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développement donné aux lignes fortifiées en effet, ce système, pour avoir des résultats utiles, supposait une armée double de celle dont pouvaient disposer les insurgés; et, dans le cas où la Pologne aurait pu mettre sur pied une force aussi imposante, elle n'avait pas besoin de s'abriter derrière des remparts. D'un autre côté, si tous les points fortifiés ne pouvaient être défendus par une artillerie nombreuse et par des corps redoutables, il fallait nécessairement abandonner la première enceinte à l'ennemi, qui s'y établirait pour débusquer les Polonais des ouvrages plus rapprochés de la ville. Ce système aurait pu être jugé convenable dans le cas seulement où des corps, manœuvrant rapidement autour de la ville, auraient constamment tenu les Russes en alerte, et les eût, en cas d'attaque, exposés aux baïonnettes d'un côté, et au feu des remparts de l'autre. Il faut ajouter à ces considérations qu'a développées avec sagacité l'auteur de la Révolution de Pologne, que plusieurs points d'une haute importance avaient été négligés, ou fortifiés d'une manière incomplète. Mais, quand on pense que tout, dans cette guerre, était improvisé, et que les Polonais avaient à lutter contre des forces bien supérieures, on ne peut que s'étonner de la longueur et de l'acharnement de la résistance. Le feldmaréchal, pour éviter l'effusion du sang, envoya, le 4 septembre, le général Danenberg aux avant-postes pour garantir aux Polonais, de la part de son maître, l'oubli du passé, des assurances pour l'avenir, le redressement des griefs qui avaient donné lieu à la guerre, et l'examen des exigences relatives aux provinces transniémiennes.

Prondzyinski, qui était revenu à Varsovie, et le colonel Wyrocki, envoyé pour recevoir les communications, répondirent qu'ils n'avaient pas de pouvoirs pour traiter. Le lendemain, la majorité du conseil des ministres convoqués par Krukowiecki, d'accord avec la diète, décida que l'on ne traiterait que sur les bases du manifeste, ce qui équivalait à une rupture ou

verte. » (Miéroslawski.) Il n'entre pas dans notre plan de décrire cette bataille qui effaça de la carte le noble royaume de Pologne. Nous nous contenterons d'indiquer sommairement les principales phases de cette journée mémorable. Le 6 septembre, à cinq heures du matin, un feu terrible éclata sur toute la ligne des Russes; mais c'est contre Wola que se dirigea l'attaque principale. Tandis que l'aile droite occupait Uminski, Kreutz se précipitait sur le centre. Une redoute, que les Russes venaient d'emporter, saute avec un fracas épouvantable: un officier polonais avait mis le feu à la poudrière pour ensevelir les vainqueurs sous les ruines. Déjà les Russes prenaient à revers les faces de Wola; Krukowiecki courait de lunette en lunette, et, jugeant sans doute que tout était perdu, il tourna bride et disparut. L'ennemi, maître de Wola, couronnait déjà les hauteurs qui dominent Czysté. L'artillerie polonaise, dirigée par Bem, ouvrit un feu terrible, et porta le ravage dans les colonnes russes. Deux bataillons d'infanterie achèvent de balayer cet espace, lorsque la cavalerie les arrête et les force de reculer. Les Russes étaient maîtres de la première ligne; ils suspendirent l'attaque pour la recommencer le lendemain. Krukowiecki eut alors recours aux négociations. Le feld-maréchal n'épargna point les promesses, sans toutefois s'écarter de ses premières offres; et, sur les instances du président, il accorda un armistice de huit heures, pour lui laisser le temps de ramener les esprits à une capitulation devenue

nécessaire.

A la nouvelle que le président traitait avec Paskevitsch, tous les ministres donnèrent leur démission. Le 7, à dix heures du matin, la diète ouvrit sa séance. Prondzynski, de retour du camp russe, démontra que toute résistance était désormais impossible. Plusieurs nonces, parmi lesquels se distinguaient Bonaventure Niémoiowskiet le maréchal Ostrowski, s'élèvent énergiquement contre toute transaction; et Lelewel appuyait leur généreux re

fus de son éloquence, lorsqu'un aide de camp de Krukowiecki vient annoncer que l'armistice allait expirer. La diète continua ses délibérations; mais déjà le président avait pris ses mesures, et l'agitation populaire, excitée encore par l'indignation des représentants, était frappée d'impuissance. L'armée polonaise résista quelque temps avec un courage désespéré; l'artillerie, de part et d'autre, exerça de grands ravages. L'attaque de l'aile droite russe absorba pendant quelques heures tous les efforts de la résistance; les artilleurs polonais épuisèrent leurs mu nitions; malgré la supériorité de leur feu, ils voyaient l'ennemi réparer sans cesse ses pertes, et emprunter à sa réserve des ressources toujours nouvelles. Dès le matin, Paskevitsch avait eu un cheval tué sous lui; il confia le commandement à Toll, ayant reçu une forte contusion qui l'obligea à s'éloigner du champ de bataille. Vers cinq heures, toute la ligne des Russes s'élança en avant, et les redoutes polonaises tombèrent une à une au pouvoir de l'ennemi. Vers cinq heures du soir, l'incendie se déclara dans les décombres de Czysté, et, gagnant la lisière des faubourgs, délogea les Polonais du cimetière et des jardins où ils s'étaient retranchés. Les insurgés, refoulés par une dernière attaque de Schakhovskoï, sur l'allée de Wola, se défendaient toujours, et leur artillerie rompait les colonnes des assaillants. C'est à ce moment que des aides de camp viennent annoncer que le président avait capitulé. A cette nouvelle, les uns s'éloignent, les autres refusent d'interrompre la lutte, et Bem ordonne aux pièces de campagne de se retirer sur Praga. C'était l'agonie de la Pologne; Kukrowiecki avait envoyé sa démission au maréchal de la diète; mais tant qu'elle n'était pas acceptée, il restait investi du pouvoir de traiter. La diète, après d'orageux débats, refusa la démission du président, et l'autorisa à capituler. Après ce dernier acte, qui épargnait à Varsovic les horreurs de l'assaut, elle vota sa prorogation et se sépara. Krukowiecki

essaya en vain, dans l'entrevue qu'il eut avec l'envoyé de Paskevitsch, d'obtenir des conditions favorables; le vainqueur pouvait dicter des lois; il exigeait une soumission sans réserve. La guerre venait de rompre le pacte de 1815; les rapports avec l'empire étaient désormais changés : la force s'autorisait de la victoire, et l'avenir n'était plus douteux. Krukowiecki écrivit au tsar la lettre suivante : « Sire, chargé dans ce moment même du pouvoir de parler à Votre Majesté impériale et royale au nom de la nation polonaise, je m'adresse, par son excellence monseigneur le comte Paskevitsch d'Érivan, à votre cœur paternel.

«En se soumettant sans aucunes conditions à Votre Majesté notre roi, la nation polonaise sait qu'elle seule est à même de faire oublier le passé, et de guérir les plaies profondes qui ont déchiré na patrie.

La liberté eut encore un beau moment; la minorité de la diète, assumant un pouvoir que la prorogation avait suspendu, électrisée par le chaleureux désespoir de Molachowski, veut rompre toute négociation. Le maréchal de la diete va trouver le président, le somme d'abdiquer, et revient avec sa démission au milieu de l'assemblée, qui nomme par acclamation Bonaventure Niemoïowski, président du gouvernement. Dans la nuit du 7 au 8, Berg et Prondzynski cherchent Krukowiecki, pour lui demander au nom du maréchal la ratification du traité. Mais la démission de ce dernier rendait cette formalité impossible. La réflexion avait succédé à l'enthousiame. Molachowski se rend enfin aux instances de ceux-là mêmes qui avaient applaudi à sa résistance, et signe la capitulation. Il cède à Paskevitsch le pont et la tête de pont de Praga. De son côté, le feldmaréchal s'engage à ne pas troubler la retraite de l'armée polonaise, et lui laisse quarante-huit heures pour emporter les armes, les munitions, les effets militaires et ceux des particuliers qui voudront suivre l'arrièregarde.» (Miérosławski.)

L'éloignement de Ramorino accéléra la chute de Varsovie; on a diversement interprété sa conduite; les uns l'expliquent par des ordres précis, auxquels il ne pouvait désobéir, et par l'ignorance où on l'avait laissé de ce qui se passait aux portes de la capitale ; d'autres le blament de ne pas être rentré au camp après s'être acquitté de sa mission, qui consistait à nettoyer la rive droite du fleuve et à approvisionner Varsovie. Lorsqu'il connut le véritable état des choses, il était trop tard. Le 9, après avoir convoqué un conseil de guerre, il fut décidé que son corps d'armée s'écoulerait vers le sud, et qu'il se réfugierait sur le territoire autrichien; cette résolution était prise, lorsqu'il reçut l'ordre de se porter sur le Bug et de rejoindre l'armée polonaise à Modlin. Toute confiance était détruite; Ramorino se crut dispensé d'obéir; il exécuta ce que son conseil de guerre avait décidé; pressé de tous côtés par les masses russes, acculé à la Gallicie autrichienne, il passa la frontière à Roscin, dans la nuit du 16 au 17; quelque temps après, le partisan Rozycki traversa la Vistule à Bobrek, et mit sa petite troupe à l'abri des Russes sur le territoire autrichien.

Cependant l'armée principale, sortie de Praga le 8 septembre, se porta vers Modlin; le généralissime Malachowski demanda lui-même qu'on le remplaçât; il s'accusait avec amertume d'avoir si gné la capitulation. Le cercle des grandes réputations militaires était bien rétréci: Krukowiecki, Prondzynski et Chrzanowski étaient restés dans la capitale; il ne restait plus que Dembinski, Uminski, Rybinski, Bem et Sierawski. Rybinski fut élu; cette petite armée ne comptait plus que vingt mille hommes presque tous démoralisés, nombre que la désertion diminuait encore tous les jours. Paskevitsch n'eut pas de peine à envelopper ces débris. Profitant de leur désorganisation, il envoya aux Polonais son ultimatum. Il était ainsi conçu :

1° L'armée rentrera dans ses de

voirs envers son roi: 2o elle lui en

verra une députation pour lui demander l'oubli du passé; 3° en attendant la réponse de Sa Majesté impériale, elle prendra ses cantonnements dans le palatinat de Plock; 4o Modlin sera remis incessamment aux troupes impériales.

« Au lieu d'obéir à cette injonction, les Polonais jettent un pont sur la Vistule; bientôt cependant le découragement reprit le dessus, les chefs, mécontents de Rybinski, transportèrent le commandement à Uminski, mais l'infanterie refusa de lui obéir. Les 'nonces découragés avaient pris le chemin de la frontière prussienne; et l'armée, gagnant toujours vers l'ouest, établit son quartier général à Szpital. Pahlen était toujours sur les traces des fuyards; l'arrière-garde, commandée par Dembinski, tira les derniers coups de canon. Le 5 octobre, l'infanterie déposa les armes à Jastrzembie, l'artillerie et la cavalerie près de Brodnica. »> (Miéroslawski.) L'insurrection était éteinte, la Pologne n'était plus qu'une province russe.

Aujourd'hui que quelques années ont passé sur ces événements mémorables, il est permis de porter un jugement plus impartial sur les vainqueurs et les vaincus; de part et d'autre, les deux peuples rivaux ont conservé leur caractère historique. Les Russes se sont montrés tels qu'on les a vus dans les grandes luttes qu'ils ont eues à soutenir, c'est-à-dire, braves, résignés, patients, et compensant, par une discipline sévère, l'élan qui manque à leurs masses. Diebitsch n'a montré d'habileté que dans ses mouvements stratégiques, mais il n'a pas su profiter de la victoire; Paskevitsch a poussé la hardiesse jusqu'à la témérité; son mouvement sur la basse Vistule est une conception neuve qui changeait toute l'économie de la campagne: le succès l'a justifié. Les Polonais, dans le bien comme dans le mal, n'ont pas démenti leur ancienne renommée: bravoure chevaleresque, dévouement complet, mais, à côté de ces vertus, amour - propre excessif, jalousie de parti à parti, d'homme à homme en

un mot, anarchie dans les idées, voilà ce qu'on retrouve dans l'histoire de leur dernière guerre, voilà ce qui a fait leur gloire et leur faiblesse dans toutes les luttes du passé. Sous le point de vue politique, l'insurrection de Pologne était, pour les Russes comme pour les Polonais, une question de vie ou de mort. Si la Pologne eût triomphé, l'exemple de son indépendance eût nécessairement soulevé les provinces prussiennes et autrichiennes des anciens partages; la Russie perdait ses bases politiques et commerciales sur la Baltique et sur l'Euxin; la Turquie et la Suède la pressaient du sud au nord; la régénération de l'Orient pouvait se développer en sécurité; en un mot, l'empire des tsars n'était plus qu'une puissance asiatique, et la face de l'Europe était changée. L'Europe n'a pas voulu voir ces résultats; elle subit aujourd'hui les conséquences de sa conduite; toutefois elle a acquis la conviction que la Russie a dû employer toutes ses forces et presqu'une année pour soumettre quelques palatinats; elle sait que, sans la connivence de la Prusse et de l'Autriche, l'issue de cette guerre entre le despotisme et la liberté eût été, sinon douteuse, du moins marquée par des sacrifices encore plus grands.

La Russie était définitivement maîtresse de la Pologne; presque tous ceux qui avaient combattu pour l'indépendance étaient disséminés en Allemagne, en France et en Angleterre, où ils étaient l'objet de la sympathie des peuples, après avoir été abandonnés par les gouvernements; les restes de l'armée polonaise furent bientôt incorporés dans l'armée russe. Pour leur ôter tout espoir de révolte, on les employa depuis en assez grand nombre contre les peuplades du Caucase.

Du côté de l'Orient, des émigrations considérables avaient eu lieu sur le territoire nouvellement concédé aux Russes. Le général Lazaref, chargé par le comte d'Erivan d'agir sur l'esprit des populations arméniennes, favorisa le départ et l'établissement de plus de dix mille familles. Le patriar

che de l'Église arménienne, dont le siége œcuménique était le monastère d'Etchmiazdin, fut attiré à Érivan, et cette ville, sous l'administration des Russes, ne peut manquer d'amener avec le temps la décadence d'Erze

roum.

Nous avons vu que les conquêtes des Russes dans la Turquie d'Asie leur permettaient d'agir d'une manière prompte et presque irrésistible, dans le cas d'une guerre en Orient, soit contre la Perse, soit contre la Porte ottomane; mais un des plus grands avantages de la position que leur assurent les traités d'Andrinople et de Tourkmantchai, c'est d'entourer par mer et par terre les peuplades guerrières du Caucase qui luttent encore aujourd'hui contre les armes du tsar. La résistance de ces belliqueux montagnards, les relations récentes des Anglais sur ces contrées peu connues, et dont les retraites inaccessibles semblent défier les efforts de la tactique militaire non moins que les bienfaits de la civilisation, tout appelle sur la Circassie un intérêt rendu plus vif encore par la situation actuelle de l'Orient. Nous croyons donc utile de rassembler ici quelques détails sur les régions caucasiennes.

La cession de la Géorgie ouvrait aux Russes le versant méridional du Caucase; de Tiflis, ils peuvent facilement se porter le long de l'Ararat ; et les forts qu'ils possèdent dans les khanats d'Erivan et de Nakhitchévan les mettent à l'abri de toute entreprise sérieuse de la part de la Perse et des Turcs. Les Circassiens s'étaient placés sous la suzeraineté des sultans, qui les ont abandonnés à la Russie. Mais ces montagnards ne se regardent point comme liés par des traités conclus sans leur participation; ils ont déclaré qu'ils reconnaîtraient volontairement l'autorité de la Porte, mais que nulle puissance au monde n'avait le droit de les soumettre aux Russes, contre lesquels ils nourrissent une haine profonde. Les montagnards du Caucase présentent une diversité presque infinie de races, de sectes, d'idiomes et

d'institutions. Il est difficile d'évaluer d'une manière exacte le chiffre de toutes ces populations. Reinegg, selon le Port-folio, paraît être la meilleure autorité; Klaproth l'évalue trop bas par système; les rapports russes officiels le représentent par un million cent cinquante mille âmes; les autorités locales le portent quatre millions; nous pouvons, sans craindre de nous tromper, l'estimer à plus de trois millions... La population entière est armée. Il n'y a pas de petite ferme où l'on ne trouve un yatagan, un sabre, un fusil, ou un arc et des flèches. Beaucoup d'habitants possèdent un armement riche et pittoresque; vers l'ouest et le sud, on rencontre un nombre considérable de cavaliers, et chaque ferme entretient un cheval de guerre. Les Circassiens et les Cabardiens sont tous cavaliers, et ils ont fréquemment à la bouche la menace de marcher sur Moscou.

Dans l'intervalle qui sépare les lignes du Terek de celles du Kouban, la Russie ne possède que ses stations militaires. Les Circassiens ont poussé à plusieurs reprises des corps de cinq à dix mille hommes à travers cette frontière militaire; ils ont pénétré fort loin dans l'intérieur de la Russie, et, balayant tout devant eux, ils en ont emmené de nombreux troupeaux de bêtes à cornes et à laine, faisant en outre des prisonniers qu'ils rendaient plus tard, soit par échange, soit moyennant une rançon. Leurs sabres sont de fabrique indigène; ils préparent eux-mêmes leur sellerie et leur buffleterie quant au plomb et à la poudre, ils étaient dans l'habitude de les importer de l'étranger; mais, depuis l'interruption que la Russie impose à leur commerce, ils s'en fournissent par eux-mêmes, quoique avec assez de difficulté.

Le pays abonde en premières nécessités de la vie; le seul luxe des habitants, c'est d'avoir de belles armes. Le costume des Circassiens est simple et parfaitement adapté à leurs habitudes guerrières: c'est un bonnet de peau de mouton, et un habit en forme

de redingote d'une sorte de flanelle épaisse, de couleur grise, avec des poches destinées aux cartouches sur le devant, et serré par une ceinture autour des reins. Leurs pantalons sont faits de la même étoffe; une seule pièce de l'habillement admet quelque recherche ce sont des bottines en maroquin rouge ou noir, que les chefs portent ornées de broderies. A peine y a-t-il quelque autre différence dans le costume des personnes de rangs différents; malgré cela, le peuple observe un grand respect pour les anciens, les anciens à l'égard des nobles, et les nobles pour les princes.

Dans les guerres intérieures et dans les guerres défensives, il paraîtrait que ce sont les princes qui décident et font exécuter les mesures nécessaires. Mais, lorsqu'il est question d'une expédition au dehors, la troupe entière se rassemble, et procède à l'élection d'un chef, qui a un pouvoir despotique et irresponsable tant que dure l'expédition.

Pour les affaires intérieures, l'autorité suprême est héréditaire en quelques endroits; ailleurs, elle n'existe que sous des formes entièrement républicaines, et se trouve entre les mains d'un conseil élu parmi les chefs de municipalité qui représentent chaque village. Dans beaucoup de lieux, l'administration de la justice est confiée à des assemblées régulières, où tous les intérêts sont débattus, comme jadis, en Grèce, dans les assemblées du peuple. (Port-folio.)

Les rivalités de peuplades à peuplades, les haines vivaces entre les familles et les individus, empêchent les Circassiens de lutter avec ensemble contre les corps russes qui les harcèlent. Cependant la communauté du danger les a réunis souvent dans une même pensée de salut et de haine contre leurs oppresseurs. Peut-être leurs subdivisions et leur manière de guerroyer que favorisent les localités, sont-elles plus efficaces pour la défense, que si, en adoptant une organisation militaire plus savante, ils se hasardaient plus souvent à combattre par

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