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Slingeneyer, né à Loochristy, près de Gand, en 1823, n'avait que 19 ans lorsqu'apparut son Vengeur au salon de Bruxelles de 1842, et qui fut immédiatement acquis par le Musée de Cologne.

Cette émouvante page de sa jeunesse artistique suffirait, à elle seule, pour lui assurer des titres à la postérité.

Élève de Wappers, dont il avait su acquérir le secret de la fougue de la composition et du brillant coloris, il nous a donné dans cette œuvre, qui n'aurait jamais dû quitter le pays, la plus haute idée de sa manière de comprendre la peinture d'histoire.

Son Vengeur le plaça d'emblée parmi les peintres les plus en renom à cette époque; la presse ne lui ménagea pas les éloges les plus mérités.

Léopold Jer, dans sa visite d'inauguration du salon de 1842, s'arrêta longuement devant le tableau de Slingeneyer. Après avoir félicité le jeune artiste sur ses brillantes qualités, l'auguste visiteur ajouta ces mots : « Je croyais que vous deviez être un géant el je vois que vous êtes presque encore un enfant. Je suis persuadé que le pays peut fonder sur votre avenir les plus brillantes espérances. »

Ces paroles royales ne restèrent pas sans écho dans une organisation aussi bien douée pour l'art que celle de notre éminent et regretté confrère.

I jouissait donc déjà d'une autorité réelle, lorsqu'il signa les principaux tableaux historiques qui suivirent le Vengeur et qui, maintenant, se trouvent disséminés à droite et à gauche, mais surtout à l'étranger.

Après la Mort de Claessens, exécuté pour le roi de Hollande, et après la Mort de Jacobsen, commandé par Léopold Jer, vinrent successivement: la Bataille de Lépante (1848) (tableau qui occupe une place d'honneur au Musée

de Bruxelles), La bataille de Roosebeke, puis la Mort de Nelson à Trafalgar (1850).

Depuis lors jusqu'à nos jours, il n'est pas une exposition où Slingeneyer ne prît part. Dans sa longue carrière, il a produit plus de quatre cents tableaux, dont une soixantaine de grande dimension. Slingeneyer était un peintre de race, ayant une technique superbe, une facteur puissante et un coloris brillant. Il possédait les dons les plus précieux pour l'artiste : une imagination ardente, un tempérament nerveux, et l'amour du travail poussé jusqu'au plus haut degré, une activité fébrile et une énergie qu'il a conservées jusqu'à ses derniers moments. Peu de jours avant d'être frappé par le mal qui l'a enlevé, il avait remis sur chevalet son Dernier jour de Pompéi, qu'il avait exposé une première fois en 1884.

L'auteur du Vengeur était un élève du romantisme; il en fut le dernier et brillant représentant. Slingeneyer avait un esprit élevé, aimant le beau, le grand, la distinction. Il était doué d'une intelligence remarquable; il avait un caractère doux et conciliant, un cœur généreux et bienveillant, et cette courtoisie qui dénote l'homme chez qui dominent les sentiments du cœur. Il était respecté de tous les artistes, même de ceux qui ne partageaient pas ses idées en fait d'art; il était aimé par eux, car il n'a jamais manqué de s'intéresser à leurs travaux et de leur rendre service.

Appelé à faire partie de la Chambre des Représentants en 1884. Slingeneyer, dans une série de discours très remarquables, ne cessa de faire ressortir la nécessité de favoriser l'art monumental et décoratif. Jamais aucun représentant n'avait jusqu'alors parlé d'art avec plus d'éloquence et d'autorité devant le pays.

Il rendit pendant huit années les plus grands services aux plus belles branches des connaissances humaines : l'art et la littérature.

Aucun artiste n'a fourni une carrière plus remplie, plus heureuse. Il fut un des meilleurs élèves de Wappers, qui l'affectionnait particulièrement. Il montra, à cette époque de sa vie, un si vif amour pour l'art, qu'il finit par triompher des hésitations de son père, qui abandonna ses craintes devant les succès de son fils.

Cher et estimé confrère! le monde des arts, le pays mème, au moment où il ne restera plus de toi que le souvenir, rendent hommage à ta carrière si bien remplie. Il est, aux honneurs et aux distinctions dont tu as déjà été l'objet, une dernière marque que tes amis et tes admirateurs tiennent à te donner en ce moment: c'est de conserver ton nom gravé dans leurs cœurs! Adieu cher et bienaimé confrère! tu laisses à ta femme et à tes enfants un nom honoré et respecté par tous! »

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

J'ai l'honneur d'offrir, au nom de M. le statuaire Adolphe Megret, un exemplaire d'un opuscule d'une vingtaine de pages, accompagné de deux photographies, formant le Résumé d'une étude sur le squelette préhistorique, découvert dans la grotte de Barma-Grande, à Menton, le 12 janvier 1894.

L'auteur, appliquant un procédé mathématique des mensurations par une unité qu'il a déduite de la seconde phalange du médius (1), est arrivé à établir, avec la plus

(1) Voir ma notice: Les canons artistiques et le livre de M. Megret. Bull. de l'Acad. roy de Belgique, 5o série, t. XXV, no 4, p. 407, 1893.

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grande précision, la taille de ce gigantesque spécimen de l'humanité préhistorique, ainsi que la taille des autres squelettes, également retrouvés dans la grotte de Menton par M. Rivier, et dont un, entre autres, figure au Museum d'histoire naturelle à Paris.

Ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il s'appuie sur une base technique et matérielle, témoignant de la similitude de construction de l'homme préhistorique avec celle de l'homme à toutes les époques.

M. Megret a pensé, en publiant cette étude, que ce fait méritait d'être connu. Il laisse au monde savant le soin de déduire les conséquences qui pourraient découler de celte constatation mathématique d'un principe naturel, qui paraît déterminer les règles de la construction de l'ossature humaine.

Le chevalier EDM. MARCHAL.

RAPPORTS.

La Classe adopte les avis favorable émis : 1o par sa section d'architecture, sur le second rapport semestriel de M. Verhelle et sur son envoi réglementaire comprenant sept plans et dessins du Temple de Vesta, à Tivoli; 2° par sa section de sculpture, sur l'envoi réglementaire des deuxième et troisième années d'études à Rome, de M. Rombaux, lauréat du grand concours de sculpture en 1891. Renvoi à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique.

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ÉLECTIONS.

La Classe renouvelle le mandat de M. Ed. Fétis comme délégué près la Commission administrative pendant l'année 1894-1895.

OUVRAGES PRÉSENTES.

Vander Haeghen (F.). Bibliotheca Belgica, livraison 120-123. In-12.

Vanlair (C.). La mésoneurite noduleuse. Paris, 1894; extr. in-8° (32 p., 2 pl.).

-Recherches chronométriques sur la régénération des nerfs. Paris, 1894; extr. in-8° (15 p.).

Grétry. OEuvres, XVI livraison Morceaux inédits de « Colinette à la cour. Leipzig, Bruxelles, [1894]; in-4°.

Moruanx (Jean). Lettres sur le mouvement flamand, littéraire et politique, adressées aux populations wallonnes en vue de prévenir la division ethnique de notre nationalité. Bruxelles, 1894; in-8° (57 p.).

Dewèvre (Alfred). Les plantes utiles du Congo. Conférence. Bruxelles, 1894; in-8° (65 p.).

Thys (Augustin). Un drame judiciaire en 1813. 1894; in-8° (133 p.).

Lagasse-de Locht (Ch.). Discours sur le minimum de salaire, prononcé en séance du Conseil supérieur du Travail, le 19 décembre 1893. Nivelles, 1893; in-16 (32 p.).

Doorslaer (Hector Van). Sur l'Escaut, préface de Edmond Picard. Bruxelles, 1894; pet. in-8° (244 p ).

de Raadt (Joh.-Theod.) et Stockmans (J.-B.). Geschiedenis der gemeente Schelle. Lierre, [1894]; in 8° (208 p.).

Emerson. Sept essais, traduits par J. Will, avec une préface de Maurice Maeterlinck. Bruxelles, 1894; pet. in-8° (255 p.).

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