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ouvrage couronner une semblable organisation des culles pro

testans.

La même protection est assurée à leur exercice, à leurs ministres; les mêmes précautions sont prises contre leurs abus, les mêmes encouragemens promis à leur conduite et à leurs vertus.

Ils sont donc entierement effacés ces jours de proscription et de deuil, on des citoyens n'avaient pour prier en commun que le désert, au milieu duquel la force venait encore dissiper leurs pieux rassemblemens!

Elles avaient, il est vrai, déjà cessé, même avant la révolution, ces vexations odieuses; et dès son aurore, elles avaient fait place à une juste tolérance. Les protestans purent avoir des temples; mais l'état était resté étranger et indifférent à leur culte. Ce n'est que d'aujourd'hui qu'il leur rend les droits qu'ils avaient à son attention et à son intérêt, et que la révocation de l'édit de Nantes, si malheureuse pour eux et pour toute la France, est entierement réparée.

Catholiques! Protestans! tous citoyens de la même République, tous disciples du christianisme, divisés uniquement sur quelques dogmes, vous n'avez plus de motifs de vous persécuter ni de vous hair. Comme vous partagiez tous les droits civils, vous partagerez la même liberté de conscience, la même protection, les mêmes faveurs pour vos cultes respectifs.

Ames douces et pieuses qui avaient besoin de prieres en commun, de cérémonies, de pasteurs, réjouissez-vous, les temples vont être ouverts, les ministres sont prêts.

Esprits indépendans et forts, qui croyez pouvoir vous affranchir de tout culte, on n'attente point à votre indépendance: réjouissez-vous, car vous aimez la tolérance. Elle n'était qu'un sentiment, tout au plus une pratique assez mal suivie; elle devient une loi. Un acte solennel va la consacrer. Jamais l'humanité ne fit de plus belle conquête.

(Moniteur, No. 200.)

PÉFECTURE De police,

Ordonnance concernant les Bains dans la Riviere-Paris le 12 Germinal, An 10.

Le préfet de police, vu les articles II et XXXII de l'arrêté des consuls de la République du 12 Messidor an 8; ordoune ce qui suit:

ART. I. Il est défendu à toutes personnes de se baigner dans la riviere, si ce n'est dans des bains couverts.

Il est pareillement défendu de sortir et de se montrer nu hors des dits bains.

II. Il ne sera établi de bains dans la riviere que d'après une permission du préfet de police.

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III. Les bains ne pourront être établis que dans les endroits désignés par les permissions.

Ils seront exactement clos et couverts, afin que les baigneurs ne puissent être vus du public.

Ils seront entourés de planches.

Il sera formée des chemins solides et bor's de perches, à hauteur d'appui, pour arriver dans les bateau à bains.

Un bachot muni de ses agrès, sera contindlement attaché à chaque bain, pour porter des secours, en cas besoin.

Les bateux et bains seront tenus en bon ét, et garnis de tous les stenciles nécessaires.

Il sera placé, dans l'intérieur, des friquets xquels des cordes seront attachées pour la commodité des baigirs.

Les bains ne seront ouverts au public, qprès qu'ils auront été visités par l'inspecteur-général de la navtion et des ports, assiste d'un charpentier de bateaux.

IV. Les bains des hommes seront séparés éloignés de ceux des femmes. Il sera pratiqué des chem différens pour y

arriver.

V. Les bains seront fermés depuis dix he du soir jusqu'au point du jour.

VI. Il ne pourra être exigé des baigs plus de quinze centimes par personne, dans les bains en mun, et plus de soixante centimes par personne dans les baarticuliers.

VII. Il est défendu à tous mariniers, hoteurs et autre propriétaires de bachots ou batelets, de lcou de prêter leurs bachots ou batelets à des particuliers qui raient se baigner hors des bains publics.

VIII. Les personnes qui, pour. raisonsanté, ou pour se perfectionner dans l'art de nager, serons le cas de se baigner en pleine riviere, ne pourront s'yer qu'aux endroits désignés dans les permis délivrés à cet à la charge de se soumettre aux conditions qui leur seront ées.

IX. Il est défendu à toutes personnent en bachots ou batelets de s'approcher des bains.

X. Il ne pourra être tiré du sable à utance moindre que 20 metres des bains en riviere.

XI. Lorsque la saison des bains see, les propriétaires retireront les pieux, perches et autrets qui pourraient nuire à la navigation.

XII. Il sera pris envers les contreveux dispositions cidessus, telles mesures de police adminis qu'il appartiendra, sans préjudice des poursuits à exentr'eux devant les tribunaux, conformément aux lois et lemens de police qui sont applicables.

XIII. La présente ordonnance primée, publiée et affichée. Les commissaires de policficiers de paix, l'inspecteur général de la navigation ports, et les autres préposés de la préfecture, sont chhacun en ce qui le concerne, de tenir la main à son er Le général com

mandant d'armes de la place de Paris est requis de leur faire

prêter main forte u besoin.

Le préfet depolice

(Signé)

Par le préfet-Le secrétaire général (Signé)

(Moniteur, No. 200.)

Paris, le 19 Germinal.

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Le cardinal legat du Saint Siege a été introduit aujourd'hui à 2 heures, à l'audience du premier consul.

Les ministres e les membres du conseil d'état étaient présens. Le cardinal-légit à latere a lu le discours suivant. "Général Premier Consul,

"C'est au non du douverain pontife, et sous vos auspices, général premier consul, que je viens remplir au milieu des Français les auguses fonctions de légat à latere.

"Je viens au milieu d'une grande et belliqueuse nation, dont Vous avez rehausse la gloire par vos conquêtes, et assuré la tranquillité extérieure par une paix universelle, et au bonheur de laquelle vouz alle mettre le comble en lui rendant le libre exercice de la relgion catholique. Cette gloire vous était réservée, général consul; le même bras qui gagna des batailles, qui signa la paix avec butes les nations, redonne de la splendeur aux temples du vrai Die, releve les autels et raffermit son culte.

"Consommez, général consul, cette œuvre de sagesse si longtems désirée par vis administrés. Je ne négligerai rien pour y

concourir.

"Interprête fidle des sentimens du souverain pontife, le premier et plus doix de mes devoirs est de vous exprimer ses tendres sentimens pour vous et son amour pour tous les Français. Vos désis régleront la durée de ma demeure auprès de vous. Je ne m'e éloignerai qu'en déposant entre vos mains les monumens de etle importante mission, pendant laquelle vous pouvez être sû que je ne me permettrai rien qui soit contraire aux droits du gouvernement et de la nation. Je vous donne pour garant ce ma sincérité et de la fidélité de ma promesse, mon titre, ma franchise connue, et, j'ose le dire, la confiance que le sonveran pontife et vous-même m'avez témoignée.”

Le cardinal-légat a ensuite prononcé et signé le serment dont la formule est ci-après :

Formule de Promesse.

"J, B, sanctæ romanæ ecclesiæ presbyter cardinalis Caprara "nun cupatus ad Napoleonein Bonaparte, primum Galliarum Republica consulem, gallicamamque nationem, sancto sedis "apostolicæ de latere legatus, juro et promitto in verbo cardi"nalis per sacros ordines meos, manibus ad pectus positis, primo galliarum Reipublico consuli, me legati munere non

"functurum, nec facultatibus mihi à sancta sede concessis "usarum, nisi quamdiù in Republicâ ero, et primo galliarum "Reipublicæ consuli placuerit, ades ut certior factus de illius "voluntate, illi convenienter, legati nomen et jus, continuo sim "depositurus; simulque omnium quæ gerentur à me, legatione "finitâ, cordicillos relicturum in manibus ejus quem viluerit "primus galliarum Reipublicæ consul: item constitutionem, "leges, statuta et consuetudines Reipublicæ servaturum, nec ullo " modo gubernii auctoritati et jurisdictioni, juribus, libertalibus "et privilegiis ecclesiæ gallicanæ derogaturum. In quorum "testimonium has prosentes manu meâ subscripsi, ac proterèa "sigillo meo muniendas curavi.”

Le premier consul a répondu à ce discours en ces termes : "Les vertus apostoliques qui vous distinguent, monsieur le cardinal, me font vous voir avec plaisir dépositaire d'une aussi grande influence sur les consciences.

"Vouz puiserez dans les l'évangile les regles de votre conduite; et par-là, vous contribuerez puissamment à l'extinction des haines, à la consolidation de l'union dans ce vaste empire. Le peuple Français n'aura jamais qu'à s'applaudir du concert qui a eu lieu entre S. S. et moi, dans le choix de votre personne.

"Le résultat de votre mission sera, pour la religion chrétienne, qui, dans tous les siecles, a fait tant de bien aux hommes, un nouveau sujet de triomphe.

"Elle en recevra de nouvelles félicitations du philosophe éclairé et des véritables amis des hommes."

CORPS LEGISLATIF.

Addition à la Séance du 18 Germinal.

Nous rétablissons ici le texte des discours prononcés par les orateurs du Tribunat sur le concordat.

Lucien Bonaparte. Législateurs, les révolutions ressemblent à ces grandes secousses qui déchirent le sein de la terre, mettent à nu ses vieux fondemens et sa structure intérieure. En bouleversant les Empires elle devoilent l'organisation profonde et les ressorts mystérieux de la société : l'observateur qui a survécu à la secousse pénetre au milieu des ruines accumulées; il voit ce qui a été par ce qui reste, et il connaît alors ce qu'on pouvait abattre, ce qu'on devait conserver, ce qu'il faut reconstruire.

Cette époque d'expérience et d'observation est arrivée pour la France; et après dix années, nous revenons aux principes religieux, sans lesquels il n'y a point de stabitilé pour les états: le besoin de la religion n'est pas moins sacré que celui de la paix. Dans le délire de la discorde et de la guerre, on peut s'aveugler sur ce besoin universel; mais lorsque le moment arrive cù le corps politique veut se rasseoir, le législateur est forcé de relever la base éternelle. Ses augustes débris gissent-ils épars sur la

poussiere; il faut que sa main les rassemble; il faut que le ciment dévoré se recompose: l'état n'est bien raffermi qu'après l'achevement de ce grand œuvre. Ces liens sacrés qui unissent le ciel la terre, fixent plus sûrement nos rapports avec nos semblables: ils établissent les principes de la propriété particuliere et de la véritable égalité. Ils forment les sociétés, fortifient leur enfance, hâtent leurs progrès, et protegent leur vieillesse contre la puissance du temps qui entraîne tous les ouvrages des hommes.

Elevera-t-on contre ces grands résultats des objections tant fois refutées? opposera-t-on les abus de la religion à ses bienfaits? de quoi n'abuse-t-on pas sur la terre! L'honneur produit les duels qui désolent les familles; la gloire enfante les guerres qui déchirent les nations; au nom de la liberté, quelquefois les proscriptions se signent, les échafauds se dressent, et la religion fut souvent deshonorée par les inquisiteurs et le fanatisme.....

Oui, les crimes et les vertus sont étroitement enlacés dans le monde morale: ce grand livre de l'histoire nous offre à chaque page le mal à côté du bien; aussi le but de la législation est-il de séparer, par de fortes barrieres, ces deux principes ennemis qui tendent sans cesse à se confonder.

Ce n'est pas devant l'auguste assemblée qui m'écoute qu'il est nécessaire de développer, par des traits isolés, ce besoin religieux qu'attestent tous les siecles et tous les peuples: quant au froid matérialiste, qu'il observe le genre humain, qu'il étudie la naissance et les progrès de la civilisation; qu'il porte son regard sceptique dans les déserts les plus lointaiùs, qu'y voit-il? les tribus er rantes dans leurs vastes solitudes, ont toutes des dieux qui marchent devant elles. C'est en présence de la divinité, c'est en son nom qu'elles se forment en corps de nation. Les cités se réunis sent autour du temple qui garantit leur durée; ce temple est leur premier monument; les rites sacrées, leur premiere loi; Dieu, leur premier lien.

Elle

Et si la religion est essentielle au maintien de l'économie sociale, elle n'est pas moins nécessaire au bonheur des individus. entretient dans les familles l'harmonie qu'elle établit dans les états. C'est elle qui épure nos affections en leur donnant un motif éternel qui nous conduit, comme par la main, dans les scenes variées de la vie; qui nous forme aux vertus individuelles et sociales; qui nous reçoit dès le berceau, et nous console sur le lit de mort

Il est des crimes qui échappent à toutes les lois: la religion seule peut les atteindre.

L'injustice appesantit-elle sur nous son bras de fer? la religion est notre appui. Elle remet l'équitable entre le faible et le puissant, elle peut même élever l'opprimé au-dessus de l'oppresseur; elle donne à celui-ci des remords secrets, une crainte vague et terrible, qui surpassent les châtimens de la justice humaine: elle sou age la victime par une espérance sainte, infinie, indépendante de tout ce qui l'environne. Le sage, ranimé par cette espérance inappréciable, refuse de rompre ses fers, et l'œil fixé sur le

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