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J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de l'auteur, M. Charles Duvivier, un exemplaire de l'histoire de La querelle des d'Avesnes et des Dampierre.

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Cette querelle qui eut pour la Belgique les plus déplorables effets, dans laquelle intervinrent la papauté, l'empire germanique, l'Angleterre, la France qui seule en tira profit, cette querelle a soulevé les plus graves questions de droit. Pour de telles questions, il faut un judicieux historien doublé d'un savant jurisconsulte.

Les nombreux documents, la plupart inédits, que M. Duvivier fournit comme preuves, donnent à son œuvre un aspect souvent nouveau, toujours du plus haut intérêt. On y trouve exposés avec lucidité le côté juridique du drame, le jeu des institutions judiciaires, le conflit entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel, le fonctionnement de règles de droit civil, de procédure, de droit politique et de droit international. »

L'auteur fait abstraction des chroniques, dont les auteurs sont généralement sujets à caution; il retrace les événements d'après les actes officiels mis en rapport avec les intérêts qui les ont inspirés : c'est la manière vraiment utile et honnête d'écrire l'histoire.

ALEXANDRE Henne.

CLASSE DES BEAUX-ARTS.

Séance du 7 juin 1894.

M. J. STALLAERT, directeur.

M. le chevalier EDM. MARCHAL, Secrétaire perpétuel.

Sont présents: MM. F.-A. Gevaert, vice-directeur ; Éd. Fétis, Ad. Samuel, Ad. Pauli, G. Guffens, Jos. Schadde, Th. Radoux, Joseph Jaquet, J. Demannez, G. De Groot, Gustave Biot, Henri Hymans, Th. Vinçotte, J. Robie, G. Huberti, A. Hennebicq, Éd. Van Even, membres; Alf. Cluysenaar et Fl. Van Duyse, correspondants.

MM. Alb. De Vriendt et P. Génard, correspondants de la Classe, s'excusent, par télégrammes, de ne pouvoir assister à la séance.

CORRESPONDANCE.

Mme veuve Ernest Slingeneyer adresse ses remerciements pour les sentiments de sympathique condoléance qui lui ont été exprimés par la Classe au sujet de la mort de son mari.

M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique communique, pour avis, les partitions manuscrites Alva et première scène de la Princesse Maleine, formant le second envoi réglementaire de M. Gilson, prix de Rome en 1889. Renvoi à l'examen de la section de musique.

La section de sculpture est chargée d'examiner le dernier rapport de M. Rombaux, prix de Rome en 1891.

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1o Une lettre inédite de Rubens; par Émile Michel (présenté par M. Hymans, avec une note qui figure ci-après); 2o Orlando di Lasso; par Ern. von Destouches, à Munich. - Remerciements.

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.

EMILE MICHEL. Une lettre inédite de Rubens.
Paris, 1894.

Le travail que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie, au nom de M. Émile Michel, de l'Institut, est la plus récente et l'une des plus précieuses contributions à l'histoire de Rubens.

La lettre qu'il nous apporte et que l'auteur commente avec la sagacité et la compétence qu'on lui connaît, appartient à la Bibliothèque Nationale, à Paris.

Avec nombre d'autres pièces importantes, elle fut dérobée, ensuite mise en vente par le fameux Libri; enfin saisie par le Parquet et réintégrée dans les collections de l'État français. Une erreur de classement l'avait fait longtemps perdre de vue. M. Michel a eu la bonne fortune de la rencontrer au cours de ses recherches sur Rubens.

Écrite en italien, selon l'habitude constante du maître, l'importante missive est adressée à Claude Fabri de Peiresc, conseiller au Parlement d'Aix, en Provence, un des grands amis de Rubens, sous la date du 18 décembre 1634.

De graves dissentiments politiques avaient divisé la

France et l'Espagne. Depuis plusieurs années la correspondance entre Rubens et Peiresc était suspendue; la situation commence toutefois à s'éclaircir et le peintre met en vif empressement à la reprendre. Il répond à une lettre toute récente de son savant ami, et commence par le mettre au courant de ce qu'il a fait dans l'intervalle, l'un des plus actifs, des plus intéressants de sa brillante carrière. Ses missions en Espagne, en Angleterre ont été couronnées d'un plein succès. Arrivé au comble des honneurs, il s'est jeté aux genoux de l'Infante pour la supplier d'être déchargé du fardeau des affaires publiques. Elle y a consenti, non sans peine et, depuis, il ne s'occupe plus que de sa très douce profession : dolcissima professione.

Il s'est remarié et s'est choisi une femme jeune. Elle avait seize ans à peine, en effet, cette belle Hélène Fourment, dont le peintre nous a laissé le merveilleux portrait de Munich, où elle apparaît dans les splendides atours qu'elle avait revêtus le jour de ses noces. De famille honorable, elle est bourgeoise, bien qu'on voulût persuader l'illustre artiste de se fixer à la cour. Mais je craignais en y demeurant, dit Rubens, ce mal de l'orgueil qui d'habitude accompagne la noblesse. Aussi ai-je préféré une personne qui ne rougirait pas de me voir prendre mes pinceaux; et, à dire vrai, il m'eût paru pénible de renoncer au précieux trésor de ma liberté pour les caresses d'une vieille. >

Si l'on est charmé de l'élévation de ce langage, on ne laisse pas de se souvenir qu'à l'époque où se contractait la nouvelle union Rubens avait cinquante-trois ans. Comme l'observe quelque part M. Paul Mantz: « cet homme avait toutes les audaces ».

Rubens parle ensuite de son fils Albert, qui voyage en

Italie; il insiste sur le prodigieux travail que lui donnent les préparatifs de la réception du Cardinal-Infant, le successeur de l'Infante Isabelle au gouvernement général des Pays-Bas. Le magistrat a mis sur ses épaules toute la charge d'une solennité qui, à raison de l'abondance et de la variété des idées, de la nouveauté des compositions et de la convenance des applications, est de nature à intéresser son correspondant lequel, du reste, en verra le détail dans l'ouvrage que prépare Gevartius. Les Gevaert, ont le voit, ont donné plus d'une illustration à notre pays.

Mais Rubens n'a le temps ni de vivre ni d'écrire. Pour rédiger cette lettre, qu'il lui plaît de qualifier d'inepte, il dérobe à son travail quelques heures de la nuit.

L'extrême fatigue occasionnée par la gigantesque entreprise dont il est ici question, contribua sans doute, pour une part, à occasionner, tout au moins à aggraver, la maladie qui, au moment de l'entrée de Ferdinand d'Antriche à Anvers, retenait chez lui l'illustre ordonnateur des beaux ensembles décoratifs élevés sur le passage du nouveau gouverneur général, circonstance à laquelle le peintre dut l'honneur d'une visite du héros de la fête.

La lettre n'a pas moins de sept pages. Son objet essentiel est de donner à Peiresc des éclaircissements sur quelques antiquités romaines.

Et qu'on ne dise point que la somme prodigieuse des connaissances de l'infatigable créateur est indifférente à la portée de son art. Pour Rubens, l'évocation de l'antiquité est en quelque sorte inséparable de la conception des ensembles. Aussi faut-il s'arrêter un moment au passage de la lettre où il se montre, au cours de ses multiples voyages, étudiant, recherchant les antiquités, ne négligeant aucune occasion d'en faire jaillir un enseignement. Il

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