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le soupçon que la politique n'avait pas reculé devant un double crime. Si la contagion eût frappé simultanément des milliers de victimes, personne n'eût imaginé d'attribuer ce désastre à des causes surnaturelles; mais elle venait d'atteindre un prince et un feldmaréchal..... Un homme. portant le même nom que les instruments trop célèbres des vengeances impériales, se présentait aux soupçons, et dès lors Orlof fut le bourreau, et Nicolas avait dicté la sentence.

Les bulletins pompeux de Diebitsch avaient longtemps donné le change aux Russes sur les résultats véritables de la campagne; mais quand on vit que les choses traînaient en longueur, quand des rapports plus exacts sur les pertes de l'armée d'invasion et sur les temporisations du feld-maréchal eurent dissipé tous les doutes, le parti russe murmura hautement, et attribua le mauvais succès à l'impéritie des chefs presque tous Allemands. L'empereur n'ignorait pas que les traces du mécontentement dont la révolte de décembre 1825 avait signalé l'existence à son avénement au trône n'étaient pas entièrement effacées. Un échec le déconsidérait en Europe et aux yeux de ses propres sujets, il fallait vaincre à tout prix; il fallait flatter l'amour-propre national en confiant à une célébrité militaire incontestable la direction de cette guerre opiniâtre; Paskevitch portait un nom russe; à la fois homme de tête et d'exécution, encore dans la vigueur de l'âge, entouré du prestige de ses victoires en Perse, il pouvait mieux que personne réparer les fautes du feld-maréchal. L'empereur l'investit du commandement en chef de ses armées. Le général Toll, n'osant assumer sur lui la responsabilité de quelques mouvements décisifs, se borna à compléter les cadres de l'armée, à rétablir la discipline, et à se tenir sur une défensive respectable. Le général Rudiger se trouvait à Lublin, entièrement coupé du centre de l'armée russe. Skrzynecki résolut de l'attaquer à l'improviste. Rudiger ignorait entièrement les intentions de l'ennemi;

mais les Polonais perdirent un temps précieux, énervèrent leurs colonnes d'attaque, en les disséminant dans l'espace, et les corps destinés à s'appuyer inutuellement agirent sans cet ensemble qui seul peut faire réussir un coup de main. Les Polonais battirent en retraite devant les forces que les Russes avaient eu le temps de leur opposer, et l'on s'estima trop heureux d'échapper à l'ennemi qu'on s'était flatté de surprendre. Les chefs se renvoyaient de l'un à l'autre la responsabilité de ce non- succès, et ce fut le signal des animosités personnelles qui bientôt devaient paralyser tous les efforts de l'insurrection."

Cependant le peuple de Varsovie, étranger aux subtilités dialectiques de la presse, entraîné par les mécontents, qui, à défaut d'un succès national, voulaient au moins se donner le plaisir de renverser leurs antagonistes; le peuple, disons-nous, se croyait trahi, parce qu'il ne comprenait point la marche d'un gouvernement qui oscillait lui-même, obéissant aux nécessités que lui imposaient les circonstances. Au milieu de cette agitation, la nouvelle se répand que le général Jankowski vient de laisser échapper Rudiger. La fureur du peuple s'accroît du mécontentement de l'armée. Jankowski prétendait avoir reçu l'ordre positif de reculer, ce qui rendait Skrzynecki responsable de l'événement. Le public était dans l'attente, lorsque la révélation d'un complot détourna l'attention générale. On devait distribuer des armes aux prisonniers russes, faire sauter l'arsenal, et ouvrir les portes de Varsovie à l'ennemi, tandis que l'armée serait absente; on accusait principalement Jankowski et Krukowiecki, ainsi que quelques agents secondaires. Plusieurs arrestations eurent lieu, et déjà le peuple, faisant entendre des cris de vengeance, s'attroupait devant les demeures des suspects. Le colonel Hurtig, déchiré par ces furieux, fut sur le point d'être pendu à une lanterne. On demandait à grands cris où était le traître Jankowski; il fallut promettre au peuple qu'on le lui amènerait sans

délai. On n'a jamais su d'une manière bien positive s'il y avait eu réellement complot; on acquit seulement la preuve que les prisonniers correspondaient avec plusieurs prisonniers du dehors; circonstance que leur position expliquait assez naturellement. On croit généralement que Skrzynecki prêta à ces révélations une importance exagérée, pour envelopper Jankowski dans un procès de lèse-nation; ce qui l'empêchait de s'expliquer au sujet de sa retraite devant Rudiger. Le 1er juillet, sur la motion de Szaniewski, la diète adressa au gouvernement exécutif l'ordre de déclarer la patrie en danger, et de procéder à la levée en masse de tous les hommes en état de porter les armes. En vertu de cette résolution, le gouvernement fit paraître la proclamation suivante: « Au nom de Dieu et de la liberté, au nom de la nation placée entre la vie et la mort, au nom des rois et des héros vos ancêtres qui sont tombés sur les champs de bataille pour l'indépendance de l'Europe, au nom des générations futures qui demande ront à vos ombres compte de leur servitude, au nom des peuples qui vous contemplent, Polonais, levez-vous en masse!»

Cette mesure ne prouvait rien autre chose sinon que l'insurrection était à l'agonie. Les enfants et les vieillards répondirent seuls à l'appel; la Pologne tout entière se levait pour frapper un dernier coup et mourir.

Orlof s'était rendu à Berlin pour développer les plans de Nicolas et intéresser la Prusse, qui désirait vivement voir l'insurrection étouffée. «Il fut convenu, dit-on, entre Orlof et Ancillon, 1° que Koenigsberg et Dantzig seraient ouverts aux approvisionnements et aux troupes que la Russie, coupée du royaume par l'insurrection lithuanienne, serait obligée d'envoyer par la Baltique; la Prusse se chargeant de fournir les bâtiments et les escortes nécessaires pour leur faire remonter le Niémen et la Vistule jusqu'à la frontière du royaume; 2° que la Prusse s'engageait à construire un pont sur la Vistule, à la limite la plus orientale

de son territoire, afin de faciliter aux troupes tsariennes le passage du fleuve, dans le cas où ceux que le général russe ferait construire se trouveraient détruits ou insufusants: la Prusse restant chargée de fournir les pontonniers, les embarcations et les équipages nécessaires à toutes ces sortes de travaux; 3o que la Prusse abandonnerait provisoirement Thorn comme magasin et entrepôt à l'armée russe, se réservant d'ailleurs d'y amener dans le plus prompt délai les provisions de bouche et de guerre que demandait l'armée alliée; 4° que dans le cas d'une défaite ou d'une extension de manœuvres, le territoire prussien serait ouvert aux troupes impériales, et jusqu'au dénoûment de la campagne pourrait lui servir de base militaire.

Aux réclamations que lui adressèrent le généralissime et le comte de Flahaut, ambassadeur de France, la Prusse se contenta de répondre qu'elle n'avait jamais été neutré, mais seulement inactive; que ses sympathies pour la Russie n'ayant pu être douteuses durant cette guerre entre la légitimité et la rébellion, il n'y avait pas à elle de déloyauté à seconder les efforts de l'empereur. (Miéroslawski).

A la suite de cette convention, l'issue de la campagne ne pouvait être douteuse. Paskevitch arriva au quartier général de Pultusk dans les premiers jours de juillet. Aussitôt il communiqua aux généraux sa résolution de gagner la basse Vistule à travers le palatinat de Plock. L'armée russe était refaite de ses fatigues; elle comptait encore plus de cent vingt mille hommes sous les armes, dont quatre-vingt mille environ se trouvaient à Pultusk. Le 4, l'armée s'ébranla, décrivant de flanc une courbe immense, qu'il eût peut-être été possible à Skrzynecki de rompre pour se rabattre en force sur les corps isolés et en pleine marche. Ainsi les troupes polonaises, retenues par la circonspection de Skrzynecki, attendirent sous Varsovie que l'ennemi eût concentré toutes ses forces, au lieu de l'attaquer quand il était vulnérable. Le 5, le généralissime transféra son quar

tier général à Modlin. Il était encore temps de se jeter à travers les corps russes cette pensée de salut avait frappé tous les généraux; Skrzynecki seul la rejeta, alléguant que s'il perdait une bataille rangée, c'en était fait de la Pologne. Il est juste de reconnaître que ce raisonnement était fondé; mais si un délai servait seulement à rendre désormais la lutte impossible, la prudence du chef était une faute et presqu'un crime. Le 8, toute l'armée russe afflua sur Plock, et fit mine de vouloir traverser la Vistule; trois jours après, elle dépassa Lipno, et s'écoula sur la route d'Obrzyn, le long de la Vistule. Ceux qui ont voulu expliquer l'obstination de Skrzynecki lui ont prêté l'intention d'attirer l'armée russe sur la rive gauche de la Vistule pour lui couper toute voie de retraite, et la combattre au centre même des provinces insurgées, avec les forces réunies de la Pologne; mais on a répondu que la Prusse s'ouvrait à Paskevitsch en cas d'une défaite, et qu'il n'était pas nécessaire de sacrifier les incidents qui surgissaient de la marche de flanc des Russes, pour attirer le comte d'Érivan sur un point où il se portait de son plein gré.

Cependant Paskevitsch avait laissé plusieurs corps d'observation en face de l'armée polonaise; celui que commandait Golovin fut surpris, et, après une perte assez considérable, échappa à une destruction totale. Pendant ces opérations excentriques, on apprend que Paskevitsch a passé la Vistule; il fallut se replier en hâte sur les premières positions, et Rozycki profita du désordre que l'attaque des Polonais avait jeté dans les corps d'observation de l'ennemi pour avancer en Lithuanie, à la rencontre de Dembinski, qui achevait alors sa périlleuse retraite.

Les Russes avaient jeté sur la Vistule un pont en face du village d'Osieck. Le corps de Pahlen le franchit le premier; enfin, le 19 au soir, les quatre corps de l'armée impériale se trouverent transportés sur la rive gauche du fleuve. Le feld-maréchal attira successivement à lui les différents

corps qui n'avaient point suivi le mouvement général, et son activité se communiquant aux chefs, ses différentes marches s'opérèrent avec autant d'habileté que de promptitude.

Pendant que la manoeuvre hardie de Paskevitsch changeait brusquement toutes les combinaisons de cette campagne, le généralissime reçut de Sébastiani des communications rassurantes. Le ministre français parlait de négociations entamées, annonçait une issue prochaine et heureuse aux efforts de la diplomatie, et conseillait de se tenir sur la défensive. Le parti des conservateurs accueillit avidement ces nouvelles, mais le plus grand nombre n'y ajoutait aucune foi. L'incer titude, si cruelle quand on a devant les yeux la ruine et le déshonneur, fit place aux murmures. Les chefs interprètent en sens divers la conduite du généralissime, et, le 24 juillet, la diète décrète à l'unanimité que Skrzynecki comparaîtra devant un conseil composé des membres du gouvernement national, d'un député pour chaque palatinat, et d'officiers de l'armée active, choisis par le gouvernement d'une part, et le généralissime de l'autre. Le généralissime lui-même comparut non comme accusé, mais comme membre du gouvernement, devant ce conseil, composé des plus grandes illustrations du pays. D'abord Skrzynecki prétendit avoir le droit d'imposer silence aux généraux placés sous ses ordres, selon la hiérarchie militaire. Cet avis, qui présupposait un pouvoir inattaquable, tandis qu'il s'agissait de le contrôler, écarta l'accusation que Prondzynski avait rédigée contre les opérations du généralissime. Il ne s'agissait plus que de s'entendre sur les mesures à prendre à l'avenir. Dans cette discussion, où les orateurs cédèrent la parole aux généraux, le parti énergique l'emporta, et il fut décidé, malgré les représentations de Skrzynecki et de ses adhérents, qu'on marcherait à l'ennemi. « Eh bien, messieurs, leur dit-il, puisque ni mes prières, ni mes répugnances n'ont pu ébranler vos résolutions, puisque représentants et généraux de

mandent une bataille dans laquelle se réveillent ou périssent à jamais toutes les espérances de salut, soit : la bataille sera livrée. L'armée et son chef ont encore du sang à verser pour l'indépendance nationale, et ce sang, ils le répandront jusqu'à la dernière goutte; dans trois jours tout sera fini... mais je déclare, à la face du ciel et de la terre, que j'agis contre ma conviction. Représentants! que les bénédictions ou l'anathème, que le triomphe ou les désastres retombent sur vos têtes, car, pour moi, j'en renie toute la responsabilité! »

On crut prudent de ne point laisser transpirer dans le public l'opinion du généralissime sur l'issue de la guerre; la délégation se contenta d'assurer à la diète que tout allait aussi bien que le permettait l'état des choses, et les représentants s'endormirent de nouveau dans une insouciante confiance. Skrzynecki concentra l'armée, et la fit avancer sur la Bzura. Il était visible qu'il n'exécutait que mollement des mesures qu'il avait condamnées. Le 3 août, il arriva au camp de Sochaczew. Les Russes avançaient toujours, et, du 2 au 3, ils traversèrent la Bzura. Contre l'attente générale, le 5, l'armée polonaise se replia vers Varsovie; on crut que cette disposition était l'avant-coureur de la bataille que le généralissime avait solennellement promise. Skrzynecki fut, dit-on, sur le point de se démettre de ses fonctions; mais, encouragé par ceux qui espéraient que tout se terminerait sans effusion de sang, il conserva son poste, et mit une espèce d'héroïsme à braver la clameur générale. Le mécontentement des habitants de Varsovie puisait une nouvelle énergie dans celui de l'armée: on disait tout haut que les chefs trahissaient, qu'ils entretenaient de coupables correspondances avec l'ennemi; et ces propos répétés enflammaient les patriotes. De cet état à une révolte ouverte, il n'y avait qu'un pas. Cependant Dembinski rentrait dans la capitale, qui saluait son retour comme un triomphe. On crut voir en lui l'homme des circonstances, le successeur de

Skrzynecki. Le prince Czartoryski lui présenta, dit-on, un tableau sombre de la situation de la Pologne; il attribua à la malveillance et à l'intrigue la haine que l'on portait au généralissime; et ce fut sous l'influence de pareils discours que Dembinski, trop généreux pour profiter d'un caprice, se dirigea vers le camp de Bolimow, où toute l'armée polonaise s'indignait du repos qu'on lui imposait. L'entrevue qu'il eut avec Skrzynecki le confirma dans sa résolution de résister au vœu général, qui le désignait à l'hetmanat; et, dès lors, il se fit un point d'honneur de défendre contre tous la conduite et les talents de Skrzynecki. Dans son emportement chevaleresque, il ne ménagea personne. A l'entendre, toute la Pologne était coupable de ne pas apprécier un homme tel que le généralissime; enfin il déclara hautement qu'il marcherait sur ses traces: il fut nommé divisionnaire et gouverneur de Varsovie. Dans ces hautes fonctions, il crut faire acte de bon citoyen en attaquant violemment dans ses discours Lelewel, Pulawski et leurs nombreux partisans.

Sur ces entrefaites, Rudiger passait la Vistule; ce mouvement, en isolant l'insurrection des provinces du sud, lui portait un coup mortel; toutefois Rozycki parvint à se jeter sur les derrières des Russes pour les inquiéter, et paralyser les résultats de feur coopération. Il combattit courageusement dans plusieurs rencontres; mais, pressé par des forces supérieures, il se vit obligé de s'enfoncer vers le sud. Rudiger, débarrassé de toute surveillance de ce côté, s'établit solidement sur la Radomka, et, joignant l'aile droite de Paskevitch, compléta l'investissement de Varsovie et de l'armée polonaise, toujours inactive dans les champs de Bolimow.

L'opposition parlementaire reprenait une prépondérance factice au milieu des doutes et de l'agitation générale. Les partis de Lelewel et de Bonaventure Niemoiowski, qui représentaient les démocrates et les constitutionnels modifiés, se fondirent et

s'organisèrent en clubs ; ils résolurent de faire nommer une nouvelle commission d'enquête, à l'effet d'examiner la conduite de Skrzynecki, et au besoin de lui ôter le commandement. La diète adopta cette mesure, et la délégation chargée de ses ordres fut munie de pleins pouvoirs. Dans le cas où elle jugerait la destitution du généralissime nécessaire, elle devait procéder à la nomination d'un nouveau chef militaire. Le parti de Czartoryski vit avec frayeur que les choses s'acheminaient vers un dénoûment énergique. Dans l'impuissance de résister de front à une mesure adoptée, il essaya, du moins, d'en paralyser le résultat, en faisant tomber le choix sur Dembinski, ce qui amenait un changement nominal, et non un changement de système. Skrzynecki, dans son interrogatoire, montra beaucoup de grandeur et d'abnégation; mais, soit pour expliquer sa conduite, soit conviction réelle, il avoua que la disproportion de la lutte ne lui laissait aucune espérance, et il conseilla lui-même d'élire à sa place Dembinski, se réservant de combattre pour la patrie, fût-ce dans le rang des simples grenadiers. Il serait difficile de décrire le trouble et les agitations qui, de l'assemblée délibérante, se communiquèrent alors à l'armée. Enfin, il fut décidé que Dembinski prendrait le commandement pour trois jours, et soumettrait cette élection à la diète, qui, au bout de ce terme, l'annulerait ou la ratifierait définitivement. A l'instant de perdre son chef, l'armée, si exigeante naguère, s'émut, et ne se souvint plus que du mérite qu'il avait montré. « A la vue des deux généraux qui, suivis de l'état-major, venaient du quartier général, une rumeur d'attendrissement éclata dans les rangs. Le cortége, arrêté devant la première brigade, ouvrit un passage à Skrzynecki, et un long vivat l'accueillit sur toute la ligne... «Compagnons, s'écriat-il, je vous présente ce fameux général Dembinski, qui, seul parmi les chefs de l'armée lithuanienne, fidèle à la cause nationale, a sauvé vos frères de la servitude, et les a ramenés cou

verts de gloire dans les murs de notre capitale. Fort de la reconnaissance de ses compatriotes, également puissant par sa popularité et ses vertus, admiré de mes généraux et de moi-même, lui seul peut encore vous conduire à la victoire. Dociles au choix de vos représentants, saluez-le votre chef, et reportez sur lui l'amour et le dévouement que vous m'avez prodigués. Vive notre général Dembinski!» Les soldats répondirent par des exclamations que dominait le cri général : « Vive à jamais Skrzynecki.» Mais l'ex-généralissime réprima cet élan, et, mêlant la prière au reproche, il se déroba aux regrets et à l'admiration de ses frères d'armes. Dembinski lui tendit la main, promit d'imiter un homme qui emportait de si éclatants témoignages d'estime; et cette marque de sympathie et d'abnégation excita des applaudissements unanimes. Skrzynecki prit modestement le commandement du corps de réserve; Ramorino et Uminski furent placés à la tête des deux corps d'armée. Lubienski conserva la charge de chef d'état-major, et Prondzynski, quoiqu'à regret, reprit la charge de quartier- maître. La diète confirma l'œuvre de la délégation: tout annonçait une crise décisive. Mais les Varsoviens, mécontents de ce que l'homme qu'ils avaient choisi eût annoncé hautement l'intention de marcher sur les traces de son prédécesseur, résolurent de surveiller les deux généraux. La diète, tant pour calmer les inquiétudes des démocrates qui redoutaient un coup d'Etat militaire, que pour tenir en bride les prétentions de Dembinski, rendit le décret suivant: « 1o La nomination et la révocation du généralissime appartiennent désormais au gouvernement national; 2o le généralissime cesse de faire partie du gouvernement; 3° toutes les attributions accordées au généralissime par le décret du 24 janvier, lui sont conservées, sauf les modifications que dans la suite la représentation nationale jugerait nécessaires.

On était au 14 d'août, et déjà l'armée de Paskevitch s'avançait, et forçait

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