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solution de sulfate de quinine. Pour expliquer l'apparition de ces images anormales, M. Francotte suppose que les microbes engendrent une toxine, exerçant, sur le protoplasme ovulaire, une action analogue à celle de la quinine. Dans d'autres œufs encore, les microbes amènent une réduction progressive du volume du vitellus; elle s'accompagne d'une sécrétion hyaline aux dépens du deutoplasme. Cette sécrétion englobe les envahisseurs, les expulse et les rejete dans l'espace périvitellin.

Ainsi donc tantôt l'œuf se défend en digérant ses ennemis, tantôt il emploie toute son énergie à les expulser de son sein. Parfois les microbes altèrent les figures cinétiques, d'autrefois ils ne parviennent pas à empêcher le dévelopement normal de l'embryon.

La différence des effets attribués à une seule et même cause aurait dû, semble-t-il, mettre l'auteur en défiance. J'estime qu'il a commis une erreur de méthode en ne recherchant pas tout d'abord l'influence qu'exercent sur le développement, la perforation de la membrane ovulaire, la pression exercée sur le globe vitellin au moment où l'on applique sur lui la pointe d'acier, la lésion à peu près inévitable du corps ovulaire, enfin la pénétration de l'eau de mer dans l'intérieur de l'œuf. Ce n'est qu'après avoir fait ces études préliminaires qu'il pouvait, modifiant les conditions de l'expérience par l'intervention des microbes, déterminer les effets de ce nouveau facteur. A défaut de ces recherches préliminaires, l'on est en droit de se demander si tout ou partie des phénomènes observés n'est pas la conséquence du traumatisme. J'ai la certitude, par exemple, que l'apparition des figures polycentriques, dans l'œuf fécondé, n'implique ni l'intervention de microbes ni l'action d'alcaloïdes venus de l'extérieur. Boveri a observé

un cas de ce genre dans un œuf de l'Ascaride mégalocéphale, et l'un de mes élèves, qui s'occupe en ce moment du développement du même animal, possède des séries de préparations dans chacune desquelles on peut constater de nombreux exemples de figures à 4, à 5 et même à 6 centres. Or, il est absolument certain, en ce qui concerne les œufs de l'Ascaris, que ces figures anormales ne sont déterminées ni par des microorganismes, ni par des toxines venues du dehors.

M. Francotte ne démontre pas la digestion intraovulaire des organismes envahisseurs; il ne prouve pas davantage que la sécrétion hyaline soit le résultat d'un effort tenté par l'oeuf pour expulser ses ennemis. Je soupçonne, au contraire, qu'il s'agit là d'une dégénérescence provoquée par la compression de l'oeuf et la perforation de sa membrane. Cela me paraît évident, notamment pour l'oeuf représenté par le photogramme III. Les parois de cet œuf se sont affaissées à la suite de la perforation de la coque et de l'écoulement d'une partie du vitellus. Rien ne prouve non plus que les expansions vitellines, que l'auteur considère comme des pseudopodes, dont la formation aurait été provoquée par un phénomène de chimiotaxie, ne sont pas simplement le résultat du traumatisme.

Par déférence pour l'avis exprimé par M. Plateau, premier commissaire, je ne m'oppose pas à l'insertion de la note de M. Francotte dans le Bulletin de la séance; mais, en ce qui me concerne, je ne la propose pas. »

L'un des commissaires proposant l'insertion de la notice et des remerciements à l'auteur, le second ne s'opposant pas à la première proposition, la Classe décide l'impression au Bulletin du travail de M. Francotte.

La structure des Palpons d'Apolemia uvaria et les phenomènes d'absorption dans ces organes; par V. Willem, assistant à l'Université de Gand.

Rapport de M. Plateau, premier commissaire.

Au cours des recherches faites à Naples en 1893 sur la nutrition des Cnidaires, M. Willem a étudié les siphonophores et a eu l'occasion d'observer dans les tentacules ou palpons des Apolemia les faits curieux qui font l'objet de la présente notice.

Les palpons des Apolemia offrent une cavité centrale aboutissant, à l'extrémité libre de l'individu, à un orifice dont on avait, jusqu'à présent, ignoré l'existence, et qui sert probablement à l'évacuation d'une partie des produits de désassimilation.

L'endoderme qui limite la cavité présente, sur une grande partie de sa longueur, des cellules variables d'aspect suivant les régions mais qui, pour la plupart, sont des cellules absorbantes dans lesquelles l'auteur, en employant le procédé qui consiste à faire ingérer par les polypes nourriciers des matières animales triturées avec de l'encre de Chine, a pu suivre la pénétration des substances fluides digérées par les gastrozoïdes et injectées par ceux-ci dans tout le système nourricier de la colonie.

Je crois inutile, dans un simple rapport, de suivre, point par point, les descriptions de M. Willem je me bornerai à signaler ce qui m'a paru le plus important.

Chun (Zoologischer Anzeiger 1882, et Cœlenterala dans Bronn's Thier Reich, p. 114) a décrit dans l'endoderme de la partie du palpon d'Apolemia située un peu au delà du

milieu de la longueur, des cellules ciliées de deux natures: les unes, pour lui, portent un entonnoir courbe garni de cils vibratiles, les autres de longs cils vibratiles seuls. Chun semble croire que les premières (par analogie avec les entonnoirs vibratiles des vers) ont une fonction excrétoire.

M. Willem constate, au contraire, nettement ce qui suit: Dans les cellules à entonnoir, cet organe n'est pas cilié, son tube aboutit à une lacune et, à côté de lui est une grande flamme vibratile chassant, dans l'oritice béant de l'entonnoir, les substances assimilables flottant dans la cavité du palpon, substances qui graduellement pénètrent dans l'entonnoir et vont s'accumuler dans la lacune. Cette dernière finit par devenir indépendante et va occuper une position plus profonde. Les cellules à entonnoir ne sont donc pas sécrétoires, ce sont bien évidemment des élements absorbants.

Les cellules de la deuxième catégorie absorbent aussi, mais par un mécanisme plus simple. L'entrée des globules graisseux, par exemple, s'y effectue par pénétration directe à la file. Les cils qu'elles portent, contrairement à l'opinion de Chun, ne sont pas vibratiles. Si ces cils bougent, c'est à cause des mouvements oscillatoires des flammes vibratiles des cellules voisines.

M. Willem décrit ensuite, dans la région suivante du palpon, plus voisine de l'extrémité, trois bourrelets longitudinaux endodermiques fermant la cavité par leur adossement réciproque. Les cellules se montrent là bourrées de substances absorbées et, à l'état frais, on leur voit émettre de fins pseudopodes englobant des particules nutritives.

Au delà des bourrelets, la cavité offre une dilatation s'ouvrant à l'extérieur par l'orifice observée par l'auteur.

Ici le liquide nourricier, arrêté par les bourrelets, ne pénètre plus, mais on trouve de nombreuses sphérules vacuolées en partie désagrégées. Si, comme tout semble l'indiquer, ces sphérules sont des matières résiduelles, la dilatation servirait à l'accumulation de produits de désassimilation pouvant s'échapper par l'ouverture terminale.

Ce travail rectifiant des erreurs et faisant connaître le rôle important que jouent les cellules endodermiques des tentacules d'Apolemia, offre donc beaucoup d'intérêt.

En conséquence, j'ai l'honneur de proposer à la Classe de décider l'impression dans le Bulletin de la séance de la notice de M. Willem ainsi que de la planche qui accompagne celle-ci. ›

M. Van Bambeke, second commissaire, se rallie à cette proposition, qui est adoptée par la Classe.

B. Fails

A. Communications sur la dissolubilité. relatifs aux propriétés du sulfure de carbone; par H. Arctowski.

Rapport de M. W'. Spring, premier commissaire.

Dans la première de ces deux notes, l'auteur fait remarquer, avec raison, que l'étude des phénomènes de dissolution des sels dans l'eau n'a pu aboutir à une explication simple, parce que l'eau ne dissout pas les sels sans qu'il intervienne des actions secondaires. Il se produit presque toujours une dissociation particulière que l'on peut nommer une ionisation des sels.

3 SÉRIE, TOME XXVII.

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