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science de l'agriculture ait été poussée plus loin. Les soies, les huiles, les riz, rendent l'Europe tributaire du royaume de Sardaigne. Sa population prise en masse est d'ailleurs peu chargée d'impôts : le budget, qui ne peut manquer d'être beaucoup réduit lorsque le désarmement général permettra de diminuer l'armée sarde, ne dépasse point 72 millions de francs, ce qui ne donne que 17 francs environ par individu. On aura une idée dés réductions dont ce budget est susceptible, quand on saura que la dette, y compris les intérêts du dernier emprunt, n'y figure que pour 6,670,000 fr. Sur la partie qui existait avant cet emprunt, 1,537,000 fr. seulement se trouvent entre les mains des particuliers; le reste appartient à des établissemens publics, au clergé, etc. C'est au surplus le second pas que fait le gouvernement du roi Charles-Albert dans la carrière des emprunts: le premier, qui a eu lieu en 1831, avait déjà accru la dette de l'état d'une somme de 25 millions.

MODENE. PARME. TOSCANE ETATS ROMAINS.

Il n'est pour ainsi dire rien survenu dans les états du centre de l'Italie, qui mérite d'attirer l'attention de l'historien. A Modène le procès d'un professeur de l'université de cette ville, convaincu d'avoir conçu en 1833 un plan de révolte contre la souveraineté de la maison d'Est, a entraîné un grand nombre d'arrestations nouvelles qui ont atteint indistinctement des ecclésiastiques, des nobles, des propriétaires et même des magistrats que l'on était accoutumé à compter parmi les partisans du gouvernement. Quant au principal prévenu, à l'égard duquel il a été entre autres parfaitement établi, suivant sa sentence, « qu'il professait de détestables doctrines tant morales et politiques que religieuses; qu'il n'avait aucun principe solide de religion ni de dogme, étant tantôt déiste, tantôt athée, tantôt païen (mitologo), et qu'il était livré à la lecture abominable, des ou

vrages philosophiques et impies », une commission militaire l'a condamné, outre la confiscation de ses biens, à la peine du gibet, laquelle, en considération de ses aveux, a été commuée en celle des galères à perpétuité.

Peu s'en est fallu que la présence de don Miguel à Parme ne devint l'occasion d'une émeute contre le voyageur détrôné, qui s'est vu accueilli dans cette ville de la manière la plus injurieuse par le peuple rassemblé sur son passage.

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Un traité de paix, de commerce et d'amitié a été conclu cette année entre le grand-duc de Toscane et le sultan, traité dont les Toscans se promettaient d'heureux résultats leurs relations avec les Echelles du Levant, et qui accorde à leurs navires le libre passage du Bosphore et du détroit des Dardanelles."

Un autre traité conclu depuis 1829 entre la Toscane et l'Autriche, et dont les ratifications n'ont été échangées que le 6 août 1834, règle les conditions de l'extradition des criminels de l'un et de l'autre état. Dans le nombre des crimes' qui pourront déterminer l'extradition, on trouve en première ligne celui de haute trahison ou d'avoir voulu troubler l'ordre public de la société. La révolte, l'insurrection, la désóbéissance aux lois et aux autorités du pays n'y sont pas oubliées. Suivent ensuite les crimes ordinaires, entre lesquel's on ne remarque que le vol accompagné de violence, ou dépassant la somme de 300 livres toscanes (environ 215 francs).

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Au dehors, des événemens que le Saint Père déplore avec une profonde amertume, en menaçant pour la seconde fois de recourir à ses foudres spirituelles, et qui portent des coups sensibles à l'influence de l'église en Espagne et surtout en Portugal; au dedans, le poids d'une double occupation étrangère, des rixes entre les troupes pontificales et les au service de la cour de Rome, des finances obérées, un système de defiance et de rigueur appliqué à la Romagne septentrionale (Bologne, Ferrare, Ancône, Fermo), gardée en

Suisses

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grande partie par les Autrichiens, tel est en résumé le tableau que présentent encore cette année les Etats romains.

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Cependant quelques actes d'administration, et entre autres la publication au mois de novembre d'un réglement législatif et judiciaire sur les affaires civiles, dans lequel les lois en vigueur sont recueillies et distribuées en sept sections, semblaient indiquer de la part du gouvernement papał une, tendance plus prononcée à suivre la voie des améliorations intérieures.

DEUX-SICILES.

On a vu dans notre volume de 1832 (page 443), que des difficultés s'étaient élevées entre Naples et Maroc. Sur la nouvelle officielle que l'empereur de Maroc venait de fermer ses ports au pavillon napolitain, et de manifester des intentions hostiles en faisant armer en course deux de ses brigantins, le roi de Naples, dans sa sollicitude pour le commerce national qui allait se trouver en butte aux attaques de tous les corsaires barbaresques sous pavillon maroquin, donna immédiatement des ordres pour le départ d'une division navale composée d'une frégate, d'une corvette, d'un brick et d'une goëlette. Ces quatre bâtimens mirent à la voile en mai, pour le détroit de Gibraltar, sous le commandement du contre-amiral Staïti. Il était chargé d'aplanir les différends avec l'empereur, et en cas de refus, de bloquer Tanger ainsi que les autres villes de la côte. Cette démonstration n'eut pas moins de succès que celle qui avait eu lieu l'année précédente contre Tunis: l'empereur se hata de conclure la paix à des conditions favorables pour la navigation napoli

taine..

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Dans l'intérieur du royaume les affaires n'ont pas marché en proportion de la vive attente qu'elles avaient excitée, et de l'attention dont elles ont été l'objet pendant le cours de cette année. Beaucoup de bruits avaient été répandus sur les ten

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dances libérales du roi, qui devaient, disait-on, se résumer prochainement dans l'octroi d'une constitution à ses sujets, et dans l'adhésion de cette puissance à un système politique fondé sur des intérêts communs à la France, à l'Espagne, au Portugal et à l'Italie indépendante. Cette adhésion aurait fait ressortir d'une manière de plus en plus frappante la division de la politique européenne, en politique du sudouest et en politique du nord-est. Ces bruits avaient reçu une sorte de confirmation de quelques actes d'administration, conçus dans un esprit d'amélioration et de progrès; d'une certaine tolérance accordée aux opinions, et enfin de négociations entamées entre les cours de Naples et de Paris pour une alliance de famille : mais, soit qu'ils n'eussent que peu de fondement, soit plutôt que des influences diplomatiques agissant dans un sens contraire aient prévalu à Naples, les choses y sont restées dans le statu quo, et le gouvernement a fini par désavouer hautement toutes les conjectures qu'on avait hasardées sur l'établissement d'un régime représentatif plus ou moins avancé.

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CHAPITRE VII.

ESPAGNE. Expositions des capitaines-généraux contre M. Zéa Bermudez. -Formation d'un nouveau ministère.-Premières mesures de ce minis tère. Etat de la presse. Nouvelle aministie. - Établissement des milices urbaines. Troubles à Madrid. -État de l'insurrection carliste dans le nord. - Conspiration dans la province de Murcie. Actes du gouvernement. Suppression des anciens conseils. Statut royal qui rétablit les Cortès. Reconnaissance de dona Maria comme reine de Portugal. Envoi d'une expédition dans ce royaume.

la quadruple alliance.

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- Traité de

Nomination d'un nouveau ministre de l'intétieur, Décret relatif à l'élection des procuradores ou députés. — Nouvelle amnistie. Décret qui défend de recevoir des novices dans - les couvens. Décret sur la presse périodique. — Départ des ambassadeurs d'Autriche, de Russie et de Prusse. Nomination d'un nouveau ministre des finances. Nomination de 86 proceres ou pairs du royaume. Etat de l'insurrection carliste. Envoi du général Rodif et de l'ar›mée de Portugal dans le nord. →→ Arrivée de don Carlos en Navarre. — Opérations militaires des insurgés et des troupes de la reine. — Articles additionnels au traité de la quadruple alliance.. Décret qui supprime l'inquisition.--Invasion du choléra à Madrid.-Massacres des moines.— Loi martiale.-Destitution de toutes les autorités civiles et militaires de Madrid.

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Nous avons, à la fin de l'année dernière, laissé le ministère dirigé par M. Zéa Bermudez, si discrédité, si usé, que nous avons pu présager sa chute inévitable au premier choc un peu sérieux qu'il aurait à essuyer. Le coup fatal lui fut porté par les capitaines-généraux, et surtout par Llauder, capitaine-général de la Catalogne. Pressé par les démonstrations de l'opinion publique, et sur la demande formelle des habitans et de l'autorité municipale de Barcelonne, il adressa à la reine régente une exposition conçue en termes pleins de franchise et de sévérité, et sur le ton d'un homme qui se sent fort de vives et nombreuses sympathies. Arrivant, après quelques observations préliminaires, à l'appréciation des actes du ministère Zéa, dont l'impopularité était telle, disait-il, que

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