux monarques étrangers s'embarquèrent avec le prince sur la rade, suivis d'un immense cortége de barques. Le défilé commença par les chaloupes de quinze vaisseaux de ligne : ces chaloupes étaient suivies des lords de l'amirauté dans leurs barques. Le yacht le Royal Sovering était décoré du drapeau britannique: les aigles de Russie et de Prusse ornaient les autres embarcations. Une mer tranquille et transparente, un ciel serein, favorisaient cette fête où s'épanouissait le génie anglais. Le cortége se dirigea vers la flotte qui était à l'ancre sur une même ligne, dans la rade extérieure. Chacun des vaisseaux tira quarante-deux coups de canon au moment où les monarques passaient le long de leur bord.

« Cette fête maritime dura deux

Jours. Les monarques visitèrent dans le plus grand détail tous les établissements, examinèrent les prodiges de mécanique et de puissance industrielle que renferme ce vaste arsenal. Le second jour, au bruit d'une salve générale, les princes montèrent à bord du Royal Sovering; après quoi ce vaisseau, ayant pris le large, exécuta quelques-unes des manœuvres qui peuvent avoir lieu dans un combat ñaval. Tout était calculé, dit sir Wilson, pour donner aux illustres étrangers la plus haute idée de la grandeur et de la puissance de la nation. Mais les témoignages de la puissance anglaise ne sont pas seulement à Portsmouth, ils sont en tous lieux. Les événements qui amenaient dans Londres deux puissants monarques, ces événements aux quels l'Angleterre avait tant contribué, étaient une preuve de grandeur bien autrement significative que ces jeux d'une vanité nationale peu mesurée dans ses démonstrations. »

Cependant Alexandre, en quittant l'Angleterre, témoigna un grand respect pour les institutions qui font sa force et sa gloire.

Les souverains, accompagnés de la duchesse d'Oldenbourg, sœur d'Alexandre, et des deux fils du roi de Prusse, s'embarquèrent le 27 juin à Douvres, pour retourner sur le continent. Nous empruntons à Rabbe, qui nous a souvent servi de guide pour les faits dans l'histoire d'Alexandre, le récit de l'itinéraire de ce prince.

« Alexandre débarqua à Rotterdam, se rendit à la Haye, et, de cette ville, à Amsterdam. Partout, sur son passage, il se vit l'objet de l'empressement et du respect des peuples. Il ne fit qu'un séjour très-court en Hollande; mais il visita Saardam. La maison que Pierre er avait habitée en 1697 avait été préparée pour recevoir l'empereur Alexandre et le prince d'Orange qui l'accompagnait. L'ameublement en était d'une simplicité excessive; on n'y avait admis que le luxe de la propreté hollandaise. Dans la pièce principale se trouvait un beau portrait de Pierre le Grand, revêtu de ses armes,

selon le style féodal héroïque, qui avait prévalu jusqu'au milieu du dixhuitième siècle.

« Sur la porte d'entrée de cette maison, on avait placé cette inscription : Pour un grand homme, il n'y a rien de trop petit. Alexandre ayant été prié par son hôte de laisser un souvenir de sa présence dans les lieux qu'avait habités son illustre aïeul, il se prêta de bonne grâce à une sorte de solennisation de la circonstance : une truelle d'argent lui ayant été présentée, il prit de ses mains du plâtre, et fixa dans la cheminée une tablette de marbre blanc, sur laquelle étaient inscrits ces mots en lettres d'or: PETRO MAGNO ALEXANder.

«En quittant la Hollande, Alexandre se rendit à Carlsruhe, où l'impératrice Élisabeth et sa famille l'attendaient depuis longtemps. Elle ne retourna pas à Pétersbourg avec lui. » Elle avait, dit-on, conçu l'espoir de le ramener à sa première affection; car, depuis longtemps, une rivale préférée lui disputait le cœur de son époux: elle n'était que vertueuse, et cette rivale était belle.

Lorsque la guerre de 1812 éclata, la confiance des Russes dans la fermeté d'Alexandre n'était pas encore bien établie. En général, on le croyait au-dessous des circonstances; mais quand on le vit, invariable dans sa résolution, s'adresser au patriotisme des seigneurs et au dévouement du peuple pour sauver la nation, la gratitude succéda à la crainte, et la flatterie lui fit un mérite non-seulement de sa persévérance, mais encore de tous les avantages que le hasard lui avait présentés. Cet enthousiasme universel le trouva simple et modeste, et la piété le sauva de l'orgueil. Le sénat de Saint-Pétersbourg voulut lui décerner le titre de Béni. Il députa trois de ses membres, Kourakin, Tormassof et Soltykof, pour l'engager à souscrire à cette canonisation politique. Alexandre répondit aux députés: « J'ai tou«jours tâché de donner à la nation « l'exemple de la simplicité et de la modestie. Je ne pourrais accepter le

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« de mes principes.

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«< titre qui m'est offert sans m'écarter Et comme on lui parlait d'ériger un monument à sa mémoire : « C'est à la postérité qu'il appartient de l'ériger, poursuivit-il, << si elle m'en trouve digne. » On avait fait pour le recevoir de grands prépa ratifs; un arc de triomphe avait été élevé en toute hâte près de la barrière; informé de ces dispositions, il adressa la lettre suivante au gouverneur : « J'ai appris qu'on fait pour ma réception divers préparatifs : j'ai tou« jours eu de la répugnance pour toutes « ces choses; et, dans les circonstances présentes, je les désapprouve plus « que jamais. Les événements qui ont mis fin aux guerres sanglantes de l'Europe sont l'œuvre du seul Tout-Puis<< sant. C'est devant lui qu'il faut nous prosterner tous: faites connaître cette « inaltérable résolution, afin qu'il ne « soit donné aucune suite à des préparatifs quelconques pour me rece« voir. »>

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Le premier soin de l'empereur, en rentrant dans sa capitale, fut d'aller rendre des actions de gråces à Dieu dans la cathédrale de Casan; quelques jours après, les cérémonies religieuses se célébrèrent avec plus de solennité; le peuple se pressa dans les temples; et confondant les sentiments qui l'agitaient, il les reportait avec enthousiasme sur la personne du souverain.

Après avoir donné quelques jours au repos et à des affections qu'une longue absence avait rendues plus vives, Alexandre opéra plusieurs chan.gements dans son ministère. M. de Roumianzof fut remplacé par M. de Nesselrode.

Quoique l'oukase suivant, adressé au conseil de l'empire, au synode et au sénat, soit empreint du même caractère qu'on a pu remarquer dans les pièces que nous venons de citer, nous croyons devoir le reproduire comme exprimant d'une manière plus complète les sentiments d'une dévotion fervente que le mysticisme allait bientôt dominer.

« La demande qui m'a été faite par le saint synode, le conseil de l'empire

et le sénat, dirigeant, concernant l'érection d'un monument à ma personne dans la capitale, en me sollicitant d'accepter le titre de Béni, me fait beaucoup de plaisir, parce que j'y reconnais, d'une part, la bénédiction de Dieu qui veille sur nous, et, de l'autre, les sentiments du corps entier du peuple russe. Tous mes efforts et mes plus ferventes prières n'ont pour but que d'obtenir en effet la durée de cette faveur divine, tant pour moi-même que pour mon peuple fidèle, mes sujets loyaux et bien-aimés, et pour le genre humain tout entier. C'est là mon désir le plus ardent et mon plus grand bonheur. Mais, malgré tous mes efforts pour y parvenir, je ne puis, comme homme, être assez présomptueux pour accepter ce titre, et pour m'imaginer l'avoir en effet mérité. Cela est d'autant plus incompatible avec mes principes, que, dans tous les temps et dans toutes les occasions, j'ai exhorté mes fidèles sujets à l'humilité et à la modestie. Je ne puis donner un exemple qui serait en contradiction avec mes véritables sentiments. Ainsi donc, en même temps que je leur témoigne ici mon entière gratitude, je prie les corps constitués de l'empire d'abandonner tous ces projets. Puisse un monument m'être élevé dans vos cœurs, comme je vous en élève un dans le mien! Puissent mes peuples me bénir dans leurs cœurs comme le mien les bénit! Puisse la Russie être heureuse, et puisse la divine Providence veiller sur elle et sur moi!»

En examinant cette pièce avec attention, on y trouve plus que l'expression de l'humilité chrétienne; s'il eût été donné à un regard humain de sonder l'âme de ce prince, peut-être y eût-on trouvé le souvenir amer et indélébile de la funeste catastrophe qui avait ouvert son règne, et le regret de ne pouvoir se reposer de ces luttes intérieures dans les affections paternelles.

Alexandre s'occupa de l'armée avec une sollicitude qui prouve qu'il n'oubliait pas les services passés. Un comité fut institué pour examiner les droits des officiers que leurs blessures

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