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tout d'une manière différente des personnes des classes aisées? On dirait parfois qu'ils affectent la rudesse et la grossièreté dans le ton, dans l'accent, dans le langage, dans les gestes, dans toutes les manières enfin. Ils semblent chercher à se montrer en tout différents des autres hommes, et ils s'étonnent après cela qu'ils les traitent autrement.

Nous qui aimons trop les ouvriers pour les flatter aux dépens de la vérité; nous leur dirons après M. Rapet: «Comprenez mieux vos intérêts; reprenez votre dignité d'homme que vous semblez oublier : que la fortune soit la seule différence qu'on puisse remarquer entre vous et les autres hommes.

» Aujourd'hui plus que jamais, l'instruction et l'éducation tendent à établir seules une ligne de démarcation entre les hommes de tous les rangs de la société. Efforcez-vous de la faire disparaître, cela dépend de vous, et la société vous en offre les moyens. Vous êtes de nos jours en contact continuel avec les hommes de toutes les classes; vous les coudoyez partout, dans les rues, dans les promenades, dans les musées, les galeries, dans les lieux publics, qui vous sont ouverts comme à tout le monde. Vous vous asseyez partout à côté d'eux, à l'église et au spectacle, dans les omnibus et les voitures publiques; à l'école même vos

enfants prennent place sur les mêmes bancs avec ceux de la bourgeoisie. Imitez donc les hommes des conditions plus élevées; au lieu d'affecter la rudesse en leur présence, rivalisez avec eux par la poFtesse et par l'urbanité du langage, et, croyez-m'en, mes amis, vous aurez achevé de renverser la barrière que vous croyez exister entre vous et les hommes des classes aisées, barrière que vous seuls maintenez encore '. »

Chaque classe de la société a ses princes, ses dues, ses comtes et ses barons. Si ces titres ne sont pas conférés par le souverain, ils le sont par l'opinion publique à la vertu et au génie; et, c'est un titre moins vain que l'on ne pense que celui de prince de la science décerné à tel médecin ou à tel savant,

Notre respect est acquis aux grands noms historiques ainsi qu'aux illustrations nouvelles; mais nous nous en croyons dispensés envers un descendant de Charlemagne ou de Montmorency, s'il n'a rien fait qui le recommande à la reconnaissance de la nation.

Aujourd'hui, tout passe au creuset de l'analyse; chaque homme est une pièce de monnaie qui a son poids et son prix; il peut être surchargé de décora

↑ Manuel de morale et d'économie politique.

tions et de titres, posséder la fortune d'un nabab s'il

:

n'a aucune valeur personnelle, s'il ne produit rien, il végétera dans l'obscurité écrasé par le souvenir de ses aïeux.

L'homme de science ou de génie, au contraire, dans quelque condition que le hasard l'ait fait naître, prendra la place assignée à son mérite malgré les obstacles qu'il rencontrera sur sa route. Nous sommes de l'avis de M. Th. de Bénazé : « De nos jours on ne dit plus : Noblesse oblige. La meilleure noblesse est celle du cœur; chacun ne croit plus relever que de sa conscience. Aussi, ce qui oblige, c'est le nom qu'on s'est fait, c'est la position qu'on occupe, c'est le rang qu'on a su conquérir. >>

Pour nous renfermer dans le sujet que nous nous sommes tracé, ouvrez le livre des artisans illustres, ce livre d'or du travail; que voyez-vous? Des ouvriers qui, par une intelligence supérieure, se sont placés à la tête de leur industrie, qu'ils ont fait progresser, et, au bout de leur sillon, ont trouvé l'honneur, la considération et la fortune.

A la dernière Exposition, le gouvernement, en décorant des contre-maîtres et de simples ouvriers, répondait au vœu national qui, de jour en jour, tend à effacer toute démarcation entre les différentes classes de

la société, et confond tous les services rendus au pays dans un même sentiment de reconnaissance comme ils le sont dans l'unique symbole de la récompense.

La marche incessante du progrès et de la raison nous approche du moment où se réalisera cette formule de l'école saint-simonienne: A chacun suivant

ses œuvres.

CHAPITRE VII.

LA MAITRISE.

LES LIVRES DE COMMERCE RÉGULIÈREMENT TENUS SONT INDISPENSABLES.

Notre cadre serait incomplet si nous ne nous occupions pas des ouvriers qui parviennent à s'établir. Ils n'en restent pas moins pour cela des travailleurs; ils sont fabricants ou petits commerçants. Quelques-uns, par suite de circonstances heureuses ou par le développement de leur intelligence, deviennent chefs de maisons importantes; mais c'est l'exception. Nous ne nous adressons qu'aux premiers.

A mesure que l'homme franchit un degré de l'échelle sociale, sa responsabilité s'accroît : tout avantage a ses obligations.

Il n'y a que l'impuissance et l'envie qui ne voient que du bonheur ou de la chance, pour nous servir du mot

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