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Finlande; les Vesses, sur le BiéloOzéro (lac Blanc); les Permiens, dans le gouvernement de Perm; les Ostiaks actuels de Bérézof, sur l'Ob et la Sozva; et les Petchores, sur la Petchora. Plusieurs de ces peuples ont disparu; d'autres se sont incorporés à la Russie; mais tous, d'après la langue qu'ils parlent, peuvent être regardés, aussi bien que les Lapons, les Tchouvaches et quelques autres, comme ayant une origine finoise.

Les Finois, cités par Tacite, qui les place dans le voisinage des Vénèdes, paraissent avoir peuplé la Norwége, la Suède et le Danemark. Les mœurs paisibles des Lapons et des Finois de nos jours ont une analogie frappante avec celles que Tacite leur attribue. Cependant les Finois - Russes paraissaient plus avancés en civilisation, et moins indolents que les autres.

Nestor fait encore mention des Letgoliens, des Zimgoliens dans la Sémigalie; des Korses en Courlande; et des Lithuaniens, qui, avec les anciens Prussiens, formaient le peuple latiche. Si les peuplades slaves eussent été réunies par un lien commun, aucune autre nation n'aurait pu lutter contre elles; mais divisées d'intérêts, elles s'affaiblissaient par des guerres intestines. Les Polaniens de Kief furent attaqués par les Drevliens jaloux de leur prospérité agricole ces guerres favorisèrent les entreprises des ennemis étrangers les Obres ou Avars désolèrent les bords du Boug; au sud surgirent les Khozars, peuples d'origine turque; et au nord, les Variègues.

Les Khozars sont connus en Europe dès le quatrième siècle; confondus avec les Huns dans les déserts d'Astrakhan, subjugués par Attila, puis par les Bulgares, ils étaient encore en état de faire trembler l'Asie méridionale. Cosroès, roi de Perse, pour se garantir de leurs brigandages, entoura ses États du côté menacé, par une grande muraille, appelée caucasienne, et dont les ruines subsistent encore. Au septième siècle, ils prêtent leur secours à l'empereur de Constantinople, entrent avec lui dans la Perse, battent les

Ougres et les Bulgares, et fondent ce vaste État qui subsista plusieurs siècles sous le nom de Khozarie. Ils soutinrent à différentes reprises, des guerres sanglantes contre les Arabes; tout à coup, vers le commencement du huitième siècle, ils parurent sur les bords du Dniepr et de l'Oka, et soumirent ces populations slaves à leur joug, exigeant des habitants un glaive et un écureuil par feu. Ce dernier impôt tirait sa valeur du climat. Au reste leur domination paraît avoir été tolérable, et elle ne s'étendit guère au delà de l'Oka.

Les Novgorodiens et les Krivitches restèrent libres jusqu'en 859. A cette époque, les Variègues, sortis des extrémités de la Baltique, vinrent imposer des tributs aux Tchoudes, aux Slaves d'Ilmen, aux Krivitches et aux Mériens. Deux ans après, ils furent repoussés; mais les Slaves, déchirés par des dissensions, rappelèrent trois frères variègues, de race russe, qui donnèrent le nom de Russie au pays qui reconnut leur domination. Nous n'entrerons pas dans les détails donnés par Karamzin, qui s'appuie sur Nestor pour établir l'origine des Variègues ; nous nous bornerons à dire que la Baltique portait anciennement le nom de mer des Variègues, et que, selon toute apparence, ils appartenaient à la souche scandinave, ou à ces Normands qui remplirent l'Europe de ruines et de désolation, et qui, selon Forster, avaient découvert l'Amérique septentrionale dès l'an 1001 : d'ailleurs, les noms Rurik, Sinéous et Trouvor, qui sont ceux de ces trois frères variègues, sont incontestablement normands.

Quant à l'origine du mot russe, les uns le font dériver d'une province suédoise appelée Ros-lagen, d'autres, du Kurisch-Haff, appelé Rousna par les Prussiens ces derniers donnaient le nom de Porussié (Prusse) au pays qui s'étendait le long du bras septentrional du Niémen désigné par le nom de Russ.

Karamzin, qui tient à honneur de ne point laisser douteuse la nationalité

de ces chefs variègues, essaye de concilier les deux opinions, en donnant pour ancêtres aux Prussiens les Scandinaves de Ros-lagen. Pour nous, qui croyons que les Russes peuvent se passer d'une démonstration rigoureuse à cet égard, nous admettrons comme un fait que Rurik était Variègue, et, comme un autre, que les pays qui l'appelèrent ou le subirent recurent à cette époque le nom de Russie.

Nous allons donner les traits principaux de la physionomie de ce peuple; leur histoire en sera mieux comprise.

Les Slaves étaient en général agiles et robustes; leur extérieur était négligé, et leur chevelure blonde accusait une origine européenne. Leur intrépidité était si reconnue, que le khan des Avars en formait ordinairement l'avant-garde de ses troupes. Cependant ils ignoraient l'art de diriger et d'utiliser des forces nombreuses; ils se ruaient sans ordre sur l'ennemi, l'enfonçaient ou périssaient dans ses rangs; mais ils avaient une habileté particulière pour la guerre de partisans

leurs armes consistaient en sabres, javelots, flèches empoisonnées, et en boucliers massifs. Avides de butin, ils étaient naturellement attirés par les richesses des contrées méridionales, et ils les enlevaient sans fruit, obéissant à je ne sais quel instinct de rapacité, puisqu'ils les enfouissaient dans la terre. En temps de paix, ils se montraient simples et hospitaliers, comme la plupart des peuples nomades qui connaissent le prix d'un gîte après de longues courses dans des solitudes sans ressource. Pour traiter un hôte, le Slave pauvre pouvait voler son voisin; tant l'ignorance confond avec facilité les limites du juste et de l'injuste! La foi conjugale était en honneur chez les uns, et méprisée chez les autres. Les femmes étaient esclaves de leurs maris, et se croyaient destinées à les servir encore dans une autre vie; quelquefois elles les suivaient à la guerre. Les vengeances étaient impla cables, et le sang vengeait toujours le sang.

Si la famille était trop nombreuse, une mère pouvait tuer son fruit pourvu que le nouveau-né ne fût pas mâle; et à leur tour, les enfants avaient le droit de se défaire de leurs parents quand l'âge les rendait à charge à leur famille.

En général, les Slaves polaniens ou habitants des plaines étaient moins inhumains que les Sévériens, Radimitches, Viatitches, qui, de même que les Drevliens, vivaient dans les forêts. Les déprédations des hordes slaves errantes empêchèrent sans doute que les tribus à demeure fixe tirassent de leurs champs toutes les richesses agricoles que recélait leur fertilité. Les Slaves les plus civilisés vivaient de lait, de millet et de sarrasin; les autres, du produit de leur chasse : tous se couvraient de peaux d'animaux. L'hydromel était leur boisson favorite. Les femmes portaient de longues robes, et se paraient de grains de verre ou de métal, conquis à la guerre ou échangés contre des fourrures avec des marchands étrangers.

Dès le huitième siècle, les Slaves allaient eux-mêmes commercer dans les pays étrangers; Charlemagne désigna quelques commissaires pour traiter avec eux dans plusieurs villes de la Germanie. Au moyen âge, le com merce florissait dans des villes slaves, telles que Vinette ou Julin, à l'embou chure de l'Oder; Arcon, dans l'île de Rughen, etc.; mais, jusqu'à l'introduction du christianisme, le commerce des Slaves ne consistait qu'en échanges, et ils ne prenaient l'or des étran gers que comme marchandise (*).

Quant aux arts, ils imitaient grossièrement ce qu'ils avaient vu chez les étrangers, et longtemps ils négligèrent l'architecture, se contentant de huttes et de cabanes.

On ne s'attendrait guère à rencontrer des troubadours et des trouvères dans ces régions glacées; cependant, les Vénèdes de la Baltique dirent à l'em pereur de Constantinople que la musique était leur plus douce occupation,

(*) Karamzin,

et qu'au lieu d'armes ils ne portaient dans leurs voyages que des luths et des harpes qu'ils faisaient eux-mêmes. La musette, le goudok (*) et le chalumeau se retrouvent encore chez tous les peuples slaves.

Les chansons populaires prirent un caractère guerrier; quelques-unes paraissent fort anciennes, et leur signification naïve est un reflet précieux des mœurs aux diverses époques.

Des rapports plus suivis avec les étrangers, et probablement les esclaves qu'ils ramenaient de leurs expéditions, leur inspirèrent le goût des arts; leurs habitations se rapprochèrent, et, comme chez tous les peuples, les lumières jaillirent de l'agglomération. Dans le moyen âge, cette union se resserra par la coutume que prirent les Slaves de se rendre à certaines époques dans des temples pour y interroger leurs idoles. Ils devaient sans doute cette pratique superstitieuse aux Grecs; seulement les noms étaient changés: au lieu de Delphes, c'était le temple de la ville de Rhétra dans le Mecklenbourg, le plus célèbre de tous; et là, comme en Grèce, des prêtres intéressés faisaient parler les idoles. Il se tenait alors des espèces de diètes, principe fécond des confédérations slaves, empreintes dans l'origine d'un esprit républicain.

Peu à peu le gouvernement devint aristocratique. L'habileté et les actions glorieuses constituèrent la première noblesse; et les priviléges du guerrier s'inféodèrent dans sa famille. Ce pouvoir était indiqué chez les Slaves par les noms de boyards, voïévodes, kniaz, panns, joupanns, karols ou krols.

Le premier de ces titres vient du mot boi (combat), celui de voiévode se donnait primitivement au chef d'une armée; en Pologne, il indique de plus un juge. Le mot kniaz vient sans doute de kongne (cheval). Châteaubriand dit que toute noblesse vient du cheval. En Croatie et en Servie, on appelait kniaz les frères du roi, et en

(*) Espèce de cornemuse.

Dalmatie, le juge suprême portait le titre de veliki-kniaz ou grand-prince. Le mot pann désigne encore en polonais un seigneur; joupann signifiait un gouverneur de district ou doyen, du mot joupa (bourg). En Autriche et dans la haute Saxe, les paysans slaves n'appellent pas autrement leurs juges; et ce qui confirme dans l'opinion que ces fonctions étaient primitivement électives, c'est que dans quelques villages de la Lusace et du Brandebourg, les paysans choisissent secrètement un roi, auquel ils payent le même tribut que leurs ancêtres payaient aux joupanns du temps de leur liberté. Enfin, en Servie, en Dalmatie et en Bohême, les souverains prenaient le titre de krali ou karali, c'est-à-dire, selon quelques-uns, punisseurs de crimes, du mot kara, châtiment.

C'est ainsi que le pouvoir militaire, le premier institué chez les Slaves, absorba insensiblement les fonctions judiciaires et administratives.

Les Slaves qui faisaient leurs chefs, les déposaient en cas de mécontentement; c'était une conséquence logique de leur droit. En général, le bon sens de ces peuples les tenait en méfiance contre la succession au pouvoir dans les mêmes familles, coutume qui tue la liberté.

Dans la Carinthie slave, le duc élu paraissait devant le peuple assemblé, couvert de haillons, tandis qu'un laboureur était assis sur une pierre de granit comme sur un trône. Le nou veau souverain jurait de défendre la religion et la justice, et d'être l'appui des veuves et des orphelins; alors le laboureur lui cédait sa place, et tous lui juraient fidélité. Ainsi le prince était averti qu'il n'était rien que par le peuple qui lui dictait les conditions du contrat.

Il est à remarquer que ces mœurs électives restèrent en vigueur chez les Slaves païens, et que le principe de la transmission héréditaire du pouvoir s'introduisit avec le christianisme, dont les princes se servirent pour assurer leur puissance à leurs descendants.

Nous ne nous arrêterons pas long

temps sur la religion des Slaves; ils adoraient Péroun, le dieu de la foudre, Beli-bog (dieu blanc), Tcherno-bog (dieu noir); ces deux divinités répondaient au bon et au mauvais principe des Perses. Ils représentaient Tchernobog sous la figure d'un lion, et croyaient conjurer sa puissance malfaisante par la musique de certains sorciers. Le dieu Sviatovid prédisait l'avenir et protégeait dans les combats. Sa statue colossale était couverte d'un vêtement court, fait de différentes espèces de bois. Cette statue avait quatre têtes, deux poitrines, une barbe soigneusement peignée, et les cheveux taillés; debout sur la terre, elle tenait d'une main un arc, et de l'autre, une corne remplie de vin. Auprès de l'idole étaient suspendus une bride, une selle et un glaive.

La principale idole de la ville de Rhétra était Radegaste, dieu de l'hospitalité. Les Slaves de la Baltique adoraient aussi Vodane ou l'Odin des Scandinaves, et mêlaient à ce culte celui de quelques divinités empruntées aux Grecs. Tchislobog était le dieu des nombres; Zembog celui de la terre. Le premier était représenté sous la forme d'une femme tenant une lune, première base du calcul du temps; le second présidait à la chasse. Némisa commandait aux vents et à l'air; sa tête était ornée d'ailes et de rayons, et son corps portait un oiseau aux ailes éployées. Volosse était le dieu des troupeaux, Lado celui de l'amour; Koupal présidait aux fruits, Koliada à la paix et aux solennités. Nous citerons aussi les Domavoïes ou démons de la demeure, et les Leschies, esprits follets. Ils adoraient encore l'esprit des fleuves et des lacs, divinisant, comme les peuples barbares, la cause de leurs craintes et de leurs espérances. Les enseignes militaires étaient également l'objet de leur culte.

D'abord ces divinités, grossièrement représentées, furent exhaussées sur des pierres; les prêtres, pour se mettre à l'abri, les transportèrent dans des forêts ou dans les villes, et les offrandes des crédules enrichirent par la suite ces temples. Celui de Stettin

était de tous le plus remarquable; les habitants y consacraient la dime de leur butin. Les Slaves se réunissaient dans ces gonlines ou temples pour y célébrer des festins, et pour y discuter sur les grands intérêts de la patrie. Les prêtres avaient le privilége de laisser croître leur barbe et de rester assis pendant les sacrifices. Les chefs avaient intérêt à les ménager; aussi quelques-uns de ces pontifes usurpèrent la puissance temporelle: c'est ainsi que le grand prêtre de Rughen était plus redouté que le roi lui-même. Ils prédisaient l'avenir en faisant franchir les javelots à un cheval consacré; s'il levait le pied droit le premier, c'était un augure favorable. Une foule de superstitions analogues accompagnaient ces différents cultes, et marquaient les funérailles des citoyens. On élevait un bûcher dans le cimetière, et on y brûlait le corps du mort avec sa femme, son cheval et ses armes puis on recueillait ses cendres dans une urne d'argile, de cuivre ou de verre, et on les enfouissait dans la terre avec des lacrymatoires. Quelquefois on accumulait des pierres sur la tombe, ou l'on y élevait des colonnes. Les funérailles se terminaient par une solennité joyeuse, appelée strava. Au reste, les usages variaient selon les peuplades.

On ne peut guère juger de la langue primitive des Slaves que par la traduction de la Bible et de quelques autres livres d'église, traduits du grec dans le onzième siècle, par saint Cyrille, saint Méthodius et leurs continuateurs: mais l'idiome a dû s'enrichir comme la pensée elle-même, et la dispersion des tribus slaves a donné naissance à plusieurs dialectes dont les principaux sont: 1° le russe, le plus riche de tous; 2o le polonais, mélangé de latin et d'allemand, qu'on parle non- seulement dans la Pologne ac tuelle, mais encore dans quelques provinces de Prusse, en Silésie et au delà de l'Oder; 3° le tchèque usité en Moravie, en Bohême et dans la Hongrie, et qui se rapproche le plus du caractère du slavon de la Bible; 4° l'illyrien

ou bulgare, le plus grossier de tous; 5° le croate qui se parle dans la Styrie, la Carinthie et la Carniole. Quant à l'origine du slavon, les uns l'attribuent aux langues mères de l'Asie; d'autres y trouvent plus de rapport avec le grec et le latin; mais les différences étant plus sensibles que les rapports, il sera plus naturel de regarder le slavon comme une langue primordiale, ou du moins aussi ancienne que toutes celles que nous connais

sons.

On ignore comment l'écriture fut révélée aux peuples du nord de l'Europe. Est-ce par les Pheniciens qui allaient chercher de l'étain aux fles Britanniques et de l'ambre jaune en Prusse, ou bien, par les habitants de l'Europe méridionale? Cette seconde hypothese paraîtrait plus vraisemblable, attendu que les caractères runiques et gothiques ont plus d'analogie avec ceux des Grecs et des Latins qu'avec les lettres phéniciennes. Quoi qu'il en soit, les Slaves, Bohémiens, Illyriens et Russes n'eurent pas d'alphabet jusqu'en 865, époque à laquelle le philosophe Constantin, connu dans l'état monastique sous le nom de Cyrille, et son frère Méthodius, furent envoyés par Michel, empereur d'Orient, pour traduire les livres saints dans la langue morave. Ils inventèrent un alphabet particulier calqué sur les lettres grecques, auquel on ajouta onze caracteres. Sauf quelques variations, cet alphabet, nommé Cyrillien, est maintenant en usage en Russie, en Valachie, en Moldavie, en Bulgarie et en Servie. Les Dalmates en ont un autre appelé Glagolien, qu'on attribue à tort à saint Jérôme, et qui a été visiblement calqué sur l'alphabet cyrillien. Les chrétiens de Moravie, en adoptant la confession romaine, prirent les lettres latines en même temps que les Polonais. Au onzième siècle, les évêques de Salonique déclarèrent Methodius hérétique, et condamnèrent l'écriture slavonne comme une invention des Goths ariens. Cette prohibition engagea probablement quelques moines dalmates à inventer un nouvel alphabet, qu'ils cou

vrirent de la prétendue sanction de saint Jérôme (*).

CHAPITRE II.

RURIK, SINEOUS ET TROUVOR.

862-879. Il paraît qu'antérieurement à l'arrivée de Rurik, les Variègues s'étaient emparés du pays des Tchoudes et de quelques peuplades slaves; et que les boyards, obligés de fléchir devant la puissance de ces étrangers, soulevèrent le peuple et les chassèrent. Bientôt, soit que les chefs de cette réaction n'aient pu s'entendre, ou que les gouvernés, las de ces luttes, aient regretté le joug des Variègues que leur civilisation devait rendre plus léger, les Slaves, sur l'invitation d'un des anciens de Novgorod, qu'une tradition nomme Gostomysle (**), demandèrent des souverains à leurs premiers maî

tres.

Trois frères, Rurik, Sinéous et Trouvor, accueillirent cette étrange proposition, et vinrent s'établir chez les Slaves, suivis d'une troupe nombreuse de guerriers scandinaves, pour soutenir par la force les droits que ce même peuple leur aurait peut-être contestés. Rurik s'établit à Novgorod, Sinéous à Bielo-Ozéro, et Trouvor à Izborsk, ville des Krivitches. Smolensk et Polotsk gardèrent leur indépendance. Ainsi, le pouvoir de ces princes étrangers ne comprenait que les gouvernements actuels de Saint-Pétersbourg, d'Esthonie, de Novgorod et de Pskof; et tout ce pays prit dès lors le nom de Russie.

Quelques historiens prétendent que les Slaves ne tardèrent pas à regretter leur liberté, et que Vadim, surnommé le Brave, succomba à Novgorod sous les coups de Rurik.

Deux ans après, Sinéous et Trouvor moururent; leur frère s'empara de leurs États, et fonda ainsi la monar

(*) Ce premier chapitre est presque entièrement extrait de Karamzin.

(**) Le nom même de Gostomysle (pensée d'hospitalité) nous paraît une invraisemblance de plus,

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