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NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

J'ai l'honneur d'offrir, au nom de M. le D' Sauvaigo, directeur du Museum d'histoire naturelle et secrétaire de la Société d'agriculture de Nice, un exemplaire de son livre, publié dans la Bibliothèque des connaissances utiles », sous le titre de Les cultures sur le littoral de la Méditerranée. Tous ceux qui ont traversé ce pays du soleil, depuis Ollioules, Hyères, Cannes, Nice, Monaco, Menton, San-Remo jusqu'à Gênes, ont été frappés de l'étonnante fertilité de cette partie de la côte ligurienne, où la vigne, l'olivier, l'eucalyptus, le citronnier, l'oranger, le palmier, l'agave et même le chêne-liège sont entourés non seulement de plantes potagères, mais d'une flore riante, dont les produits viennent chaque hiver, jusque dans nos contrées froides et brumeuses, nous offrir leurs doux parfums et la gamme étincelante de lears couleurs. Leur apparition chez nous précède l'arrivée des hirondelles et est aussi l'avant-coureur de notre printemps. Le livre de M. le Dr Sauvaigo est le résultat de longues recherches, d'études poursuivies non seulement sur le littoral français, mais aussi sur celui de la Ligurie italienne, vulgairement connue sous le nom de Riviera di Ponente. Comme le dit M. Naudin, de l'Institut de France, dans une introduction dont il a enrichi ce volume, le travail de M. le Dr Sauvaigo sera le guide indispensable du botaniste, de l'amateur de jardins et de l'horticulteur dans cette région privilégiée du Midi.

L'auteur y passe en revue les espèces décoratives et commerciales, leur emploi, leur mcde de culture, les plantes fruits exotiques, les plantes à parfums, les plantes potagères, etc.

M. Sauvaigo termine sa lettre d'envoi de cet ouvrage, illustré de nombreuses et belles figures, en disant qu'il a la plus entière confiance que la vulgarisation des méthodes de culture adoptées au Midi méditerranéen rendra de grands services, et que les contrées à climat similaire en recueilleront les heureux fruits. La Belgique est connue non seulement par l'excellence de ses productions potagères mais aussi par sa culture des fleurs; certaines villes, telles que Gand, s'y sont fait une célébrité universelle.. Puisse le livre de M. le D' E. Sauvaigo intéresser chez nous autant les amis de Flore et de Pomone qu'il m'a plu à son entière lecture; il peut marcher de pair pour la côte. ligurienne avec l'excellent Guide du botaniste en Belgique, de notre confrère et ami Crépin, dont les travaux scientifiques sont si estimés. Le Chev. ÉDM. MARCHAL.

Motion de M. Louis Henry au sujet du centenaire
de la mort de Lavoisier.

MESSIEURS,

Nous sommes aujourd'hui le 8 mai.

Je ne relèverais pas cette date devant l'Académie si elle n'appartenait à l'histoire.

Il y a aujourd'hui cent ans, la tête de Lavoisier roulait sur l'échafaud de la place de la Révolution à Paris.

L'Académie sait ce que fut et ce que fit le grand chimiste français; ce serait presque lui faire injure que de songer à le lui rappeler.

La veille de sa condamnation par le tribunal révolutionnaire, Lavoisier écrivait à son cousin, Auguez de Villers.

J'ai obtenu, disait-il, une carrière passablement longue, ⚫ surtout fort heureuse, et je crois que ma mémoire sera ⚫ accompagnée de quelques regrets et de quelque gloire. »

Lavoisier, certes, ne se trompait pas, mais il était trop modeste. La postérité lui a rendu justice pleine et entière.

J'ose dire qu'il n'est pas de savant dont le nom éveille partout, chez tous les peuples civilisés, plus de sympathie respectueuse, plus d'admiration profonde.

Je convie l'Académie, si soucieuse de toutes les gloires de la Science, à rendre en ce jour, à la mémoire de ce grand homme, le tribut des hommages auxquels il a droit à tant de titres et à en consigner l'expression dans le procès-verbal de sa séance.

M. Louis Henry propose en conséquence à la Classe de voter la déclaration suivante :

« Aujourd'hui, 8 mai 1894, date du centenaire de la » mort de Lavoisier, la Classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, réunie en séance ordinaire, exprime >> son admiration profonde pour l'œuvre scientifique du > grand chimiste français et sa sympathie respectueuse Adopté.

» pour sa personne. »

RAPPORTS.

M. Alb. Lancaster donne lecture de son rapport sur un Projet d'atlas géographique en vingt-cinq feuilles destiné à l'enseignement, par le lieutenant-colonel Axel Staggemeier, de Copenhague. Dépôt dans la bibliothèque de

l'Académie ;

— Sur l'avis exprimé par MM. Errera, Crépin et Gilkinet, M. Ch. Bommer est autorisé à ajouter une note datée à son travail intitulé Sclérotes et cordons mycéliens, dont l'impression dans les Mémoires a été votée en séance du 3 mars dernier.

De l'unité de dessein dans les lois qui régissent l'entité chimique et l'entité physique de la matière inorganique à l'état solide; par Henri Witmeur.

Rapport de M, de la Vallée Poussin, premier commissaire.

Le but de l'auteur est de préciser, plus qu'il n'a été fait jusqu'à présent, les rapports existants, d'une part, entre les lois qui président aux combinaisons chimiques, et, d'autre part, les lois que l'observation révèle chez les édifices cristallins. Comme il le remarque lui-même, il y a longtemps que le minéralogiste Delafosse a rapproché Ja loi de rationalité et de simplicité des paramètres de celle des proportions multiples.

M. Witmeur va plus loin, et, suivant lui, il y a identité complète entre les deux lois qui expriment les relations de poids dans les combinaisons chimiques et celles qui expriment les rapports de grandeur entre les polyèdres dérivés de la même forme fondamentale. M. Witmeur fait voir, par quelques exemples choisis, et avec une grande clarté, que les valeurs des angles dièdres possibles, toujours parfaitement déterminées pour chaque type cristallin, peuvent être justement rangées sous une loi désignée comme loi des angles définis. Il montre ensuite que les rapports rationnels, généralement simples, qu'ont entre eux les axes paramétriques de toutes les formes résultant de la modification des angles ou des arêtes d'un polyèdre cristallin, sont commandés par une loi qu'on ne saurait mieux nommer que la loi des indices multiples. Ces expressions proposées par M. Witmeur nous paraissent justifiées et font bien ressortir sa pensée.

L'auteur termine par quelques considérations sur les deux caractères essentiels de la matière régulièrement consolidée, qu'il nomme l'entité chimique et l'entité physique. Selon lui, ces deux entités sont indépendantes; l'une ne commande pas necessairement l'autre. Il cite à l'appui de cette indépendance les faits de l'isomorphisme, qui nous montrent des corps chimiquement distincts assumant les mêmes caractères géométriques et physiques, et ceux du polymorphisme, qui réalisent précisément le contraire.

Cette assertion nous paraît un peu trop absolue. Remarquons que, dans l'état présent de la cristallographie, il existe souvent des raisons sérieuses pour admettre que chacun des isomorphes qui concourent à l'édification d'un cristal garde son individualité géométrique, intervient comme facteur dans toutes les résultantes, et influe non seulement sur le poids total de l'ensemble, mais sur la valeur des angles dièdres, sur les propriétés calorifiques, sur les indices de réfraction, sur l'angle et la position du plan chez les axes optiques, etc. Il est tel groupe d'isomorphes, comme celui des feldspaths plagioclases, où l'examen optique mené avec la précision désirable fait la part de chacun des composants et équivaut à une véritable analyse chimique. Il appert qu'ici l'isomorphisme n'a pas modifié la molécule cristalline de l'espèce.

Quant au polymorphisme, il se rattache généralement aux conditions différentes qui président à la cristallisation. Souvent, en changeant la température, on fait passer des sels cristallisés d'un système à un système plus symétrique. M. Mallard a fait voir théoriquement et par l'observation, que la même molécule cristalline peut subsister et garder ses propriétés intrinsèques sous ces formes incompatibles. Ces formes proviendraient simplement des grou

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