Page images
PDF
EPUB

STATISTIQUE DE L'INDUSTRIE MINÉRALE, ETC. 25

nes dans lesquelles on a travaillé n'ont donné aucun bénéfice. En présence de ces résultats, les travaux se concentrent de plus en plus dans les concessions les mieux dotées au triple point de vue de la richesse minérale, de l'outillage industriel et des réserves financières.

La situation ne se prête que difficilement à la recherche de nouveaux gisements; en effet, le nombre des entreprises de ce genre a diminué de près de moitié.

Les houillères composent les deux tiers des mines en activité et occupent les neuf dixièmes des ouvriers mineurs. Elles appellent donc tout spécialement l'attention. Leur production a consisté en 19.511.000 tonnes de charbon. Ce chiffre représente une diminution de 513.000 tonnes par rapport à 1884 et de 1.823.000 tonnes (soit 8,5 p. 100) relativement à 1883, année où l'exploita tion des combustibles minéraux était à son apogée.

La consommation, à laquelle les houilles étrangères importées de Belgique, d'Angleterre et d'Allemagne continuent à subvenir pour un tiers, a décliné d'une façon analogue. De 32.439.000 tonnes en 1883, elle est descendue à 30.941.000 tonnes en 1884, et 30.035.000 en 1885, soit une perte de 7,4 p. 100 en deux ans. Ļa diminution n'a d'ailleurs pas été aussi sensible pendant cette dernière année que pendant la précédente.

La production des usines sidérurgiques, ainsi que la consommation de fonte, de fer et d'acier, se sont réduites dans des proportions encore plus fortes, comme il ressort des chiffres suivants :

[blocks in formation]

Les maîtres de forges ont dû consentir à des réductions de prix considérables sur la plupart des marchandises, afin de conserver

leurs débouchés. Si les aciéries n'avaient pas réussi à exporter 60.000 tonnes de rails, la production se serait encore amoindrie davantage. Jamais les produits de la métallurgie n'ont été vendus à aussi bon marché.

La houille est néanmoins encore à un prix élevé comparativement aux autres pays. La tonne s'est vendue moyennement à 11,73 sur le carreau des mines, en baisse de 60 centimes. Les frais de main-d'œuvre, qui entrent pour plus de moitié dans le prix de revient, ont diminué de 43 centimes par rapport à 1884, par suite d'une légère réduction des salaires et surtout d'un meilleur rendement.

Le ralentissement de l'industrie minérale, en restreignant le champ du travail, a entraîné le renvoi d'une partie des ouvriers.

Le nombre des mineurs employés dans les différentes mines de France et d'Algérie, qui était de 121.000 en 1884, est descendu à 111.500, soit 9.500 de moins; et, l'année précédente, on constatait déjà dans les mêmes exploitations une diminution de 5.000 mineurs. Dans les carrières, il s'est produit une réduction analogue, estimée à 6.000 personnes pour la période biennale.

Si l'on compte en outre 11.000 ouvriers, qui ont cessé d'être occupés dans les établissements métallurgiques, en ne parlant que des usines de gros œuvre (les seules dans lesquelles les ingénieurs des mines recueillent des renseignements annuels), on trouve que, dans l'espace de deux ans, une population de plus de 31.000 ouvriers a été privée de son travail accoutumé dans les deux branches de l'industrie dont il s'agit.

La crise ne s'est d'ailleurs pas bornée à la France.

Les données de la statistique internationale relatives à la production des mines et des usines métallurgiques des principales contrées, montrent bien son étendue et son importance.

A cet égard, quelques chiffres sont intéressants à citer. Autant qu'on peut le déterminer en analysant les statistiques publiées à l'étranger, la production de la houille et celle de la fonte à la surface du globe et, par suite, la consommation de ces deux éléments primordiaux de l'industrie moderne, ont été les suivantes pendant les dernières années :

[blocks in formation]

On voit qu'il y a eu, en 1885, une diminution de 9 millions de tonnes sur le charbon (soit un peu plus de 2 p. 100) et une autre, beaucoup plus importante relativement, sur la fonte. Cette dernière a atteint 2 millions de tonnes (non loin de 10 p. 100) dans l'intervalle de 1883 à 1885. Le chômage d'un grand nombre de hauts fourneaux auquel il a fallu se résoudre déjà en 1884, et qui s'est encore propagé l'année suivante, a donc précédé et manifestement provoqué le recul de l'extraction houillère.

Les États-Unis y ont contribué pour la plus forte part. Leur production de charbon est, en effet, descendue, de 108.617.000 tonnes en 1884, à 100.654.000 en 1885. Si leur production de fonte, qui représente 4.109.000 tonnes pour cette dernière année, n'a diminué que de 54.000 tonnes pendant l'exercice, il faut observer qu'elle avait déjà subi, en 1884, une réduction considérable montant à 506.000 tonnes.

Malgré les ressources exceptionnelles dont elle dispose, l'Angleterre a aussi souffert dans ses houillères et plus encore proportionnellement dans ses usines. La production du charbon, qui montait à 163.300.000 tonnes dans la Grande-Bretagne et l'Irlande, en 1884, a baissé de 2.400.000 tonnes l'année suivante; en même temps celle de la fonte a décru de 403.000 tonnes sur 7.937.000.

De son côté, la Belgique n'a fourni, en 1885, que 17.438.000 tonnes de houille et 713.000 de fonte, chiffres qui accusent des diminutions de 613.000 tonnes sur la production de ses charbonnages et de 38.000 sur celle de ses hauts fourneaux.

L'Allemagne a été plus favorisée.

La Prusse n'a ralenti, en 1885, ni son extraction houillère, qui a donné 64.266.000 tonnes, soit 320.000 d'augmentation, ni sa fabrication de fonte, qui s'est élevée à 2.665.000 tonnes, soit 46.000 d'excédent.

La production de charbon de l'Autriche, bien moins importante que celle de la Prusse, mais supérieure à celle de la Belgique, puisqu'elle a atteint, en 1885, 17.893.000 tonnes, sans compter la Hongrie, a augmenté dans une proportion très élevée, de près de 700.000 tonnes (quantité dans laquelle le lignite entre pour les deux tiers). Néanmoins, dans ce pays, la fabrication de la fonte n'a pas dépassé 540.000 tonnes, présentant une forte diminution de 51.000 tonnes.

L'ensemble de ces chiffres indique bien que la crise dont notre industrie minérale éprouve les atteintes n'est pas spéciale à la France, et en même temps qu'elle est très complexe. Elle tient

à des causes multiples dont un certain nombre échappe à notre appréciation.

[ocr errors]

Il y a lieu de signaler, toutefois, qu'une amélioration s'est manifestée dans la situation de nos exploitations minérales en 1886. En effet, il ressort des renseignements recueillis par les ingénieurs des mines, à la fin des deux derniers semestres, que notre production de charbon est remontée à 20.045.000 tonnes, en reprise d'environ 534.000 comparativement à l'année 1885.

Bien que ces indications sommaires doivent être l'objet d'une revision ultérieure, notamment d'un contrôle sur le carreau des mines, de sorte que les chiffres définitifs ne pourront être connus avant plusieurs mois, la commission pense devoir en consigner dans ce rapport les principales données.

Elles sont présentées dans le tableau ci-dessous, où figurent les chiffres correspondants de la statistique de 1885 comme termes de comparaison :

Production comparée des combustibles minéraux en 1885 et en 1886 dans les différents groupes de bassins.

[blocks in formation]

Les ingénieurs ont également recueilli des renseignements semestriels provisoires sur les usines à fer de chaque département. Les totaux relatifs à l'année 1886 sont les suivants :

[blocks in formation]

D'où résultent des diminutions de 123.000 tonnes sur la fonte, de 15.000 sur le fer et de 87.000 sur l'acier, par comparaison

avec les produits de 1885. Si les informations prises auprès des maîtres de forges sont suffisamment exactes, les chiffres qui précèdent montrent que la crise métallurgique, si intense, que subissent nos usines n'est pas terminée, tandis que d'autres branches d'industrie consommant du charbon semblent plus favorisées.

- La statistique des appareils à vapeur, qui fait suite à celle de l'industrie minérale, embrasse les établissements les plus divers, les chemins de fer et les bateaux. Les résultats de 1885 permettent de constater que l'outillage mécanique a continué à se propager dans les fabriques de toute sorte, mais plus particulièrement dans celles de faible importance, qui n'en étaient pas encore pourvues; les progrès ont toutefois été beaucoup moins marqués, en général, qu'ils ne l'avaient été pendant les années qui précédaient la crise, sauf dans les exploitations agricoles.

De même, le nombre des bateaux à vapeur est demeuré sensiblement stationnaire.

Quant aux chemins de fer, chacun sait combien leur trafic s'est amoindri. Cette fâcheuse diminution s'est traduite par une diminution de 91 locomotives, sur 9.241 qui étaient précédemment en service. Cette réduction, quoique légère, mérite d'autant plus de fixer l'attention que l'extension donnée aux divers réseaux, dans le courant de la même année, forme une longueur de voie ferrée de 1.461 kilomètres; jusqu'alors le nombre et la puissance des locomotives avaient été constamment en augmentant.

Si l'on récapitule les chaudières de tout genre et les récipients de vapeur soumis à la surveillance du service des mines, on obtient un total d'un peu plus de 100.000 appareils. Les machines en activité ont été au nombre de 66.517, représentant une force motrice disponible de 4 millions et demi de chevaux-vapeur.

Le nombre des accidents dus à l'emploi de la vapeur s'est amoindri notablement, ainsi que celui des victimes.

Dans les mines et dans les carrières, souterraines ou à ciel ouvert, on constate simplement, sous ce rapport, une diminution dans le total des ouvriers blessés.

La commission pense, Monsieur le Ministre, que les différentes parties de la statistique, dont elle vient de tracer une analyse

« PreviousContinue »