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de brocart, sur lequel elles s'appuient, et qu'elles ramènent et changent à volonté.

Leur occupation se borne à de petits ouvrages à l'aiguille. Souvent elles réunissent leurs amies; et, pendant l'été, on apporte de la limonade pour se rafraîchir; on mange des fruits, des confitures, et une espèce de gåteau fait avec la farine de froment, délayée dans du jus de canne à sucre, auquel on mêle du lait et de l'eau de rose (*).

(*) M. Lamartine dans son Voyage d'Orient fait une peinture ravissante des femmes arméniennes de Damas, de leur habitation et de leur vie douce et paisible. « Nous avons, dit-il, circulé d'abord pendant assez longtemps dans les rues sombres, sales et tortueuses du quartier arménien. On dirait un des plus misérables villages de nos provinces. Les maisons sont construites de boue; elles sont percées, sur la rue, de quelques petites et rares fenêtres grillées dont les volets sont peints en rouge. Elles sont basses, et les portes surbaissées ressemblent à des portes d'étables. Un tas d'immondices et une mare d'eau et de fange règnent presque partout autour des portes. Nous sommes entrés cependant dans quelques-unes de ces maisons des principaux négociants arméniens, et j'ai été frappé de la richesse et de l'élégance de ces habitations à l'intérieur.

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Après avoir passé la porte et franchi un corridor obscur, on se trouve dans une cour ornée de superbes fontaines jaillissantes en marbre, et ombragées d'un ou deux sycomores ou de saules de Perse. Cette cour est pavée en larges dalles de pierre polie ou de marbre; des vignes tapissent les murs. Ces murs sont revêtus de marbre blanc et noir; cinq ou six portes, dont les montants sont de marbre aussi, et sculptées en arabesques, introduisent dans autant de salles ou de salons où se tiennent les hommes et les femmes de la famille. Ces salons sont vastes et voútés. Ils sont percés d'un grand nombre de petites fenêtres élevées, pour laisser sans cesse jouer librement l'air extérieur. Presque tous sont composés de deux plans un premier plan inférieur où se tiennent les serviteurs et les esclaves; un second plan élevé de quelques marches, et séparé du premier par une balustrade en marbre ou en bois de cèdre merveilleusement dé

Quand une femme perd son mari, elle revêt sur-le-champ les habits de

coupée. En général, une ou deux fontaines en jet d'eau, murmurent dans le milieu ou dans les angles du salon. Les bords sont garnis de vases de fleurs; des hirondelles ou des colombes privées viennent librement y boire et se poser sur les bords des bassins. Les parois de la pièce sont en marbre jusqu'à une certaine hauteur. Plus haut elles sont revêtues de stuc et peintes en arabesques de mille couleurs, et souvent avec des moulures d'or extrêmement chargées. L'ameublement consiste en de magnifiques tapis de Perse ou de Bagdad qui couvrent partout le plancher de marbre ou de cèdre, et une grande quantité de coussins et de matelas de soie épars au milieu de l'appartement, et qui servent de siége ou de dossiers aux personnes de la famille. Un divan recouvert d'étoffes précieuses et de tapis infiniment plus fins, règne au fond et sur les contours de la chambre.

<< Les femmes et les enfants y sont ordinairement accroupis ou étendus, occupés des différents travaux du ménage. Les berceaux des petits enfants sont sur le plancher, parmi ces tapis et ces coussins; le maître de la maison a toujours un de ces salons pour lui seul; c'est là qu'il reçoit les étrangers: on le trouve ordinairement assis sur son divan, son écritoire à long manche posée à terre à côté de lui; une feuille de papier appuyée sur son genou ou sur sa main gau che, et écrivant ou calculant tout le jour, car le commerce est l'occupation et le génie unique des habitants de Damas. Partout où nous sommes allés rendre des visites qu'on nous avait faites la veille, le propriétaire de la maison nous a reçus avec grâce et cordialité; il nous a fait apporter les pipes, le café, les sorbets, et nous a conduits dans le salon où se tiennent les femmes.

« Quelque idée que j'eusse de la beauté des Syriennes, quelque image que m'ait laissée dans l'esprit la beauté des femmes de Rome et d'Athènes, la vue des femmes et des jeunes filles arméniennes de Damas a tout surpassé. Presque partout nous avons trouvé des figures que le pinceau européen n'a jamais tracées, des yeux où la lumiere sereine de l'âme prend une couleur de sombre azur, et jette des rayons de velours humides que je n'avais jamais vu briller dans des yeux de femme; des traits d'une finesse et d'une pureté si exquises, que la main

deuil, et elle ne sort qu'au bout de quarante jours. Quelques-unes même la plus légère et la plus suave ne pourrait les imiter, et une peau si transparente et en même temps si colorée de teintes vivantes, que les teintes les plus délicates de la feuille de rose ne pourraient en rendre la pâle fraîcheur; les dents, le sourire, le naturel moelleux des formes et des mouvements, le

timbre clair, sonore, argentin de la voix,

tout est en harmonie avec ces admirables apparitions; elles causent avec grâce et une modeste retenue, mais sans embarras et comme accoutumées à l'admiration qu'elles inspirent; elles paraissent conserver longtemps leur beauté dans ce climat, et dans une vie d'intérieur et de loisir paisible, où les passions factives de la société n'usent ni l'âme, ni le corps. Dans presque toutes les maisons où j'ai été admis, j'ai trouvé la mère aussi belle que ses filles, quoique les filles parussent avoir déjà quinze à seize ans; elles se marient à douze ou treize ans. Les costumes de ces femmes sont les plus élégants et les plus nobles que nous ayons encore admirés en Orient: la tête nue et chargée de cheveux dont les tresses, mêlées de fleurs, font plusieurs tours sur le front, et retombent en longues nattes des deux côtés du cou et sur les épaules nues; des festons de pièces d'or et de rangées de perles mêlées dans la chevelure; une petite calotte d'or ciselé au sommet des cheveux; une petite veste à manches larges et couvertes d'une étoffe de soie brochée d'argent ou d'or; un large pantalon blanc descendant à plis jusqu'à la cheville du pied ; le pied nu chaussé d'une pantoufle de maroquin jaune; une longue robe de soie d'une couleur éclatante, descendant des épaules, ouverte sur le sein et sur le devant du pantalon, et retenue seulement autour des hanches par une ceinture dont les bouts touchent à terre. Je ne pouvais détacher mes yeux de ces ravissantes femmes; nos visites et nos conversations se sont prolongées partout, et je les ai trouvées aussi aimables que belles; les usages de l'Europe, les costumes et les habitudes des femmes d'Occident, ont été en général le sujet des entretiens; elles ne semblent rien envier à la vie de nos femmes; et quand on cause avec ces charmantes créatures, quand on trouve dans leurs conversations et dans leurs manières cette grâce, ce naturel parfait, cette bienveillance, cette sérénité, cette paix de l'esprit et du cœur

ne sortent qu'au bout d'un an; et, pendant tout cet intervalle de temps, elles n'entendent pas la messe.

Elles se font un devoir de nourrir elles-mêmes leurs enfants, qu'elles élèvent soigneusement dans la crainte de Dieu, et dans la connaissance de tous les principaux devoirs de la religion. De là vient cet attachement scrupuleux à la tradition de leurs pères, et cet amour persévérant de la religion, qui les distingue. A mesure que le peuple arménien se civilise, il attache toujours un soin nouveau à l'éducation de la jeunesse; outre le collége épiscopal de Calcutta, et celui que les Méchitaristes ont fondé à Venise et à Padoue, on cite l'institut de Moscou établi, en 1816, par le conseiller d'État Lazarew. Son double but était de former une école d'interprètes des langues orientales, propres à servir la cour de Russie dans ses relations diplomatiques avec l'Asie; et il voulait en même temps que cette maison devînt le séminaire des ecclésiastiques du rite arménien, pour les églises de Russie. Vingt-deux professeurs environ sont attachés à cet établissement, dont la direction générale reste à l'un des membres de la famille Lazarew, nom de son illustre fondateur, qui a laissé un legs considérable pour l'entretien et l'avancement des élèves (*).

qui se conservent si bien dans la vie de famille, on ne sait ce quelles auraient à envier à nos femmes du monde, qui savent tout, excepté ce qui rend heureux dans l'intérieur d'une famille, et qui dilapident en peu d'années, dans le mouvement tumultueux de nos sociétés, leur âme, leur beauté et leur vie. Ces femmes se voient

quelquefois entre elles; elles ne sont même pas entièrement séparées de la société des hommes; mais cette société se borne à quelques jeunes parents ou amis de la maison, parmi lesquels, en consultant leur inclination et les rapports de famille, on leur choisit de très-bonne heure un fiancé. Ce fiancé vient alors de temps en temps, se mêler, comme un fils, aux plaisirs de la

maison. >>

(*) Voy. la figure no 26.

CÉRÉMONIES DU MARIAGE.

Après avoir parlé des femmes, nous passons, par une transition naturelle, au mariage, l'acte le plus important et le plus solennel de leur vie. La manière de le contracter nous fera connaître aussi une autre face de leur existence.

Les Arméniens ne connaissent point l'art des entremetteurs; ce sont d'ordinaire les parents qui traitent cette affaire. La mère du jeune homme va visiter la personne sur laquelle elle porte ses vues; elle vient plusieurs fois examiner attentivement son caractère, surprendre ses défauts, et elle s'enquiert de son âge, de l'état habituel de sa santé, ce dont elle fait au retour un rapport toujours exact. Si la jeune fille lui convient, elle propose aussitôt son fils aux parents; et dès que sa demande est agréée, on l'apprend à la future, qui, persuadée que ses père et mère ne cherchent que son bien, accepte leur volonté, comme une décision du ciel. Alors les parents du jeune homme lui font connaître le consentement de la jeune fille, qui devient ainsi sa fiancée, bien que souvent il ne l'ait jamais entrevue. Toutefois ceci arrive aujourd'hui fort rarement; et la civilisation européenne, en pénétrant chez les Arméniens, tend à abolir cet usage, reste de la barbarie musul mane, qui isole les femmes de la société et leur interdit les relations les plus innocentes avec les hommes.

Lorsque le consentement des deux partis est obtenu, on s'enquiert soigneusement si quelque cause dirimante n'empêche pas le mariage. Les lois religieuses sont fort sévères à cet égard; les liens de parenté jusqu'au septième degré, ou la parenté spirituelle que confère le titre de parrain et de filleul, sont autant d'empêchements. Si rien ne gêne leur liberté, le fiancé fixe le douaire qu'il apportera à sa femme, suivant l'usage oriental, diamétralement opposé au nôtre. En effet, l'épouse n'apporte à la maison de son mari que ses vêtements, ses joyaux, et l'ameublement de la cham

son or,

bre nuptiale, lequel consiste en un lit, un sofa, des chaises, des tables, des chandeliers, et tout ce qui sert à la toilette. Durant tout le temps que se traite l'affaire du mariage, le jeune homme ne peut voir sa fiancée; jamais on ne déroge à cette règle, sur l'observation de laquelle les Arméniens sont inexorables.

Au jour de la célébration du mariage, un prêtre, accompagné de son diacre, se rend à la maison de la fiancée; il bénit son habit nuptial, et il récite différentes prières, en conjurant le Seigneur de sanctifier leur union, et de répandre sur les jeunes mariés le trésor de ses faveurs. Alors arrive l'époux, en grande pompe, accompagné de ses parents et amis, revêtu de ses plus magnifiques habits et portant un cimeterre à sa ceinture. Il trouve sa fiancee couverte de voiles, sans qu'il puisse encore distinguer ses traits. Celle-ci fait en avant quelques pas, comme pour lui rendre hommage, et le prêtre récite le psaume commençant par ces paroles: « Je chanterai les miséricordes divines dans l'éternité;» il prend la main droite de l'épouse, et, en la mettant dans la droite de l'époux, il dit: « Dieu prit la droite d'Eve, et il la présenta à la droite d'Adam, et Adam s'écria: « Ceci est vraiment les os de mes os, la chair de ma chair; elle s'appellera femme, comme étant tiree de l'homme (*). A cause d'elle, l'homme délaissera son père et sa mère, il s'attachera à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. Que l'homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » Le prêtre rapproche ensuite leurs têtes de manière qu'elles se touchent, puis, en y faisant le signe de la croix, il dit: Seigneur, Dieu éternel, qui unis ceux qui sont séparés et désunis, en

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(*) Notre langue ne peut conserver ni reproduire le jeu de mots existant dans l'hébreu, où il est dit : elle s'appellera ischa, parce qu'elle a été prise de isch, l'homme. En latin on dirait vocabitur virago quia ex viro sumpta est, bien que le sens de virago ne corresponde pas avec justesse à l'idée de femmie.

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Ces prières terminées, les époux s'acheminent vers l'église, où se consomme la bénédiction nuptiale, après laquelle on dit la messe. L'un et l'autre communient ordinairement. Le prêtre, en mettant une seconde fois la droite de l'épouse dans celle de l'époux, dit: «Suivant le précepte divin que Dieu a transmis aux chefs de son Église, je vous donne cette épouse qui vous sera soumise; voulez-vous être son patron? » Le mari répond, en tenant sa main: «Avec la volonté de Dieu, je veux étre son patron. » Le prêtre leur place sur la tête deux couronnes; et, lorsque la cérémonie est achevée, l'épouse est conduite à la maison de l'époux, au milieu des hymnes et des chants d'allégresse. Ils portent leurs couronnes pendant huit jours ou trois jours au moins; et, pendant cet espace de temps, ils vivent séparés l'un de l'autre, dans une continence parfaite. A la fin de ces jours désignés, le prêtre revient avec le diacre reprendre les couronnes, et fait de nouveaux vœux pour la prospérité de leur mariage.

OBSERVANCES ET PRATIQUES diverses DES ARMÉNIENS.

LEURS JEUNES.- Nul autre peuple ne pousse aussi loin l'austérité et la mortification dans les jeûnes de l'Église; et nous avons vu qu'une des causes de leur aversion pour les Grecs, provenait des tentatives faites par ceux-ci de réformer la loi de leurs abstinences. Les jeûnes sont aussi fréquents que rigoureux. Durant tous ces jours, ils s'abstiennent de viande, de poisson, d'œufs, de beurre, de lait et de fro

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mage, ne faisant qu'un repas, après le coucher du soleil. Le vin et l'huile sont aussi interdits par les anciens ca

nons.

Ils jeûnent tous les mercredis et vendredis de l'année, excepté depuis Pâques à l'Ascension, qui est le temps où ils ont le plus de rejouissances en mémoire de la résurrection de NotreSeigneur. Ils font ensuite les dix jeûnes suivants, chacun d'une semaine : 1o celui d'après le premier dimanche de la Trinité, qu'ils appellent jeûne de pénitence; 2o le jeune de la Transfiguration; 3° le jeune de l'Assomption; 4° le jeûne de la Croix en septembre; 5o un jeûne de pénitence après le treizième dimanche de la Trinité; 6o un autre semblable après le vingt et unième dimanche; 7° le jeûne de l'Avent; 8° celui de Noël, dont ils ne commencent pas la fête à minuit, mais le matin, comme pour les autres fêtes, jeûnant la Vigile du soir; 9o un jeûne de pénitence avant le carnaval, qui dure quinze jours; 10° le grand carême qui commence dès le lundi, où l'on redouble d'austérité. On voit que les jeûnes d'obligation emportent la moitié de l'année. Il y a encore trois jeunes de dévotion pour les plus fervents, chacun de cinquante jours. Le premier est de Pâques à la Pentecôte; le second, de la Trinité à la Transfiguration; le troisième commence cinquante jours avant Noël. Il y a en outre un petit jeûne surérogatoire de l'Ascension à la Pentecôte.

Les Arméniens distinguent trois degrés dans le jeûne. Bach, qui consiste à s'abstenir non seulement de chair, mais encore de poisson, d'œufs et de laitage. Dzuom, qui est proprement le jeûne dans lequel on ne boit ni l'on ne mange jusqu'au coucher du soleil. Le navagatik est simplement ce que nous appelons l'abstinence ou la privation de viandes.

Cette discipline austère de l'Église arménienne remonte à l'origine de son établissement. Saint Grégoire l'Illuminateur, son premier patriarche, et qui, au milieu de ses missions, mena toujours la vie d'un anachorète, fit

passer dans les institutions de ce peuple le régime sévère adopté par lui, voulant résumer dans ces pratiques toute la pensée du christianisme, qui n'était à ses yeux qu'une grande et continuelle expiation sur cette terre. Que ceux qui attaquent l'Eglise catholique comme imposant à ses fidèles des mortifications trop rigoureuses, aillent en Arménie, ils se convaincront que la privation et l'abstinence ne sont pas aussi nuisibles à l'hygiène publique que l'intempérance ou l'excès dans le boire et le manger. La beauté du sang, l'éclat du teint des femmes, la force des hommes, prouveront suffisamment à l'observateur que le régime le plus dur peut être aussi le plus sain, lorsqu'il est simple, calme et régulier. En outre, il ne faut jamais oublier que les Orientaux sont infiniment plus sobres que nous, et qu'ils ne connaissent pas tous les raffinements d'un luxe corrupteur. ÉGLISES. Dans l'intérieur de l'Arménie, où la pauvreté du peuple est grande à cause des exactions des pachas, les églises sont petites et simples, n'étant distinguées des maisons ordinaires que par une croix tracée sur la porte d'entrée. L'autel, suivant l'antique usage, regarde l'Orient; du reste, tout est fort simple également à l'intérieur, et elles n'ont pour ornement que quelques peintures grossières. Les fidèles n'y entrent que nu-pieds; et, lorsqu'ils passent devant la porte, ils vont en baiser le seuil.

A Constantinople, et dans les autres villes où habitent de riches banquiers et des négociants, la maison de Dieu est convenablement ornée. La façade, comme la partie intérieure, rappellent les églises des Grecs. Le grand autel, correspondant à leur bema, est voilé par deux rideaux, dont le plus grand cache le sanctuaire au peuple, ainsi que le prêtre célébrant, les diacres et ceux qui les assistent, pendant certaines parties de la messe; usage oriental qui ajoute, du reste, à la cérémonie un caractère mystérieux, plus imposant. Il rappelle ces temps de la primitive Église, où le diacre ordonnait aux profanes de sortir avant la conLivraison. (ARMÉNIE.)

sommation du sacrifice. Le second rideau cache seulement le célébrant au moment de la communion, comme s'il devait alors être séparé du reste des humains, et n'avoir pour spectateur que Dieu et les anges.

Toutes les églises sont sous la dédicace du Seigneur, de la Vierge, de la croix, des apôtres, de saint Grégoire l'Illuminateur, et de quelques autres saints des premiers siècles.

ZIN.

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Le dimanche et les jours de fêtes, les fidèles accourent à l'église avant l'aurore. Ils y restent dans le plus grand recueillement, ne se permettant jamais d'y parler, ou de cracher sur le pavé. Les hommes tiennent ordinairement un chapelet à la main, et sont séparés des femmes. Les offices sont fort longs; ils durent cinq ou six heures. Suivant le rite de l'Église arménienne, on ne célèbre la messe qu'une fois par jour dans la même église; et, aux solennités, cette faveur est réservée aux dignitaires du clergé. ÉGLISE PATRIARCALE D'ECZMIANous empruntons au célèbre voyageur Chardin, qui visita ces lieux à la fin du dix-septième siècle, la description qu'il en donne, et qui, si nous en exceptons les remarques inconvenantes qui lui sont suggérées par son esprit réformiste et intolérant, s'accorde exactement avec celle du savant professeur Parrot, dans la relation de son Voyage au mont Ararat. « A deux lieues d'Erivan, dit-il, est le célèbre monastère des Trois Églises (*), le sanctuaire des chrétiens arméniens, si j'ose ainsi parler, et le lieu pour lequei ils ont le plus de dévotion. Les Arméniens l'appellent Eczmiazin, c'est-àdire, la descente du Fils unique engendré; et ce nom, disent-ils, a été donné à ce lieu, parce que JésusChrist s'y fit voir clairement à saint Grégoire qui en fut le premier patriarche. Les Mahométans la nomment Utchéclisse, c'est-à-dire, les trois églises, à cause qu'outre l'église du couvent, il y en a deux autres assez proches, et qu'en tout elles sont au

(*) Voy. figure no 19.

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