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CHRÉTIENNE,

JUSTE

ET VRAIMENT LIBRE.

Diligatis invicem.... Reddite omnibus debita.
Aimez-vous les uns les autres.... Rendez

1

à tous ce qui leur eft dû. - Evang. St.-Jean
ch. 15. St.-Paul aux Rom. ch. 13.

1789.

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LA FRANCE CHRÉTIENNE;

JUSTE ET VRAIMENT LIBRE.

FRANÇAIS,

au milieu des mouvemens extraordinaires qui vous agitent, & dans ce tumulte des armes, fera-t-il permis de vous dire refpectueufement la vérité? Ne l'avez-vous pas dite incontestablement vous mêmes, lorfque vous avez annoncé & promis à tout homme, la jufte & l'honnête liberté de communiquer les pensées? Se défier de la fincerité de votre promeffe, ce feroit un crime: la candeur & la loyauté font la bafe de votre caractère. Agréés donc, Nation Chrétienne & orthodoxe, que nous entreprenions d'expofer les droits, & de défendre les intérêts du Chriftianifme. Si la Patrie à fes défenfenrs, ne convient-il pas à la Religion d'avoir fes foldats? Ou plutôt celui qui foutient la cause de la Religion & les droits du Dieu de la patrie ne fignale-t-il pas fon zèle & ne s'acquitte-t-il pas du plus facré des devoirs envers la Patrie ellemême ?

Pourquoi, Peuple généreux & fage, me prefcririez-vous le filence, tandis qu'une foule d'Au

teurs difent impunément tout ce qu'ils veulent! Je me fens preffé de parler pour le vrai bien du Peuple, d'envifager & de faire valoir tous fes intérêts à la fois.

Débile orateur, j'oferai néanmoins, je vous l'attefte, exhorter, encourager le Clergé & la Nobleffe à ne combattre le Tiers-État que par des facrifices, par des actes de générofité & de patriotifme. Quand je traiterai des biens de l'Églife, je rappellerai aux Eccléfiaftiques, nonfeulement ce qui leur eft dû, mais encore ce qu'ils doivent. A côté de leurs droits & au-deffus, je placerai leurs obligations, & ne flattant ni ne déprimant aucune des claffes fociales, je tâcherai de me montrer ami de la fociété.

De l'amour du bien public naiffent nos forces, & c'eft notre respect pour un peuple éclairé & vertueux qui nous infpire de la confiance. Nos paroles ignorent l'art de fe donner un tour agréable & féduifant, de s'arranger en phrases cadencées, en périodes harmonieufes ; & comme nous n'avons pas ce magique talent qui captive, qui charme l'imagination & l'oreille, auffi fouhaitons nous que l'oreille & l'imagination ne foient pas nos juges. Mais, ô Français ! Ma raison n'est ni affez lâche, ni affez fière pour vouloir décliner le tribunal de la vôtre. Jugez-moi felon votre raison & la juftice, je ne faurois m'en plaindre. Si je me trompe, aucune mauvaise volonté n'aura part à mon erreur, & toute involontaire que fera mon erreur, je confens d'avance à l'expier felon vos défirs: fi au contraire, j'ai le bonheur de ne pas errer, vous m'abfoudrez par un jugement équi-. table, & en cela même, vous rendrez hommage à la vérité que j'aurai défendue; ou je ne rougirois pas de me voir condamné avec elle. Je vous fupplie donc de ne pas vous prévenir contre moi

& je demande que perfonne ne prononce fur la juftice ou le vice de mes obfervations, qu'après' avoir eu la complaifance de les lire. Vous êtes tous trop fages & trop circonfpects, pour que j'aie à craindre que quelqu'un d'entre vous veuille m'avoir compris, avant de m'avoir entendu.

Quefi par hafard, dans le coursde mes réprésentations, il m'échappe quelques mots fur des objets qui n'auroient point d'affinité avec la confcience, & qui ne tiendroient qu'à la politique dans laquelle je ne fuis pas verfé; vous ferez de ces paroles le cas qu'il vous plaira, & je vous protefte, dès ce moment, que j'en fais fort peu de cas moi-même.

Vous ne trouverez pas mauvais, qu'infistant principalement fur des points de doctrine, je m'adreffe d'une maniere fpéciale à nos Repréfentans Eccléfiaftiques, tenus par état de veiller fur le dépôt des vérités religieufes, & par conféquent de me reprendre, fuppofé que je m'égare en matiere de dogme & de croyance. On murmure des exemples de quelques individus qui appartiennent à l'ordre Clérical; mais, grace au ciel, on ne s'eft pas plaint des leçons du Clergé. En vertu des promeffes du Divin Légiflateur des Chrétiens, le corps facerdotal a une grace plus fure, & plus infaillible pour enfeigner que pour agir; & fi fes membres n'ont pas tous également édifié, ils nous donnent généralement cet exemple, qu'étant fujets à faillir parce qu'ils font hommes, en qualité de Prêtres, ils favent condamner par leur enfeignement leur propre conduite.

C'est donc en particulier à votre examen Meffieurs les Députés Eccléfiaftiques, que je préfente cet écrit, & que je me fais une loi de le foumettre.

L'Europe attentive, voit en vous, Meffieurs,

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