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reconnaîtront qu'il est vrai. Nous n'avons fait que rappeler quelques souvenirs, en traçant ces lignes.

Nous, qui croyons mieux comprendre les intérêts des ouvriers que ceux qui les flattent et les égarent, nous leur dirons Ne demandez jamais aux coalitions qui tarissent la source du travail et qui vous ruinent, le redressement des torts dont vous croyez souffrir; résistez à d'aveugles entraînements; abstenez-vous de grèves, toujours stériles dans leurs résultats et qui peuvent avoir pour vous des suites si funestes. Si bonne que puisse être votre cause, vous la perdriez par la violence, et c'est mal comprendre la liberté que de vouloir en comprimer l'essor pour jouir de ses bienfaits.

Enfin, souvenez-vous qu'il y a en économie politique, des lois invariables qui règlent les droits des travailleurs, c'est le rapport entre l'offre et la demande. Lorsque les commandes sont nombreuses, que les bras sont rares, c'est le moment où chacun, agissant isolément dans la plénitude de sa volonté, peut fixer le prix de sa main-d'œuvre. Si sa prétention n'est pas exagérée, elle sera accueillie par l'un ou par l'autre, car il faut que les commandes s'exécutent, et une fois le prix de la journée augmenté, il y a peu d'exemples de réduction en temps ordinaire.

Depuis la surélévation des loyers et des denrées, la main-d'œuvre a subi une augmentation sensible. Dans un temps plus ou moins long, les loyers diminueront, plusieurs années d'abondance réduiront le prix des denrées, mais le prix de la journée restera ce qu'il est aujourd'hui.

Nous reconnaissons tout ce qu'il y a de grave dans cette question qu'il est impossible de réglementer sans toucher, d'un côté à la propriété sacrée du travail, et de l'autre au respect dû à la liberté des transactions. Nous croyons, qu'après la révolution de 1848, une des causes qui a produit la crise commerciale et industrielle et l'a rendue si tendue, c'est l'essai intempestif de réglementation fait par le gouvernement provisoire. Sans doute, les conseils de prud'hommes peuvent éclairer les parties et chercher à les concilier. L'autorité, par la voie de la presse et de ses agents doit prévenir les ouvriers lorsqu'ils se sont laissé entraîner par les suggestions d'hommes qui exploitent toutes les occasions de trouble et d'émeutes; mais là finit la mission des uns et le pouvoir de l'autre.

Espérons qu'avec le temps, les travailleurs, plus instruits, connaîtront mieux leurs droits et les moyens légaux à employer pour les faire valoir.

CHAPITRE V.

OBLIGATIONS DU PÈRE

L'OUVRIER EN MÉNAGE.

DE FAMILLE.

Le mariage est un des actes les plus importants de la vie ; aussi le travailleur doit-il apporter dans celui-ci toute la réflexion possible, surtout s'il veut sacrifier quelque chose du présent à l'avenir.

Les unions entre ouvriers sont le plus ordinairement décidées par l'inclination, ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait beaucoup de ménages où la concorde est loin d'être parfaite.

En général, l'ouvrier se marie jeune; le plus souvent avant trente ans. S'il n'a pas beaucoup d'enfants, que sa compagne soit économe, que lui-même soit laborieux et rangé, le mariage ne nuit en rien à son bonheur. Au contraire, il trouve dans une union honnête et lé

gitime une sauvegarde contre les égarements de la jeunesse; et il échappe ainsi à la vie de concubinage, malheureusement trop commune dans les classes travailleuses.

Chef de famille, sa responsabilité va s'étendre, il n'aura plus seulement à s'occuper de son existence, il devra pourvoir à celle de sa femme et de ses enfants; s'il comprend bien ses obligations, elles lui donneront la force et le courage de les remplir, et il trouvera sa récompense dans l'accomplissement de son devoir. Mais s'il manque d'énergie, si, comme un lâche, il veut s'exempter des difficultés qu'il s'est lui-même volontairement imposées, s'il cherche, dans les distractions du cabaret ou de l'estaminet, l'oubli de ses peines, sa tâche s'augmentera de tout ce qu'il aura voulu lui soustraire, et si son cœur n'est pas entièrement fermé à tous bons sentiments, il souffrira de sa misère et de celle qu'il aura causée aux siens.

Le chef de famille a des obligations à remplir:

1o Envers ses enfants auxquels il doit le bon exemple, une instruction en rapport avec ses facultés, et les moyens de gagner honorablement leur vie, en leur faisant apprendre un état ;

2 Envers la société à laquelle il doit donner des hommes honnêtes et utiles. C'est en remplissant ces

deux conditions qu'il satisfera à ses devoirs de père et

de citoyen.

Aujourd'hui, les ouvriers ont toutes les facilités pour faire instruire leurs enfants. Ceux qui ne le font pas sont bien coupables, ils ressentiront plus tard les effets de leur faute. Il est regrettable que les parents ne soient pas contraints d'envoyer leurs enfants à l'école, ainsi que cela a lieu en Prusse et dans plusieurs villes d'Allemagne, et ainsi qu'on a plusieurs fois demandé d'en introduire l'usage en France. « Répandez l'instruction sur la tête du peuple, disait un publiciste éminent, vous lui devez ce baptême. » Espérons qu'un jour viendra, où à la fin de sa carrière, on tiendra compte au travailleur dans la rémunération de ses œuvres, d'avoir donné à ses enfants l'instruction qui était à la portée de sa position.

Les ménages les plus pauvres, ceux chez lesquels la femme est obligée de travailler au dehors et ne peut donner assez de soins à ses enfants, trouvent, dans une suite d'établissements philanthropiques, les moyens de les faire élever convenablement et sans frais. Les crèches reçoivent les enfants à leur naissance jusqu'à l'âge de deux ans. A cet âge, la salle d'asile leur est ouverte jusqu'à six ans. A cette époque, ils peuvent entrer dans une école communale jusqu'à leur

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