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La France a été, comme Saint Domingue, en proie aux factions, et déchirée par la guerre civile, et par la guerre étrangere. Mais tout a changé. Tons les peuples ont embrassés les Français, et leur ont juré d'être tous des amis et des freres. Venez aussi embrasser les Français, et vous réjouir de revoir vos amis fieres d'Europe.

Le gouvernement vous envoie le capitaine-général Le Clerc; il amene avec lui de grandes forces pour vous protéger contre vos ennemis et contre les ennemis de la République. Si on yous dit; Ces forces sont destinées à vous ravir votre liberté: Répondez, La République ne souffrira pas qu'elle vous soit enlevée.

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Ralliez-vous autour du capitaine-général. Il vous rapporte T'abondance et la paix; ralliez-vous tous autour de lui. Qui osera se séparer du capitaine général, sera ́un traitre à la patrie, et la colere de la République le dévorera comme le feu dévore vos cannes déssechées.

Donné à Paris, au palais du gouvernement, le 17 Brumaire, an 10 de la République Française.

Le premier consul

(Signé) BONAPARTE.

Par le premier Consul,

Le Secrétaire d'Etat.

(Signé) H. B. MARET.

Au Citoyen Toussaint-Louverture général en chef de l'armée de St. Domingue.

Citoyen général,

La paix avec l'Angleterre et toutes les puissances de l'Europe, qui vient d'asseoir la République au premier degré de puissance et de grandeur, met à même le gouvernement à s'occuper de la co'lonie de Saint Domingue. Nous y envoyons le citoyen Leclerc, notre beau-frere, en qualité de capitaine général, comme premier magistrat de la colonie. Il est accompagné de forces convenables pour faire respecter la souveraineté du peuple Français. 'C'est dans ces circonstances que nous nous plaisons à espérer, que vous allez nous prouver, et à la France entière, la sincérité des sentimens que vous avez constamment exprimés, dans les différentes lettres que vous nous avez écrites. Nous avons conçu pour vous de l'estime, et nous nous plaisons à reconnaître et à proclamer les grands services que vous avez rendu au peuple Français. Si son pavillon flotte sur Saint-Domingue, c'est à vous et aux braves noirs qu'il le doit. Appelé par vos talens et la force des circonstances au premier commandement, vous avez détruit la guerre civile, mis un frein à la persécution de quelques hommes féroces, remis en honneur la religion, et le culte de Dieu de qui tout émane. La constitution que vous avez faite, en renfermant beaucoup de bonnes choses, en contient qui sont contraires à la dignité ét à la souveraineté du Peuple Français, dont Saint-Domingue ne forme qu'une portion.

Les circonstances où vous vous êtes trouvé, environné de tous

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cotés d'ennemis, sans que la métropole puisse ni vous secourir, ni vous alimenter, ont rendu légitimes les articles de cette constitution qui pourraient ne pas l'être. Mais aujourd'hui que les circonstances sont si heureusement changées, vous serez le premier à readre hommage à la souveraineté de la nation qui vous compte au nombre de ses plus illustres citoyens, par les services que vous lui avez rendu, et par les talens et la force de caractere dont la nature vous a doué. Une conduite contraire serait inconciliable avec l'idée que nous avons conçue de vous. Elle vous ferait perdre vos droits nombreux à la reconnaissance et aux bienfaits de la République, et creuserait sous vos pas un précipice qui, en vous engloutissant, pourrait contribuer au malheur de ces braves noirs, dont nous aimons le courage, et dont nous nous verrions avec peine obligés de punir la rebellion.

Nous avons fait connaître à vos enfans et a leur précepteur les sentimens qui nous animaient. Nous vous les renvoyons.

Assistez de vos conseils, de votre influence et de vos talens le capitaine général. Que pourrez-vous désirer, la liberté des Noirs? Vous savez que dans tous les pays où nous avons été, nous l'avons donnée aux peuples qui ne l'avaient pas. De la considération, des honneurs, de la fortune? Ce n'est pas après les services que vous avez rendus, que vous pouvez rendre encore dans cette circonstance, avec les sentimens particuliers que nous avons pour vous, que vous devez être incertain sur votre considération, votre fortune, et les honneurs qui vous attendent.

Faites connaître aux peuples de Saint-Domingue que la solicitude que la France a toujours portée à leur bonheur a été souvent impuissante par les circonstances impérieuses de la guerre; que les hommes venus du continent pour l'agiter et alimenter les factions, étaient le produit des factions qui elles-mêmes déchiraient la patrie; que désormais la paix et la force du gouvernement assurent leur prospérité et leur liberté. Dites-leur que si la liberté est pour eux le premier des biens, ils ne peuvent en jouir qu'avec le titre de citoyens Français, et que tout acte contraire aux inté rêts de la patrie, à l'obéissance qu'ils doivent au gouvernement, et au capitaine-général, qui est le délégué, serait un crime coutre la souveraineté nationale, qui éclipserait leurs services, et rendrait Saint Domingue le théâtre d'une guerre malheureuse, où des peres et des enfans s'entr'égorgeraient..

Et vous général, songez, que si vous êtes le premier de votre couleur qui soit arrivé à une si grande puissance, et qui se soit distingué par sa bravoure et ses talens militaires, vous êtes aussi devant Dieu et nous, le principal responsable de leur conduite.

S'il était des malveillans qui disent aux individus qui ont joué le principale rôle dans les troubles de Saint Domingue, que nous venons pour rechercher ce qu'ils ont faits pendant les temps d'anarchie; assurez-les que nous ne nous informerons que de leur conduite dans cette derniere circonstance, et que nous ne rechercherons le passé, que pour connaître les traits qui les auraient

distingués dans la guerre qu'ils ont soutenue contre les Espagnols et les Anglais qui ont été nos ennemis.

Comptez sans réserve sur notre estime, et conduisez-vous comme doit le faire un des principaux citoyens de là plus grande nation du monde.

Le premier consul,

Paris, le 27 Brumaire, An 10.

(Signé)

BONAPARTE.

(Moniteur, No. 176.)

INTÉRIEUR.

Paris, le 25 Ventóse.

Quand deux voisins sont en querelle ou en procès, il n'est pas rare de voir de bonnes âmes prendre le soin charitable d'attiser entr'eux la discorde. Ils les calomnient successivement l'un après l'autre, ils exagerent les torts, aigrissent les ressentimens, dissimulent les vérités, accumulent les mensonges, et bazile, sans pudeur, reçoivent volontiers des deux cotés le prix de leur lâcheté.

Si ces hommes divisés sont près de rapprocher, si, las de discorde, honteux d'avoir été injuste, ou sentant le besoin de vivre en paix, ils projettent une transaction ou un raccommodement, alors les diviseurs affligés, inquiets, redoublent leurs efforts malveillans, multiplient leurs diatribes mensongeres; ils n'ont jamais été vrais; mais ils négligent d'être vraisemblables; dans l'effroi que leur cause le retour de la concorde, ils veulent, en répandant plus activement leurs calomnies, retarder ce qu'ils désesperent d'empêcher, et semblables à ce malade condamné, qui se dépêchait de vivre, ils se dépêchent de mentir et de nuire.

Tel est le rôle que jouent en ce moment plusieurs journaux Anglais.

Rien n'est comparable à l'absurdité des nouvelles de France qu'ils débitent, à la fausseté des faits qu'ils publient, que la grossiereté des injures dont ils les assaisonnent. Ils poussent si loin ce systéme que, répéter ce qu'ils osent dire, c'est les punir assez ; les copier c'est les réfuter; ils sont à-peu-près comme ces hommes porteurs de figures mauvaises ou grotesques, il suffit de les montrer pour appeler sur eux le dégoût ou le ridicule.

Lorsqu'une partie de la dette, qui ne devait se consolider qu'à la paix, est dejà inscrit au grand livre, ces messieurs publient que c'est pour en rétarder la liquidation qu'on traine les négotiations en longueur.

Quand la France entiere ne veut que la consolidation de l'ordre actuel et le témoigue de mille manieres, ils disent que personne n'en est content,

Ils font de Barrere un secrétaire de légation; de Quinette, un maire; d'Ilauterive, un sous-secrétaire d'Etat: de Duval, un jacobin; de Letexier, un royaliste; de Toussaint-Louverture, un prédicateur, un homme d'état, un saint, un martyr, un rebelle.

Tandis que les Anglais, qui sont à Paris, briguent avec empressement, pour eux et leurs épouses, l'honneur de leur admission dans les sociétés de cette capitale, ils se fout écrire que ces sociétés sont composéés d'ignorans et de barbares, d'aventuriers et de brigands, de femmes sans honneur, sans chasteté, et même sans décence commune. Si on les en croit, les patriotes, c'est-àdire, ceux qui ne sont pas royalistes, les hommes de lettres et les artistes ne sont pas reçus chez les banquiers, lorsque ce sont, au contraire, les personnes tenant autrefois par leurs titres à la monarchie, qui, sans être exclus, s'y présentent rarement.

Ils donnent un Prince de la Maison d'Orange pour premier. magistrat à la Batavie, et un Bourbon pour Roi à la France, quand la Maison d'Orange renonce par honneur au Stadthouderat, comme les Bourbons renoncent au trône par impuissance. Ils font donner par-tout à tous les nobles leurs anciens titres, tandis que, comme les francs-maçons, ils ne se reconnaissent ainsi qu'entr'eux, ou ne les reçoivent que de leurs valets.

Ils font crier Vive le Roi! aux habitans d'Amiens, qui, comme le reste des Français, respectent les nations dans leurs monarques, et n'en veulent pas pour eux.

Ils font venir à Paris, Joseph Bonaparte, qui n'a pas quitté le Département de la Somme, et préparer à Calais un pacquebot pour la Marquis de Cornwallis, qui n'a jamais cru retourner à Londres avant la signature du traité.

Un jour ils comparent savamment les Français aux Moscovites, sous le Czar Pierre 1; et Bonaparte à Charlemagne; et le lendemain ils font partir Bonaparte pour la République Italienne, et mettent les Français en insurrection contre le gouvernement.

Ils font marcher le Général Berthier à Rome, et désignent cette ville pour la capitale de la République Italienne, puis envoient le pape à Malte, et en font un grand maître de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem.

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L'éloignement de la capitale de deux femmes intrigantes et de quelques hommes turbulens, tous émigrés rentrés, est transformé en un mandat d'arrêt contre cinquante personnes.

Camille-Jordan, tranquille au sein de sa famille, à Lyon, où le Consul la accueilli avec distinction; Imbert-Colomes, qui est à Bareuth; et Duval, qui est dans sa famille, sont, par décret du Times, réunis à Paris dans la même prison.

La Prusse, la Russie, l'Autriche, vont réclamer contre le résultat de la consulta de Lyon, contre l'organisation de la République Italienne, et le travail de la consulta va rallumer la guerre continentale, mais malheureusement pour les prophetes Anglais, le 15, le Marquis de Lucchesini, au nom du Roi de Prusse, félicite le Premier Consul sur ce résultat; le 18, M. de Comte de Cobentzel annonce au Premier Consul, que l'Empereur est disposé à ad

mettre des ministres plénipotentiaires des Républiques Batave, Italienne, et Helvetique, et à leur en envoyer du même rang; il ajoute que Sa Majesté a vu avec intérêt l'organisation de la République Italienne; enfin M. de Marcoff qui a fait connaître à sa cour les résolutions prises à Lyon, a reçu, par le retour de son courier, les lettres de créance, qui l'accréditent près du gouvernement consulaire.

C'est assez rappeler d'absurdités et de sottises; ces inutiles clameurs ne diminuent pas la gloire des Français, la puissance de la République, la force de son gouvernement; elle n'empêcheront pas la paix de se conclure; mais elles entretiennent chez les deux nations de fausses idees, des préjugés injustes, des préventions fâcheuses, propagent des ressentimens, reveillent des souvenirs qu'il faudrait éteindre chez deux peuples dont la durable intelligence commanderait glorieusement le répos au monde.

(Moniteur, No. 176.)

PREFECTURE DE POLICE.

Ordonnance concernant la Surveillance de la Riviere, des Ports, de la Halle aux Vins et des Chantiers. Paris, 21 Ventóse, An 10 de la République Française, une et indivisible.

Le préfet de police vu les articles II et XXXII de l'arrêté des consuls du 12 Messidor, an 8; considérant qu'il est nécessaire de rappeler differentes dispositions des lois et réglemens sur la police de la riviere, des ports, de la halle aux vins et des chantiers à Paris, afin d'y maintenir le bon ordre et la sureté, et de garantir la conservation des approvisionnemens; ordonne ce qui suit:

Art 1. A compter du 1er Germinal prochain jusqu'à la fin de l'année, les ports, la halle aux vins et les chantiers seront ouverts depuis six heures du matin jusqu'à midi, et depuis deux heures de l'après midi jusqu'à sept heures du soir.

II. Il ne doit être fait aucune vente, ni enlevé aucunes denrées et marchandises, des ports, de la halle aux vins et des chantiers, pendant les heures de leur fermeture, à moins d'un permis par écrit du préfet de police. Sout exceptés, de la disposition précédente, le tirage et l'enlevement des trains de bois à bruler et de charpenter, qui continueront d'avoir lieu depuis le point du jour jusqu'au soir, à la fermeture des ports.

L'inspecteur général de la navigation et des ports et son adjoint, pourront délivrer des permis dans les cas d'urgence.

Les jours de decadi et de fêtes nationales, il ne doit être fait aucun travail sur la rivière, les ports, les berges, à la halie aux vins, et dans les chantiers, à moins d'urgence et d'un service public, et en vertu d'un permis par ecrit.

III. Aucune marchandise ne peut être déchargée du bateau à terre, s'il n'en a été fait la déclaration aux bateaux établis à cet

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