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Note sur l'existence de fibres musculaires striées chez un Trématode; par Paul Cerfontaine, assistant à l'Institut zoologique de Liége.

Rapport de M. Éd, Van Beneden, premier commissaire,

Le tissu musculaire est formé, chez les Platodes, de fibres circulaires, de fibres longitudinales et de fibres dorso-ventrales, groupées en couches et en faisceaux. Ces fibres ont d'ordinaire une structure fibrillaire; mais jamais jusqu'ici l'on n'a attribué de striation transversale à la substance musculaire d'aucun Platyhelme.

Dans leur théorie du Cœlome, les frères Hertwig ont cherché à établir que la texture et la structure du système musculaire varient suivant que les muscles procèdent d'un épithélium ou d'un mésenchyme. La striation transversale s'observerait exclusivement chez les Entérocéliens; les Pscudocéliens ne posséderaient jamais de tissu musculaire strié.

Des recherches récentes ont établi, contrairement aux présomptions des Hertwig, l'existence de fibres musculaires striées dans les adducteurs de certains Acéphales. Mais comme, d'autre part, l'origine entérocélienne des Mollusques, que les frères Hertwig rangeaient parmi les Pseudocéliens, a été définitivement démontrée (Grobben), l'on était en droit de se demander si la conception de ces auteurs ne se vérifierait pas tout au moins chez les Platyhelmes.

M. Cerfontaine, en constatant une striation transversale manifeste dans les fibres musculaires de la ventouse postérieure, chez son genre Mérizocotyle, a établi que, même les Pseudocéliens typiques peuvent faire exception à la

règle. Il ressort, en outre, de cette constatation que, dans un même groupe naturel, chez des formes voisines, le caractère du tissu musculuaire varie, voire même dans un même organe : les mêmes muscles y sont formés tantôt de substance striée, tantôt de substance non striée.

Les fibres musculaires du Mérizocotyle montrent des bandes alternativement claires et foncées, comme on l'observe au stade de contraction chez les Arthropodes et les Vertébrés. Il n'a pas été possible de découvrir d'images analogues à celles que l'on observe au stade du repos.

Les faits signalés par M. Cerfontaine méritaient de faire l'objet d'une communication spéciale. Je propose à la Classe de voter l'insertion de sa notice dans le Bulletin de la séance et d'ordonner la reproduction, par la zincographie, des figures intercalées dans le texte. »

Rapport de M, Van Bambeke, second commissaire.

M. P. Cerfontaine a bien voulu me communiquer une série de coupes microscopiques, destinées à montrer l'aspect que présentent les éléments musculaires de la ventouse postérieure de Merizocotyle diaphanum, nouveau Trématode dénommé par lui.

J'ai pu m'assurer ainsi, de visu, de la parfaite exactitude des faits signalés dans l'intéressante notice soumise à notre appréciation. Aussi, comme mon savant confrère, M. Ed. Van Beneden, premier commissaire, je propose à la Classe de voter l'insertion du travail de M. Cerfontaine dans le Bulletin de la séance. >

La Classe adopte la proposition de ses commissaires.

Sur l'action physiologique des substances suspendant la coagulation du sang; par M. Ledoux.

Rapport de M. Léon Fredericq, premier commissaire.

La note de M. Ledoux est consacrée à l'étude de quelques-unes des propriétés physiologiques des substances que l'on emploie dans les laboratoires pour sus-pendre la coagulation du sang: propeptone, savon officinal, extrait de sangsue, oxalates et fluorures alcalins. Outre la propriété de maintenir la fluidité du sang, ces produits d'origine hétérogène présentent une toxicité assez grande : plusieurs amènent d'ailleurs un abaissement considérable de la pression sanguine.

L'auteur a constaté que ces trois propriétés : action anticoagulante, toxicité et dépression artérielle, ne sont nullement liées les unes aux autres. Ainsi, à dose convenable, l'extrait de sangsue abolit la coagulation du sang, sans abaisser la pression artérielle. Si l'on injecte ensuite, au même animal, de la propeptone, la chute de pression viendra s'ajouter à la suppression de la coagulation. Inversement, la propeptone, traitée au préalable par un sel de calcium, conserve la propriété d'abaisser la pression sanguine, mais n'agit plus sur la coagulation du sang.

Arthus a démontré que l'oxalate de potassium et le fluorure d'ammonium agissaient en précipitant les sels de calcium du plasma sanguin, sels de calcium nécessaires à la formation du coagulum de fibrine. L'auteur montre que la même explication n'est pas applicable à tous les cas. Ainsi le fluorure et l'oxalate maintiennent la fluidité du sang tiré et conservé in vitro, mais leur injection intravasculaire amène la mort sans influencer la propriété de coagulation. Par contre, la propeptone et l'extrait de

sangsue n'agissent sur la coagulation que si on les introduit dans le torrent circulatoire de l'animal vivant. Ces substances se montrent indifférentes si on les ajoute à un échantillon de sang que l'on vient d'extraire par la saignée.

Le petit travail de M. Ledoux présente un double intérêt: il fait connaître plusieurs faits nouveaux se rattachant à la question encore si obscure de la coagulation du sang. De plus, il fournit des indications pratiques aux physiologistes désireux de mettre à profit les propriétés anticoagulantes des substances étudiées. C'est l'extrait de sangsue qui devra être préféré chaque fois que l'on voudra, chez l'animal vivant, suspendre la coagulation, sans influencer la pression sanguine.

J'ai l'honneur de proposer à la Classe l'insertion de la note de M. Ledoux dans le Bulletin de la séance. »

M. Masius, second commissaire, se rallie à cette proposition, qui est adoptée par la Classe.

COMMUNICATIONS ET LECTURES.

Remarques sur la constitution de la couche superficielle des corps solides; par G. Van der Mensbrugghe, membre de l'Académie.

L'année dernière, j'ai démontré, on se le rappelle (1), que, dans un corps parfaitement élastique, et vérifiant le principe d'égalité de pression, les forces attractives doivent

(1) Sur la cause commune de la tension superficielle et de l'évaporation des liquides. (Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 5a série, t. XXVI, p. 37, 1893).

3me SÉRIE, TOME XXVII.

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nécessairement produire entre les particules un rapprochement plus marqué au sein de la masse que dans la couche superficielle. Mon raisonnement, qui s'appliquait directement aux liquides, m'a permis d'expliquer, non seulement la tension superficielle, mais encore l'évaporation, dont les physiciens ne pouvaient rendre compte qu'au moyen d'hypothèses bien compliquées.

Ainsi se trouvait enfin levée une difficulté qui avait tourmenté longtemps les observateurs, dont les efforts avaient eu pour but de multiplier les preuves expérimentales de la force contractile des liquides.

Comme je l'ai dit à la même occasion, ma démonstration, rigoureuse dans le cas des liquides, s'applique aussi dans une certaine mesure aux corps solides. Je puis conclure de là que la densité d'un corps solide est souvent, sinon toujours, moindre dans la couche superficielle qu'à l'intérieur de la masse d'un pareil corps. Il m'a paru très utile de réunir quelques faits qui confirment, selon moi, cette conclusion.

Comme le rayon d'activité de l'attraction moléculaire est inférieur à 1mm/20000, l'épaisseur de la couche superficielle, quoique plus grande que cette fraction, n'est elle-même que fort pelite.

1. Certains corps solides se subliment, c'est-à-dire prennent l'état de vapeur avant de passer à l'état liquide; tels sont le camphre, la glace, l'iode, la naphtaline, l'arsenic, le pentachlorure de phosphore, le chlorure mercurique, l'anthracine, etc. Or, ce phénomène me paraît inconciliable avec une constitution égale dans toute l'étendue de la masse solide; la sublimation suppose naturellement une densité graduellement décroissante dans

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