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MÉLANGES

DÉCOUVERTE ARCHÉOLOGIQUE

Une excavation ayant été creusée sur un grand terrain appartenant à l'auteur de la présente communication archéologique, terrain situé dans le quartier neuf Saint-Joseph, bordant l'avenue, autrefois route de Lyon et qui s'étend entre les voies nouvelles Victor-Hugo, Pierre-le-Vénérable et de Metz, les terrassiers ont mis à découvert, à une profondeur d'environ soixante centimètres, un amas considérable d'objets et de débris antiques remontant à l'époque gallo-romaine.

Cette propriété, placée dans l'ancien terroir de la Liève, au lieu dit la Croix-du-Chapon, était depuis un temps immémorial affectée à la culture de la vigne et du blé.

Alors que les débris de la période romaine sont abondants dans son sous-sol, la couche de terrain disposée au-dessus ne contient aucun vestige des époques postérieures.

Cette observation ajoutée à beaucoup d'autres tendrait à confirmer que la cité gallo-romaine était plus étendue, plus ouverte et beaucoup plus peuplée que le Clermont du moyen àge, resserré entre ses hautes murailles et voué à l'insécurité et à la misère des temps féodaux, après les grandes invasions barbares.

Les objets découverts se composent principalement de débris de poteries de toutes sortes, d'une multitude d'amphores brisées, aux contours élégants et déliés et de fragments de fine céramique samienne rouge décorés d'ornements en relief, fleurs, animaux et personnages modelés avec un goût, une science et une perfection qui font regretter la disparition prématurée d'une civilisation qui poussa aussi loin son éducation artistique.

Sur les débris des pièces céramiques d'un beau rouge vernissé, trouvées avenue de Lyon, on distingue des fleurs au feuillage fantastique, des guirlandes d'ornements en forme d'écailles, de festons, de torsades, de palmes, d'oves et de volutes, des lions qui se dressent, la crinière hérissée et la griffe menaçante, des tigres qui rampent sous les palmiers, des dieux, des athlètes, des femmes aux académies impeccables, aux formes parfaites et un fragment de quadrige dont les chevaux, dirigés par la Victoire, trainent un guerrier en triomphe.

Dans le terrain remué se trouvaient également une quantité d'ossements, des sifflets en os de forme bizarre, des petits jetons en kaolin et plusieurs cornes de bovidés, intactes, qu'on n'avait pas songé à utiliser. Cela tendrait à démontrer que si à cette époque la population vivait dans un grand bien-être, si la culture intellectuelle et artistique de la classe moyenne était très avancée ainsi que l'hygiène du corps, du vêtement, de l'habitation et de la ville, par contre, l'industrie était presque limitée à la production de quelques beaux spécimens de tissage, de céramiques et de bronzes.

En somme, à l'image de leurs vainqueurs et initiateurs romains, les Gaulois du Ive siècle formaient un peuple essentiellement agriculteur.

Dans le sol dont il s'agit, il avait été découvert, en outre, il y a quelques années, une canalisation composée d'épais tuyaux de plomb dont l'installation remontait aussi à l'époque gallo-romaine et qui devait servir à l'alimentation des fontaines, des villas et des thermes dont toute la cité d'Augustonemetum était alors entourée dans les siècles de prospérité qui précédèrent la conquête des Barbares, la dévastation de la province et la ruine définitive de l'antique et admirable civilisation gréco-latine.

JOSEPH ROUBILLE.

BIBLIOGRAPHIE.

L. BRÉHIER.

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L'Eglise et l'Orient au moyen âge. Les
Croisades. Paris, Lecoffre, 1907, in-12.

L'ancien monde romain était moitié hellénique, moitié latin. A la mort de Théodose (395 ap. J.-C.), ces deux moitiés se séparèrent et commencèrent à vivre chacune de leur vie propre. Les barbares ne permirent ni à l'empire d'Orient ni à l'empire d'Occident de vivre en paix. Celui-ci fut dévoré par des envahisseurs venus du Nord, les Vandales, les Goths, les Franks et les Lombards. Celuilà fut rongé au nord par les Slaves et les Bulgares; au sud par les Arabes et les Tures; mais plus riche et mieux défendu que le premier, il résista jusqu'au quinzième siècle, et disparut en 1453, à l'aurore des temps modernes, au moment peut-être où il allait pouvoir se sauver. S'il eût duré un siècle de plus, il existerait peutêtre encore; il y aurait en Europe un Etat dont les traditions remonteraient à Romulus.

Pendant tout le moyen àge, deux villes représentent aux yeux

du monde les gloires du passé impérial: Rome, l'ancienne capitale de l'Empire, devenue le siège de la papauté, Constantinople, la Nouvelle-Rome, devenue la capitale de l'Empire grec.

On a cru, pendant longtemps, que le monde latin et le monde grec s'étaient obstinément tourné le dos et ne s'étaient guère rencontrés que pour se combattre. La vérité est tout autre. Des rapports commerciaux relièrent pendant longtemps les ports de Syrie à ceux de Provence. Les Papes ne cessèrent pas avant le milieu du huitième siècle de regarder vers Constantinople. Les pèlerins latins continuèrent à visiter les Lieux saints et firent plus d'un établissement en Palestine.

La conquête arabe ruine pour un temps les communautés chrétiennes d'Orient, bientôt Charlemagne obtient du kalife un véritable protectorat sur les chrétiens de son Empire et inaugure en Orient l'influence franke.

Au xe siècle, le protectorat de la Terre sainte est un moment sur le point de passer aux Byzantins, mais Jean Tzimitzès est rappelé en Europe par les Bulgares, et les kalifes du Caire, suzerains de Jérusalem, laissent toute liberté aux pèlerinages. Des princes magnifiques, de grands prélats se rendent en Terre sainte avec des centaines, et même des milliers de compagnons.

A la fin du XIe siècle, l'invasion des Turks dévaste de nouveau tout l'Orient; l'Empire grec, boulevard de l'Europe contre l'islamisme, est menacé; s'il succombe, l'Europe est envahie. Le mérite d'avoir vu le péril et d'avoir donné l'alarme revient à la papauté, qui donne le signal des Croisades. - Ces grandes expéditions aboutirent à la création d'Etats latins en Syrie, véritables colonies occidentales dont le régime intérieur n'est pas une des moindres curiosités de cette histoire. Les Etats de Palestine restèrent en communication avec l'Occident, par l'intermédiaire de Gênes et de Venise, dont la croisade fit la fortune. Les progrès de la navigation déterminèrent tout un courant d'échanges commerciaux à travers la Méditerranée; Venise mena les Croisés à la conquête de Constantinople (1204), et devint la reine de l'Adriatique. Repoussée de Constantinople par Gênes (1261), elle s'indemnisa en monopolisant le commerce des épices à Alexandrie.

Pour résister à la puissance musulmane reconstituée par Saladin, Saint Louis essaya de s'allier aux Mongols, et c'est à ce moment que les Européens commencent à entrer en relations suivies avec l'Extrême-Orient.

La ruine de l'Empire latin de Constantinople et des colonies latines de Terre sainte marque l'échec définitif des Croisades, mais

pendant deux siècles encore l'idée de la Croisade reste dans l'air et à défaut de soldats, l'Europe envoie en Asie des missionnaires qui la renseignent de plus en plus exactement sur la Perse, la Mongolie et la Chine et préparent le grand mouvement d'exploration des xv et xvre siècles.

Au xv° siècle, l'Empire byzantin se voit tellement menacé par les Turks qu'une tentative de rapprochement s'opère entre le monde grec et le monde latin; les guerres qui troublent l'Europe empêchent les Occidentaux de venir au secours de Constantinople; elle succombe et la route d'Asie par terre se trouve interceptée jusqu'au dix-neuvième siècle.

Toute cette histoire, si vivante, si compliquée, M. Bréhier l'expose avec une clarté parfaite, sans une digression ni une longueur, avec une grande richesse de documentation, et une bibliographie tout particulièrement soignée, qui le montre au courant des travaux les plus récents.

Chaque question controversée est notée par lui au passage et reçoit, toutes les fois que cela est possible, sa solution scientifique. La légende de Pierre l'Hermite, par exemple, est ramenée à ses justes proportions et débarrassée de tout aspect merveilleux.

Certains chapitres comme la lutte de la Papauté et de l'Empire en Orient, l'alliance Mongole, la politique orientale de Charles d'Anjou, le développement des missions, sont tout à fait neufs, et donnent de la politique orientale de la papauté, à la fin du moyen. åge, une idée beaucoup plus vaste et beaucoup plus intéressante que celle que l'on avait jusqu'ici. La conversion des Mongols au christianisme, que l'on put un instant espérer, aurait sauvé l'Empire grec et ouvert l'Asie à l'influence européenne quatre à cinq siècles plus tôt.

G. DesdeviSES DU DEZERT.

Action de quelques métaux sur l'iodure de méthylène...

AUDOLLENT (A.). Ch. Baron...

BALDIT (A.). Variation des éléments météorologiques dans le
sol

BARON (Ch.). Notice biographique.
BIBLIOGRAPHIE. L. Bréhier.

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Les basiliques chrétiennes.
Les églises romanes. Les églises byzantines. Les églises
chrétiennes. 70. - L. Pineau. Le romancero scandinave. 215.
-A. Lerouge. Médailles rustiques. 287. L. Bréhier.
L'Eglise et l'Orient au moyen âge. Les Croisades. 428.

Biens (Les) nationaux dans le département du Puy-de-Dôme.

BONNEFOY (G.). Les biens nationaux dans le département du

Puy-de-Dôme..

BRÉHIER (L.). Un problème d'art roman Auvergnat...

Le clergé russe et les unions matrimoniales des grands
princes de Russie avec l'Occident au xi siècle......

Les basiliques chrétiennes. Les églises romanes. Les

églises byzantines. Les églises gothiques. (Compte rendu

de M. Desdevises du Dezert.)....

L'Eglise et l'Orient au moyen âge. Les Croisades. (Compte

rendu de M. Desdevises du Dezert.)...

BRUNHES (B.). Les travaux d'agrandissement de l'Observatoire
du Puy de Dôme....

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Le grain du 4 juillet 1905, à Clermont.

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Chalcolite et uranite à radium (Note sur un nouveau gisement

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Démonstration par figures de la transformation des hiérogly-
phes égyptiens en caractères cursifs et alphabétiques... 161-217
DESDEVISES DU Dezert (G.). Compte rendu des ouvrages: Les
basiliques chrétiennes. Les églises romanes. Les églises by-
zantines. Les églises gothiques, de L. Bréhier....

Compte rendu de l'Eglise et l'Orient au moyen âge. Les

Croisades, de L. Bréhier....

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