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la poursuite de la division Pennas, qui s'étant échappée de la bataille de Tudela s'était dirigée sur Guadalaxara. FloricaBlanca et la Junte s'étaient enfuis d'Aranjuez, et s'étaient sauvés à Tolède; ils ne se sont pas crus en sûreté dans cette ville, et se sont refugiés auprès des Anglais. La conduite des Anglais est honteuse! Dès le 20, ils étaient à l'Escurial au nombre de 600, ils y ont passé quelques jours. Ils ne prétendaient pas moins que franchir les Pyrénées et venir sur la Garonne. Leurs troupes sont superbes et bien disciplinées. La confiance qu'elles avaient inspirée aux Espagnols était incon cevable; les uns espéraient que cette division irait à Somo. Sierra, les autres qu'elle viendrait défendre la capitale d'un allié si cher; mais tous connaissaient mal les Anglais. A peine eut-on avis que l'empereur était à Somo-Sierra, que les troupes anglaises battirent en retraite sur l'Escurial. De-là, combinant leur marche avec la division de Salamanque, elles se dirigèrent sur la mer. Des armes, de la poudre, des habits, ils nous en ont donné, disait un Espagnol; mais leurs soldats ne sont venus que pour nous exciter, nous égarer et nous abandonner au milieu de la crise. "Mais, répondit un officier français, ignorez-vous donc les faits les plus récens de notre histoire? Qu'ont-ils fait pour le Stathouder, pour la Sardaigne, pour l'Autriche? Qu'ont-ils fait récemment pour la Russie? Qu'ont-ils fait plus récemment encore pour la Suède? Ils fomentent partout la guerre, ils distribuent des armes comme du poison: mais ils ne versent leur sung que pour leurs intérêts directs et personnels. N'attendez pas autre chose de leur égoïsme."-" Cependant, repliqua l'Espagnol, leur cause était la nôtre : 40,000 Anglais ajoutés à nos forces à Tudéla et à Espinosa pouvaient balancer les destins et sauver le Portugal. Mais à présent que notre armée de Blake à la gauche, que celle du ceutre, que d'Arragon à la droite, sont détruites, que les Espagnes sont presque conquises, et que la raison va achever de les soumettre, que deviendra le Portugal? Ce n'est pas à Lisbonne que les Anglais devaient le défendre, c'est à Espinosa, à Burgos, à Tudela, à Somo-Sierra et devant Madrid."

No. I.

A. M. le commandant de la ville de Madrid.

Devant Madrid, le 3 Décembre, 1808. Les circonstances de la guerre ayant conduit l'armée française aux portes de Madrid, et toutes les dispositions étant faites pour s'emparer de la ville de vive force, je crois convenable et conforme à l'usage de toutes les nations de vous sommer, monsieur le général, de ne pas exposer une ville aussi importante à toutes les horreurs d'un assant, et rendre tant d'habitans paisibles victimes des maux de la guerre. Voulant

he rien épargner pour vous éclairer sur votre véritable situation, je vous envoie la présente sommation par l'un de vos, officiers fait prisonnier, qui a été à portée de voir les moyens qu'a l'armée pour reduire la ville.

Recevez, monsieur, le général, l'assurance de ma haute considération.

Le vice-connétable major-géneral,

(Signé)

ALEXANDRE.

No. II.

A. S. A.S. le prince de Neuchâtel.

Monseigneur,

Avant de répondre cathégoriquement à V. A, je ne puis me dispenser de consulter les autorités constituées de cette ville et de connaître les dispositions du peuple en lui donnant avis des circonstances présentes.

A ces fins, je supplie V. A. de m'accorder cette journée de suspension pour m'acquitter de ces obligations, vous promettant que demain, de bonne heure, ou même cette nuit, j'enverrai ma réponse à V. A. par un officier général.

Je prie V. A. d'agréer les assurances de toute la considération due à son rang eminent et à son mérite.

Madrid, le 3 Décembre, 1808.

Sérénissime seigneur,

(Signé) F. marquis de CASTELAR.

No. III,

Au général, commandant à Madrid.

Au camp impérial devant Madrid, le 4 Décembre, 1808, à onze heures du matin. M. le général Castelar, défendre Madrid est contraire aux principes de la guerre et inhumain pour les habitans. S. M. m'autorise à vous envoyer une seconde sommation. Une ar tillerie immense est en batterie: des mineurs sont prêts à faire sauter vos principaux édifices. Des colonnes sont à l'entrée des débouchés de la ville, dont quelques compagnies de voltigeurs se sont rendus maîtres; mais l'empereur, toujours généreux dans le cours de ses victoires, suspend l'attaque jusqu'à deux heures. La ville de Madrid doit espérer protection et sûreté pour ses habitans paisibles, pour le culte, pour ses ministres; enfin l'oubli du passé. Arborez un pavillon blanc avant deux heures, et envoyez des commissaires pour traiter de la reddition de la ville.

Recevez, M. le général, etc,
Le major-géueral

(Signé) ALEXANDRE.

23 Décembre, 1808.

Paris, le 22 Décembre.

DECRETS IMPÉRIAUX.

Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

En notre camp impérial de Burgos

le 12 Novembre, 1808.

Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie, et Protecteur de la Confédération du Rhin.

Considérant que les troubles d'Espagne ont été principalement l'effet des complots tramés par plusieurs individus, et que le plus grand nombre de ceux qui y ont pris part ont été égarés ou trompés;

Voulant pardonner à ceux-ci, et leur accorder l'oubli des crimes qu'ils ont commis envers nous, notre nation, et le roi potre frère;

Voulant en même tems signaler ceux qui, après avoir juré fidélité au roi, ont violé leur serment, qui, après avoir accepté des places, ne se sont servis de l'autorité qui leur avait été confiée, que pour trahir les intérêts de leur souverain, et qui, au lieu d'employer leur influence pour éclairer les citoyens, n'en ont fait usage que pour égarer:

Voulant, enfin, que la punition des grands coupables serve d'exemple dans la postérité, à tous ceux qui, placés par la Providence à la tête des nations, au lieu de diriger le peuple avec sagesse et prudence, le pervertissent, l'entraînent dans le désordre des agitations populaires, et le précipitent dans les malheurs de la guerre ;

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Les ducs de l'Infantado, de Hijar, de MedinaCeli, de Ossuna; le marquis de Santa-Cruz; les comtes de Fernan-Nunez et d'Altamira; le prince de Castel-Franco, le S. Pierre Cevallos, ex-ministre d'état, et l'évêque de Santander, sont déclarés ennemis de la France et de l'Espagne, et traîtres aux deux couronnes. Comme tels, seront saisis en leur personne, traduits à une commission militaire, et passés par les armes. Leurs biens, meubles et immeubles seront confisqués en Espagne, en France, dans le royaume d'Italie, dans le royaume de Naples, dans les états du pape, dans le royaume de Hollande, et dans tous les pays occupés par l'armée française, pour répondre des frais de la guerre.

2. Toutes ventes et toutes dispositions soit entre vie, soit testamentaires, faites par eux ou leurs fondés de procuration postérieurement à la date du présent décret, sont déclarées nulles et de nulle valeur.

3. Nous accordons, tant en notre nom qu'au nom de notre frère le roi d'Espagne, pardon général et amnistie pleine et

entière à tous Espagnols qui, dans le délai d'un mois après notre entrée à Madrid, auront mis bas les armes et renoncé á toute alliance, adhésion et communication avec l'Angleterre, se seront ralliés autour de la constitution et du trône et rentreront dans l'ordre si nécessaire au repos de la grande famille du continent.

4. Ne sont exceptés du dit pardon et de la dite amnistie ni les membres des juntes centrales et insurrectionnelles, ni les généraux et officiers qui ont porté les armes, pourvu néanmoins que les uns et les autres se conforment aux dispositions établies par l'article précédent.

5. Le présent décret sera publié et enregistré dans tous les conseils, cours et tribunaux, pour être exécuté comme loi de l'état.

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Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

En notre camp impérial de Madrid, le 4 Décembre, 1808.

Napoléon, Empereur des Français, Roi d'Italie, et Protecteur de la Confédération du Rhin.

Considérant que le conseil de Castille a montré, dans l'exer cice de toutes ses fonctions, autant de fausseté que de faiblesse:

Qu'après avoir publié dans tout le royaume le rénonciation du roi Charles IV, et des princes D. Fernando, D. Carlos, D. Francisco, et D. Antonio à la couronne d'Espagne, et d'après avoir reconnu et proclamé nos légitimes droits au trône, il a eu la bassesse de déclarer, aux yeux de l'Europe et de la pos térite, qu'il n'avait souscrit ces divers actes qu'avec des res trictions intérieures et perfides;

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. Jer. Les membres du conseil de Castille sont destitués comme lâches et indignes d'être magistrats d'une nation brave et généreuse.

2. Les présidens et procureurs du roi seront arrêtés et rétenus comme ôtages. Les autres membres du dit conseil seront tenus de rester à Madrid dans leur domicile, sous peine d'être poursuivis et punis comme traîtres. Sont exceptés néanmoins de la présente disposition ceux des membres du dit conseil qui n'auraient pas signé la délibération du 11 Aout, 1808, aussi des honorante pour la dignité du ma gistrat que pour le caractère de l'homme.

3. Le présent décret sera publié et enregistré dans tous les conseils, cours et tribunaux, pour être exécuté comme loi de l'état.

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Extrait des minutes de la secrétairerie d'état.

En notre camp impérial de Ma

drid, le 4 Décembre, 1808.

Napoléon, empereur des Français, Roi d'Italie, et Protecteur de la Confédération du Rhin.

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. Le tribunal de l'inquisition est aboli comme attentatoire à la souverainété et à l'autorité civile.

2. Les biens appartenans à l'inquisition seront mis sous le séquestre, et réunis au domaine d'Espagne pour servir de garantie aux valeurs et à tous autres effets de la dette publique. 3. Le présent décret sera publié et enregistré dans tous les conseils, cours et tribunaux, pour être exécuté comme loi de l'état.

Par l'empereur;

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Le ministre secrétaire d'état, (Signé) H. B. MAret.

Extrait des minutes de la secrétairerie-d'état.

Napoléon, emepreur des Français, roi d'Italie, et Protecteur

de la confédération du Rhin.

Nous avons décrété et décrétons ce qui suit:

Art. 1er. A dater de la publication du présent décret, les droits féodaux sont abolis en Espagne.

2. Toute redevance personnelle, tous droits exclusifs de pêche, de madrague ou autres droits de même nature sur les côtes, fleuves, et rivières, toutes banalités de fours, moulins, hôtelleries sont supprimés. Il sera permis à chacun, en se conformant aux lois, de donner un libre essor à son industrie. 3. Le présent décret sera publié et enregistré dans tous conseils, cours et tribunaux pour être exécuté comme loi

jes

de l'état.

Par l'empereur,

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Le ministre secrétaire d'état, (Signé) H. B. MARET

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