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la bataille dura un jour entier; enfin ces barbares furent presque tous exterminés, et la Russie fut délivrée de leurs invasions. Yaroslaf éleva une église sur le lieu même du combat. Ce prince agrandit l'enceinte de sa capitale, qu'il entoura de murailles de briques, et dont la porte principale, à l'instar de Constantinople, fut appelée porte d'or. Il fonda aussi les monastères de Saint-Georges et de SainteIrène, et fit traduire les livres sacrés du grec en slavon. Sa piété éclairée ne l'empêcha point de faire la guerre aux Yatviagues, aux Lithuaniens et aux Maroviens. Vladimir, son fils, subjugua les Yames ou Finois modernes. Cependant la bonne intelligence qui régnait entre les Grecs et les Russes fut troublée par une querelle particulière, dans laquelle un Russe de distinction fut mis à mort. Le grand prince exigea une réparation qui lui fut refusée. Alors, résolu à châtier ses alliés, il donne le commandement de son armée à Vychata, et ordonne à Vladimir de marcher avec ce voïévode contre Constantinople. Constantin Monomaque envoie au jeune prince des ambassadeurs qui sont renvoyés avec arrogance, et l'empereur s'avance en personne à la rencontre des Russes. Le feu grégeois et la tempête dispersa leur flotte; cependant, avec les débris de ses forces, Vladimir prit ou brûla vingt-quatre galères ennemies, et revint à Kief, emmenant un grand nombre de prisonniers. C'était un avantage d'escarmouche après la perte d'une bataille. Vychata et les soldats qui lui restaient, furent faits prisonniers, et conduits à Constantinople, où l'empereur leur fit arracher les yeux. Ce fut la dernière tentative de ce genre que firent les Russes contre les empereurs grecs. Trois ans après, la paix fut conclue, et Yaroslaf forma des alliances avec plusieurs princes de l'Europe; sa sœur Marie Dobrognéva épousa Casimir, roi de Pologne; Élisabeth, sa fille aînée, fut unie au roi de Norwége, Harald; Anne, la seconde, épousa Henri 1, roi de France. Ce monar

que, pour échapper à l'anathème fulminé contre les princes qui prenaient pour épouses des femmes alliées à leur famille par les liens du sang, envoya des ambassadeurs au fond de la Russie pour demander la fille du grand prince. Anastasie, la troisième, épousa André Ier, roi de Hongrie. Outre Vladimir, Yaroslaf avait encore cinq fils, savoir: Ysiaslaf, Sviatoslaf, Vsevolod, Viatcheslaf et Igor. Le premier épousa la sœur du roi de Pologne; et, selon Nestor, Vsévolod s'unit à une princesse grecque: on ne sait rien de positif sur le mariage des autres, qui moururent jeunes.

1051. Yaroslaf, malgré sa piété, était en garde contre l'ambition des empereurs grecs. En 1051, il convoqua les évêques à Kief, à l'effet d'élire un métropolitain russe, et fit tomber le choix sur le vertueux Hilarion.

Lorsque Yaroslaf sentit que sa fin était prochaine, il rassembla ses enfants, leur recommanda la concorde et la justice, et désigna Ysiaslaf pour son successeur; il donna Tchernigof à Sviatoslaf, Péréiaslavle à Vsevolod, et Smolensk à Viatcheslaf. Il mourut bientôt après à Vychégorod, âgé de plus de soixante-dix ans. C'est à ce prince qu'on attribue le plus ancien code de lois civiles, connu sous le nom de droit russe (*). Les annales lui ont donné le nom de sage, malgré ses superstitions. Peut-être a-t-il mieux mérité celui non moins glorieux de législateur.

YSIASLAF.

1054-1077. Les Polovtsi, peuple nomade, de même origine que les Petchénègues, vainqueurs de ces derniers et des Ouses, s'emparèrent des côtes de la mer Noire jusqu'à la Moldavie,

(*) Dans une copie du code d'Yaroslaf, trouvée à Novgorod, on lit que le demandeur doit comparaitre avec l'accusé devant douze citoyens, jurés assermentés. Cette coutume, introduite par les Normands en Angleterre, avait sans doute été portée en Russie par les Variegues.

ruinèrent tout sur leur passage, et vinrent fondre sur la Russie. Leur prince Sékal battit Vsevolod, qui gouvernait à Péréiaslayle, et s'en retourna sur le Don avec un riche butin.

Cependant les fils d'Yaroslaf vivaient dans l'union, lorsque tout à coup la guerre civile éclata dans la province de Tmoutorokan. Rostislaf n'avait point reçu d'apanage; suivi de quelques aventuriers de Novgorod, il chassa Gleb de Tmoutorokan. Alors Sviatoslaf, prince de Tchernigof, marche contre l'usurpateur, qui lui rend la ville sans résistance. Mais à peine est-il éloigné, que Rostislaf s'empare de nouveau de sa première conquête. Les Grecs, craignant son courage et son ambition, le firent empoisonner. Vseslaf, prince de Polotsk, tombe inopinément sur Novgorod qu'il met au pillage. Les autres fils d'Yaroslaf entrent dans les terres de Vseslaf, prennent Minsk, et rencontrent leur ennemi sur les bords du Niémen. Le grand prince reste victorieux; mais, redoutant encore son neveu, il l'attire sous prétexte d'une conférence, et le fait conduire à Kief où il est jeté en prison. Quelques mois après, Ysiaslaf, vaincu par les Polovtsi, se sauve à Kief avec Vsévolod à son arrivée, une sédition éclate; Vseslaf est délivré, et Ysiaslaf se réfugie en Pologne, où Boleslas II lui fournit les moyens de recouvrer sa capitale. Peu de temps après, l'ambition de ses frères l'oblige à fuir une seconde fois. Rebuté par Boleslas, il implora le secours de Henri IV, empereur d'Allemagne, qui envoya des ambassadeurs à Kief, pour appuyer les droits du prince fugitif; mais l'usurpateur Sviatoslaf les congédia comblés de riches présents. Alors Ysiaslaf s'adressa au pape Grégoire VII, s'engageant, s'il le rétablissait dans ses domaines, à reconnaître non-seulement l'autorité spirituelle, mais encore le pouvoir temporel des papes sur la Russie. Sur ces entrefaites, Sviatoslaf mourut; et le prince exilé, à la tête de quelques milliers de Polonais, rentra en Volhynie où il rencontra Vsevolod qui lui

offrit la paix, et lui abandonna Kief, ne se réservant que la principauté de Tchernigof. Chassé lui-même de ses États par Oleg et Boris, il trouva un asile auprès d'Ysiaslaf. Ce prince fut tué d'un coup de lance dans un combat où Boris perdit la vie. Ysiaslaf fut généralement regretté. Il avait remplacé la peine de mort par des amendes pécuniaires. Ce fut sous son règne que fut fondé à Kief le monastère de Pétchersky.

VSÉVOLOD.

1078-1093. Vsévolod succéda à son frère, au préjudice des fils d'Ysiaslaf; Sviatopolk, Yaropolk, et Monomaque, eurent, le premier, Novgorod ; le deuxième, Vladimir et Tourof; et le dernier, Tchernigof.

Roman Sviatoslavitch, prince de Tmoutorokan, fut massacré par les Polovtsi qu'il avait pris à sa solde, pour venger Boris et Oleg. Un frère de ce prince, nommé aussi Oleg, qui avait été conduit captif à Constantinople, revint au bout de quelques années et s'empara de Tmoutorokan.

Il serait fastidieux de s'étendre sur les querelles qui se succéderent, sans autre résultat pour la Russie que des déplacements continuels de pouvoir entre les princes apanagės; il faut rapporter à cette époque l'invasion des Bulgares dans les terres de Mourom, et la peste qui, à la suite d'une cruelle famine, désola des provinces entières. Les Polovtsi profitèrent de la consternation générale pour exercer leurs brigandages. Le faible Vsevolod, en gémissant sur tant de désastres, expira dans les bras de Vladimir et de Rostislaf.

SVIATOPOLK.

1093. Vladimir, fils du grand prince, céda le trône à Sviatopolk, et partit pour Tehernigof, tandis que son frère Rostislaf se rendait à Péréiaslavle. Sviatopolk fit arrêter et enfermer les ambassadeurs des Polovtsi : ceux-ci prennent les armes ; les princes russes, peu d'accord entre eux, les rejoignent sur les bords de la Stougna. L'armée

russe fut taillée en pièces; le jeune Rostislaf se noya dans le fleuve ; et Monomaque retourna à Tchernigof, tandis que Sviatopolk reprit le chemin de Kief. Sviatopolk essaye en vain de désarmer les Polovtsi, en épousant la fille de leur chef; il venait d'être battu par eux sous les murs de sa capitale ; mais ces barbares, appuyant les prétentions d'Oleg, prince de Tmoutorokan, sur l'apanage de Tchernigof, vinrent faire le siége de cette ville. Toujours généreux, ou peut-être trop faible pour résister, Monomaque cède à Oleg ses États, et va s'établir à Péréiáslavle.

Sièges de villes, trahisons, dissensions intestines, revers et succès, guerres civiles, incendies et massacres, tels sont les événements qui remplissent ce règne. Un David fait arracher les yeux à un Vassilko, dont cet horrible supplice ne peut dompter le courage; des chefs font eux-mêmes l'office de bourreaux; et au milieu de ces cruelles représailles, on passe tour à tour de la pitié à l'horreur, et il ne reste bientôt plus qu'un sentiment de lassitude et de dégoût. La patrie n'est plus rien pour ces princes avides; ils n'ont pas honte d'appeler à leur secours les Polovtsi, les Polonais, les Hongrois; la force seule constitue le droit, et au besoin la ruse supplée à la force. Au milieu de ces crimes, les peuples apprirent à mépriser leurs chefs, et plus d'une fois ils méconnurent leur autorité. En vain les princes apanagés se réunirent en congrès pour délibérer sur les malheurs de la patrie, et pour s'armer contre l'ennemi commun; l'intérêt particulier paralysait ces mesures salutaires; la victoire elle-même restait stérile. Cependant les Russes osèrent aller attaquer les Polovtsi jusque dans leurs repaires, et le succès couronna leurs efforts, dès qu'ils combattirent réunis.

Sviatopolk mourut en 1113, prince faible dans le malheur, autant qu'orgueilleux et inconsidéré dans la bonne fortune. Sans la main puissante de Monomaque qui le soutint sur le trône, ses fautes et ses crimes eussent

bientôt causé sa chute. Ses filles s'unirent à des princes de Pologne, de Grèce et de Hongrie. Sous son règne, l'abbé russe Daniel visita les saints lieux, protégé par Baudouin, roi de Jérusalem. C'est également à cette époque que finissent les annales de Nestor.

VLADIMIR MONOMAQUE.

1113-1125. Les Kiéviens offrirent le trône à Monomaque, comme au plus digne: il refusa d'abord; mais bientôt, pour apaiser les troubles, il se rendit à leurs pressantes sollicitations. Les descendants directs de Sviatoslaf ne s'opposèrent point au vœu général; et, contents de leurs apanages respectifs, ils vécurent en bonne intelligence. Les premiers actes de son règne furent des solennités pieuses et des règlements contre l'usure. Ses fils se signalèrent par des expéditions contre les Tchoudes, les Finois et les Polovtsi; lui-même chassa de ses États les Tures et les Petchénègues. Il accueillit avec bonté les Klobouks noirs, ou Circassiens, ainsi que les Biélovégiens. Vainqueur de ses voisins, et disposant à son gré des princes apanagés, il porta ses armes contre Andrinople. Alexis Comnène, effrayé de cette attaque, lui envoya, entre autres présents, la chaîne d'or et le collier de Constantin Monomaque, aïeul de ? Vladimir. Néophyte, chargé de cette mission, plaça sur son front la couronne impériale, et le proclama césar ou tsar de Russie. Flatté de ces distinctions, qui semblaient présager la grandeur future de la Russie, le grand prince consentit à la paix.

La douceur et la piété de Monomaque n'excluaient pas une fermeté salutaire. Gleb veut remuer; il perd ses villes et la liberté; Novgorod, habituée à une liberté turbulente, se courbe sous son sceptre, et perd le droit d'élire ses gouverneurs. Yaroslaf ose mécontenter son oncle; il est obligé de fuir en Pologne; aidé de ces alliés et des Hongrois, il rentre en Russie pour reprendre la ville de Vladimir,

mais il est tué dans une embuscade; et le grand prince réunit à son apanage Minsk et Vladimir.

Après avoir régné treize ans à Kief, Vladimir Monomaque mourut dans sa soixante-treizième année, non moins célèbre par ses vertus que par ses victoires. Les derniers conseils qu'il donna à ses fils sont un monument bien remarquable, pour ces temps barbares, de piété, de pureté de mœurs et de sagesse. Une seule fois, Monomaque viola le droit des gens, dans la personne des ambassadeurs Polovtsi; le caractère de ce peuple, s'il n'excuse point cet acte, l'explique du moins. L'imagination, fatiguée de meurtres et de perfidies, se repose en suivant les traces glorieuses de ses exploits et de sa politique. Il laissa Icing enfants de sa troisième femme : ses filles et ses petites-filles contractèrent d'illustres alliances avec des princes de Norwége, de Danemark et de l'empire grec.

MSTISLAF.

1125-1132. Mstislaf, fils de Vladımir, prit le titre de grand prince: ses frères Yaropolk, Viatcheslaf, André et Georges, gouvernaient leurs apanages de Péreiaslavle, Tourof, Vladimir et Souzdal: Ysiaslaf et Rostislaf, fils de Mstislaf, étaient maîtres de Koursk et de Smolensk. Le regne du grand prince était une. digne continuation de celui de son père. Yaropolk bat les Polovtsi; Mstislaf, fléchi par les conseils des prêtres, pardonne à Vsevolod qui avait chassé de Tchernigof son oncle Yaroslaf. Ce dernier se réfugie à Mourom où il meurt deux ans après. Mstislaf se repentit toute la vie de cette faiblesse. Il repoussa au delà du Volga les Polovtsi, força par ses armes Vladi mirko et Rostislaf à suspendre leurs querelles, et à se contenter de leurs apanages. Plus tard, il défit et exila à Constantinople les princes indépendants de Polotsk, dont il donna la principauté ainsi que celle de Minsk à son fils Ysiaslaf. Tandis que Vsevolod,

prince de Novgorod, soumettait les Esthoniens, Mstislaf fit en Lithuanie une expédition qui lui valut un riche butin et un grand nombre d'esclaves. Il mourut à son retour, âgé de cinquante-six ans. Les historiens russes lui ont donné le nom de Grand; et cependant il avait succédé à Monomaque! Il eut plusieurs fils et filles de Christine, et de la fille d'un citoyen de Novgorod, qu'il avait épousée en secondes noces. Une terrible famine se déclara sous son règne et dépeupla Novgorod.

YAROPOLK.

1132-1139. La mort de Mstislaf fut le signal du désordre. Kief proclama Yaropolk, qui céda Péréiaslavle à Vsevolod, fils de Mstislaf. Celui-ci fut chassé aussitôt par Georges et André Enfin le grand prince persuade à Georges de quitter Péréiaslavle, et donne cette ville au prince de Polotsk, Ysiaslaf Mstislavitch. Les Novgorodiens, enhardis par la faiblesse d'Yaropolk, refusent de recevoir Vsevolod; bientôt ils le rappellent, mais pour mettre des bornes à sa puissance. Ses lieutenants furent désignés par une élection populaire, et partagèrent son pouvoir; depuis cette époque, ces officiers furent choisis par les citoyens.

Ceux de Polotsk, profitant de l'absence d'Ysiaslaf, chassèrent son frère Sviatopolk, et prirent pour souverain Vassilko, fils de Rogvolod. Cependant les Novgorodiens étaient en proie à l'anarchie; ils venaient de précipiter d'un pont un de leurs magistrats, et mécontents que leur prince n'eût point soumis la ville de Souzdal, ils se mirent en campagne malgré l'hiver; enfin ils conclurent la paix.

Sur ces entrefaites les fils d'Oleg, princes de Tehernigof, déclarent la guerre à Yaropolk et à ses frères; cette guerre, un instant apaisée par l'entremise des députés de Novgorod, se rallume. Yaropolk voit sa garde coupée et détruite, et abandonne lâchement son armée; enfin il achète la paix, en cedant Koursk aux vainqueurs. Novgorod dépose son prince, qui va se jeter

dans les bras d'Yaropolk, et reçoit de lui Vychégorod en compensation de la perte de son apanage. C'est ainsi que les Novgorodiens s'affermirent dans les institutions républicaines, et secouèrent le joug des souverains de Kief. Ils choisirent Sviatoslaf pour chef, et s'opposèrent aux entreprises de Vsevolod, qui mourut à Pskof, laissant cette ville à Sviatopolk son frère. Sviatoslaf est chassé à son tour, et Rostislaf prend sa place.

Les fils d'Oleg venaient de déclarer de nouveau la guerre aux descendants de Monomaque. Yaropolk rassemble une puissante armée, et marche sur Tchernigof; cependant, touché des prières de ses ennemis., il leur accorde la paix, et retourne à Kief, où il mourut bientôt après. C'est de cette époque que date la haine entre les fils d'Oleg et ceux de Monomaque, haine qui ensanglanta la Russie durant un siècle.

VSÉVOLOD OLgovitch.

1139-1146. Viatcheslaf, prince de Péréiaslavle, se rendait à Kief, pour succéder à Yaropolk; mais Vsevolod le prévint les cérémonies d'investiture n'étaient pas achevées, qu'il paraît à la tête d'une nombreuse armée. A cette vue, Viatcheslaf se retire et lui cède ses droits. Le nouveau grand prince, n'ignorant pas que les fils de Monomaque méditent sa ruine, résolut de leur enlever leurs possessions; mais ses entreprises n'eurent point un heureux succès, et une paix honorable fut le prix de leur résistance.

Cependant les Novgorodiens, toujours inconstants, après avoir demandé le fils de Vsevolod, changèrent tout à coup d'avis, et furent, pendant plusieurs mois, en proie à tous les désordres de l'anarchie. Ces fiers républicains semblaient ne se donner un chef que pour lui faire sentir sa dépendance; en appelant un nouveau prince, ils lui ordonnaient d'ouvrir la prison de son prédécesseur.

Au milieu des querelles interminables des princes apanagės, Vsevolod avait affermi sa puissance. Il ordonne

à son fils Sviatoslaf, à Ysiaslaf et au prince de Galitch d'entrer en Pologne, pour profiter des dissensions qui avaient éclaté entre le duc Vladislas et ses frères; cette expédition n'eut point d'autres résultats que le ravage d'une vaste étendue de territoire.

Ysiaslaf essaya en vain de réconcilier Vsevolod avec son oncle Georges, prince de Souzdal; mais le grand prince maria son jeune fils Sviatoslaf à la fille de Vassilko de Polotsk; et Ysiaslaf donna la sienne à Rogvolod, en invitant à cette noce Vsevolod et les boyars de Kief. Vsevolod persuada à ces princes de se réunir contre Vladimirko, souverain de Galitch. A cette nouvelle, Vladimirko fait alliance avec les Hongrois, et entre en campagne, accompagné du Ban, oncle du Roi Géisa. Vsevolod conduisit ses troupes avec tant d'habileté, qu'il réduisit les ennemis à une position critique; mais, inhabile à profiter de ses avantages, il leur accorda la paix. Bientôt, absorbé par les troubles de Pologne, et sentant sa santé décliner, il réunit les princes dans le palais de Kief, et désigna Igor pour son successeur. Igor entra en Pologne pour soutenir Vladislas, gendre de Vsévolod. Ce prince recouvra quatre villes, et Vizna fut cédée à la Russie. Cependant, chassé de ses États à cause de sa cruauté, vint se réfugier chez son beau-père, qui marchait alors contre le prince de Galitch. Celui-ci, après mille difficultés, assiégea Zvénigorod, où commandait le voïévode Jean. Ce valeureux capitaine, voyant que les habitants voulaient capituler, poignarde de sa main trois des chefs qui appuyaient cette mesure, et enflamme tellement le courage de ses troupes, que Vsévolod est forcé de lever le siége. Il faisait de nouveaux préparatifs de guerre, lorsque la mort le surprit à Vychégorod.

IGOR OLGOVITCH.

il

1146-1154. Ce prince eut à peine la stérile satisfaction de toucher le trône; les Kiéviens, exaspérés par les exactions des boyars, obtiennent d'Igor

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