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Par l'expulsion des Français du duché de Varsovie, ce pays est échu à la Russie, à titre d'occupation militaire. Lorsque les armes des alliés furent parvenues à repousser les Français au-delà de l'Oder et de l'Elbe et s'avancèrent dans l'intérieur de la Saxe, le roi de Saxe, sans permettre toutefois à ses troupes. d'assister les alliés, se retira sur le territoire de l'Autriche, engagée alors dans une médiation pour la paix, et se montra disposé à prendre part au systéme politique de l'Autriche; mais, au premier succès des armées de Buonaparte, il réjoignit les Français avec toutes ses forces, et coopéra aux mesures qui amenèrent la défaite des alliés et leur retraite vers l'Oder. Par la réunion de l'Autriche aux alliés, à la suite d'une négociation infructueuse, les armées des français furent-enfin repoussées 2Uldelà du Rhin, la Saxe fut entièrement conquise, et le roi lui-même fäit prisonnier. Est-il injuste qu'après les efforts que les alliés ont fait pour la cause de l'Europe, ils se trouvent, jusqu'à un certain point, indemnisés pour les risques qu'ils ont courus et pour les pe.tes qu'ils ont essuyées? - - " W Personnene sera assez déraisonnable, pour soutenir une thèse pareille. Quel moyen y aurait-il de les indemniser, si ce n'est aux dépens des puissances qui avaient été agrandies à cause de leur zèle pour l'ennemi commun, et qui refusaient leur assistance à la cause commune de la délivrance de l'Europe, lorsqu'il se présente une occasion favorable pour y concourir? Tel a été particulièrement le cas du roide

Y

Saxe, et la conduite par laquelle il s'est distingué

de tous les autres souverains. X

On allègue, que le roi a volontairement aban

donné le duché de Varsovie. Comme il me le pessédait que par la conquête, et qu'il ne pouvait avoir

aucun droit de le réclamer après qu'il eüt éte re-

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Ie duché de Varsovie? Et comment les lui assigner dans ce duché, sans dépouiller la Prusse ?

Et comment la Prusse serait-elle indemnisée, d'abord pour cette perte, et puis pour ses efforts et ses pertes dans la cause commune ? Il est évident que, si elle doit étre indemnisée du tout, elle doit l'étre par les possessions de quelque autre puissance-

Or, sur quelle puissance la charge de cette indemnité pourrait - elle tomber plus justement que sur celle qui a été le premier et le principal ins

trument dans le démembrement de la Prusse, et.

- . Plus tard, par ses tergversations, ou parsa pusillanimité, ou par son ambition, une des princi

ales causes des sacrifices qu'elle a essuyés en 1eP

couvrant une partie de ses possessions ?

Combien de puissances, combien de princes

na t-on pas vus dépouillés de leurs droits, qui

avaient mieux mérité de PEurope que la Saxe:

Pourquoi leur cause est-elle négligée et oubliée,

taudis que celle de la Saxe, certainement la plus W.

coupable et la moins excusable, serait-elle soutenue ? On admet de toutes parts, que la Russie doit étre indemnisée, et quelle ne peut Petre qu'aux dépens de la Prusse, dont les sacrifices et les efforts pour la cause de l'Europe ont été, en proportion de ses moyens, plus grands que ceux d'aucume autre puissance; et cependant la Prusse me doit pas être indemnisée aux dépens de la Saxe, du plus grand ennemi que la cause commune ait eu en Allemagne, quoique cet arrangement serait le seul qui püt la dédommager, à un certain degré, des cessionsquelle, doit faire de ses anciennes possessions dans le duché de Varsovie, le seul qui püt lui fourmir les moyens de former une barriere pour la sureté du Nord, et la replacer dans la méme situation, dont elle a joui auparavant. Si la Russie doit étre indemnisée aux dépens d'un allié, pourquoi la Prusse me le serait-elle pas aux dépens d'un ennemi? Si la Russie doit être agrandie aux dépens de la puissance qui a le mieux servi la cause de l'Europe, pourquoi la Prusse ne doit-elle pas l'étre aux dépens de celle qui a fait le x plus de mal à cette cause? Il est impossible de renverser ce raisonnement, à moins d’avoir recours à des arguments, qui, en contestant le droit des souverains libérateurs de l'Europe à toute indemnité quelconque, offrirait à chaque püissance la plus forte tentation de déserter la cause de l'Europe à la moindre apparence de danger, ou d'espoir desagrandir. A Le roi de Saxe a, d'après tout principe du droit public, perdu la totalité de ses droits; ou,

A

partout oü il n'est pas question de droit, la loi des convenances et de l'utilité générale, modifiée tout au plus par la clémence, doit se fire entendre; je dis modifiée, car elle ne doit pas être sacrifiée à des considérationspareilles. r / Le roi de Saxe n'a aucun droit, nià être rétabli, ni à étre indemnisé; il peut sadresser à l'indulgence des conquérans, et s'ils lui offrent une compensation dans une autre partie de l'Europe, et que cette compensation ne lui paraisse pas proportionnée à ce qu'il perd, il peut seulement se Plaindre de l'insuffisance, mais non Pas de l'injustice de 1'offre qu'on lui fait. - Il faut encore observer que le langage tenu par le roi de Saxe pour défendre sa conduite, est tel que si un officier commandant d'une forteresse en tenoit un pareil, il s'exposerait à étre fusillé. Son apologie pour avoir rejoint la cause de Buonaparte, après s'en étre retiré, est qu'il a été décidé par la menace de celui-ci de dévasterson pays et de brüler sa capitale. Et cependant à l'époque oü cette menace a été faite, les alliés étaient encore maitres de sa capitale et d'une grande Partie de son pays. C'est en parlant d'une pareille époque qu'il établit son apologie sur ses terreurs! ll aime mieux recouvrer son royaume par les armes de Buonaparte, que le défendre en réunissant les siennes à celles des alliés. Il préfère l'assistance de celui, qui marchait pour tout détruire, aux secours des alliés, qui veulent délivrer l'Europe! Il s'appuie sur la nécessité. tandisqu'il avait la liberté du choix; là, oü les chances étaient égales en safaveur, s'il voulait se joindre aux alliés, il parle de la certitude desa r-

destruction dans le cas qu'il n'éut pas agi contreux et allègue le salut de ses possessions, comme son seul motif; faisanten vérité des voeux pour la cause de l'Europe, mais déterminé à rien hazarder pour elle; et également prét à la perdre, ou à la sauver, pourvu qu'il conservät l'espoir d'assurer ses intérêts personnels.

- - Castlereagh.

.
5. -
S chreiben

des regierenden Herrn Herzogs Ernst von SachsenCoburg Saalfeld, an Lord Castlereagh, könig

lich-großbritannischen ersten CongreßBevollmächtig

ten; datirt Wien den 14. Oober 184 Son Excellence m'a permis de Lui direpar écrit ce que je pense du sort de la Saxe. Je serai court; les homnes d'état n'ont pas de temps à perdre. L'arrêt de mort politique, dont la Saxe est menaceé, doit étre justifié par le droit, et motivé par l'intérêt général de l'Europe.

Question de droit. Pour que la mesure proposée relativement à la Saxe puisse ére soutenue sous le point du droit,

il faut de deux choses l'ute: Que la souveraineté se perde ou s'acquière par

- le droit de conquéte; " >

Ou que le Roi de Saxe puisse étre jugé. – L'Angleterre, en reprenant l'Electorat d'Hannovre, n'a pas reconnu le principe de conquête. Napoléon lui-même a protesté, lorsque vous cédiez la Gua

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