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avait des hommes passionnés comme Lord Grenville, ou des ministres dont la violence eût les mêmes résultats que l'ineptie de M. Windham.

(Moniteur, No. 259.)

Rome, le 28 Mai, 8 Prairial.

Le pape a tenu un consistoire extraordinaire, le 24 du mois de Mai, où il a publié tous les objets relatifs à l'église de France, ainsi que la nomination de tous les évêques.

Il a prononcé l'allocution qu'on va lire, hier, jour de l'ascension; il a lui même célébré la messe dans l'Eglise de la Grande Basilée de San-Giovanni, a donné la bénédiction papale, et a chanté un Te Deum, en actions de grâce du rétablissement de la religion en France. Il a reçu les félicitations des cardinaux, qui se sont plus, dans cette circonstance essentielle, à le proclamer le restaurateur de l'Eglise, et ont reconnu ce qui a été fait, comme la plus grande chose qui ait eu lieu dans les teins modernes.

Allocution de notre Saint Pere le Pape, Pie 7, prononcé dans le Consistoire secret du 24 Mai, 1812.

Vénérables Freres,

L'état déplorable dans lequel la religion catholique était réduite dans la France par les troubles intérieurs qui, depuis longues années l'avaient agitée, n'est pas seulement commu en Europe, mais dans tout l'univers.

Vous les connaissez à plus forte raison, vénérables freres, vous, qui avez été les témoins et les compagnons de nos travaux apostoliques, et auparavant de ceux de Pie VI, notre prédécesseur d'heureuse mémoire. Dans notre commune affliction, nous avons souvent adressé ensemble des vœux à Dieu pour obtenir le rétablissement des affaires de l'église et pour mettre fin à tant de malheurs.

Ceux qui étaient attachés à la religion catholique, retirés dans ce vaste pays, dans l'amertume et la douleur, unissaient sans cesse leurs larmes et leurs prieres à celles des fideles des autres royaumes, et suppliaient le Seigneur de détourner la fureur de son indignation, et d'éloigner d'eux le fléau le sa colere.

Pour nous, soit dans le tems que nous étions chargés de l'église d'Imola, et plus encore après qu'on nous a confié le gouvernement de l'église universelle, et que nous avons été placés sans le mériter, sur la chaire de S. Pierre, par combien de gémissemens avons-nous déploré de si grands malheurs arrivés dans la maison du Seigneur, et la ruine de tant d'âmes qui couraient tous les jours à une perte assurée !

Dieu, qui est le père des miséricordes, a daigné écouter enfin les prieres qui lui étaient adressées, et il a disposé les choses de

maniere qu'un personnage illustre, auquel la France n'est pas moins rédevable de ses triomphes que de sa prospérité, de son repos et de la paix qu'il lui a procurée, conçut le plus grand de tous les projets et le mit en exécution (ce qui lui procurera dans toute la postérité une gloire supérieure à toutes les autres); savoir, que l'ancienne religion de leurs peres fut rendue à tant de millions d'hommes que la France contient, et avec elle les vrais et solides fondemens de leur félicité. Vous comprenez, sans doute, que nous voulons parler ici du premier consul de la république Française, Napoléon Bonaparte; voyant dans sa sagesse que le vrai bonheur et la tranquillite d'une si grande nation dépendaient absolument du rétablissement de la religion catholique, et venant au-devant de nos désirs, par des sentimens qui caractérisent son esprit et son âme, il nous a manifesté, qu'il voulait traiter avec nous, des moyens de rétablir en France la religion catholique, qui pouvait en même-tems rappeler la félicité dont elle était privée par les vicissitudes déplorables des tems.

Dieu connaît et vous connaissez aussi, vénérables freres, qui êtes nos compagnons fidelles et qui avez partagé nos sollicitudes paternelles, avec quel empressement nous avons travaillé à une affaire si importante et si avantageuse; vous connaissez les soins que nous nous sommes donnés, les grandes difficultés que nous avons surmontées, avec quelle application nous avons été attentifs, nuit et jour, sans jamais détourner nos yeux ni notre esprit de cet objet, pour trouver les moyens qui auraient pu nous faire arriver à la fin désirée.

Enfin le même Dieu des miséricordes s'est rendu propice à nos vœux; et par sa toute puissance, après une si longue et si horrible tempête il a fait succéder une aurore de paix, qui est l'annonce de la tranquillité que nous sollicitions. Ayant considéré que le bien de l'église et de l'unité exigeaient de nous que dilatant les entrailles de notre amour paternel, nous étendissions notre puissance apostolique sur tout ce qui paraissait nécessaire pour rétablir de nouveau la religion en France, nous avons fait un concordat entre nous et le premier consul de la république Française, contenant 17 articles. Ce concordat a été signé et confirmé tant par nos plénipotentiaires, auxquels nous avons donné nos instructions à cet effet, et que nous avons revêtus de nos pouvoirs, que par les plénipotentiaires de la république Française, le 25 Juillet, de l'année derniere 1801.

Le contenu de ces dix-sept articles, a été considéré de nouveau, et nous l'avons attentivement examiné avec vous avant de les ratifier par notre signature, qui devait leur donner sa force et son autorité. Faisant ensuite toutes les diligences pour accélerer le rétablissement de la religion catholique que nous n'avions jamais perdu de vue, sans plus long delai, le quinzieme jour du mois d'Août de la même année, jour auquel on célebre la fête de l'Assomption de la Sainte Vierge, patrone de la France, nous envoyames à Paris une constitution apostolique dans laquelle étaient

contenus les dix-sept articles ci-dessus mentionnés pour être au plutôt publiée en France comme nous le désirions ardemment.

Peu de tems après, pour effectuer le rétablissement si fort désiré de la religion catholique, nous n'avons pas manqué d'envoyer d'autres lettres en forme de brefs, et d'autres constitutions apos toliques. Nous avons pourvu à la circonscription des nouveaux diocéses, à l'institution canoniqué que nous devions donner à leurs› évêques, à la réconciliation avec l'église de ceux qui s'étaient égarés, aux pouvoirs nécessaires que nous avions à donner à notre légat a latere, notre cher fils le cardinal Jean-Baptiste Caprara, que nous avions envoyé en France pour terminer des affaires aussi importantes; enfin nous avons pourvu à tout ce que nous avons jugé nécessaire et convenable pour conduire ce saint ouvrage à sa perfection. Nous mettons sons vos yeux, vénérables freres, les actes qui sont émanés de nous, soit immédiate Vous les lirez dans le meut soit médiatement, pour cette affaire. recueil qui a été imprimé ici par notre ordre; vous y trouverez ce qui a été fait par le siége apostolique à ce sujet, et ce à quoi il a participé.

Le voilà enfin arrivé ce jour tant désiré de la promulgation du dit concordat, et qui est l'époque du rétablissement de la religion en France. Le cardinal aotre légat a latere, a été reçu avec une pompe éclatante par le gouvernement de la république Française, qui a donné les marques les plus distinguées de respect, d'honneur et de vénération pour le Saint-Siége, comme on l'avait pratiqué jadis en France dans les précédentes légations. Notre légat de son côté, s'est efforcé de répondre, autant qu'il était enlui, à la confiance que le gouvernement lui a témoignée en l'admettant aux fonctions de l'emploi très-importaut dont il est chargé. Pleinement instruit de nos sentimens, qui n'ont que les seuls objets spirituels en vue pour rétablir en France la religion, il a rassuré le gouvernement que, dans l'exercice des fonctions de sa légation, il ne serait jamais rien entrepris contre les droits du gouvernement et de la nation, les statuts et les usages de la république, et qu'il continuerait ses fonctions sous le bon plaisir du gouvernement, comme vous pouvez le voir dans le recueil ci-dessus mentionné.

Les consuls

Après cette auguste cérémonie, le saiut-jour de la rédemption, on publia, avec la plus grande pompe et solennité les dix-sept articles du concordat fait entre le Saint-Siége et le gouvernement Français: on publia égalemement notre constitution apostolique coutenant les mêmes articles que nous avons ratifiés. de la république assisterent avec tous les autres magistrats du gouvernement, avec tout le magnifique appareil de leur puis sance et de leur grandeur, aux fonctions augustes de cette religion qu'ils professent, et rendirent à Dieu de solennelles actions de graces pour le bienfait sigualé qu'il avait accordé à la France, en lui rendant la religion catholique; et avec la religion la paix entre elle et le monde entier.

Depuis cet heureux jour quel nouvel aspect la France ne présente-t-elle pas à l'univers? Les temples du très-haut, ouverts de nouveau, l'auguste nom de Dieu, de ses saints paraissent sur leurs frontispices; les ministres du sanctuaire dans leurs fonctious, sont rassemblés autour des autels avec les fideles. Les ouailles sont de nouveau assemblées sous de légitimes pasteurs; les sacrémens de l'église administrés de nouveau avec liberté et la vénération qui leur est due; l'exercice public de la religion catholique solidement établi; le souverain de l'église, avec lequel quiconque ne recueille pas, dissipe, solennement reconnu: l'étendart de la croix de nouveau déployé : le jour du Seigneur de nouveau sanctifié; enfin un schisme déplorable qui, tant à raison de la grande étendue de la France, qu'à cause de la célébrité de ses habitans et de ses villes, exposait la religion catholique aux plus grands dangers, ce schisme, dis-je, est dissipé et détruit. Tels sont les grands biens, les biens avantageux et salutaires que ce jour memorable a produits, et dont nous devous nous réjouir dans le Seigneur.

Réjouissons-nous donc, vénérables freres, réjouissons-nous, de cette joie dont l'amour de notre religion et notre attachement pour le bien spirituel de tant d'âmes, nous commandent de nous réjouir et comme tous nos biens viennent de Dieu, et que c'est à lui seul que nous devons rapporter principalement celui que nous venons de recevoir, (car, sans sa divine miséricorde, et saus son puissant secours, il aurait été impossible de vaincre tous les obstacles, et toutes les difficultés qui fallait absolument surmonter pour ramener les choses au point, dont elle s'étaient fort éloignées) comblés des bienfaits ci-dessus mentionnés et ayant à célébrer dans peu la fête de l'Ascension glorieuse de notre divin réparateur, qui est l'auteur de cette sainte religion maintenant établie de nouveau en France, nous voulons qu'on lui reude de solennelles actions de grâces pour les biens ci-dessus mentionnés que nous avons obtenus de ses largesses, par la publication de notre susdite constitution, et des articles du concordat qu'elle contient.

Ce n'est pas cependant, vénérables freres, que notre joie soit telle qu'il ne se présente aucun objet qui excite notre sollicitude et nos soins, comme notre devoir l'exige.

Nous nous flattons pourtant que nous sommes délivrés de notre sollicitude par la sagesse et la religion du premier consul et de la nation Française, qui a si bien mérité de cette religion depuis tant de siécles, et qui l'embrasse de nouveau aujourd'hui avec tant d'empressement. Nous nous apperçevons qu'avec le susdit concordat on a publié d'autres articles qui ne nous étaient pas connus, et que suivant les traces de nos prédécesseurs, nous ne pouvons pas ne pas solliciter qu'ils récoivent des modifications et des changemens opportuns et nécessaires.

Nous nous adresserons avec empressement au premier consul afin de l'obtenir de sa religion. Ce n'est pas sans raison que nous

avons lieu de l'espérer tant de lui que de la sagesse de la nation Française; car le gouvernment Français, en rétablissant la religion catholique dans le sein de la France, et en reconnaissant la sainteté et l'avantage, ne peut pas ne pas vouloir que tout ce qu'exige la sainte constitution de la religion rétablie, soit mis à exécution, et que tout s'accorde exactement avec cette discipline salutaire qui a été fixée par les lois de l'église.

Que Dieu éloigne de nous et qu'il ne permette pas que jamais aucune vue d'avantage temporel, ou le désir de posseder ce qui n'appartient pas à l'église, puisse nous occuper, ou les pasteurs que Jesus-Christ a soumis à notre autorité. Ayons toujours présens à nos yeux ces paroles divines: ce qui est à César à César; et ce qui est à Dieu, à Dieu. Nous servirons toujours en cela d'exemple aux autres, et nous ferons en sorte que les évêques et tous ceux qui travaillent à la vigne du Seigneur, conformément à la vocation qui les a appelés, s'attachent par leurs discours et leur conduite aux devoirs de la religion; et à procurer le salut des âmes confiées à leurs soins, et sans s'immiscer dans les affaires qui ne les regardent pas, qu'ils ne fournissent jamais des prétextes aux ennemis de la religion de calomnier ses ministres; nous les exhorterons de tout notre pouvoir de s'attacher étroitement à la doctrine des apôtres, qui sont nos maîtres; et non-seulement par leurs discours, mais encore par leur exemple, ils enseignent aux fideles l'obéissance qui est due aux puissances civiles, pour la quelle dès les premiers siécles de l'église, les chrétiens étaient regardés comme des modeles de soumission et de fidélité envers leurs préposés.

Il nous reste, vénérables freres, à vous instruire des pasteurs. qui ont été préposés depuis peu pour gouverner les diocéses dans leur nouveau rétablissement. Vous trouverez parmi eux un nombre de ees pasteurs vigilans qui, avant la nouvelle circonscription des diocéses et les changemens nouveaux qui ont été faits en France, toujours attachés au centre de l'unité, c'est-à-dire à notre siége, au mérite de leur foi, de leur patience, de leur vigilance pastorale, et de toutes les vertus par lesquelles ils ont illustré l'église (sur l'invitation que nous leur avons faite pour le bien de l'église,) ont ajouté le sacrifice volontaire de leur siége, ce qui a achevé de les couvrir de gloire.-Vous trouverez encore un grand nombre de dignes ecclésiastiques, qui appelés, pour la premiere fois pour gouverner l'église de Dieu, par leur louable conduite (ainsi qu'on nous l'a rapporté) font espérer à l'église qu'ils seront des pasteurs fideles du troupeau qui leur sera confié. Enfin, vous en trouverez aussi quelques-uns parmi eux qui après avoir occupé dans ces derniers tems des siéges archiepiscopaux, sans en avoir eu de nous l'institution, n'étaient pas dans l'unité de l'église et du Saint-Siége apostolique, qui, comme vous savez, n'a jamais cessé de les exhorter avec une charité maternelle de retourner dans son sein.

Ne

soyez pas troublés, vénérables freres, leur institution aux

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