Page images
PDF
EPUB

Sa première communication à l'Académie sur les fossiles d'Anvers, qui remonte à 1835, n'était, comme il le dit lui-même, qu'une prise de date. Qui eût dit alors que cette modeste note devait aboutir, par la persévérance de son auteur, par un labeur de chaque jour, qui est la caractéristique de son génie, par ses voyages lui permettant de visiter les principaux musées de l'Europe, pour l'examen comparatif des innombrables documents provenant tant de ses propres recherches que des belles collections de notre Musée royal d'histoire naturelle, collections mises à la disposition du Maître par le savant directeur de cet établissement; qui eût dit que cette note de 1835, suivie de tant d'autres sur le même sujet, devait aboutir à la description magistrale qui a paru de 1877 à 1886 dans les Annales du Musée, et qui comprend plus de quatre cents pages grand in-folio et 232 planches in-plano?

On le voit, si nous avons la bonne fortune de posséder aux environs d'Anvers le plus vaste ossuaire du monde, nous avons eu celle, non moins grande assurément, de trouver dans Van Beneden le seul paléontologiste capable de le mettre en valeur et d'en faire bénéficier la science dans la plus large mesure.

Mais si je m'étends plus particulièrement sur l'œuvre qui a été, pour ainsi dire, le couronnement de la carrière du Maitre, ce n'est pas à dire qu'il ait limité son activité en paléontologie à l'étude de ces restes de grands animaux disparus qu'on appelle des Thalassothériens fossiles. Non certes, car depuis plus d'un demi-siècle, il n'est aucune découverte paléontologique qui le laissât indifférent et à laquelle il n'accordât sa précieuse collaboration. Tel fut le cas notamment pour l'exploration de nos cavernes à ossements, qui eut un si grand retentissement,

ainsi que pour la découverte dans les couches wealdiennes du charbonnage de Bernissart, de Reptiles fossiles gigantesques, connus sous le nom d'Iguanodons.

Je crois en avoir dit assez pour rappeler les principaux titres que Van Beneden s'est acquis à l'admiration et à la reconnaissance du monde savant.

Ces titres peuvent se résumer en disant qu'il fut le fondateur de l'Helminthologie et de la science des Thalassothériens fossiles.

On comprend dès lors pourquoi les Académies et les sociétés savantes du monde entier ont tenu à honneur d'associer notre illustre compatriote à leurs travaux.

Van Beneden était, comme je le rappelais en commençant, le plus ancien membre de notre Académie, qui l'a élu correspondant le 15 décembre 1836 et membre titulaire le 15 décembre 1842.

La Classe des sciences l'a appelé à diriger ses travaux d'abord en 1860, puis en 1881, ce qui, à cette dernière date, le désigna comme président de l'Académie. On peut dire que Van Beneden fut le membre le plus assidu à nos séances, et ici encore sa perte sera d'autant plus vivement ressentie parmi nous qu'il avait le don de captiver l'attention de ses confrères lorsqu'il nous faisait, sur le ton le plus familial, quelqu'une de ses savantes communications qui, sans son remarquable talent d'exposition, eussent certainement laissé indifférents tout au moins les non initiés d'entre nous.

Cher et vénéré Maître, si la splendeur de ton talent et les découvertes de ton génie t'ont fait admirer du monde savant tout entier et ont ouvert toutes larges pour toi les portes de la renommée, tes qualités d'honneur et de bonté t'ont fait estimer et aimer de tous ceux qui t'ont

connu.

Il me semble qu'en parlant ici au nom de la Classe des sciences, je le fais au nom d'une grande famille dont tu étais le chef vénéré. Aussi nos regrets se confondent-ils avec ceux des tiens, avec ceux surtout de notre cher confrère Édouard Van Beneden, dont les succès retentissants ont dû bien souvent flatter ton légitime orgueil de père; ils seront, nous l'espérons, la consolation de ta digne compagne, de celle qui t'a constamment aidé à supporter, pour le triomphe de la vérité scientifique, les épreuves inséparables d'une vie de lutte et de sacrifices.

Que ces regrets unanimes soient adoucis en ce jour par la confiance dans la Justice divine!

Adieu, illustre confrère, la postérité reconnaissante l'accordera la plus haute des récompenses: l'Immortalité! D

RAPPORTS.

Il est donné lecture du rapport de M. Henry, sur une note de M. Chavée-L.eroy: La température du moût de vin pendant la fermentation. Dépôt aux archives.

Note sur le phénomène des battements des vibrations lumineuses; par J. Verschaffelt.

Rapport de M. P. De Heen, premier commissaire.

M. J. Verschaffelt nous indique une méthode à l'aide de laquelle il est parvenu à reproduire l'expérience de M. Righi. Ce dernier physicien montre l'existence de bat

tements lumineux en faisant interférer des rayons dont les nombres de vibrations sont légèrement différents.

Afin de réaliser des rayons satisfaisant à cette condition, M. Verschaffelt fait cette remarque ingénieuse que si l'une des sources était animée d'un mouvement d'éloignement, il en résulterait un accroissement de longueur d'onde du rayon émis. Celui-ci interférant avec le rayon de la source fixe, déterminerait le phénomène des batte

ments.

Dans l'expérience de l'auteur les choses se passent absolument comme si ce mouvement de déplacement avait été communiqué réellement, et on constate le déplacement des franges, comme dans l'expérience de M. Righi.

Je propose à la Classe d'insérer l'intéressante note de M. Verschaffelt dans le Bulletin de la séance. »

Rapport de M. G. Van der Mensbrugghe,
second commissaire.

J'ai lu le nouveau travail de M. Verschaffelt avec beaucoup d'intérêt pour réaliser le phénomène des bat tements lumineux, le jeune physicien a appliqué d'une façon ingénieuse le principe connu, d'après lequel la lumière polarisée rectilignement qui traverse une lame de quartz taillée en coin et parallèlement à l'axe, donne lieu à deux faisceaux polarisés à angle droit et dont les nombres de vibrations diffèrent légèrement entre eux. Il a suffi à l'auteur de recevoir les deux faisceaux sur un prisme de Nicol dont la section principale fait un angle de 45° avec celle de la lame de quartz, pour les rendre capables d'interférer.

Je me joins volontiers à mon savant confrère, M. De Heen, pour proposer l'impression de la note de M. Verschaffelt au Bulletin. » Adopté.

Sur l'absorption par les voies biliaires; par Célestin Tobias, étudiant en médecine à l'Université de Liége.

Rapport de M. Léon Fredericq.

< On sait que les pigments et les acides biliaires résorbés à la surface de la vésicule et des conduits biliaires après ligature ou obstruction du canal cholédoque, ne pénètrent dans le torrent de la circulation que par une voie indirecte, celle des lymphatiques. On ne les retrouve ni dans le sang ni dans l'urine, si l'on a eu soin de lier au préalable le canal thoracique. L'auteur du travail soumis à mon appréciation a constaté qu'il n'en est pas de même pour certains sels et pour certains alcaloïdes. Le ferrocyanure de sodium, la strychnine, l'atropine injectés dans la vésicule biliaire se retrouvent au bout de peu de temps dans le sang, malgré la double ligature préalable du canal cholédoque et du canal thoracique. Ces subtances sont donc absorbées à la surface de la muqueuse biliaire par une autre voie que celle suivie par les acides et les pigments biliaires. Cette sélection de la voie d'absorption me paraît un fait des plus intéressants. Aussi je n'hésite pas à proposer à la Classe de voter l'impression de la notice de M. Tobias et d'adresser des remerciements à l'auteur. ›

[blocks in formation]
« PreviousContinue »