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» peuvent contracter un autre mariage pendant » la vie de la perfonne à qui l'on s'eft lié par le >> mariage précédent ; fi quelqu'un accufe l'Eglife >> d'erreur lorfqu'elle enfeigne que celui qui a » renvoyé une épouse adultère, commet lui-mê» me un adultère, s'il époufe un autre femme » & que de même la femme qui a quitté l'époux » infidèle, commet un adultère fi elle époufe >> un autre mari; que celui-là foit anathême ». (Conc. Trid. de matr., feff. 24, can. 8 ).

Le canon du Concile eft clair. L'Eglife a enfeigné, & elle enfeigne l'indiffolubilité, l'absolue perpétuité du lien du mariage : l'Eglise ne fe trompe point dans cet enfeignement: il eft donc vrai que l'adultère même ne rompt pas le lien matrimonial. Cette doctrine eft conforme à la doctrine évangélique & apoftolique; or, l'évangile & les Apôtres n'enseignent que la vérité. La vérité eft invariable, & tout ce qui contredit la vérité eft une erreur. La doctrine évangélique & apoftolique touchant l'indiffolubilité du mariage eft conftatée par une définition dogmatique & folennelle de l'Eglife: donc l'opinion favorable à la diffolubilité du mariage, eft une erreur condamnée..

La liberté de la convoitife n'eut jamais de partifans fi nombreux qu'elle en a dans ce fiècle. Le monftrueux libertinage embraffe & raffemble toutes les extrêmités & toutes les contradictions. Il n'a qu'un point fixe c'eft de ne vouloir pas être affujetti à bien faire. Mais d'ailleurs, il veut & il ne veut pas, & fes criminels fyftêmes ne peuvent le fixer dans aucun genre de crime: par amour pour lui-même, il a divinifé les femmes; & par un même principe il veut pouvoir les traiter en efclaves & les fouler aux pieds. Il vante éternellement la population.

Vous jureriez qu'il la regarde, & qu'il l'eftime comme l'unique bien des Etats.: mais cette eftime n'exifte que dans les paroles & les écrits dans la conduite il fe foucie fort peu de la popu lation , pourvu qu'il réuffiffe à fe fatisfaire. Il exalte le mariage il veut le récompenfer par des privilèges; il eft prefque tenté de le commander & il accrédite un célibat honteux & défolant. Il prône l'union conjugale; & il excufe, il ménage l'adultère. Il fouhaite que le concubinage jouiffe des honneurs du mariage légitime; & il veut que les époux mêmes n'ayent pas plus de respect pour le lien du mariage que pour le concubinage, & qu'une alliance honorable & une fociété arbitraire & criminelle ayent la même inftabilité. Il défire que le mariage foit indiffoluble, & il veut pouvoir fe dégager par le divorce. Il porte jufqu'aux nues la qualité de père de famille, & il déshonore cette précieufe qualité, en follicitant une liberté qui n'eft propre qu'à femer, qu'à éternifer le trouble & la confufion, la difcorde & la guerre dans les familles. Un père aimeroit bien peu les enfans dont il mépriferoit facilement, dont il répudieroit la mère, & à qui dans les enfans de la rivale de leur mère il donneroit des concurrens & des ennemis, d'autant plus dangereux & irréconciliables, d'autant plus divifés par l'intérêt & la haine, qu'un même père les auroit tous engendrés. Le libertinage enfin voudroit deux chofes également impoffibles: il défireroit affocier l'efpoir & la facilité de toute licence aux engagemens de l'honneur & de la vertu ; & il voudroit plus fincèrement encore approprier toutes les idées d'honneur & de vertu à toutes les actions du crime.

Les lois humaines auront-elles le bonheur de

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rémédier à tant de défordres? Elles n'y rémédieront point toutes feules, ni par des moyens nouveaux. Elles ont befoin de fe concerter avec la Religion, qui eft la meilleure confervatrice du droit naturel & des inftitutions de fon auteur. Plus puiflamment qu'aucune autre force, la Religion Chrétienne protège l'homme contre l'homme, la raifon contre les folies, le cœur contre les emportemens des paffions, la nature raifonnable & faine contre la nature brutale & perverse. A quoi aboutit l'indiffolubilité du mariage civil déclarée au nom de la loi à faire naître l'espoir que la loi en permettra la diffolution, & qu'elle confentira bénignement à rompre des noeuds qui n'auroient de légitimité que par elle. Après avoir obtenu le mariage civil, on afpire au divorce légal. On demande publiquement que le divorce foit permis. C'est à vous-mêmes, Meffieurs du Clergé, non moins qu'à vos Co députés, que cette pétition eft adreffée ; & vous êtes Prêtres, vous êtes Evêques.

De la liberté irréligieufe & impolitique.
Du contrat focial.

Réponse au libelle qui a pour titre:
La France libre.

L'AUTEUR

AUTEUR d'un libelle fouverainement outrageux à la France, n'a pas rougi de former ce væu: «Dans cette indifférence de toutes les Reli>gions devant les yeux ( de Dieu) ne pourroit. >> on nous donner une Religion nationale?» Il veut donc cet auteur, que Dieu ait autant d'indifférence, qu'en ont les incrédules, pour la Religion même qu'il nous a donnée, & qu'il agrée néanmoins une Religion dont nous ferions les inventeurs, & que nous nous donnerions felon notre gré? Il veut que Dieu dédaigne la Religion fainte qu'il nous a révélée par fon Fils, & qu'il accepte de la main des mécréants une Religion non-feulement gaie & riante, mais encore (on n'ofe pas le répéter) fenfuelle & lafcive. Ne nous hâtons point de relever ces horreurs; commençons par arrêter l'attention de notre esprit fur la fimple liberté de nous faire une Religion nationale. Hé! à quoi bon une Religion natio. nale que chaque membre de la Nation auroit la libre faculté de méconnoître & de rejeter? Qu'est-ce qu'une loi nationale à laquelle nul citoyen n'eft tenu d'obéir ? Ou s'il falloit fous certaines peines foufcrire & s'accommoder à la Religion nationale qu'on auroit faite, donc, à plus forte raison, faut-il fe foumettre à la Religion nationale qui exifte, fur-tout fi cette Religion a été conftamment regardée par les peuples les plus

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éclairés & par les plus faints & les plus grands hommes, comme la feule vraie & comme vraiment divine.

Ou la foi s'éteindra foudainement dans tonte l'étendue de la France, ou tandis que la multitude fera Chrétienne & Catholique, il n'eft pas poffible qu'elle confie à perfonne l'autorité de changer, de tempérer la foi qu'elle profeife. Celui-là auroit abdiqué le bon fens, qui donneroit aux hommes le droit d'inventer une Religion en représentation d'une Religion divine; & des Catholiques qui permettroient à leurs Repréfentants de leur donner une Religion, ne feroient déjà plus Catholiques, ni Chrétiens. L'entreprise de reconftituer une Religion célefte & fur-humaine, ne différeroit guères de la penfée de réédifier, de refaçonner la machine du monde, ou de corriger & de refaire celui-là même qui a tout fait. Une Religion vraie ne change pas au gré des hommes. La vérité n'étant pas d'inftitution humaine, il ne dépend pas de nos volontés de la faire ceffer d'être ce qu'elle eft, & les conventions humaines ne peuvent rien fur elle. Les Etats généraux doivent protéger la Religion, & non faire des lois fur la Religion, bien moins l'abroger & la refondre.

Mais que feroit-ce fi le philofophifme effayoit de nous tenir lieu de morale & de culte, & que, par le dernier excès du fanatifme, il vînt à nous. faire une Religion de l'irréligion & de l'impiété

même !

La France Chrétienne le dénonce aux EtatsGénéraux ce philofophifme fanatique : Elle leur dénonce nommément la brochure iutitulée la France libre.

De quelle gêne, de quelle fujétion la France fera-t-elle libre? Sera-t-elle non-feulement libre de préjugés aviliflants, d'impôts exorbitants,

de

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